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EAN : 9782742797257
128 pages
Actes Sud (04/05/2011)
3.63/5   83 notes
Résumé :
Une famille, quelque part dans un quartier populaire d’Alger.
L’auteur en offre une « coupe transversale » en donnant parole à tour de rôle à chacun de ses membres, croisant ainsi les regards, les vécus individuels, les perceptions réfractées d’un quotidien fait de promiscuité, de désœuvrement, de mal-vie…
S’en dégagent la solitude tragique des êtres et leur peine à vivre, dans la révolte et le désespoir, parfaitement rendus par la structure même de l’... >Voir plus
Que lire après Des ballerines de Papicha (L'envers des autres)Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (35) Voir plus Ajouter une critique
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Dans ce premier roman qui donne tour à tour la parole aux membres et aux voisins d'une famille semblable à tant d'autres des quartiers populaires d'Alger, Kaouther Adimi révèle le mal-être grandissant d'une jeunesse désoeuvrée et sans avenir, en perte totale de repères.


Adel, le fils trop féminin, vit dans la terreur de la violence qu'il attire. Yasmine, la jolie cadette, voudrait tant que ses études débouchent sur bien davantage que le mariage. L'aînée, Sarah, étouffe dans la soumission à un époux qu'elle rejette au point de le prendre pour fou. Pour tromper son ennui d'écolière, sa fille Mouna s'enferme dans un présent de papicha sans cervelle, limité à ses ballerines de toutes les couleurs et à son attirance pour un garçon. le tout au grand désespoir du gendre Hamza, dépassé par le comportement de sa femme, pendant qu'ombre laborieuse silencieusement barricadée dans son autorité réprobatrice, la mère et grand-mère s'accroche bec et ongle au maintien des traditions familiales et sociales.

 
Tous vivent sous le même toit et sous le regard inquisiteur des voisins, de jeunes hommes occupant leur désoeuvrement d'expédients, entre drogue et alcool, et rêvant, les uns de la « vraie vie » en Europe, les autres de la reconstruction de leur pays, sans jamais parvenir à faire plus que se réunir à longueur de jours et de nuits dans les cages d'escaliers de leur immeuble, mais capables néanmoins d'affirmer comme bon leur semble leur loi sur le quartier : gare à celui ou à celle qui leur semblera déchoir au gré d'un comportement trop libre ou marginal. Alors dans cette promiscuité qui pèse comme un couvercle, révolte et désespoir se vivent dans le secret d'une intimité personnelle soigneusement repliée sur elle-même, dans une souffrance et une solitude propices aux tragédies les plus extrêmes.


Un texte d'une grande maturité de la part d'une auteur alors encore toute jeune, et une illustration aussi sensible qu'efficace de la dérive d'une population acculée au désespoir, à la folie et à la mort, avec souvent pour seul espoir le mirage migratoire.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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Une jeunesse à la dérive

Jeune Algérienne installée aujourd'hui à Paris, Kaouther Adimi signe avec son premier roman une fiction névrotique et très noire. Elle y donne la parole à une famille enfermée dans son appartement algérois, véritable étouffoir qui semble parfois représenter une société murée dans son silence, en pleine crise.

Notre rencontre avec Adel et Yasmine, ce frère et cette soeur à la relation fusionnelle qui se sont séparés peu à peu en grandissant, choisissant des chemins différents, est bouleversante. le duo est à la fois uni, s'entendant l'un à l'autre à travers la fine cloison de leur chambre, et divisé, Adel se réfugiant dans son introspection, Yasmine s'ouvrant au monde. Partager leurs pensées nous montre une jeunesse désillusionnée, qui essaye d'exister tant bien que mal dans un monde où elle n'est pas la bienvenue, un monde où l'individu, surtout celui qui est en quête d'affirmation, n'existe pas.

L'un après l'autre, ils se confient, souffrant de la disparition du lien qui les unissait, ce lien qui les protégeait contre le monde extérieur, les faisait exister dans leur relation à l'autre. En très peu de pages, on perçoit cette impression de ne pas exister, et pour Adel de ne pas avoir d'espoir. Angoissé par cela, il est pris dans cette nuit blanche que nous partageons avec lui d'une “envie de vomir, de se vomir”. Toute la difficulté de vivre, est là, en quelques mots, quelques phrases. La souffrance est vive chez ce personnage que nous voudrions voir sortir de ce malaise qui semble éternel. Il n'a pas de remède.

