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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Vous dites Alger la blanche ? Yasmine n'en voit plus « la blancheur, la beauté ou la joie de vivre, mais uniquement les trous qui me font bondir de ma place, les pigeons qui lâchent leur fiente sur ma tête et les jeunes désoeuvrés qui essaient de me tripoter au passage ». Yasmine si belle qui méprise les autres pour survivre, qui a peur et peu de foi en l'avenir : le silence est trop pesant, il nous angoisse, nous donne l'impression qu'un drame est en train de se préparer. Les cris sont comme un protège-cahier : tant que quelqu'un crie, on est presque certain de ne pas avoir de problème »
« Elle l'aime plus que tout : il est son chat, sa vie, son trésor, son ange, son petite garçon, sa raison d'exister, son miracle, son bébé. Elle est sa puce, sa femme, sa chérie, sa poule. Ils finissent par rompre. Il a dit qu'elle était grosse. Elle a dit qu'il embrassait mal, il devient un salaud, un connard, un enfoiré, un tortionnaire. Elle est une garce, une conne, une poufiasse, une gamine »

Adel pleure dans son lit en position foetale sans trouver le sommeil « J'ai envie de vomir. Pas seulement de la nourriture ou de la bile, mais de vomir tout ce que contient mon corps. de me vomir » Quel désespoir dans la bouche d'un jeune homme. Il est ce qu'il ne devrait pas être dans ce pays.

Sarah la soeur aînée revenue dans le cocon familial avec son mari devenu fou.

La mère qui ne comprend plus rien qui est dépassée depuis que son mari a été fauché par une balle perdue.

Alors Mouna arrive avec ses ballerines de Papicha qui aime Kamel, le marchand de frites qu'elle veut épouser quand elle sera plus grande, car elle n'a que 9 ans et que c'est dur de vivre entre un papa devenu fou, une maman qui n'est guère plus claire avec ses pinceaux et sa peinture. Bien sûr, les filles de sa classe se moque d'elle, mais elle s'en fout : elle aime Kamel et c'est sa raison d'être. Il n'est pas certain que ce ne soit pas la plus désespérée.

Et puis, il y a les autres Kamel, Adel… fumeurs de joints, buveurs de bières, emplis de désespoir, rêvant de fuite vers l'étranger pour une vie soi-disant meilleure.

Cela me fait un peu penser à la chanson de Brel : Ces gens là.
Ces dix portraits écrits à la première personne du singulier nous offrent une image de colère, de violence, de tristesse et de désespoir. Chacun raconte sa souffrance sans regarder ni anticiper la souffrance de l'autre. Ils sont dans une bulle sans oser la faire éclater de peur d'en crever.

Un petit livre par la taille, mais si profond par son contenu. Kaouther Adimi d'une écriture sèche et nerveuse brosse un portrait désespéré de la jeunesse algérienne sans espoir ni rêve. La fuite en avant dans l'alcool, la drogue, la folie….. n'est que la seule solution trouvée.

Ce premier roman est un petit bijou, un vrai coup de poing dans le coeur.

Lien : http://zazymut.over-blog.com..
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Je viens de terminer ce livre et je suis encore sous le charme de l'écriture. Parfois poétique et sensible, parfois vif et violent, on imagine trés bien la ville d'Alger et ces personnages du livre.
Une description de chaque personnage...de ce qu'ils pensent, de comment ils vivent "dans leur tête", de leur souffrance et leur questionnement...
On sent le "quand diront-on" des voisins, les yeux qui épient, les oreilles qui se tendent et les bouches qui chuchotent.
On sent l'enfermement d'une famille, d'un immeuble...d'une société.
Parfois un peu d'humour, mais toujours avec cette sensibilité si puissante dans l'écriture.
Un livre qui se lit d'une traite, si l'on se sait se projeter loin, loin dans Alger.
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L'écriture de Kaouther Adimi est fluide et percutante. Elle nous ouvre les portes de la vie d'une famille, étriquée dans une société algérienne qui balance entre tradition et modernité.
Tout en douceur, l'auteure dévoile les émotions de ses personnages, qui prennent la parole à tour de rôle et nous révèle leurs émotions, leur vision de cette société en proie à ses propres démons.
Je découvre cette jeune auteure et ai été totalement charmée par son écriture.
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Des petits trafics en bas de l'immeuble aux jeunes adultes qui se content fleurette, de l'espoir d'une vie meilleure à des destins brisés, voici un condensé de vie qui, en peu de mots, dresse le portrait de ses habitants. Dans ce roman choral sur l'Algérie contemporaine, chacun prend la parole pour évoquer un sujet qui lui tient à coeur. Et on a l'impression de tous sont en quête d'une autre vie que la leur. On a ici tant d'âmes à la dérive cachées derrière des sourires, des faux semblants, ou une assurance de pacotille !

Ces confidences sont touchantes, déstabilisantes. On sent le tiraillement entre les traditions qui mettent une chape de plomb sur cette jeunesse et la soif de liberté des jeunes adultes.

Le roman est court, trop court à mon goût. Maintenant que l'on a croisé le chemin de cette famille algérienne et de leurs voisins, on a envie de savoir comment ils vont évoluer, s'ils vont trouver comment s'épanouir dans cette société où personne n'a franchement trouvé sa place.

