AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,45

sur 182 notes
5
8 avis
4
23 avis
3
14 avis
2
5 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Drame familial à Bastia : Mohamed Cherkaoui a abattu sa femme et sa fille d'une décharge de chevrotine avant de retourner l'arme contre lui. le dossier est confié à un capitaine de police placardisé au « Bureau des homicides simples ». Autrement dit, personne ne doute que Cherkaoui soit l'auteur des coups de feu. Mais le policier refuse de se contenter d'une conclusion trop évidente. Il découvre que l'entrepreneur travaillait pour un promoteur influent de l'île aux fréquentations peu recommandables. Un matin, alors qu'il est de permanence, il est appelé sur une nouvelle scène de crime. le cadavre d'une femme a été retrouvé sur le sentier des Glacières par un couple de randonneurs…Peu avant cette macabre découverte, ils avaient croisé le chemin d'un homme en tenue militaire…

le personnage principal dont l'identité n'est jamais précisée cumule tous les poncifs du genre : c'est un policier en disgrâce qui noie un vieux traumatisme dans l'alcool. Son atout est de connaitre parfaitement l'île où il a grandi, ce qui lui permet de mener son enquête hors des sentiers battus. Dans ce roman, la Corse est délestée de ses clichés, vous n'y trouverez pas de paillotte ou d'indépendantiste cagoulé. L'auteur place son intrigue dans une île « hors saison » battue par la pluie et le vent. On découvre les quartiers périphériques de la région semblables à ceux de la métropole: des quartiers pavillonnaires sans charme, des zones d'activité pleines d'entrepôts et de hangars, et pour desservir tout ce fatras urbanistique, une multitude de ronds-points.

La Corse est grignotée par des promoteurs immobiliers insatiables. Et sans surprise, en grattant un peu le vernis de la notabilité, on tombe sur une collusion entre affairistes, truands et fonctionnaires corrompus. du côté de l'Etat, le tableau n'est pas plus reluisant. La République est représentée par des magistrats carriéristes, des sous-préfets véreux et des gendarmes et des policiers qui n'hésitent pas à franchir la ligne rouge.

Ce roman est remarquable. Il se démarque par son réalisme désabusé, son exploration des strates de la société corse, son ton à la fois grave et cocasse et son ambiance pesante. On pardonne à l'auteur son anti-héros stéréotypé et sa fin rocambolesque. Malamorte est un premier roman prometteur qui nous rappelle que l'île avec sa beauté sauvage est un cadre idéal pour un roman noir.

