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sur 491 notes
Aaliya Saleh est une libanaise de 72 ans qui vit en marge des carcans imposés par la société. Dans l'ombre sécurisante de son appartement, elle s'apprête à entamer la nouvelle année selon un rituel bien établi : après avoir allumé deux bougies en l'honneur de Walter Benjamin, elle entamera la traduction d'un ouvrage qui lui est cher en arabe. Prise dans ses obsessions et ses tourments, elle ne parvient pas à se décider et flirte avec l'idée de contourner les règles auxquelles elle s'auto-soumet depuis tant de temps. D'ailleurs, du temps, il en est question dans les innombrables allers-retours entre passé et présent qui permettent d'esquisser une histoire nationale à l'aide de trajectoires personnelles.

Les Vies de papier paraît être une ode à la littérature. Et c'est fou comme moi qui aime tellement les livres pour ce qu'ils sont, ce qu'ils disent, ce qu'ils laissent imaginer et là où ils m'emmènent, c'est fou comme je m'ennuie souvent lorsqu'on m'en parle. Chaque phrase vient avec sa citation, chaque paragraphe nous étouffe sous trois noms d'auteurs : il n'y a pas d'espace pour le rêve et la pensée, pas d'air pour apprécier. Ajoutons à cela qu'à presque chaque nom d'auteur connu (de moi), une grimace m'a échappée. Sûrement que la littérature qui lui parle n'est pas la même que celle qui me touche, ce qui explique peut-être que la manière de la mettre à l'honneur me refroidisse tant. Si rendre hommage à la littérature c'est nous assommer à coup de livres, alors j'ai envie de me défendre en déchirant des pages pour les rendre plus légers.

Et pourtant tout n'est pas à jeter dans ce roman. Certains passages émeuvent par la beauté des instants qu'ils décrivent, la finesse des relations qui voient le jour. Mais c'est tellement fin que ça se noie dans la masse…
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Une belle ode aux Livres, à la traduction et à la librairie.
Mais aussi un roman un peu bavard, manquant parfois de fil conducteur.
On se laisse cependant embarquer avec plaisir dans l'histoire, les histoires d'Aaliya.
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Roman de Rabih Alameddine.

Aaliya a 72 ans. Depuis 50 ans, cette ancienne libraire de Beyrouth a un rituel : chaque 1er janvier, elle entame la traduction d'un nouveau roman étranger. Elle utilise pour cela les traductions françaises et anglaises – puisqu'elle maîtrise les deux langues – pour produire une traduction en arabe classique. Mais elle ne fait cela que pour elle : c'est un hobby ritualisé très privé. « La littérature dans le monde arabe, en soi, n'est pas une denrée très prisée. La littérature traduite ? La traduction dérivée de traduction ? Pourquoi se donner cette peine ? » (p. 89) Aaliya est la narratrice de ce récit et on ne sait pas vraiment à qui elle s'adresse. Peut-être simplement à qui voudra la lire. Elle raconte un peu de sa jeunesse, son mariage raté, sa belle amitié avec Hannah, et Beyrouth. Surtout Beyrouth, théâtre de son existence et lieu de tant de tragédies. « Beyrouth est l'Elizabeth Taylor des villes : démente, magnifique, vulgaire, croulante, vieillissante et toujours en plein drame. » (p. 75) À grand renfort de citations, elle appuie son propos et illustre le récit fragmenté et décousu de sa vie où le texte, toujours et depuis toujours, est un principe fondateur. « Je me suis depuis bien longtemps abandonnée au plaisir aveugle de l'écrit. La littérature est mon bac à sable. J'y joue, j'y construis mes forts et mes châteaux, j'y passe un temps merveilleux. C'est le monde à l'extérieur de mon bac à sable qui me pose problème. […] Si la littérature est mon bac à sable, alors le monde réel est mon sablier – un sablier qui s'écoule grain par grain. La littérature m'apporte la vie, et la vie me tue. » (p. 10) Outre les livres, il est aussi question de musique classique, de films et de peintures. D'art, en somme, et de curiosité pour le beau. « Je pensais que l'art ferait de moi une personne meilleure, mais je pensais aussi que l'art ferait de moi un être supérieur à vous. » (p. 94) le roman s'achève sur des livres sauvés de la noyade, en quelque sorte, et par le début d'une nouvelle traduction.

