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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
La Corse , quel superbe cadre ...pour un tel déferlement dramatique..."L'île de beauté " mérite sans contestation possible son titre de paradis que lui attribuent , souvent au grand dam des autochtones , les milliers de touristes qui profitent des ses paysages grandioses chaque année.
Par contre , si vous suivez un peu la météo hivernale , vous savez parfaitement que l'image idyllique des saisons favorables , laisse la place à une vie plutôt difficile en hiver . Et c'est plutôt dans ce contexte qu'il faut placer le cadre de ce roman qui ne manque pas d'atouts pour faire passer un bon moment aux amateurs du genre .
Lui , c'est un policier que sa compagne a quitté. Disparue sans laisser d'adresse .Alors , l'alcool . le mépris des collègues et de la hiérarchie. La mise au " placard", affecté au " bureau des homicides simples " , dont il sera ....le seul membre ...C'est dire ....
Alors , quand arrive sur son bureau , le rapport d ' un terrible mais tristement banal drame familial , le voilà chargé de régler au mieux une situation qui ne pourrait que ralentir le travail de collègues qui ont bien d'autres chats à fouetter .....
Revenez au début, s'il vous plaît. Je vous l'ai dit , le décor est planté et ...l'histoire n'est pas aussi simple , vous vous en seriez doutés ...Un incroyable périple va se dérouler sous nos yeux , un périple qui , s'il nous réservera bien des surprises , nous permettra aussi d'apprendre à connaître et sans doute développer en nous une certaine sympathie pour ce policier , jeune flic prometteur
avant de se trouver confronté aux dures réalités de la vie . Et attention , le " beau vernis " de l'île de beauté " va s'effriter et nous montrer une facette bien différente, bien méconnue, peu engageante .Les vents vont souffler du côté de Bastia et du Cap Corse , la tempête va révéler des dessous glaçants .
J'ai franchement passé un très bon moment de lecture et je me suis beaucoup attaché au personnage principal , ce capitaine de police qui livrera certains de ses secrets avec pudeur .
J'ai apprécié également le style , vivant , bien adapté, tantôt " imagé " , tantôt plus " soigné " et c'est avec plaisir que j'accorderai encore toute ma confiance à Antoine Albertini .....
La Corse , aujourd'hui , elle est sous la neige , ça arrive souvent , je crois , en mars , et , surtout , elle aussi est assiégée par un virus dont on souhaite tous qu'il nous quitte au plus vite ....Vivement qu'elle redevienne l'île de lumière qui émerveille tous ceux qui y posent leurs valises pour un temps , même si cet engouement n'est pas toujours bien accepté....Que voulez - vous , elle est si belle , c'est bien compréhensible de vouloir la garder jalousement pour soi .
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Nous sommes à Bastia, dans un quartier résidentiel, « les Albatros » où un crime vient d'être commis: Mohamed Cherkaoui vient d'assassiner sa femme et sa fille avant de retourner l'arme contre lui. Mais, est-ce aussi simple, notre homme est transporté aux urgences et réussit à s'échapper. Innocent? Coupable? Victime d'un règlement de compte?

Cherkaoui avait une entreprise qui semblait connaître des difficultés, car il dépensait sans compter, et ses ex amis l'avaient mis sur la touche. On fait la connaissance au passage d'une cheffe d'entreprise, Sonia Mattei, dont le père a été abattu il y a quelques années, et qui est une ex du capitaine. Autre personnage, haut en couleur, l'entrepreneur François Massia magouilleur, ayant des appuis en haut lieu, et qui envoie ses sbires assassiner ceux qui se mettent sur son chemin. Tout est donc loin d'être aussi simple.

En parallèle, deux meurtres mystérieux de femmes sur lesquels notre capitaine va travailler aussi. On note au passage que tout le monde le prend pour un minable, et qu'on ne fait que le tolérer sur le terrain, à condition qu'il ne fasse pas de l'ombre aux policiers.

Sur l'enquête, on retrouve, un capitaine au placard pour insubordination, et quand je dis placard, c'est au sens littéral, il n'y a qu'une fenêtre et elle est condamnée, un bureau innommable, le tout dans un contexte d'imprégnation alcoolique massive pour oublier ses chagrins… notre est affecté au BHS , alias » bureau des homicides simples »… « Il est d'ailleurs le seul policier à y être affecté ».