Je remercie NetGalley et les éditions JC Lattès de m'avoir permis de découvrir ce livre.
Commenter  J’apprécie          263
Dans une résidence bastiaise, un entrepreneur abat sa fille et sa femme avant de tenter de se suicider, une joggeuse est retrouvée morte en bordure d'un sentier de randonnée… Les deux affaires échoient à un capitaine de police placardisé. Pour avoir en son temps un peu trop voulu faire son travail au risque de gêner sa hiérarchie, il est devenu le seul membre de l'effectif du Bureau des homicides simples ; une place qui lui permet de prendre de longues pauses pour se ravitailler en bière et chercher désespérément un café potable. le « drame familial » est une affaire pliée d'avance, le meurtre de Paola Mosconi, la joggeuse, est un peu plus complexe mais lui est assigné par défaut, faute d'effectifs suffisants. le risque, cependant, c'est que même cantonné à des affaires minables, le policier lève quelques lièvres embarrassants.
Pour son premier roman, Antoine Albertini, journaliste, correspondant en Corse du Monde, choisit le polar et s'emploie à en respecter un certain nombre de codes : le flic intègre à la dérive tiraillé par son passé, une hiérarchie qui lui met des bâtons dans les roues pour des motifs obscurs, les affaires qui s'imbriquent… C'est certainement ce qui a valu à Malamorte d'être comparé à un roman d'Ellroy – époque Lloyd Hopkins, sans doute. Mais si une certaine influence d'Ellroy – et d'autres encore – est peut-être là, Antoine Albertini fait surtout du Albertini. Et tant mieux.
D'abord en parlant de lieux – et sans doute d'un certain nombre de personnages – qu'il connaît, ce qui lui permet de tenir les poncifs à distance. Ces lieux, d'ailleurs, il choisit de les montrer autrement que de la manière dont on les voit habituellement avec tous les clichés qui y sont attachés. Ce n'est pas la Corse des touristes et des plages, ni celle, archétypale, des nationalistes ou des bandits qui courent le maquis. C'est celle de l'hiver et, en l'occurrence, une île et une ville, Bastia, sous un déluge permanent qui vient encore renforcer la sensation d'enfermement.
« Les intempéries avaient rendu l'île à ses angoisses hivernales, ces longs mois où la pire des malédictions nous tombait dessus : nous retrouver seuls avec nous-mêmes, prêts à laisser parler nos instincts cannibales, à nous entre-dévorer à la première occasion. »
Ensuite, Antoine Albertini use d'une plume bien à lui, évocatrice, précise et imagée sans pour autant verser dans le lyrisme. Son écriture, adaptée à son personnage, permet de tenir une certaine distance vis-à-vis du sujet en évitant cependant un récit clinique et dénué d'émotions. Derrière le cynisme affiché de son personnage transparaît un amour réel des lieux et des gens. C'est cela qui rend par ailleurs la critique d'autant plus juste et acérée. Sur une île au sous-développement économique chronique, mieux vaut traquer le supposé terroriste, au prix de quelques bavures ou embastillements que la raison d'État couvrira pudiquement, que des bandits au col à peine blanc dont la révélation d'un certain nombre de leurs liens au sein de diverses administrations pourrait finir par s'avérer gênante.
Ainsi, derrière l'enquête bien menée mais relativement classique pour les habitués du genre, ce sont des lieux et des personnages, donc, avec leurs contradictions, leur duplicité parfois aussi, qui prennent chair dans une ambiance de fin du monde, et peut-être d'une certaine manière de fin d'un monde… à moins que ce soit, en fin de compte toujours le même, pourri jusqu'à la moelle, sous un nouvel avatar, qui se profile.
Tout cela donne un très bon roman noir et permet, pour ceux qui ne le connaissaient pas, où qui ne le connaissaient jusqu'à présent qu'à travers ses articles journalistiques et ses essais, de découvrir une autre facette, riche de promesses, d'Antoine Albertini.

Lien : http://www.encoredunoir.com/..
Commenter  J’apprécie          110
J'ai découvert Antoine Albertini lors de mon passage au Quai du Polar à Lyon en 2019. J'ai beaucoup apprécié notre échange.
Antoine Albertini est correspond au journal le Monde en Corse. Il nous livre ici son 3ème roman, mais c'est son 1er polar, les 2 précédents livres s'inspiraient de faits divers corse.
Tout commence avec un père de famille qui tue sa femme, sa fille et tente de se suicider. le personnage principal, un flic qui après 7 ans au Quai des Orfèvres retourne dans sa Corse natale, mais après rébellion et bagarres sa hiérarchie le met au placard, et il se retrouve au bureau des homicides simples (BHS). D'ailleurs il est le seul membre. Cette enquête va lui permettre de remonter des profondeurs dans lesquelles il sombrait. C'est un flic désabusé de la vie, alcoolique et qui broie du noir. En bref, on a le personnage classique du roman noir.
Le style d'écriture fluide nous plonge dans l'ambiance noire de ce roman. L'intrigue est bien construite, les meurtres vont s'enchaîner. Il y a du suspense, des rebondissements. On est loin de la carte postale et des clichés sur la Corse. Il pleut tout au long du roman ce qui en rajoute au côté sombre de l'histoire. Mais il y a aussi beaucoup d'humour.
On retrouve tous les codes d'un très bon polar. Pendant toute ma lecture je n'ai eu qu'une envie connaître la suite.
Un livre que je vous conseille vivement par son cadre inhabituel.
Commenter  J’apprécie          60
Un polar vraiment excellent. On est en Corse mais l'ambiance n'est pas sans évoquer les grands noms du polar américain. C'est très bien écrit, parfois drôle, les personnages sont vivants et les allusions à la vie politique corse lui donnent une réelle portée. Bien sûr on va donc trouver des clichés, un flic alcoolique et masochiste, mais ce sont là les codes du genre. Si on les accepte on se régalera !
Commenter  J’apprécie          30
N'y cherchez pas la fameuse Ile de Beauté, son GR20 et ses paysages, n'y cherchez pas non plus le grand banditisme de "mafiosa".
Vous y trouverez ce qui pourrait nous arriver à tous, mais en Corse tout de même !
J'ai aimé l'intrigue, le rythme et l'humour noir distillé ça et là.
Lecture suivante...
Commenter  J’apprécie          30
Peinant à sortir du placard BHS – le bureau des homicides simples – un enquêteur bastiais va se charger d'une enquête au départ mineure qui va pourtant ébranler l'île jusqu'aux bureaux de police de la capitale.
C'est un véritable polar que nous propose Antoine Albertini sur une toile de fond qu'il maîtrise à la perfection : la Corse. Une mère et sa fille sont assassinées, on pense que le coupable est le père de famille qui a ensuite retourné l'arme contre lui, puis c'est une femme que l'on retrouve étranglée au bord d'un chemin de randonnée.
L'identité de ce flic pas comme les autres n'est pas révélée, il va prendre ces affaires à bras le corps pour faire la lumière sur ces événements qui sèment le trouble. Son état d'esprit, sa conscience d'être relégué aux affaires dont personne ne veut s'occuper en font un être attachant, persévérant et qui porte en lui la douleur de l'absence si peu apaisée par l'alcool.

