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Critiques filtrées sur 5 étoiles  

Depuis Paris-Athènes , Vassilis Alexakis a habitué son lecteur à ses allers retours entre les deux capitales , l' a converti à sa passion pour les langues( sango , langue maternelle , dialectes ) et les mots qui voyagent, sorte de fil rouge. Ce roman le premier mot fait donc écho aux précédents .
La narratrice revient à Paris pour les obsèques de son frère Miltiadis, professeur de littérature comparée , à la Sorbonne , confiant que: « Ce n' est jamais une seule personne qui meurt .»
En compagnie d' Audrey (assistante de vie de Miltiadis) , elle s' intéresse à la langue des signes dont elle apprend quelques signes .Après avoir traversé la douloureuse épreuve de la perte d' un être cher, aidée par Aliki ( l' épouse), elle vide l' appartement , trie , remue les souvenirs, s' arrête sur des photos , fait défiler leurs moments privilégiés . Une question la taraude : l' âge limite pour s' approprier une langue. Elle reprend avec zéle la quête de son frère : trouver le premier mot . Ses investigations vont la conduire vers des scientifiques , des spécialistes dans le langage des bébés , en paléontologie , des auteurs de thèses, une bibliothécaire . Elle nous résume les diverses théories , énumère les diverses hypothèses , études . le premier mot est il né d' un drame ? Porte il le souvenir d' une séparation cruelle ? Quels furent les mobiles de la parole ? Raconter une histoire ?

L' auteur explore les mystères de l' origine des langues ( indo européennes) , souligne la difficulté des linguistes « invités à prouver l' impossible .» Il met en exergue la dette du français avec les nombreux emprunts au grec : hypercompétitif , nosocomial , nannos , par exemple . C' est un plaisir d' apprendre que l' éminente hélléniste Jacqueline de Romilly est consultée pour forger des termes technologiques . Il décline moult champs lexicaux (feu) , opère des rapprochements , comme autour du mot papillon . Nourri par ses études , il se livre au name dropping , citant des figures de références dans le domaine des langues Piaget , Chomsky . Il nous livre l' amusante supposition de Brisset selon laquelle on descendrait de la grenouille . Il nous rappelle que dans l' apprentissage d' une langue le rôle de l' hémisphère droit ou gauche du cerveau . le lecteur a tout loisir de
méditer l' assertion : « les mots comprennent mieux nos peines que nos joies », de mémoriser des mots « constructions aberrantes » pour Miltiadis , de glaner une pléthore d' informations comme l' origine de la comptine : Am stram gram , de bateau-mouche , du citoyen lambda .
Grâce au carnet de voyage que Miltiadis tenait en été , on navigue d' île en île et apprend à quoi ont servi les marbres de Délos , qui naquit à Lesbos ou à Samos , que Santorin est réputé pour son vin , Tinos pour son ail .Avec la narratrice , on déambule dans Paris à la recherche d' un morceau de bois , on rend visite à la Seine « qui véhicule une belle sérénité » , longe les quais , mais préfère son nom grec :Sikouanas . On suit ses pensées labyrinthiques : le mot Les Tuileries la renvoie à tuile , puis à keramos .
A la fin du roman , la narratrice honore la promesse faite à son frère de se rendre à Callithéa , sur les lieux de leur enfance , convoquant les parents disparus . Son second devoir de mémoire est de lui dresser un bref compte rendu de ses recherches et peut-être de lui dévoiler le premier mot . Elle lui exprime toute sa gratitude d' avoir appris autant de choses , de l' avoir guidée vers d' autres horizons . Elle lui suggère de poursuivre Ad aeternam sa conversation avec lui , donc de ne jamais trouver le dernier mot .
Ce roman construit à la manière d' une mini enquête policière , constitue un bel hymne aux langues , aux civilisations et leurs coutumes , rites religieux et aux poètes grecs( Cavafy, Seferis)
Il est destiné aux amoureux de la Grèce , des mots ( les enfants de la nuit) , aux férus de linguistique , d' éthymologie . L' auteur nous fait partager sa vaste érudition , sa curiosité , son goût pour les langues et aussi le football et le sudoku , avec humour(les ascenseurs grecs n' ont pas encore appris à parler!) et enthousiasme . On notera la façon dont il vilipende la politique et les discours du président français et les grèves . Il met en scène des personnages secondaires attachants ( Natalia , Théano, Zoê, Monica …) L' amour (invincible au combat ) relie certains d' entre eux . Vassilis Alexakis signe un ouvrage dense , savoureux, foisonnant de digressions , d' anecdotes .
Une manière de nous prouver que le grec n' a pas perdu de son lustre !
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Miltiadis est Grec, professeur de littérature comparée, installé à Paris depuis de nombreuses années. Il retourne tous les étés en Grèce où il a entrepris de connaître toutes les îles et il les visite dans l'ordre alphabétique, deux ou trois par été.

"L'ordre alphabétique remodèle la carte, il offre à des lieux qui n'étaient pas destinés à se rencontrer la possibilité de faire connaissance, il constitue le point de départ de dialogues inattendus".

Miltiadis s'intéresse particulièrement à la linguistique, l'étymologie, l'histoire des langues et aimerait connaître le premier mot prononcé par un être humain. Quand il meurt sa soeur, la narratrice, décide de mener l'enquête sur les origines du langage. Elle rencontre divers scientifiques qui lui apportent des éléments de réponse. Ce sont souvent des anciens amis de Miltiadis car sa quête est aussi une façon de faire le deuil de ce frère dont elle était très proche et avec qui elle converse tout du long de sa recherche.





Que voilà un excellent livre, plein d'imagination, d'humour et qui m'a appris des choses sur le langage et la culture grecque. Il est question de la langue grecque, ancienne et contemporaine; de la langue française, des nombreux mots d'origine étrangère qu'elle contient et du mauvais traitement fait par les autorités de notre pays aux langues régionales; et même de la langue des signes. Je trouve tout cela très intéressant. La rubrique nécrologique du Monde dans une main et le roman dans l'autre je découvre que Vassilis Alexakis a utilisé des éléments de sa propre biographie pour plusieurs de ses personnages. Pour Miltiadis, bien sûr, installé à Paris et qui, comme l'auteur, parle le sango, langue centrafricaine; pour le père de Miltiadis qui, comme l'auteur, a fait ses études à Lille et enfin pour la narratrice qui a, comme l'auteur, perdu son frère prématurément.
Lien : http://monbiblioblog.revolub..
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