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La lecture du Premier mot d'Alexis Vassilis ne m'a pas enjoué. Ce roman est « un deux en un », c'est là, peut-être, son principal défaut.

Le Premier mot est à la fois drame familial, la perte d'un être cher emporté par une maladie soudaine et incurable, et une tentative d'essai sur la linguistique. Comme souvent, mélanger deux formes de récit est un exercice difficile que peu de romanciers maîtrisent. Mon ressenti à la fin de cette lecture me fait conclure que Vassilis n'y est pas parvenu.

De façon très subjective, je pense que l'auteur n'a pas assez approfondi le caractère familial et psychologique du roman. Quand, par ailleurs, il se livre dans une réflexion décousue sur l'évolution des langues, vivantes ou mortes, nationales ou régionales, tout en se demandant comment et pourquoi l'Homme s'est distingué des êtres vivants en développant la capacité de la parole.

Ces deux formes associées, le drame et l'essai, donnent une lecture désorientée. Les propos des personnages sont décousus. La narratrice, en se souvenant de son frère, voire en parlant avec son fantôme de leurs souvenirs, aborde avec ceux qui l'entourent des sujets portant sur la zone du cerveau mémorisant la langue maternelle, en passant par le devenir du livonien en Lettonie, pour finalement s'achever par des piques envers le Président de la république française de l'époque du récit, Nicolas Sarkozy !?

Alors de tout cela, avec beaucoup de déception, je n'ai rien à retenir. L'aspect inachevé et superficiel de ce roman ne m'a pas permis de l'apprécier.
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Depuis Paris-Athènes , Vassilis Alexakis a habitué son lecteur à ses allers retours entre les deux capitales , l' a converti à sa passion pour les langues( sango , langue maternelle , dialectes ) et les mots qui voyagent, sorte de fil rouge. Ce roman le premier mot fait donc écho aux précédents .
La narratrice revient à Paris pour les obsèques de son frère Miltiadis, professeur de littérature comparée , à la Sorbonne , confiant que: « Ce n' est jamais une seule personne qui meurt .»
En compagnie d' Audrey (assistante de vie de Miltiadis) , elle s' intéresse à la langue des signes dont elle apprend quelques signes .Après avoir traversé la douloureuse épreuve de la perte d' un être cher, aidée par Aliki ( l' épouse), elle vide l' appartement , trie , remue les souvenirs, s' arrête sur des photos , fait défiler leurs moments privilégiés . Une question la taraude : l' âge limite pour s' approprier une langue. Elle reprend avec zéle la quête de son frère : trouver le premier mot . Ses investigations vont la conduire vers des scientifiques , des spécialistes dans le langage des bébés , en paléontologie , des auteurs de thèses, une bibliothécaire . Elle nous résume les diverses théories , énumère les diverses hypothèses , études . le premier mot est il né d' un drame ? Porte il le souvenir d' une séparation cruelle ? Quels furent les mobiles de la parole ? Raconter une histoire ?

