Citations sur Les Funambules (91)
On arrive toujours à trouver de la nourriture, mais quand on n'a plus de toit, on se retrouve à la rue, et ça devient dramatique. Les situations sont tragiques. Le funambule perd son fil et ne peut plus remonter dessus. L'équilibre est presque définitivement rompu. Plus de chez-soi. Que sommes-nous sans un lieu pour nous reposer,où nous retrouver, où accueillir ?
En schématisant le discours de Rousseau, m'explique-t-il, voyant bien que j'ai du mal à suivre, on pourrait donner cette réponse ; l'origine de l'inégalité, c'est la propriété, établie et maintenue par la société. L'inégalité est réprouvée par la loi naturelle, car les hommes, à l'état de nature, sont égaux, isolés et bons ; c'est la vie sociale qui les a corrompus.
Moi, croyant la consoler, je lui ai dit:" Ce n'est pas grave, tu peux en acheter un autre..." J'ai vu à son regard l'ampleur de ma bêtise et ma méconnaissance du lien que les gens peuvent avoir avec un animal. Chez nous, on ne donnait pas de nom aux bêtes.
Avec sa voix douce et son regard clair, elle m’explique que, en fait, personne n’est à l’abri. Jamais. Que le fil de la vie est fragile. On peut être tout en haut et tomber. Une maladie. Une rupture. Un accident. Tout peut basculer en un instant. Ces êtres que l’on voit dans la rue, sait-on quelle histoire ils portent ?
Le funambule perd son fil et ne peut plus remonter dessus. L’équilibre est presque définitivement rompu. Plus de chez-soi. Que sommes-nous sans un lieu où nous reposer, où nous retrouver, où accueillir ?
Nadia voulait mettre des paroles sur les maux des autres et de la beauté chez les plus démunis. Elle pensait : le livre, c’est aussi important que le pain, l’eau, l’électricité…
Je pense que les mots peuvent, peut-être pas guérir ni réparer, mais contribuer à ce que les personnes vulnérables se sentent véritablement exister.
Quand vous avez partagé un café ou une conversation avec ces cabossés, ils ne vous quittent jamais vraiment, on traîne avec eux comme on traîne son passé. Il n’y a pas de promesses dans la relation, juste un moment passé ensemble à additionner des solitudes avec l’illusion que moins plus moins donne un peu plus.
Je pense que les mots peuvent, peut-être pas guérir ni réparer, mais contribuer à ce que les personnes vulnérables se sentent véritablement exister. (…) Les gens précaires souffrent de ne pouvoir écrire, de ne pouvoir coucher leur récit sur du papier, de ne pouvoir en parler. Ils flottent, ils ne possèdent pas de généalogie, pas de traces, pas d’appuis, leurs familles sont le plus souvent disloquées.
Lui aussi son père est parti sans laisser de nouvelles, ça nous rapproche. Ce n’est pas tant le malheur et la misère qui ont failli le tuer, mais le silence. Cette impossibilité de raconter, devoir mentir, cacher qui il est. « Je me taisais, je me taisais, et j’étouffais. C’est écrire qui m’a sauvé. » Il me dit ces mots forts, comme ça, mine de rien : le silence est assassin. Quand il était gamin, écrire était un instinct de survie. Aujourd’hui, le grand médecin qu’il est devenu sait que raconter son histoire, si tragique soit-elle, participe à la reconstruction. Il sait qu’une fêlure ne se referme jamais. On met du baume dessus, des couches de protection pour ne pas imploser. On fait avec.