L'auteur nous emmène dans une intrigue à rebondissements, dans une Corse qu'on n'a pas l'habitude de voir ( en littérature du moins). On se trouve confronté à toutes les magouilles mafieuses possibles et imaginables, la gangrène touchant également le milieu des policiers, des gendarmes (avec leur défiance traditionnelle!) et un procureur qui ne pense qu'à sa carrière.

Ce polar est surprenant, et je suis assez mitigée car beaucoup de choses sont caricaturales, ou du moins on le voudrait bien, sinon on tombe de haut, mais le capitaine alcoolique, qui se prend une cuite toutes les nuits, n'entendant jamais son téléphone, qui se promène au volant de sa « saxo brinquebalante » et conserve malgré l'alcool un flair considérable, ce capitaine donc est fort sympathique …

Un grand merci à NetGalley et aux éditions JC Lattès qui m'ont permis de découvrir de polar.
#Malamorte #NetGalleyFrance
Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
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Titre : Malamorte
Auteur : Antoine Albertini
Editeur : JC Lattès
Année : 2019
Résumé : Faits divers sanglant dans une résidence Bastiaise : dans un accès de folie, Mohamed Cherkaoui a fait feu sur sa femme et sa fille âgée d'à peine cinq ans, avant de retourner son arme contre lui. le capitaine envoyé sur place est affecté au BHS, le bureau des affaires simples, un placard où il végète et cuve son alcool depuis des années. La découverte du cadavre d'une femme, quelques jours plus tard, va pousser le flic à sortir de sa torpeur.
Mon humble avis : Depuis quelques semaines, Twitter regorge d'avis dithyrambiques sur ce roman d'Antoine Albertini : très grand polar, James Ellroy sur l'île de beauté, très grand bouquin, les compliments affluent et tout le monde s'accorde à trouver ce premier roman exceptionnel. Piqué par la curiosité, je ne pouvais décemment passer à côté d'un bouquin dont on dit tant de bien. Je commandais donc ce Malamorte et mettais de côté tous mes autres projets de lecture pour m'attaquer à ce roman insulaire. Quelques heures plus tard, je sortais de cette lecture avec un sentiment mitigé et je vais tenter de vous en expliquer les raisons. Tout d'abord, je tiens à souligner à quel point les premiers paragraphes de ce roman sont somptueux. Trouvailles stylistiques, description d'une Corse à mille lieux des cartes postales, installation d'une ambiance plombée en quelques lignes, regard sans concession sur ce qu'est devenu cette île, je me délectais à l'avance de ces quelques heures passées du côté de Bastia. Et puis au fil des pages, un style qui se délite, une intrigue qui patine, des clichés et les magnifiques promesses des premières pages qui s'évanouissent. Entendons nous bien, Malamorte est un bon polar, classique, solide, mais on sent que l'auteur en garde sous la semelle pour rester dans les clous du genre et c'est bien dommage. Evidemment l'exercice est ardu, le chemin mille fois balisé, et de ce point de vue l'auteur ne s'en tire pas si mal. Comme un élève appliqué, Albertini maîtrise son histoire jusqu'au dénouement, c'est carré, solide, mais sans surprises et si son personnage principal n'est pas dénué d'intérêt, il est trop caricatural pour emporter l'adhésion. Reste qu'il s'agit d'un galop d'essai, et j'imagine ce que pourrait donner un second roman d'Albertini délivré des angoisses et des doutes inhérents à la rédaction d'une première oeuvre de fiction. Pour cela, et pour la magie des premières pages de Malamorte, pour la passion que l'on sent poindre entre les lignes, j'attendrais avec impatience le prochain roman de cet auteur corse.
J'achète ? : Si tu es fan de polar, tu ne seras pas déçu par l'intrigue plutôt bien ficelée de ce roman. Si comme moi tu accordes plus d'importance à l'ambiance qu'à l'enquête proprement dite, si tu es plus attaché aux détails et aux personnages qu'à la résolution de cette enquête, tu resteras un peu sur ta faim. Je me répète, il me semble que l'auteur est loin d'avoir tout dit avec ce premier opus et j'ai réellement hâte de découvrir les prochains romans d'Antoine Albertini.
Lien : https://francksbooks.wordpre..
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La Corse est un endroit que je souhaite visiter depuis de nombreuses années, pour la richesse de ses panoramas aux couleurs multiples, une faune et une flore très riches, de belles plages. Pourtant, ce polar « Malamorte » qui y prend ses quartiers là-bas, ce n'est pas un paysage, digne des plus belles cartes postales, qui y est conté, assombri par une pluie constante.

