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Critique de Artelode


Dollhouse est un roman de l'imaginaire (enfin… on l'espère…) glaçant dans lequel je conseille de plonger sans tarder. Lake Ephemeral m'avait saisie. Il en est de même pour ce roman d'Anyal Allyn publié récemment aux Éditions du Chat Noir, à la différence près qu'il va falloir attendre patiemment la suite, la saga comportant 4 tomes en tout !

Oubliez vos rêves d'enfants – jolies maisons de poupées et tours de carrousel enchantés !

"Elles étaient réelles. Ce n'étaient ni des poupées, ni des jouets."
Dollhouse nous fait vivre à la fois une aventure palpitante et un cauchemar éveillé dont on a du mal à sortir une fois le livre fermé. Quel rythme et quelle écriture ! Comme dans Lake Ephemeral, il est difficile d'émettre des hypothèses, le lecteur se perd dans les méandres cauchemardesques des lieux et de l'intrigue. L'ambiguïté dont chaque personnage est porteur est entretenue tout au long du roman. Ce qui a pour effet de nous faire tourner frénétiquement les pages. L'effrayant et capricieux carrousel dont il est question dans le roman agirait-il aussi sur notre façon de lire ?
Les amis d'Aisha suivent les traces de leur amie disparue. Parvenus jusqu'à un manoir isolé, ils empruntent un carrousel qui les conduit jusqu'à un étrange lieu : la maison de poupées. Jessamine y joue le rôle de maîtresse de maison. Dès lors que l'on devient son invité(e), on se doit de respecter certaines règles. Lire, danser ou boire du thé deviennent des activités obligatoires, ritualisées. Se maquiller aussi, pour être présentable… le thé possède des vertus soporifiques qui ôtent toute forme d'opposition. Ainsi, Missouri, Sophronia et la jeune Philomena, déjà présentes dans la maison à l'arrivée d'Aisha, de Cassie, d'Ethan et de Lacey, semblent avoir accepté leur sort, au point de renoncer à leur vrai prénom… Ethan et Cassie, venus dans un but précis, décident alors de jouer le jeu, car il est impossible de discuter avec Jessamine. On a peur pour eux. Jusqu'où peuvent-ils ou doivent-ils aller pour ne pas perdre leur intégrité, leur lucidité ?
"Je pris le maquillage et m'avançai jusqu'au miroir à dorures sur le mur. J'enfonçai un doigt dans le pot et appliquai le produit en cercle sur me joue, puis sur mes lèvres. La peinture sentait la cire et l'odeur des objets vieillis. Je ressemblai maintenant aux autres filles. J'avais l'air ridicule. Des rubans étaient disposés sur la coiffeuse, sous le miroir, à côté d'une énorme brosse en bois. Je la passai dans les cheveux châtains tout emmêlés, fis deux tresses et les fixai sur ma tête avec les rubans.
Je ne me reconnaissais déjà presque plus."

L'impression d'assister à une pièce de théâtre un peu surjouée, un peu décalée, laisse la place à un sentiment d'effroi qui ne nous quitte plus. La sublime couverture créée par Mina M représente, selon moi, ce moment de bascule, la limite entre entre le jeu et l'horreur. Les questions des protagonistes se superposent aux nôtres. Qui est la Première Fille – celle qui a ouvert le bal dans la maison de poupées et qui pourrait éclairer Cassie et Ethan ? Où se trouve-t-elle ?

Des lieux arachnéens

La maison de poupées imaginée par Anya Allyn semble belle et bien vivante, comme si chaque pièce, chaque meuble, chaque mur, chaque recoin, chaque couloir – visible ou invisible – participait d'un organisme gigantesque qui, pour exister, aurait besoin de se nourrir d'âmes enfantines – féminines ? Ce qui n'est pas sans rappeler les motifs classiques et les figures de marâtres que l'on retrouve dans les contes de fées. Les protagonistes perdent leurs repères, tournent en rond, sont partagés entre la crainte de se retrouver dans le Coffre à Jouets – boîte à cauchemars pour les poupées désobéissantes – et celle de découvrir les secrets des lieux. Qui sont réellement Donovan, le Bienfaiteur et Balthazar ? Pourquoi s'intéressent-ils autant à Cassie ? Que signifie ce bal costumé qui rassemble des personnages n'habitant pas la maison de poupées et qui dessine la crainte sur le visage de Jessamine habituellement si stoïque ? D'où viennent-ils ? Comment peuvent-ils se dérober si facilement au regard ?

Vous prendrez bien une p'tite tasse de thé ?

Euh… non merci… sans façon… pas cette fois....
"Une théière surdimensionnée était posée au centre de la table ? Un bref instant, je fus contente que les poupées nous tournent le dos. Mais l'idée était folle : des poupées ne pouvaient pas nous voir."
Par contre, je reprendrais bien un autre livre des Éditions du Chat Noir !

Carrousel de livres

En lisant Dollhouse, j'ai (re)pensé à d'autres histoires passionnantes, d'autres lieux fantasmagoriques, d'autres personnages – pantins, automates, monstres ou humains, que l'on peut rapprocher de cet univers troublant créé par Anya Allyn… Aeternam Opéra de Laetitia Arnould, Lake Ephemeral d'Anya Allyn, Tragic Circus de Cécile Guillot et Mathieu Guibé, Les Fiancés de l'hiver de Christelle Dabos, A Doll's House de Henrik Ibsen et Magnetic Island de Fabrice Colin...
Une pépite !
Un coup de coeur !

Lien : http://lecalepindunelectrice..
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