La litterature est mon bac à sable. J'y joue, j'y construis mes forts et mes châteaux, j'y passe un temps merveilleux. C'est le monde extérieur de mon bac à sable qui me pose problème. (Page 15)
Elle s’était dissoute dans mes souvenirs. Elle était devenue un dissouvenir.
Pessoa, plus connaisseur que Flaubert en matière d'aliénation, a écrit : " Plus redoutables que n'importe quelles murailles, j'ai planté des grilles d'une hauteur immense à l'entour du jardin de mon être, de telle sorte que, tout en voyant parfaitement les autres, je les exclus encore plus parfaitement et les maintiens dans leur statut d'étrangers. (p. 215)
En exergue:
Dans mon village je vois autant de terres qu'il peut s'en voir dans l'Univers...
C'est pourquoi mon village est aussi grand que toute autre terre
Et que je suis de la dimension de ce que je vois
Et non de la dimension de ma propre taille. - Fernando Pessoa- Le Gardeur de troupeaux
Lorsque je tombe sur un jardin ces temps-ci, je fleuris intérieurement.
« La littérature dans le monde arabe, en soi, n’est pas une denrée très prisée. La littérature traduite ? La traduction dérivée de traduction ? Pourquoi se donner cette peine ? » (p. 89)
Comme tout le monde, je veux des explications.En d'autres termes, je crée des explications lorsqu'il n'en existe pas.
Imre Kertész le dit bien dans Kaddish pour l'enfant qui ne naîtra pas.
Voici :
Mais il est visiblement impossible d'échapper aux explications, nous passons notre temps à expliquer et à nous expliquer; la vie, cet inexplicable complexe de présences et de sensations, exige de nous des explications, notre environnement exige des explications, et pour finir nous exigeons des explications de nous-mêmes, jusqu'à ce que nous réussissions à tout anéantir autour de nous, y compris nous-mêmes, c'est-à-dire à nous expliquer à mort.
En d'autres termes, la plupart d'entre nous pensons que nous sommes en raison des décisions que nous avons prises, en raison des évènements qui nous ont façonnés, des choix de ceux de notre entourage. Nous considérons rarement que nous sommes aussi façonnés par les décisions que nous n'avons pas prises, par les évènements qui auraient pu avoir lieu mais n'ont pas eu lieu, ou par les choix que nous n'avons pas faits , d'ailleurs. (p. 34)
Alors que la plupart des gens vous diront qu’ils préfèrent la ville les après-midi de printemps, quand elle emplit ses poumons d’air salé, lorsque les bougainvilliers, pourpres et écarlates, et les glycine, lavande et blanches, commencent à fleurir, ou au moment des couchers de soleil d’été, quand l’eau est recouverte d’une panoplie or et jacinthe si vive que la ville tangue pratiquement sur son promontoire, je la préfère dans cette lumière tamisée, sous le roulis de nuages gris, saturés de pluie, mais il ne pleut pas, lorsque l’air neutre fournit un contraste avec les couleurs authentiques de la ville.
La mort est le seul poste d'observation à l'aune duquel une vie peut véritablement être évaluée.