Sarah, leur grande soeur, trouve le sien dans la peinture. Elle s'y réfugie pour échapper à la folie de son mari, redevenu un petit enfant quand elle a déjà leur fille à sa charge. Elle voudrait peindre, mais elle doit s'occuper de son fou de mari. Elle est revenue vivre chez sa mère avec eux, n'ayant plus aucun moyen pour vivre. Rêves brisés, avenir sans aucune perspective, tristesse du quotidien : seule la recherche de l'art semble pouvoir sortir Sarah de son enfermement quotidien, de ses obligations familiales, de son désespoir.

D'autres prendront la parole : des jeunes du quartier parlant d'avenir impossible et fumant du crack au pied de l'immeuble d'Adel et de Yasmine, médisant sur leur compte et défendant parfois la belle jeune femme dont l'un d'eux est amoureux ; Mouna, la fille de Sarah et d'Hamza, une écolière déjà désabusée par l'avenir, ne voyant pas l'utilité d'apprendre, rêvant juste de se marier avec Kabel, le vendeur de frites ; la mère, silencieuse avec ses enfants et qui prend tout à coup la parole, seule, pour juger leur différence avec une âpre dureté, ces enfants étant pour elle “demeurés”, “inconscients”, “imbéciles” ; un voisin aux secrets mieux cachés que ceux de la famille protagoniste ; et puis Hamza-le-fou, le mari de Sarah, qui renversera totalement le miroir de la réalité, jusqu'à ce que nous nous demandions qui est le fou dans cette famille, si tous ne le sont pas un peu. Chacun semble s'y réfugier dans cette folie, qui prend sous la plume de Kaouther Adimi des accents pathétiques ou, à l'inverse, éclate de beauté.

Véritable tableau de la jeunesse algéroise telle qu'elle se voit, telle qu'elle est vue et finalement telle qu'elle est, L'Envers des Autres est un récit bouleversant mettant à nu un mal-être et une souffrance généralisée de la jeunesse à travers quelques personnages d'une même famille, écrasés par leurs différences qui les isolent de la société. Seule la conformité pourraient la sauver, mais dans une famille déjà marginalisée, à la fois plainte et moquée par les gens du quartier, les personnages ne peuvent pas. Traditions, famille et convenances les noient dans un monde où leur personnalité et où les circonstances les ont fait différents les uns des autres, les uns contre les autres. le silence pèse dans l'appartement, chaque personnage tente de s'y réfugier plutôt que de s'y perdre, mais le dialogue n'émergera jamais. le monde extérieur, vu des yeux de Yasmine, étudiante, est lui aussi dur et violent. Tous refusent l'existence de l'individu, ne le reconnaissent pas pour lui-même mais par les groupes auxquels il appartient : famille, quartier, cercle d'amis, génération, origine sociale… On comprend peu à peu le malaise de celui qui n'est pas comme les autres, étouffé par le regard d'une société à la violence sourde et au regard meurtrier.

En très peu de pages, Kaouther Adimi nous fait vivre un état de mal-être intense dans lequel le rêve et la méditation semblent des échappatoires temporaires à un musellement par la société. Les différents points de vue des personnages, agencés par chapitres, oscillent entre difficulté de vivre et espoir, lucidité et folie, rêve et réalité. A travers des phrases très courtes au rythme à la fois doux et âpre, nous partageons ainsi avec les personnages cet équilibre précaire qu'ils tentent de garder pour survivre, ne sachant pas trop s'ils sont déjà tombés ou se tiennent sur la corde raide. Plongé dans le cauchemar d'une réalité, on ressent à chaque page le malaise d'une jeunesse enfermée dans les traditions et les convenances, la classification de chacun dans des cases qui, souvent, ne correspondent pas à ce qu'ils sont vraiment. A la fin, on souhaiterait juste revenir aux méditations d'Adel, son refuge mélancolique à la dureté du monde qui a cédé à force d'être opprimé.