Si le terreau corse semble propice à un roman policier, magouilles, règlement de comptes et escroqueries immobilières, l'auteur ne cède pas aux évidents préjugés.
C'est avec un réalisme du terrain qu'il tisse une histoire à la manière d'un reporter ; n'oublions pas sa fonction de journaliste à Corse Matin et correspondant au Monde.
On ressent un attachement profond à cette terre qu'il décrit comme nul autre, sa noirceur propice au propos, l'hiver bastiais, la pluie et ses bars, ses personnages certes fictifs mais qui trouvent un ancrage dans le réel sans détour.
C'est un roman mais sur fond d'Histoire, certains événements qui servent la fiction en rappellent d'autres, tragiques de l'histoire de l'île, conflits politiques notamment.

Les descriptions d'Antoine Albertini sont d'une plume précise qui nous plongent sans détour dans son univers. J'ai eu le sentiment de pouvoir partager une bière au comptoir avec ce flic malmené par la vie, de me faufiler sur les sentiers des Glacières à la recherche d'indices ainsi que me plonger dans l'étouffante moiteur d'un bateau sur le port où la vie ne tient plus qu'à un fil.

Laideur de l'être humain et paysages époustouflants se côtoient pour le plus grand bonheur du lecteur. J'ai adoré ce premier polar d'Antoine Albertini après avoir découvert sa plume dans l'enquête « Les Invisibles ».
Commenter  J’apprécie          20
Ce roman noir écrit par un journaliste est sans nul doute parfaitement documenté. Ici, la Corse, pluvieuse, battue par les vents est le décor d'un roman noir , d'une double enquête policière conduite par un flic solitaire au bout du rouleau. On est bien loin des clichés sur l'île de beauté. Se côtoient voyous, flics véreux, hommes d'affaires corrompus, femme mystérieuse. Au centre, le capitaine, figure d'anti héros, alcoolique et ne pouvant vivre avec ses fantômes du passé se démène pour trouver la vérité et mettre sous les verrous les auteurs des crimes. L'auteur sait nous poser une ambiance, faire rebondir les enquêtes jusqu'au dénouement. L'écriture est ciselée, les descriptions sont précises. Un polar pour les amateurs du genre avec un héros qui garde un passé non dévoilé. A retrouver dans de nouvelles aventures.

Commenter  J’apprécie          20
Vous aimez le suspense, les rebondissements jusqu'à la fin du livre, une écriture juste? Lisez Malamorte, vous ne le lâcherez pas avant de l'avoir lu.
Commenter  J’apprécie          10


Lecteurs (327) Voir plus



Quiz Voir plus

Retrouvez le bon adjectif dans le titre - (6 - polars et thrillers )

Roger-Jon Ellory : " **** le silence"

seul
profond
terrible
intense

20 questions
2874 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature , thriller , romans policiers et polarsCréer un quiz sur ce livre

{* *}