Les magouilles et la main-mise par la mafia sur l'île de Beauté ne sont des secrets de polichinelle pour personne. L'auteur, Antoine Albertini les ressuscite alors que les médias entretiennent une certaine omerta.

Tout commence par le meurtre d'une fillette et de sa mère par le père de famille qui aurait raté son suicide. C'est au BHS, le bureau des affaires simples d'un flic alcoolique, mis au ban du commissariat de Bastia que cette affaire va atterrir. En plus de cette enquête, les meurtres et viols de femmes viennent s'y ajouter.

J'ai apprécié que l'auteur présente cette double intrigue face à un flic sillonnant Bastia loin des sentiers battus, écoeuré par le système et rejeté par ses pairs. Anti-héros par excellence sans nom ni prénom, c'est son instinct et non les fricotages qui lui permettront de remplir à bien à sa mission. Pour certains lecteurs, ils y trouveront des clichés du genre, mais cela ne m'a pas ennuyée outre mesure.

Le fait d'écrire la trame à la première personne du singulier, plus rare en matière de littérature policière, pour cet obscur capitaine permet de rentrer plus profondément dans le récit et aussi une identification à son personnage.

L'ambiance est très sombre, voire glauque aux tréfonds des manipulations politiques. Cela engage de nombreux personnages et il faut faire attention de ne parfois pas s'y perdre.

C'est un polar à l'ancienne qui se lit bien. Chantages et trafics vous mèneront dans cette Corse, battue par les vents et les pluies. le suspens est bien présent et ce n'est qu'aux dernières pages que se dévoile le dénouement que je n'avais pas vu venir. Ce livre est en fin de compte prometteur.

Ce livre fait partie de la sélection d'avril 2020 en lice pour le Prix des Lecteurs des éditions du Livre de Poche, catégorie « Polar ».
Lien : https://www.musemaniasbooks...
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Prenant à rebours tous les clichés sur la Corse – le soleil, la plage, la vie douce, la destination de vacances -, Antoine Albertini nous donne à voir une autre facette de l'île, qu'il connait bien semble-t-il – il n'a probablement pas publié par hasard une enquête sur Les dessous de l'affaire Colonna -. Cette facette, c'est celle des magouilles entre politiciens et entrepreneurs, de la drogue et de la violence, du racisme et des règlements de compte entre truands…

L'ambiance est noire, le héros est désabusé, l'alcool est triste, la joie est aux abonnés absents. Même le climat se met de la partie : la saison est à la pluie, le vent souffle, on sent que tout se ligue pour ne donner qu'une seule envie, rester chez soi !

Et c'est dans cette noirceur que notre narrateur évolue, comme si le fait que, comme il le dit au début du livre, « Pour contempler mon avenir de flic, je n'avais qu'à me retourner » l'amène à un état de détachement qui lui autorise tout. Toutes les transgressions – aller mettre la pression sur les gendarmes ou débarquer sans prévenir dans la plus grosse entreprise de l'île, alors que l'on sait que le patron bénéficie à la fois de protections politiques et d'accointances dans le Milieu -, toutes les audaces. Mais c'est la liberté du désespoir… Et, naturellement, toute lueur d'espoir risque d'être rapidement noyée par les circonstances.