Un premier roman à la maturité étonnante, à la plume très belle et qui reflète une réalité intérieure complexe, que seule la littérature pouvait percevoir et révéler. Une révélation de la richesse de la littérature francophone au delà des frontières hexagonales dont le territoire est parfois enlisé dans son passé. A son opposé, L'Envers des Autres resplendit d'une maitrise insolente de la plume pour transmettre des émotions humaines complexes et intenses et à laquelle la voix d'un jeune écrivain s'affirme et impressionne. A lire.
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J'ai acheté ce livre pour quatre raisons : son titre, son résumé, sa couverture et son auteure . Je l'ai découvert par hasard quand je faisais une petite recherche sur les plumes féminines algériennes.


*J'ai aimé ce titre !

D'habitude je n'achète pas un livre parce que son titre me plaît mais le mot "papicha" m'a interpellée.
Papicha dans le langage algérien signifie une fille coquette qui aime se faire belle, s'habiller, qui fait sa mignonne.

*J'ai été intriguée par le résumé: voyant le titre, je voulais découvrir le contenu. Je voulais absolument faire le rapport entre le titre et ce qui était dit dans le quatrième de couverture mais je n'y suis pas parvenue. Quand je suis dans cet état, je dévore le livre en peu de temps rien que pour trouver le lien.

*J'ai été séduite par la couverture: Je peux dire qu'elle est superbe! Une main, des ongles vernis et... une cigarette. J'ai crié: Ouaiii ça promet! J'aime l'audace. Je vous rappelle juste que dans mon pays, une femme qui fume est mal vue.

De quoi va parler l'auteure? Une révolte? Un ras le bol? Un florilège de questions dans ma tête

*J'ai eu un coup de foudre pour l'auteure : un titre et une couverture et je suis accro à Adimi sans la lire. Je me suis dit : Je prends tout ce que tu écriras, je m'en fous; j'ai eu un coup de foudre littéraire.

Je me rappelle que le jour où j'ai acheté le roman je devais déjeuner avec ma frangine. Résultat : un repas de muets hahahah Je lisais en dévorant ma salade. Je lui disais : Yoooo le livre déchire. Je lui lisais les passages tantôt en riant, tantôt en soupirant de tristesse. [Zahrat El Riadh si tu passes par là confirmes STP]

Je vais arrêter de parler pour me concentrer sur le roman. Alors voilà : le livre se subdivise en plusieurs chapitres. Chaque chapitre a pour titre le nom d'un des personnages. Neuf en tout : Adel , Kamel, Sarah, Yasmine, Mouna, Tarek, Hadj Youssef, Hamza. Et un épilogue qui m'a laissée sur ma faim.

Dès les premières lignes j'ai été plongée dans le sombre et l'obscure. J'étouffais.

Au fil des chapitres, je partageais le quotidien des personnages, dans le bus, à la fac, à la maison. de loin ou de près, j'ai dû côtoyer pas mal de personnes qui sont représentées par des noms dans ce roman. Je me sentais dans mon élément. Il s'agit vraiment d'une famille typiquement algérienne. j'ai reconnu un Tarek , une Yasmine et une mère.... Cette mère m'a énervée et fait de la peine à la fois. Elle voulait comme toutes les mères du monde, voir ses enfants réussir leurs études, leur vie privée,... Déçue, aigrie, elle devient distante et j'ose dire très méchante.

Adel avec ses non-dits, Yasmine et ses projets, Hadj Youssef le vicieux, Sonia la dépressive, Mouna la petite rêveuse... Tout un monde qui reflète notre société "malade".

L'auteure a eu cette bonne idée de mettre une famille entière dans le collimateur d'une société qui se base sur les préjugés et qui montre du doigt toute personne qui n'adhère pas aux sois-disant conventions.

Au bout des 155 pages, je me suis réveillée! J'ai eu envie de crier. le livre se termine pas un suicide. le suicide d'un homme. Mais qui? Adel? Hamza? J'ai repris le livre , je l'ai relu. J'en ai voulu à l'auteure. Je voulais savoir.
Quelque part, au fond de moi, je pensais à Adel. Après ce qu'il avait subi, il a dû en avoir assez des jeunes de son quartier et de leur moquerie. Puis j'ai pensé à Hamza, le fou (ou pas) dont la mort va sûrement libérer certains. J'ai fini par me dire qu'il valait mieux ne pas le découvrir.

Pour son premier roman, Kaouther Adimi a surpassé mes attentes. Une écriture captivante et fluide. le style fort et imposant contraste avec la douceur de son visage angélique. Une plume mûre et consciente.

