Notre prof d'histoire, Mr Sheridan, essayait de nous apprendre quelque chose sur la guerre de Sécession. Mais il était tellement barbant et monotone que tout ce qu'il enseignait, c'était comment dormir les yeux ouverts.
"L'important n'est pas de gagner ou de perdre. L'important, c'est comment on joue le match."
Avant, je croyais que le monde se divisait en tribus. En noir et blanc, en indien et blanc. Mais je sais à présent que ce n'est pas vrai. Le monde n'est divisé qu'en deux tribus : ceux qui sont des enfoirés et ceux qui n'en sont pas.
Le plus grand don de ma grand-mère, c'est la tolérance.
Il faut savoir qu'autrefois, les Indiens avaient de l'indulgence pour toutes les formes d'excentricités. En fait, les originaux étaient souvent glorifiés.
Les épileptiques étaient souvent chamanes parce que les gens se disaient simplement que c'était Dieu qui envoyait des visions aux chanceux sous forme de crises.
Les homosexuels étaient considérés comme magique, eux aussi.
C'est-à-dire que tout comme dans de nombreuses cultures, les hommes étaient considérés comme des guerriers et les femmes comme celles qui prodiguaient les soins. Mais les homosexuels, étant à la foi mâles et femelles, étaient vus à la fois comme des guerriers et des soigneurs.
Les homos savaient tout faire De vrais couteaux suisses !
Ma grand-mère n'avait que faire de toutes les brimades et de toute l'homophobie dans le monde, surtout entre Indiens.
- Mon Dieu, disait-elle, quelle importance si un homme veut en épouser un autre ? Du moment qu'il y en a un pour ramasser les chaussettes sales !
Bien sûr, depuis que les Blancs sont arrivés en apportant leur chrétienté et leurs peurs de ce qui est excentrique, les Indiens ont peu à peu perdu toute leur tolérance.
Un Indien peut être aussi bourré de préjugés et de haine que n'importe quel Blanc.
Mais pas ma grand-mère.
Elle reste fidèle au vieil esprit indien, vous savez ?
Elle approche toujours chaque personne nouvelle et chaque expérience nouvelle exactement de la même manière.
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Voilà qui fait une grosse différence entre ma sœur et moi. Je planque mes magazines pleins de photos de femmes nues ; elle planque ses tendres romans d'amour qui racontent des histoires de femmes (et d'hommes) nu(e)s.
Je veux les images ; ma sœur veut les mots.
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Il faut approcher chaque livre – approcher la vie – avec la vraie possibilité d’avoir une trique métaphorique à tout moment.
Mais j’avais toujours pensé que l’esprit de ma sœur n’avait pas été tué. Elle n’avait pas renoncé. Cette réserve avait essayé de l’étouffer, l’avait prise au piège dans un sous-sol, et voilà qu’elle sillonnait les vastes prairies du Montana. Trop cool!
Que dit-on aux gens quand ils vous demandent ce que ça fait de tout perdre? Quand toutes les planètes de votre système solaire ont explosé?
Alors je dessine pour lui faire plaisir, pour lui donner d’autres mondes dans lesquels vivre sa vie.
J’ai des migraines parce que mes yeux sont carrément ennemis, vous voyez, comme s’ils avaient été mariés mais ne pouvaient plus se blairer