Les vies de papier est un roman charmant, enchanteur à bien des égards, mais qui frôle par moment la mièvrerie, voire le maniérisme. Effet de la traduction ? Peut-être… le titre français est charmant, mais souffre du même défaut que je reproche au texte en général. le titre original, An Unnecessary Woman, met mieux l'accent sur le personnage principal et sa complexité, voire ses contradictions. Je retiens surtout de cette lecture le beau portrait d'une vieille dame aux cheveux bleus qui déguste du vin rouge. Et je pense que les lecteurs sont nombreux à s'identifier à Aaliya et à son rapport à la lecture. « Quand je lis un livre, je fais de mon mieux, pas toujours avec succès, pour laisser le mur s'effriter un peu, la barricade qui me sépare du livre. J'essaye d'être impliquée. Je suis Raskolnikov. Je suis K. Je suis Humbert et Lolita. Je suis vous. » (p. 84) Je sors de ce livre avec une longue liste d'envies (à découvrir sur Babelio !), car le roman regorge de références et de titres. C'est là toute la magie de la littérature : ouvrir le champ des possibles et des désirs !
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Je voyais ce roman se balader sur les réseaux sociaux, mais je me disais que cette lecture n'était pas pour moi. Elle ne m'attirait pas outre mesure. Mais avec mon travail aidant, je me suis dit pourquoi pas. Cela fait indéniablement partie de ces lectures qui me surprennent et finissent par me plaire.

Dans cette lecture, c'est à travers le parcours d'une femme dans les années 70 au Liban, que va se dérouler notre histoire. On apprécie cette plongé dans un Beyrouth entre tradition et guerre civile. Un pays qui explose de l'intérieur, confronté à une dualité trop forte pour être contenue. D'un côté le besoin de liberté de la population amenée par une modernité toujours plus grandissante. de l'autre côté, on découvre un aspect bien plus conservateur du pays qui souffre de cette évolution. L'histoire du pays est la toile de fond de notre récit. Il permet la construction de notre protagoniste, son chemin, ses choix et ses doutes. Car l'auteur va nous raconter le parcours compliqué d'une femme seule, entourée de livre dans un pays où les messes basses sur la solitude d'une femme sont omniprésentes. Regard insistant, murmures et désapprobation familiale se font sentir.

On nous livre une lecture poignante sur le destin d'une femme, d'une passionnée par les livres et par la traduction. Elle a voué sa vie pour faire des traductions qu'elle conserve précieusement. Des traductions qu'elle estime nécessaire pour le bien de son pays, mais qu'elle garde caché à l'abri de tous. A travers cette image, c'est toute une vie qui est mise à nue. On nous dresse le destin d'une femme seule, entourée par ses fantômes elle donne un nouveau regard sur son monde. Elle doit se battre pour conserver son indépendance face à une famille qui ne comprend pas sa place.

Cette lecture est très riche, autant sur le Liban et cette période compliquée, mais également sur la littérature en générale. On s'amuse avec le temps en passant du passé au présent. On parcourt les pages de ce livre comme s'il nous permettait de remonter le temps dans la vie de cette femme. A travers ce roman, on comprend que c'est une introspection qui nous est donnée, sur un monde en perpétuel mouvement.

