Ma métamorphose a ressemblé au choc que le corps expérimente quand on le plonge dans l'eau froide. L'impact donne envie de hurler et de bondir hors de l'eau mais plus longtemps on reste submergé, plus on s'habitue. La froid, comme les ténèbres, peut devenir un réconfort trompeur dans lequel on veut se lover à jamais. Mais je l'ai repoussé : j'ai battu les pieds et les bras et j'ai regagné la surface. J'ai émergé, les lèvres bleues, en claquant des dents, j'ai fait fondre la glace et pénétré de nouveau dans le monde.
Ce n'est que du papier, mais en réalité, non. Ce ne sont que des mots, mais c'est plus que ça. Nous ne sommes que de passage et le papier vivra plus longtemps que nous, il criera, hurlera rugira, chantera nos pensées, nos sentiments, nos frustrations et toutes les choses qu'on ne dit pas dans la vie. Le papier sera le messager qui permettra à leurs proches de les lire et de les garder ; des mots sortis d'un esprit et contrôlés par un cœur battant. Les mots, c'est la vie.
Nous voulons contrôler notre mort, nos adieux au monde, et si on ne le peut pas, on peut au moins contrôler ce qu'on laisse derrière nous.
La mort sépare les gens mais elle a aussi une manière bien à elle de lier ceux qui restent.
J'ai lu un article qui expliquait que, certaines années, on immobilise les horloges pendant une seconde pour que le temps reste synchronisé avec l'univers. On appelle ça la seconde intercalaire : un ajustement d'une seconde appliqué au temps universel coordonné parce que la vitesse de la rotation de la Terre change de manière irrégulière. Une seconde additionnelle est insérée entre vingt-trois heures cinquante-neuf minutes cinquante-neuf secondes et minuit, nous offrant une seconde supplémentaire. Des articles de journaux et de magazines ont posé la question : que peut-il se produire en une seconde ? Que pouvons-nous réaliser dans ce temps supplémentaire ?
En une seconde, presque deux millions et demi de mails sont envoyés, l'univers se dilate de quinze kilomètres, trente étoiles explosent, une abeille peut ajouter les ailes deux cents fois, l'escargot le plus rapide avance d'un centimètre virgule trois, des objets peuvent tomber d'une hauteur de cinq mètres et un "Veux-tu m'épouser?" peut changer une vie.
Quatre bébés naissent. Deux personnes meurent.
Une seconde peut faire toute la différence entre la vie et la mort.
Vise la Lune car même en cas d'échec, tu atterriras dans les étoiles.
Vise la Lune car même en cas d'échec, tu atterriras dans les étoiles.
Nous voulons contrôler notre mort, nos adieux au monde, et si on ne le peut pas, on peut au moins contrôler ce qu'on laisse derrière nous.
Parce que, finalement, c'est ce que nous voulons tous. Ne pas être perdu, abandonné, oublié, faire toujours partie de tous ces moments qu'on ratera. Laisser son empreinte. Et être commémoré.
La mort sépare les gens mais elle a aussi une manière bien à elle de lier ceux qui restent.