L'autrice livre un roman incarnant le désenchantement d'une jeunesse algéroise qui cherche ce que pourra bien être son avenir. Dans un entretien (cf. ci-dessous), elle évoque l'écriture de ce roman – son premier : elle l'a écrit en 2006 durant sa dernière année à Alger, avant de partir étudier en France.
Lien : https://www.unlivredansmaval..
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Je trouve que ce livre est sous noté sur Babelio. Il m'a donné très envie de lire d'autres oeuvres de cette autrice. Ma prochaine lecture sera "Nos richesses" et je dois dire que je me régale d'avance.
Pour revenir aux ballerines de Papicha, c'est un très court roman qui se passe à Alger. Chaque chapitre est relaté par un personnage différents. Les histoires se croisent. Toutes les clefs ne sont pas données au lecteur, il manque des tenants et des aboutissants mais l'ensemble est cohérent et parfaitement maitrisé.
Remarque : ce livre a deux titres différents (Des ballerines de Papicha / L'envers des autres) en fonction de la maison d'édition qui le publie...

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J'ai eu le plaisir de tirer au sort ce magnifique ouvrage lors du pique-nique organisé par Babelio, et de découvrir un récit plein de sensibilité et justesse. L'autrice y décrit une génération algéroise qui oscille entre les rêves d'un avenir meilleur et le désespoir face à des réalités implacables. En effet, Kaouther Adimi dépeint sans détour comment les aspirations des uns survivent et comment celles des autres prennent fin dans une société où le calcul de l'équilibre entre la tradition et la modernité reste complexe. Les portraits sont servis par une écriture ciselée et percutante.
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« L'envers des autres », très réussit par une belle écriture, parfois nerveuse et très ciselée, est le premier roman Kaouther Adimi.

La jeune romancière s'est mise tour à tour dans la peau des neuf personnages de son histoire poignante, parfois violente. Neuf jeunes et adultes désabusés, qui racontent chacune et chacun leur désenchantement. Un triste ressenti de leur vie dans une Algérie où chacun se sent parfois perdu, emprisonné entre deux mondes, celui de l'émancipation et la modernité et celui de l'ancienne génération, où chacun se sent étouffé par les traditions.

On découvre Adel, un jeune tourmenté aux idées noires, celui que les garçons de son âge rejettent car trop beau et trop efféminé. Adel qui tue le temps à boire pour oublier.
Il y a aussi Yasmine, sa soeur, dont sa grande beauté fait peur aux hommes. Une jeune fille désabusée, mais très indépendante, qui se sert de ses amoureux comme des kleenex. Mais c'est son frère Adel qu'elle aime le plus, qu'elle sait fragile et qu'elle voudrait protéger.
Et puis il y a l'autre soeur Sarah, une autre beauté mais qui est à quarante ans, flétrie dans son âme. Sarah l'artiste, Sarah la peintre, qui semble vivre dans un autre monde, pour échapper à sa condition de femme. Ou qui veut peut-être fuir son mari Hamza, qui est devenu fou et qui passe ses journées à délirer dans son lit.

Il y a aussi Mouna, la fille de Sarah et Hamza, une jeune fille naïve qui joue les « papicha ». Follement amoureuse de son voisin Kamel, beaucoup plus vieux qu'elle. Mouna rêve d'un avenir radieux avec lui.
Reste la mère dont son mari est mort, découragée, seule et abandonnée devant ses trois enfants qui sont les siens mais dont elle ne reconnait pas qu'ils ont de son sang. Qui aurait préféré des enfants plus communs, moins différents des autres et qui regrette que ses deux filles et son fils n'aient pas hérité de sa force et de sa lucidité.

Puis il y a Hadj Youssef, le drôle de voisin. Hadj est un homme marié mais amoureux en secret de Yasmine. Sa passion est de photographier les jeunes filles et étudiantes dont il est fasciné par leur beauté colorée et racée.
Tout ce monde, se côtoie, se croise et se recroise, avec leurs propres interrogations sur leur avenir.

Je vous donne un court extrait de ce roman à l'atmosphère très particulière :
(..) « La peur est personnelle. Elle peut être cachée. On l'observe dans le noir de sa solitude. Alors que les cris… Ils reflètent nos drames. Montrent au monde que nous avons échoué. Les cris désignent des coupables, des victimes, des problèmes, rarement des solutions. »(..)
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j'ai aimé le titre qui a déjà lu ce livre?
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J'avais envie de le lire, alors je l'ai emprunté à la médiathèque. Un bijou caché dans les rayonnages, oublié des bibliothécaires et bien sur des lecteurs. Les autres critiques expliquent bien l'atmosphère de ce roman, l'Algérie d'aujourd'hui, la vie si difficile de tous ces gens, de ces femmes jeunes qui ont tant de difficultés à être libres. de très beaux portraits des personnages, j'aurai aimé les accompagner encore et encore...Un premier livre merveilleux, ne passez pas à côté et je vais insister pour que les bibliothécaires le mette en évidence et le conseille aux lecteurs. Pour mon prochain club de lecture il sera au-dessus de la pile. Nena
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