Et puisque tout est noir dans ce livre, l'humour également se met au diapason. Lorsqu'un témoin qui, naturellement, n'a rien vu et rien entendu se fout trop ouvertement de sa gueule, celui dont on ne connait pas le nom rêve tout éveillé de lui enfoncer la tête dans la cuvette des toilettes et de l'agripper par les cheveux. le procureur de la République, qui espère juste que rien ne se passe, ne parvient même pas à retenir le nom des personnes concernées…

L'ensemble donne un livre sombre, dans lequel les bons ne gagnent pas totalement à la fin. Mais c'est très bien construit, le puzzle se reconstitue progressivement sous nos yeux, grâce à quelques fulgurances de notre ami capitaine de police. Mais le meilleur indice du fait que ce livre m'a vraiment plu, c'est que j'ai ressenti une pointe de déception en apprenant – attention, spoil – qu'il pose sa démission à la fin du livre. J'aurais bien lu une suite de ses aventures. Et j'ai même été jusqu'à aller vérifier, et par arborer un sourire lorsque j'ai vu que, dans le livre suivant, Banditi, il semble bien que l'on retrouve un personnage, ancien flic devenu détective… Je n'exclue pas, d'ailleurs, que l'on puisse, au fil de cette série naissante, découvrir que l'on ne sait pas de tout de cette disparition qui a favorisé sa chute, celle d'une femme dont on ne sait pour le moment pas grand-chose…
Lien : https://ogrimoire.com/2020/0..
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Sur l'île de Beauté, Antoine Albertini nous propose un roman loin des clichés touristiques habituels , il pleut , il fait froid ,le vent est désagréable et les drames familiaux existent comme ailleurs ... Mohamed Cherkaoui a tenté de se suicider après avoir tiré sur sa femme et sa petite fille . L'affaire est simple et c'est donc au bureau des homicides simples qu'elle est confiée , juste une formalité avec un interrogatoire des proches voisins et des employés de cet entrepreneur de BTP qui connaissait des difficultés après avoir vécu un âge d'or grâce aux marchés conclus avec un magnat local , Massa . le héros de ce polar est l'inspecteur en charge de ce bureau , une sorte de purgatoire , de mise à l'écart où il noie un drame personnel dans l'alcool et les nuits blanches ... Mais notre inspecteur n'en demeure pas moins professionnel et tique sur des conclusions trop hâtives.

Peu de temps après survient un meurtre d'une femme sur un sentier de randonnée qui ne semble pas intéresser grand monde mais la situation change lorsque c'est une mère de famille connue qui est assassinée... L'inspecteur , qui travaille en solo, avance sans que ses supérieurs soient bien convaincus de ses trouvailles ...

C'est bien fait, on retrouve tous les ingrédients d'un polar: des procureurs ambitieux, des flics blasés, la guéguerre flic-gendarme, des légionnaires douteux, des politiciens corrompus , la mafia locale , quelques indépendantistes égarés ... Et la fin arrive à surprendre .

Par moment, j'ai trouvé cela un peu laborieux mais peut-être est-ce un défaut de jeunesse chez cet auteur dont c'est le premier polar .

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Malamorte Antoine Albertini J.C Lattès mai 2019#Malamorte #NetGalleyFrance

Bastia, les Albatros, le BHS a été appelé pour une tragédie familiale. Mohamed Cherkaoui a tué sa femme et sa fille de 5 ans avant de se suicider. BHS comprenez Bureau des homicides simples. Un titre bien ronflant pour un placard au fond du couloir ... le flic dépêché sur les lieux est le seul exerçant ses fonctions au BHS. Un flic en disgrâce , un flic en guerre avec lui-même et l'alcool , je vous présente Je , le narrateur.
Pas de bol d'astreinte il est appelé sur les lieux d'un assassinat, une femme a été étranglée. Peu d'indices mais il cherche. Chrekaoui est toujours en vie , il essaye de comprendre ce qui a pu provoquer ce geste.Un autre assassinat , une autre femme. Il reste sur l'affaire alors il cherche, il fouine et va finir par trouver..
Antoine Albertini est journaliste, il vit et travaille sur l'île. le regard qu'il porte sur les protagonistes de son roman est donc un regard averti et informé. Certes c'est un roman policier avec meurtres, enquête et résolution de l'énigme, mais c'est surtout un roman noir se déroulant en Corse et cela change tout...Un roman que la continentale que je suis a dévoré et vous recommande chaleureusement.
Un très grand merci aux éditions J.C Lattès pour ce partage.
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En Corse, près de Bastia. Mohamed Cherkaoui tire sur sa femme et sa fille de cinq ans. Celles-ci sont mortellement touchées. Puis, il tente, en vain, de suicider. Qui, par ailleurs, assassine, sur le sentier des Crêtes, plusieurs randonneuses ?