On va passer de digressions en digressions pour nous raconter cette histoire et même si certaines auraient pu être retirées, le résultat m'a touché. J'ai aimé découvrir ce pays, à travers le parcours banal et hors du commun d'une femme qui tentait juste de réaliser ses traductions.
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"Des livres dans les cartons - des cartons remplis de papier, des feuilles volantes de traduction. C'est ma vie." On l'aura vite compris, la protagoniste du roman de Rabih Alameddine est traductrice, grande amatrice de papier imprimé, de littérature. Cette ancienne libraire, répudiée jeune par un mari imposé et impotent, a dû construire sa vie de façon indépendante dans une société Beyrouthine qui ne s'y prêtait guère. Elle a dû faire face également à la guerre de 1975 à 1991, allant jusqu'à se trouver une kalachnikov pour protéger son appartement regorgeant de livres. Avec l'âge et le temps qui passe, les livres et les auteurs sont devenus son seul refuge même si elle l'a bien compris : ces derniers ne la mettent pas au dessus du monde ni ne la protègent de celui-ci quand il devient hostile... Ainsi Pessoa, Joyce, Kafka, Nabokov, Sebald (qu'elle a traduit), Bolano (qu'elle aimerait traduire), Danilo Kiš, Claudio Magris, Yourcenar et beaucoup beaucoup beaucoup d'autres l'accompagnent dans la vie et dans Beyrouth, cette ville qu'elle décrit comme l'"Elizabeth Taylor des villes : démente, magnifique, vulgaire, croulante, vieillissante et toujours en plein drame". Les Vies de papier est un beau roman sur la littérature, généreux en citations, jamais gnan-gnan, c'est aussi un beau livre sur la vieillesse, et lorsqu'on arrive à la dernière page, la 326, on regrette un peu de devoir quitter cette généreuse quoiqu'extravagante narratrice qui fut une guide de Beyrouth et une critique littéraire fort appréciable. Un bon roman, érudit et divertissant à la fois, où l'on ne s'ennuie guère et quand c'est le cas, c'est toujours pour être repris par une remarque cocasse, une situation comique (ou dramatique) ou encore une excellente citation, comme celle de Camus, tirée de la Chute, qui se trouve au milieu de ce livre et résume un peu le destin de sa protagoniste traductrice : "Ah, mon cher, pour qui est seul, sans dieu ni maître, le poids des jours est terrible."
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La narratrice, septuagénaire, raconte son quotidien actuel à Beyrouth, et plonge également dans ses souvenirs. Traductrice acharnée mais officieuse, libraire ayant connu la répudiation, meilleure amie d'une femme étrange et solaire, voisine de "sorcières" aimables et farfelues, cette femme se heurte aussi à la vieillesse d'une mère indifférente et égoïste.
Un roman très particulier, sur fond également de guerre(s) du Liban, un ton assez inclassable, entre ironie et érudition, bref un objet littéraire très particulier qui m'a au final bien plu, mais ne me laissera sans doute pas un souvenir impérissable...
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Après la critique élogieuse de Sylvaine concernant ce livre, je me demandais ce que je pouvais dire d'autre à son sujet. Je me ferais donc « l'avocat » du diable en conseillant le nouveau lecteur potentiel ou le décourageant peut-être. Tout d'abord, Rabih Alameddine s'adresse à un public bibliophile ayant un bon bagage culturel surtout des oeuvres étrangères (romans, peintures, philosophes, etc.). D'ailleurs, je suis impressionnée par une telle connaissance…Par contre, ce titre demande de l'énergie pour entrer dans l'histoire, les thèmes abordés (solitude, le temps qui passe,…) décourageront les non globe-trotteurs littéraires. Et ceux qui ont besoin d'action, de suspense, passez votre chemin. Ou du moins, vous devriez l'appréhender en sortant de votre zone de confort au niveau lecture…Ceux qui participent aux challenges, comprendront directement à quoi, je fais allusion. Cependant, je stoppe cette digression pour vous permettre de vous faire une opinion objective. Je le conseillerai davantage à un public adulte qui aime découvrir d'autres auteurs par le biais d'un seul, et les différents métiers du livre (écrivain, libraire, traducteur, etc.) et aventurier (découverte d'un pays dévasté par la guerre qui peine à se reconstruire : Liban). de plus, votre état d'esprit influencera fortement votre appréciation de l'ouvrage. Si vous répondez à ces conditions, vous serez enchanté par « Les vies de papier » de Rabih Alameddine. On remerciera les éditions » Les escales » pour la qualité de la traduction ainsi qu'un livre sans coquilles. Pour ma part, je l'ai trouvé un peu long mais je l'ai adoré dans l'ensemble. J'ai un ressenti positif d'une globetrotteuse littéraire, fatiguée de son voyage.