155 pages après :je fais un standing ovation à la force de sa plume.

On pourrait sous-estimer le roman, on pensera que c'est du léger. Croyez-moi, ce petit livre a tout d'un grand... et d'une noirceur!!!!! ....je trouve pas le mot.


J'ai reposé les pieds sur terre. Ce livre est mon nouveau billet pour le terre à terre. Une claque pour moi qui rêvasse loin de la réalité sociale.

A LIRE



Mon coup de coeur:

*Yasmine : j'aime beaucoup sa façon d'"envoyer promener" le monde. Elle reflète une autre image d'elle mais au fond c'est une fille très mûre et intelligente.

Lien : http://monboudoirdelivres.bl..
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Kaouther Adimi est née en 1986 à Alger. Elle y fait des études de langue et de littérature françaises avant de s'installer à Paris. Remarquée pour ses nouvelles (elle a obtenu le prix du jeune écrivain francophone de Muret en 2006 et 2008), elle publie son premier roman, Des ballerines de papicha, aux éditions Barzakh en Algérie en 2010, repris sous le titre L'envers des autres aux éditions Actes Sud en 2011.

L'envers des autres est un roman polyphonique. Les chapitres se succèdent et donnent la parole à des personnages différents qui racontent une partie de leur vie à Alger, à notre époque.

L'histoire commence avec Adel qui n'arrive pas à dormir. Il pleure "des larmes de honte et de frustration" et porte un regard très noir sur lui-même. Il sait ce que l'on pense de lui : qu'il n'est pas à la hauteur, qu'il est une femmelette. Pour tromper son désespoir, il passe ses journées à boire et à oublier dans un café. Les journées se succèdent et se ressemblent.

Sa soeur Yasmine est remarquée partout pour sa grande beauté. Étudiante, elle porte un regard cynique sur sa ville, sur la communauté universitaire et étudiante, sur les relations amoureuses, que l'on observe à travers ses yeux. Elle fréquente un jeune homme, Nazim, mais c'est pour oublier son frère qu'elle aime plus que tout.

Leur soeur aînée, Sarah, peint à longueur de journée. Coincée dans cette maison avec son mari Hamza, qui est devenu fou, elle cherche à s'échapper en s'adonnant complètement et pleinement à son art. Leur fille, Mouna, se plaît à être une papicha (une minette) avec ses ballerines bleues toutes neuves. Elle veut se marier avec Kamel, un voisin, et ne prête pas attention aux moqueries de ses camarades de classe.

Enfin, il y a la mère, sans nom, qui a perdu son mari "fauché par une balle aveugle". Elle sait bien ce que les gens disent de ses enfants, trop beaux, trop différents et qui aspirent à plus de liberté. Elle a élevé ses enfants comme il faut mais elle ne comprend pas pourquoi Sarah ne s'occupe plus de son mari et passe ses journées à mélanger des couleurs et pourquoi Yasmine ne se contente pas de trouver un bon travail, un mari et de fonder une famille.

Autour d'eux gravitent des voisins, obnubilés par cette famille étrange. Des jeunes voisins passent leurs nuits à boire et à fumer du shit, partagés par l'envie de quitter leur pays pour l'Europe, promesse d'un meilleur avenir, ou rester pour aider à construire l'Algérie. A partir de l'histoire d'une famille algérienne, c'est une histoire de la jeunesse algérienne posant la question de l'avenir de ces jeunes que pose Kaouther Adimi. Une histoire sombre d'ailleurs, et qui se termine brutalement. La fin est surprenante et laisse des questions en suspens.

J'ai beaucoup aimé l'écriture limpide de Kaouther Adimi : les dialogues sont naturels et les descriptions rendent bien l'atmosphère particulière de l'Algérie. On est totalement plongés dans cet univers et dans le désespoir de ces personnages qui s'interrogent sur leur avenir. Je regrette juste que le roman soit si court et se lise si vite : vivement un autre texte de Kaouther Adimi à découvrir !
Lien : http://leschroniquesassidues..
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Je viens de terminer ce court roman gagné lors du pique-nique Babelio. Je n'imaginais pas tant de noirceur derrière ce joli titre et cette couverture colorée.

