Après avoir tout partagé avec son frère Nathan, son (presque) jumeau, Sarah est entrée dans le moule, formatée par la société, diplômée, mariée avec un "si gentil mari ", mère de famille aux "si beaux enfants", cadre dans une entreprise, alors que Nathan, éternel rebelle, restait fidèle à ses convictions, et inéluctablement, ils ont choisi des chemins de vie bien différents.
Quand Sarah apprend la mort de son frère, elle prend brutalement conscience de cet éloignement, elle réalise que, prise dans le tourbillon de sa vie familiale et professionnelle, elle l'avait abandonné, et qu'en l'abandonnant, elle s'était perdue elle-même. C'est un tsunami qui s'abat sur elle.
Pour se retrouver et pour retrouver ce frère qu'elle aimait tant, pour comprendre (elle est persuadée que cet accident n'en est pas vraiment un, qu'il s'est sans doute suicidé), elle décide d'aller au Japon sur ces traces, là où il avait séjourné plusieurs semaines quelques temps avant de mourir.
Dans cet environnement où elle sent flotter Nathan, elle fait diverses rencontres et elle tente de mettre de l'ordre dans ses idées, dans ses sentiments, dans ses émotions. Dans sa vie.
Nathan qui avait l'âme et les velléités d'un écrivain mais qui ne séduisait aucun éditeur, Nathan avec sa sensibilité à fleur de peau, extrémiste dans ses prises de positions politiques, sociales, Nathan loin des contingences matérielles, noyant ses doutes, ses rébellions dans l'alcool, Nathan, adolescent touchant mais adulte horripilant. Je n'aurais pas aimé avoir un frère ou un fils comme lui !
Très partagée à la lecture de ce roman où comme très souvent, la mer, les
falaises, les rochers, les couleurs, les odeurs, nous emportent, que ce soit des paysages bretons, japonais ou provençaux. Touchée par cette belle histoire d'amour fraternel mais agacée à la fois par cet adulte rebelle qui a du mal à grandir et à s'intégrer dans la vie sociale, et par l'obstination et le sentiment de culpabilité de Sarah.