La mort est le seul poste d'observation à l'aune duquel une vie peut véritablement être évaluée.
Comme je me sentirai à l’abri une fois que j’aurai commencé ma traduction, comme je me sentirai à l’abri, assise à ce bureau dans la nuit noire, que Sebald, via Jacques Austerlitz, décrit assis à son bureau, « à ne voir pour ainsi dire que la pointe du crayon courant d’elle-même en absolue fidélité après son ombre, qui glissait régulièrement de gauche à droite » – de droite à gauche dans mon cas –, « ligne après ligne, sur le papier réglé. »
Sur cette splendeur de chêne, je dispose le carnet neuf à côté des crayons de papier, à côté des stylos. J’enlève le capuchon du stylo-plume principal, un vieux Parker, et j’inspecte l’encre. L’encrier en forme de noix, une fausse antiquité de porcelaine et de cuivre, est copieusement rempli. C’est toujours délicieusement excitant quand je me prépare pour un nouveau projet. Je me sens en territoire familier avec mes rituels.
Ma mère est à l'article de la mort depuis maintenant un certain temps, cependant elle s'obstine à que cet article reste en l'occurrence tout à fait indéfini.
Ah! Splendide "Microcrosmes", le délice de découvrir un chef-d'oeuvre. La beauté des premières phrases, le 《 Qu'est-ce que c'est que ça? 》, le 《 Comment cela se peut - il ?》, le coup de foudre comme au premier jour, le sourire de l'âme. Mon coeur commence à s' élever. Je me vois assise toute la journée dans mon fauteuil, immergée dans des vies, des intrigues et des phrases, enivrée de mots et de chimères, paralysée par la satisfaction et le contentement, lire jusqu'au sombre crépuscule, jusqu'à ne plus pouvoir distinguer les mots, jusqu'à ce que mon esprit se mette à flotter, jusqu'à ce que mes muscles douloureux ne soient plus capable de tenir le livre en l'air.La joie est anticipation de la joie.Lire
un bon livre pour la première fois est aussi somptueux que la première gorgée de jus d'orange qui met fin au jeûne du ramadan.
"Le féminisme au Liban n'a pas encore atteint les espadrilles ou les chaussures de course à pied ; les talons plats, voilà où on en est. Le choix de ne pas se marier ne figure pas encore au tableau. Il est possible qu'il soit en train d'apparaître maintenant, mais je ne le saurais pas..."
Joseph Roth écrivit : "Il faut du temps pour que les hommes trouvent leur visage. C'est comme s'ils n'étaient pas nés avec leurs figures, avec leurs fronts, avec leurs nez, avec leurs yeux. Ils acquièrent tout cela dans le courant du temps, et c'est long. Il faut du temps pour qu'ils assemblent ce qui leur convient. " (p. 51)
La littérature est mon bac à sable. J'y joue, j'y construis mes forts et mes châteaux, j'y passe un temps merveilleux. C'est le monde à l'extérieur de mon bac à sable qui me pose problème.
Il existe deux sortes de gens en ce monde : ceux qui veulent être désirés et ceux qui veulent tellement désirés qu'ils font semblant de ne pas s'en soucier.
page 320.
"Les mélodies entendues sont douces, mais celles non entendues sont plus douces encore", écrivit Keats.
Nulle perte n'est ressentie avec autant d'acuité que celle de ce qui aurait pu être. Nulle nostalgie fait autant souffrir que la nostalgie des choses qui n'ont jamais existé. (P.178)
Dans ‘’Précis de décomposition’’, Cioran a écrit : « La vie en commun devient intolérable, et la vie avec soi-même plus intolérable encore. »