De retour dans son île natale, affecté au BHS - le Bureau des Affaires Simples - en conséquence d'une sanction disciplinaire, un obscur capitaine de police sans nom ni prénom, le narrateur enquêteur, agit en solitaire pourchassé par un passé assidument présent, et s'efforce d'élucider les deux enquêtes nonobstant la condescendance de ses collègues et le peu de disposition de la hiérarchie à son égard dans une oasis de compromissions, de trafics d'influence et de corruptions commis aussi bien par d'importants entrepreneurs que par le pouvoir exécutif et l'administration policière locaux.


Toutefois en raison de liens affectifs, persuadé de ses compétences professionnelles, Lou Girardi, chef de la section criminelle, impose le capitaine pour enquêter sur ces crimes. C'est au prix d'une détermination inébranlable que celui-ci confondra les coupables au moyen de solutions parfois peu orthodoxes.


Mais sur l'ile de beauté, les coupables aussi bien que les innocents demeurent parfois fort marris…


« Malamorte » est un roman d'Antoine Albertini, publié en 2019, aux éditions Jean-Claude Lattès, correspondant au quotidien le Monde et rédacteur pour France 3 en Corse. Il est également l'auteur des « Invisibles » et de « La femme sans tête » - un roman basé sur des faits réels.


Il est difficile de commenter d'une façon univoque « Malamorte » tant ce récit est remarquable par certains aspects que sa perception générale, à l'aune du genre du roman policier, est très imparfaite.


La recrudescence « d'écrivains » médiocres engendre l'édition de « fantaisies » de plus en plus abêtissantes, sans aucun intérêt pour le divertissement ou l'enrichissant du lecteur. Malheureusement, ce constat se vérifie aussi et surtout dans le domaine de la littérature policière au sens large.


Antoine Albertini, plus particulièrement le roman « Malamorte », est le remarquable contre-exemple. Son écriture, son style et son sens de la narration sont supérieurs. (1). Sur le fond, c'est une fiction – nonobstant l'allusion à peine voilée à des crimes et délits politiques récents (2) – pénétrée de connaissances, d'intelligence et de cohérence ; elle exauce, autant qu'elle exhausse, le plaisir de quelques heures de lecture également distrayantes qu'enrichissantes ; elle se lit avec un plaisir indéniable.


En outre, l'auteur a choisi, ce qui est plus rare dans la bonne littérature policière, le mode narratif à la première personne permettant une proximité avec le lecteur et une identification plus importante de celui-ci avec l'histoire et les personnages.


La personne du capitaine de police sans nom réunit les caractères indispensables à l'écriture d'un roman policier efficace : un homme perclus de fêlures : solitaire avec un penchant immodéré pour l'alcool : il a perdu l'amour de sa vie. Bien que modérément et à peine évoqué dans le roman, le drame plane inlassablement sur le tempérament du capitaine : « deux cents mètres carrés remplis d'absence. Quatre ans, sept mois et neuf jours qu'elle n'avait pas donné signe de vie » (P.78 Ed. le livre de poche) ; ses liaisons, parfois dangereuses, avec les indics ; sa suspicion à l'égard de la hiérarchie (et de ses amis), qui le lui rend bien, à laquelle il n'obéit pas toujours parce qu'il ne lui accorde pas sa confiance ; qu'il soupçonne de compromissions, de complicité avec la mafia locale. Bref, un type désabusé par la corruption organisée et généralisée, qui n'en fait plus qu'à sa tête, mais qui, un jour, devra solder sa dette pour sa détermination….


En effet, le capitaine, évoluant au fil du récit, apprenant de ses expériences, comprendra définitivement, à la fin du roman, que le retour aux sources de l'enfance n'est pas toujours une sinécure ….