L' auteur explore les mystères de l' origine des langues ( indo européennes) , souligne la difficulté des linguistes « invités à prouver l' impossible .» Il met en exergue la dette du français avec les nombreux emprunts au grec : hypercompétitif , nosocomial , nannos , par exemple . C' est un plaisir d' apprendre que l' éminente hélléniste Jacqueline de Romilly est consultée pour forger des termes technologiques . Il décline moult champs lexicaux (feu) , opère des rapprochements , comme autour du mot papillon . Nourri par ses études , il se livre au name dropping , citant des figures de références dans le domaine des langues Piaget , Chomsky . Il nous livre l' amusante supposition de Brisset selon laquelle on descendrait de la grenouille . Il nous rappelle que dans l' apprentissage d' une langue le rôle de l' hémisphère droit ou gauche du cerveau . le lecteur a tout loisir de
méditer l' assertion : « les mots comprennent mieux nos peines que nos joies », de mémoriser des mots « constructions aberrantes » pour Miltiadis , de glaner une pléthore d' informations comme l' origine de la comptine : Am stram gram , de bateau-mouche , du citoyen lambda .
Grâce au carnet de voyage que Miltiadis tenait en été , on navigue d' île en île et apprend à quoi ont servi les marbres de Délos , qui naquit à Lesbos ou à Samos , que Santorin est réputé pour son vin , Tinos pour son ail .Avec la narratrice , on déambule dans Paris à la recherche d' un morceau de bois , on rend visite à la Seine « qui véhicule une belle sérénité » , longe les quais , mais préfère son nom grec :Sikouanas . On suit ses pensées labyrinthiques : le mot Les Tuileries la renvoie à tuile , puis à keramos .
A la fin du roman , la narratrice honore la promesse faite à son frère de se rendre à Callithéa , sur les lieux de leur enfance , convoquant les parents disparus . Son second devoir de mémoire est de lui dresser un bref compte rendu de ses recherches et peut-être de lui dévoiler le premier mot . Elle lui exprime toute sa gratitude d' avoir appris autant de choses , de l' avoir guidée vers d' autres horizons . Elle lui suggère de poursuivre Ad aeternam sa conversation avec lui , donc de ne jamais trouver le dernier mot .
Ce roman construit à la manière d' une mini enquête policière , constitue un bel hymne aux langues , aux civilisations et leurs coutumes , rites religieux et aux poètes grecs( Cavafy, Seferis)
Il est destiné aux amoureux de la Grèce , des mots ( les enfants de la nuit) , aux férus de linguistique , d' éthymologie . L' auteur nous fait partager sa vaste érudition , sa curiosité , son goût pour les langues et aussi le football et le sudoku , avec humour(les ascenseurs grecs n' ont pas encore appris à parler!) et enthousiasme . On notera la façon dont il vilipende la politique et les discours du président français et les grèves . Il met en scène des personnages secondaires attachants ( Natalia , Théano, Zoê, Monica …) L' amour (invincible au combat ) relie certains d' entre eux . Vassilis Alexakis signe un ouvrage dense , savoureux, foisonnant de digressions , d' anecdotes .
Une manière de nous prouver que le grec n' a pas perdu de son lustre !
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L'intérêt est dans le plaisir de la conversation. Les protagonistes sont bavards, presque tous des universitaires, des linguistes, aussi neurophysiologistes (une apparition de Changeux), ou préhistoriens. Plaisir des mots, le mot provenant de son contraire le silence mot/muet , absence des mots pour la jeune sourde qui s'exprime par la langue des signes, mots exotiques, du sanscrit au livonien ou au basque…origine ancienne des mots, Miltiadis s'amuse à construire des phrases françaises uniquement avec des mots d'origine allemande, ou arabes . Son chef d'oeuvre est l'histoire du « philosophe Polyandre, poète, du triomphe d'Eros, démiurge de l'épopée satirique démocratie phagocytée par la politique et d'une anthologie d'aphorismes blasphématoires, critique de cinéma à ses heures eut un épilogue tragique, ostracisé par le Tyran Monotone Archéoptéryx, il fut saponifié par électrolyse au monastère monophysite de l'Eucharistie, à Nécropole. ». Jubilatoire !
Lien : http://miriampanigel.blog.le..
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Alexakis n'a de cesse d'exposer dans ce livre, une idée parfois exagérément fraternelle, selon laquelle toutes les langues ont quelque chose à se dire, à apprendre les unes des autres, sans hiérarchie, primauté ou antériorité. La narratrice a beau chercher le premier mot qui fut prononcé jadis par l'homme, en mémoire de son frère disparu, elle ne le trouve pas vraiment. Sans doute se laisse-t-elle bercer par le brassage des nombreuses théories que lui exposent tous ceux qu'elle rencontre au cours de sa quête, et sans doute n'a-t-elle nulle envie d'en valider une plus qu'une autre. Chaque mot originel que lui délivrent successivement les éminents savants - linguiste, paléontologue, psychiatre, neurochirurgien - nourrit un univers imaginaire, enfantin, naturel, émotionnel ; quelle folie ce serait de vouloir réduire tout cela à un seul mot, toute l'histoire de l'homme ! Ses nombreuses rencontres forgent aussi l'expérience même de ce qu'est la langue, de façon plus forte encore quand elle est le sujet même de la rencontre. Français, grec, langue des signes même, toute langue sait se faire comprendre à qui veut écouter. Toutes les rencontres sont prétextes à triturer les mots, à des connexions infinies vers d'autres lieux, d'autres hommes.
Alexakis tourne et retourne aussi la question de l'héritage de la culture et la langue grecque. Peut-être pour conjurer la désolation présente de son pays. On peut lire Homère ou les philosophes pour un autre son de cloche, mais Alexakis ramène à un sentiment grec contemporain qui n'oublie pas la fierté et là d'où il vient. A l'aide d'un personnage impertinent de théâtre d'ombres, Karaghiozis, il questionne sans cesse la diversité grecque que nous connaissons mal (Macédoine, Alexandre, Homère, les îles), et la rend ainsi un peu moins classique.
Mais le vrai coeur du livre, c'est le chant incessant du frère disparu. Comme si toute cette quête, toute cette énergie dépensée à vivre, à parler, à chercher à aimer, n'était qu'une façon un peu moins banale qu'une autre de « faire son deuil ». Alexakis convoque avec tendresse de délicats fantômes, des souvenirs d'enfance, des arbres magiques, des poupées traditionnelles, des bateaux pour que la transmission ait lieu, et que la vie de l'un n'emporte pas celle de l'autre.
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Un beau roman, lent et réfléchi, sur notre rapport à la langue, aux langues.
La narratrice nous amène à la découverte de son frère, passionné de linguistique et de littérature comparée, qui fait de la linguistique comparée. Après sa mort elle décide de continuer la quête qu'il avait entrepris : trouver quel fût le premier mot prononcé par l'humanité.
Un roman avec lequel il faut prendre son temps. Très bien écrit, comme le sont habituellement tous les livres d'Alexakis, il nous amène à réfléchir, à nous attarder sur des questions que nous nous posons que très rarement, du moins la majorité d'entre nous.
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Un enchaînement de dialogues entoure la quête linguistique du frère et de la soeur, qui nous semblent une multitude d'anecdotes traduisant les jeux des langues et des sonorités de leurs mots, mais aussi leur évolution, en particulier celle du français et du grec, à l'image des protagonistes. L'intrigue réside davantage dans cette quête linguistique et protéiforme que dans le récit. L'intérêt des propos de cette immense conversation est inégal.
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L'enquête se fait depuis un salon, les indices sont dispersés dans les livres ou dans la mémoire de quelques chercheurs, les protagonistes sont conscients d'être âgés. Un livre au rythme lent, qui ouvre cependant de jolies pistes de réflexion.
Lien : http://www.leglobelecteur.fr..
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Je regrette un peu d'avoir abandonné ce livre à la page 200 et quelques, et je lui mets tout de même une bonne note car il m'a beaucoup plu, en dépit des quelques longueurs.