"Des ballerines de papicha" est un roman choral où chacun des neuf personnages d'une même famille nous livre son quotidien dans un quartier populaire d'Alger.
Par ces regards croisés, ce roman réaliste construit un portrait sensible et sombre de cette ville cosmopolite. Coincés entre modernité et traditions encore prégnantes Adel, Sarah, Yasmine, Hamza et les autres nous disent l'inquiétude et l'anxiété dans laquelle ils sont murés. Ils nous crient le fossé entre leurs rêves et leur réalité. Ils nous font partager leurs dérives.

L'écriture incisive et parfois poétique de l'auteure nous percute, nous enferme avec ses personnages dans un monde de médisance, d'incompréhension, de chômage, de drogue, de violence et d'abandon. Les descriptions précises de la ville blanche, ses quartiers, ses odeurs, ses bruits, ses habitants donnent à cette fiction un réalisme glaçant.

Seule Mouna avec ses ballerines de papicha, ses rêves de couleur et d'amour nous offre l'insouciance de ses neuf ans.

Un texte fort.
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Citations et extraits (47) Voir plus Ajouter une citation
(…) autant je ne peux pas comprendre ce qui cloche chez Yasmine. Pourtant, elle est intelligente, c’est ce que me disaient ses enseignants lorsque j’allais récupérer son bulletin de notes au lycée, à la fin de chaque trimestre. Qu’elle était brillante, qu’elle irait loin. Loin, loin, moi je ne veux pas qu’elle aille loin ! Je veux qu’elle aille à la fac, qu’elle trouve un bon travail, un bon mari, qu’elle sourie de temps en temps et c’est bien assez, non ?
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Il y a dans la nuit quelque chose qui m'attire. Un silence qu'on ne peut retrouver dans le jour. Une sensation d'épaisseur et de lourdeur difficile à définir. Une impression de finitude. J'aime attendre le lever du jour, voir d'un coup la ville s'éveiller. Il est plus raisonnable de dormir toute l'après-midi et de rester debout la nuit.
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Je me retourne dans mon petit lit. Les draps sont humides, je transpire beaucoup en ce moment. Les bruits dans la rue m'empêchent de trouver le sommeil. Les jeunes de mon quartier se réunissent toutes les nuits pour fumer un peu, jouer aux dominos et refaire l'Algérie à coups de grands discours patriotiques. Lorsqu'ils ne parlent pas de quitter le pays, ils parlent de mourir pour lui.
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Il est plus raisonnable de dormir toute l'après-midi et de rester debout la nuit. Il n'y a que les vieux, les enfants et les imbéciles qui ignorent les charmes d'une nuit blanche.
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En même temps, c’est quoi être comme tout le monde ? Si on en croit les professeurs, c’est faire toute une série d’actions, dans le bon ordre. Etre soit un homme, soit une femme, et se marier. Faire les courses. Avoir deux ou trois enfants. Les inscrire à l’école et leur acheter des livres. Travailler en même temps pour faire tout ça. Prendre un prêt bancaire pour avoir un appartement plus grand. Travailler plus, pour rembourser son prêt bancaire. Acheter une petite voiture. Voter. Marier ses enfants. S’occuper des petits-enfants. Mourir. Ne pas laisser de dettes en héritage aux enfants.
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Videos de Kaouther Adimi (28) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Kaouther Adimi
Le cinquième roman de Kaouther Adimi, « Au vent mauvais », publié aux Éditions du Seuil, nous raconte l'histoire de Tarek, Saïd et Leïla, 3 algériens qui grandissent dans le même village, le hameau d'El Zahara, jusqu'au jour où la guerre, la Deuxième Guerre mondiale, les sépare brutalement. Tarek servira sa patrie du mieux qu'il peut, en faisant face aux injustices en Allemagne, en France, à l'incompréhension, et trouvant miraculeusement refuge dans une villa hors du temps à Rome, avant de rejoindre Leïla son amour de jeunesse, en Algérie. Saïd choisira l'écriture, il deviendra écrivain et se servira de son passé, de ses amis, pour conter une autre forme de réalité, quitte à trahir, blessé dans son amour-propre dans ce triangle amoureux, un prétexte en somme pour asseoir son art.
Kaouther Adimi a reçu le Prix du roman des étudiants France Culture – Telerama, en partenariat avec le CNL.
#SonLivre : un podcast réalisé par Pauline Carayon du CNL et Romuald Boivin. Illustrations par l'artiste plasticienne Fanny Michaëlis.
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