Crise sanitaire oblige, la police de Copenhague est en sérieux manque d'effectifs ces derniers temps. Aussi, quand une femme se suicide en faisant référence dans une lettre à une affaire vieille de plusieurs décennies, Marcus décide de mettre le Département V sur le coup. Mais en remontant les pistes, nos fins limiers décèlent un point commun entre cet ancien dossier et des prétendus suicides survenus ces derniers mois : la présence de
sel près des corps. Coïncidence ou coïncidence ?
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Cette toute récente enquête est à situer dans le contexte très particulier de la crise sanitaire et de tous les protocoles mis en place pour tenter de freiner l'épidémie. Nous retrouvons donc un commissariat presque "fantôme", quelque peu dépouillé de ses agents, qui ayant attrapé le fameux virus, qui étant confiné parce que cas contact. Mais pendant ce temps-là, le monde continue quand même de tourner et les meurtriers de sévir. Tels des irréductibles gaulois, "l'équipe la plus ingérable du pays" résiste encore et toujours, fort heureusement pour la réputation de la brigade criminelle.
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Dans cette intrigue complexe, plusieurs voix interviennent pour un suspense réussi. J'ai apprécié le bel équilibre entre l'enquête policière et la vie personnelle des protagonistes. Car si l'intrigue est le "
sel" même d'un roman à suspen
se, les enquêteurs ont eux aussi un rôle à jouer dans le succès d'une série policière. En ce sens, avec le Département V,
Jussi Adler-Olsen a toujours pris soin d'approfondir l'histoire et la personnalité de ses protagonistes. Dans ce tome, on ne peut pas dire que toute l'équipe soit au meilleur de sa forme. Rose et Gordon forment un duo plutôt productif, et je ne suis pas mécontente de voir ce dernier s'affirmer davantage et jouer un rôle plus important au sein de l'équipe. A sa décharge, il faut dire qu'il devait être assez compliqué de sortir de l'ombre avec de si fortes têtes dans son entourage professionnel. Carl notamment, n'est pas facile à vivre tous les jours, mais c'est ce qui fait son charme. Par ailleurs, il est mis à rude épreuve ces temps-ci, ce qui le rend un peu plus sympathique. Quant à Rose, elle m'a semblé avoir légèrement perdu de son mordant, et je l'ai trouvé plus patiente et plus disposée qu'à l'accoutumée.
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Pour ma part, j'ai une affection toute particulière pour Assad, et ce depuis que je l'ai rencontré dans
Miséricorde. Après les évènements qui se sont déroulés dans
Victime 2117, ses ennuis personnels se prolongent et cela se ressent tout au long du roman. Les anecdotes sur les chameaux m'ont paru plus rares et moins enthousiastes, aussi il m'a semblé que le syrien n'avait pas vraiment le coeur à alléger l'atmosphère. Mais qui pourrait le lui en vouloir ? Cela dit, son café est toujours un tord-boyaux pour quiconque se risquerait à en boire et ses expressions sont toujours aussi savoureuses. Il y a des habitudes qu'on ne change pas, ce qui a suscité chez moi quelques sourires réconfortants.
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Ce neuvième tome est aussi l'occasion de voir revenir sur le tapis "l'affaire du pistolet à clous", menace omniprésente sur Carl et Hardy depuis le début de la série. Une enquête toujours en cours, aux détails assez flous, dont les rebondissements risquent fort d'engendrer de fâcheuses conséquences. Au-delà même de l'intrigue propre à chaque tome, cette affaire en toile de fond atti
se la curiosité autant qu'elle inquiète. Je n'y connais pas grand-chose au milieu de la police, mais je trouve plutôt crédible qu'une enquête interne ne se résolve pas du jour au lendemain, mais s'étende sur plusieurs années. Aussi, il est préférable de lire les romans de la série dans l'ordre, au risque de perdre incontestablement la subtile construction de ce fil narratif.
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Avec
Sel,
Jussi Adler-Olsen nous emmène sur les rives dangereuses de la folie vengeresse, où la violence est reine. Une neuvième enquête passionnante, dans laquelle on retrouve avec plaisir la fine équipe du Département V. Je suis une nouvelle fois sous le charme de cette série policière danoise, que je vous conseille vivement de découvrir.
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