Le coeur humain est partagé par deux sentiments contradictoires. Nous éprouvons, certes, de la compassion pour le malheur d'autrui. Mais si notre prochain s'en tire tant bien que mal, nous ne pouvons nous empêcher d'éprouver quelque mécontentement.
Son visage tourmenté, le char embrasé, tout peignait le suprême degré de la souffrance dans les flammes de la damnation. On peut dire que toutes les horreurs répandues sur le vaste Paravent servaient de fond à ce seul personnage.
A cet instant, ses yeux venaient de discerner une forme accroupie au milieu des cadavres. C'était une vieille femme vêtue de guenilles rousses, aux cheveux blancs, décharnée, hâve, à l'aspect simiesque. Une torche de pin à la main droite, elle se penchait, comme pour l'examiner, sur la tête d'un cadavre.
Goi,de nature timide,n'avait jamais manifesté ,par crainte de mécontenter les autres ,la sympathie qu'il éprouvait à l'égard de quelqu'un.
Bientôt, la vieille femme planta la torche entre les planches de la galerie et, posant ses mains sur la tête du cadavre qu'elle venait de contempler, se mit à retirer un à un, à la manière d'une guenon épouillant son petit, les longs cheveux qui, avec le mouvement de ses mains, semblaient s'arracher sans peine.
Mais rien n'était plus surprenant que le regard apparemment satisfait avec lequel le peintre contemplait l'agonie de son unique fille. A ce moment, Yoshihidé incarnait cette solennité exaltée, par on ne sait quelle force, élevée au-dessus de l'humain [...].