La Corse : le paysage du roman et ses décors sont tout autant soignés, aboutis et saisissant de réalisme. La beauté et la douceur de l'ile sont radicalement et très justement présentées autour de sa criminalité politico-financière omniprésente.


L'ensemble de ces points de vue fait du récit d'Antoine Albertini un roman réussi et très plaisant à lire.


En revanche, la question, a priori anodine, du choix du narrateur anonyme semble révélateur. En soi, cela ne pose aucun problème, d'ailleurs l'intrigue aurait pu le justifier. Mais ce n'est pas le cas. En réalité, ce constat révèle chez l'auteur, inconsciemment certainement, sa volonté de supprimer tout intermédiaire entre lui-même et le narrateur. Qu'est-ce à dire ?


Antoine Albertini est essentiellement journaliste de profession. Or, son roman policier ressemble davantage à un reportage ou à une enquête journalistique, certes de fiction, qu'à un roman policier. Dès lors, il n'a pu résister à la tentation de sacrifier un suspense policier de qualité, qui n'aurait pas été exclusif pour autant d'une écriture admirable, à diverses images et descriptions de journalistes d'investigations trop longues et trop nombreuses.


La conséquence de cela est la narration d'une intrigue facile, insuffisante perfectible et un peu laborieuse dans sa progression.


Mais ne boudons pas notre plaisir, « Malamorte » est loin d'être un mauvais roman (policier), bien au contraire ; j'en conseille vivement sa lecture, pour autant les dernières réserves.


Bonne lecture,

Michel.



1) L'écriture d'Antoine Albertini est sublime. Certains extraits pourraient constituer à eux seuls de véritables petites chroniques :

« le Bureau des Homicides Simples… Rien n'est jamais simple… Rien n'est jamais simple parce que derrière le rideau des aveux, une voix intérieure raconte toujours une autre histoire, un enchainement illogique de causes et de conséquences, la réminiscence d'un parfum, le souvenir vaporeux d'un espoir déçu…


On se trouve derrière un bureau, l'âme perdue dans une brume de tabac. Une lampe posée entre un verre à moutarde transformé en cendrier et trois gobelets de café vides éclairent à peine la silhouette prostrée de l'autre côté du bureau. Cette silhouette est celle d'une femme à l'orée de la cinquantaine que la beauté a dû frôler autrefois. Elle est vêtue d'une parka d'une couleur indéfinie, avec une capuche ornée d'une fausse fourrure synthétique. Ses cheveux sont emmêlés, son nez rougi. le matin même, à six heures pétantes, cette femme a ouvert la porte de son appartement au rez-de-chaussée d'un immeuble anonyme sur la route du cap Corse, a regardé la carte tricolore brandie sous son nez…en demandant : « Les menottes c'est nécessaire ? » …


Cette femme que la beauté a dû seulement frôler sait que les témoins l'ont reconnue…au moment où elle faisait marche arrière pour la troisième fois sur le corps de son amant de vingt-trois ans. Elle sait que quelqu'un l'a forcément entraperçue ouvrir sa portière et cracher sur le corps désarticulé avant de démarrer en trombe. Elle sait tout ça, elle ne songe même pas à nier.


Alors cette femme se met à raconter son enfer intime. Sans verser une larme, elle explique comment son amant, presque l'âge de son fils – « un coup de coeur, monsieur, un vrai coup de coeur » -, l'a réduite à néant…. Les textes salaces qu'il la forçait à envoyer… Les photos en porte-jarretelles…que monsieur Coup- de- coeur faisait mater à ses copains dans les boîtes de nuit où il flambait le fric qu'il lui soutirait … Elle ne s'apitoie pas sur son sort, ne tente pas de minimiser les faits. À mesure que l'audition progresse, qu'elle s'enfonce dans le marécage de sa propre déchéance, cette femme que la beauté a seulement frôlée ne pleure toujours pas.


Il l'appelait « grosse vache ». La filmait avec son téléphone portable… Il lui a promis de tout balancer sur Internet s'il n'obtenait pas une rallonge pour un nouveau week-end de beuverie.


