Une plume prometteuse pour cette toute jeune femme, licenciée en littérature française de l'Université d'Alger. «
L'envers des autres » est paru en Algérie en 2010 aux éditions Barzakh sous le titre de «
Des ballerines de Papicha » (papicha désigne une jeune écervelée ou une jeune femme libérée, en argot algérien). le roman de Kaouther prend à la gorge. Il y est question de solitudes entrecroisées. Un quartier, un immeuble, aujourd'hui à Alger, « Quelle ville ! Elle ne cesse de vomir et de hurler, de bondir et de se soulever », écrit-elle. On a le ton. Chaque chapitre présente un des éléments de cet étrange puzzle polyphonique, qui s'exprime à la première personne du singulier. Des pages sombres, dramatiques, le tout brodé avec légèreté, dans un style qui déjà inscrit Kaouther parmi les bons écrivains. Elle aime ses personnages, les observe avec lucidité. Ils tentent de se dépatouiller dans un désert sans avenir, avec pour modèles pathétiques, les héros des séries télévisées américaines. Leur porte de sortie : la folie, l'exil ou la mort. Son regard sur l'environnement est éloquent « Les arbres ne courent que derrière tes prunelles », ou « Je préfère écouter les pierres se plaindre des pas qui leur manquent ». La sensibilité de
Kaouther Adimi trempe âprement dans la violence d'un monde voué à la solitude. Un monde quasiment autiste. A lire pour mieux comprendre la jeunesse algérienne contemporaine.