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"Les Vies de papier" est un roman particulièrement attirant pour les bibliophiles: sa couverture est une photo d'un amas de livres tels que l'on en trouve chez les bouquinistes et dans lequel on aimerait fureter et c'est alors que le titre fait sens: voilà de quels "papiers" il est question. La quatrième de couverture nous le confirme: "C'est entourée de livres, de cartons remplis de papiers, de feuilles volantes et de ses traductions qu'Aaliya se sent vivante".
Je me suis donc laissée entraînée par cette héroïne de 72 ans, dans ses pérégrinations malaisées au coeur des quartiers de Beyrouth, dévastés par la guerre, mais aussi au fil de ses digressions sur les écrivains, leurs oeuvres, et le lien parfois improbable entre celles-ci et la vie réelle. C'est dense, érudit, mais surtout, hélas, sans structure. On passe d'Ovide à Murakami, de Pessoa à Nabokov, et bien que je connaisse ces auteurs, j'avoue ne pas connaître suffisamment leur oeuvre pour pouvoir comprendre les pensées de l'auteur et saisir exactement le point de réflexion vers lequel il semble vouloir mener le lecteur.
De ce fait, je suis passée par différentes émotions par rapport à cette lecture: de l'exaltation des premières pages à la lassitude des pages du milieu, et jusqu'à l'exaspération à la fin...
Bref, pour moi, ce roman n'aura pas été "éblouissant" mais plutôt frustrant.
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Merci à Les Escales !
Aaliya Saleh est une dame âgée habitant à Beyrouth, et considérée comme étrange par sa famille et ses proches. Elle est divorcée, sans enfants, athée, bref elle ne se comporte pas comme elle « devrait ». Elle est maintenant retraitée après avoir travaillé dans une librairie. Depuis des années, sa passion est la littérature et sa passion est, chaque année, de traduire un de ses romans préférés en arabe. Aaliya a traduit d'innombrables livres, qu'elle range à chaque fois dans un tiroir avant d'en commencer un nouveau.
Les vies de papier nous raconte l'histoire d'une femme amoureuse des livres et de la littérature, une femme solitaire dans une Beyrouth en pleine évolution. Aaliya doit faire face à une vie chaotique, à appréhender sa vie avec un corps vieillissant, mais surtout gérer ses émotions et ses relations conflictuelles avec sa famille. C'est une personne très solitaire, qui a souvent du mal à interagir avec des personnes extérieures à son univers. On ne peut que s'attacher à Aaliya, son parcours, à sa vision du monde... On peut dire que Les vies de papier est un petit roman très bien écrit, simple mais vraiment intense. Aaliya Saleh est une femme que l'on pourrait croiser dans la vie de tous les jours, avec ses préoccupations, ses problèmes et ses bonheurs. Mais surtout, Rabih Alameddine a écrit une ode à la littérature, à l'amour des mots.
Si vous avez l'occasion de vous plonger dans Les vies de papier à sa sortie, n'hésitez pas !
Lien : http://chezlechatducheshire...
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En constatant que l'auteur était un homme après avoir lu ce roman je n'en revenais pas : j'ai accordé foi tout du long à la voix d'Aaliya, j'étais persuadée de lire un récit et non un roman. Je la voyais tellement bien, cette beyrouthine de soixante-douze ans, solitaire dans son grand appartement délabré et de plus en plus inadaptée à toute vie sociale. Tout comme chaque 1er janvier elle entame une nouvelle traduction, je la pensais décidée à coucher sur papier sa vie différente, à témoigner qu'on peut être arabe, libanaise, répudiée, libraire, athée, drôle, râleuse, amoureuse folle de la littérature, qu'on peut lire ses contemporains – et se désoler de leur platitude -, se référer aux classiques comme on respire – sans le moindre atome d'une quelconque pédanterie -, ou qu'on peut se définir comme traductrice même – et peut-être surtout si – personne n'a jamais lu notre travail. Ainsi Aaliya n'existe pas ? Il fallait l'inventer. Elle était nécessaire.
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