Oui, un beau matin, elle a quitté son amant sur le parking… Oui, elle l'a suivi sur deux kilomètres, l'a percuté à pleine vitesse avant de lui rouler dessus par trois fois et couvrir son cadavre de crachats. Oui, elle sait qu'elle va se retrouver en prison, projetée dans un univers de toxicos et de psychotiques, de putes et de malades, de gouines féroces déphasées par les tranquillisants. Elle sait tout ça, mais elle ne parvient pas à oublier son coup de coeur. Elle le dit, touchant sa poitrine…. « Il est là monsieur ».


Et ce qu'elle redoute le plus, bien plus que sa vie privée étalée devant les jurés d'une cour d'assises, plus encore que le regard d'un fils élevé seule en se saignant aux quatre veines, tient à cela : par sa propre faute, elle vivra ce qui lui reste à vivre sans passer une nuit, rien qu'une nuit dans les bras de son « coup de coeur ».


Voilà l'histoire de cette femme que la beauté a seulement frôlée.


Même au bureau des homicides simples, rien n'est simple ».

(P32. Ed. le livre de poche).


2) - Allusion à l'affaire de l'assassinat à Ajaccio, le 6 février 1998, du Préfet Claude Érignac. (P.23 Ed. le livre de Poche)


- Allusion aux difficultés politico-judiciaires de madame le sous-préfet de Sartène, en Corse, Véronique Caron, ayant conduit à l'ouverture d'une information judiciaire en 2019 pour corruption passive. (P.277 Ed. le livre de poche).






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Après avoir publié des livres sur des faits ayant réellement eu lieu en Corse, Antonio Albertini, journaliste de métier, écrit avec Malamorte, son premier polar, roman noir qui se dévore tant l'intrigue est ficelée avec rigueur et parsemée d'un humour corrosif.

Son écriture incisive nous emmène tout d'abord vers un passé où toute ressemblance ...... et place ainsi son roman dans le contexte politique et social de la fameuse île de beauté.

Une fois le ton donné, il nous entraîne dans les méandres d'affaires corses par le biais d'un capitaine de police, solitaire et quelque peu alcoolique, placardisé au BHS (Bureau des Homicides simples) pour n'avoir pas voulu à une époque couvrir certains faits, mettant ainsi sa hiérarchie en situation délicate.

Un double homicide ouvre la voie vers les chemins escarpés de cette investigation qui se retrouve doublée d'une seconde enquête qu'il devra, contre toute attente, gérer également, étant de permanence au moment des faits.
Mal vu par sa hiérarchie, celle-là même qui l'avait placardisé, il s'avère être un policier futé et malin, à même de pouvoir gérer les multiples enquêtes qui vont s'imbriquer les unes aux autres.

Antonio Albertini nous offre une lecture addictive à souhait, écrite avec un cynisme délicieux et colorée d'un humour caustique certain.
En espérant qu'il récidivera.
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Un policier corse esseulé qui roule dans une vieille Saxo, qui fait ami-ami avec la bouteille, qui est relégué au B.H.S (Bureau des homicides simples), certes, ça ne vend pas du rêve ! Oublions le soleil, les plages, la transparence de l'eau et faisons connaissance avec notre sombre héros, les morts retrouvés dans la pampa ou ceux dont certaines chairs ont fini sur les murs de leur appartement. Pour le décor et l'ambiance, vous êtes au jus.
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Voici le premier roman d'Antoine Albertini. Une lecture que j'ai bien aimée à plusieurs titres : l'auteur a la bonne idée de créer un personnage  qui n'est pas au top personnellement et professionnellement et l'on s'attache vite à lui. Empathie, quand tu nous tiens...De plus, le récit est dynamique et notre lecture ne connait pas l'ennui puisque la première affaire arrive rapidement et qu'à cela s'ajoute la mort de deux femmes. le récit ne souffre d'aucune baisse de régime puisqu'un retournement de situation a lieu au sujet d'une affaire que l'on croyait réglée (et heureusement car j'étais à ce moment là déçue de l'explication donnée). Il n'y a donc pas de ralentissement du rythme et les révélations ont lieu jusqu'à la fin. le seul bémol que j'émettrais est que je fus un peu perdue parfois au milieu de tous ces personnages liés aux affaires. Hormis cela, un bon polar avec un héros et une ambiance que j'ai bien appréciés.
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