Alexakis est un auteur franco-grec, et ce mélange des cultures se reflète dans ses ambiances et ses personnages. Miltiadis est un défunt professeur et sa soeur, la narratrice, lui promet de trouver le premier mot. Les questions linguistiques sont omniprésentes, et ayant fait de la linguistique je trouve cela agréable.

Lire le Premier Mot, c'est prendre le thé avec un vieux savant. Beaucoup d'anecdotes érudites et de traits d'esprit (que vous verrez en lisant les citations pour vous faire une idée). Et comme sur le ton de la conversation, c'est assez décousu. On passe facilement d'une période à l'autre.

En fait, et j'en viens à un des points principaux, on sait dès la première ligne que Miltiadis est mort mais sa mort en elle même est racontée très tard (au moment où j'ai interrompu ma lecture). D'ailleurs même s'il y a d'autres personnages (Aliki, Audrey...) c'est bien Miltiadis qui est au centre, malgré sa mort. Car en plus d'un roman sur la linguistique, le Premier Mot est un roman sur le deuil.

Un livre que je conseille vivement et qui était sans doute trop exigent pour moi.
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Le sujet m'a attirée, découvrir le premier mot prononcé à la préhistoire ce n'est pas rien !
Au final le roman est intéressant, mais l'auteur nous fait un véritable cours de linguistique, ce qui peut passionner certains mais qui m'a déplu. Dommage !
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La promesse du titre et de la quatrième de couverture n'est tenue partiellement qu'à partir de la page 260 environ ; elle ne l'est entièrement que dans les 100 dernières. Je m'attendais sans doute à une sorte de journal de recherche, même avec toutes les digressions et la prose fragmentaire qui caractérisent l'auteur et que j'avais tellement aimées dans Les Mots étrangers, et aussi, dans une certaine mesure, dans La langue maternelle. Hélas, de cette recherche et de ses résultats, je doute que j'aie beaucoup appris et que je retienne assez, même si la chute énigmatique est plutôt bien menée.

Ayant plus ou moins - selon l'humeur - accepté en cours de lecture cette frustration, j'ai trouvé cependant dans le roman d'autres stylèmes que j'aime chez l'auteur :
- la capacité de créer des personnages et des situations très réalistes et complexes par le simple pointillé ;
- le goût intarissable pour les mots étrangers, pour l'apprentissage des langues, pour les questions de linguistique abordés comme autant de thèmes romanesques ;
- le lien fort et toujours plus essentiel (dans ces trois romans) entre une quête glottologique et un deuil ;
- la profondeur la plus métaphysique, mais toute en légèreté sublime, du rapport existentiel et poïétique entre migrance et expression et identité, c'est-à-dire, dans le fond, l'exploration de son identité composite et de son écriture en rhizome chez l'auteur de littérature migrante.

Par surcroît, et à vocation attendrissante : les personnages d'Audrey et de la Roumaine SDF, ainsi que les bateaux de la narratrice.
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