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Ahmet Altan, écrivain turc de grande notoriété, opposant au tyran Erdogan croupit en prison pour ses idées. Cet homme courageux lutte pour les valeurs d'humanisme que nous portons. C'est un artiste, ne l'oublions pas. Entre deux coupures de journaux qui semblent rythmées aux injonctions arbitraires du procureur général d'Istambul, il serait bien de penser à lui, et penser à lui ici, c'est d'abord le lire.
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Ahmet Altan, romancier, essayiste, journaliste, rédacteur en chef au quotidien turc "Taraf" a été arrêté le 15/07/16. Condamné dans un premier temps à perpétuité pour tentative de putsch. Il sera enfermé 1138 jours dans les quartiers de Haute Sécurité des geôles turques avec enfin ce 4 novembre 2019 un arrêt de la Haute Cour d'Istanbul qui ordonnera sa remise en liberté sous surveillance. C'est avec beaucoup d'émotion et de joie que j'ai appris cette nouvelle.

C'est à l'Intime Festival de Namur que j'ai eu l'envie de découvrir ce lire "Je ne reverrai plus le monde", 19 textes de prison, transmis feuillet après feuillet via ses avocats vers l'extérieur. Un livre qui ne sera bien entendu pas publié en Turquie. Julien Lapeyre de Cabanes, son traducteur était présent et Pietro Pizzuti nous avait fait une lecture magnifique forte en émotions.

C'est un texte magnifique. Un témoignage sur la justice plutôt l'injustice.., sur les arrestations arbitraires touchant les fonctionnaires, enseignants, journalistes, militaires...

Ahmet Altan nous fait comprendre qu'il a choisi de lutter en choisissant l'acceptation.

On l'enfermera c'est un fait mais jamais on ne prendra sa liberté car il y a les mots, la pensée par lesquels il peut s'évader, être libre.

Il nous parle de l'enfermement, des conditions difficiles, du manque d'espace, du fait que l'on mélange sciemment des personnes d'âge, de culture et de religions différentes.

Tout est mis en oeuvre pour les briser moralement, leur faire perdre leur identité en perdant leur image. C'est terrible l'absence d'un simple miroir, ne plus se voir c'est aussi avoir le sentiment de ne plus exister, de n'être plus rien.

Il nous parle de la puissance des mots. du manque de livres, oh cruauté extrême. Lorsqu'enfin il peut lire "Tolstoï" , par exemple il revit, le pouvoir de l'esprit reprend le dessus.

Il nous parle de l'importance et du besoin vital d'écrire, du pouvoir de la pensée, du besoin de création.

Ces 19 textes de prison sont poignants. Il nous pousse à la réflexion, à la méditation. Son écriture est aboutie, remarquablement belle et non sans ironie. Quelle force, quelle beauté, quelle résilience.

Jamais ils n'ont réussi à l'enfermer, son esprit l'a toujours porté ailleurs.

Vous pouvez me jeter en prison, vous ne m'enfermerez jamais.

A lire de toute urgence. Ce livre est un petit bijou.

Ma note : Gros coup de coeur ♥♥♥♥♥

Lien : https://nathavh49.blogspot.c..
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J'avais acheté ce livre dès sa parution : pour que ses mots puissent être connus, puissent vibrer dans ma poitrine .
J'avais déjà lu ses deux grands romans. Je disais autour de moi : il faut savoir. Savoir est le soutien que l'on peut lui apporter.
Grâce à des amis de facebook je lisais des comptes-rendus des procès.
Je viens seulement de lire son livre; j'admire ce qu'il a été capable d'écrire sans être écrasée par l'angoisse puisque je connais sa libération. Puisse-t-elle être définitive.
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Sans l'insistante recommandation de ma libraire favorite, je n'aurais probablement pas acquis et lu Je ne reverrai plus le monde de Ahmet Altan, traduit par Julien Lapeyre de Cabanes. Et ça aurait été bien dommage.

Du fond de sa geôle turque, feuillet après feuillet, Ahmet Altan a fait sortir ce témoignage incroyable sur une justice du XXI siècle aux relents arbitraires dignes du Moyen Âge. Journaliste et romancier, Altan est incarcéré à perpétuité pour complotisme et tentative de putsch. Loin d'être abattu ou résigné, il choisit la lutte par l'acceptation, l'évasion par le rêve, la survie par la poésie, le salut par l'écriture. Il choisit d'être un écrivain avant d'être un prisonnier, c'est-à-dire « d'être ni là où je suis, ni là où je ne suis pas ».

C'est beau, c'est fort, c'est marquant. Témoignage de politique internationale, essai philosophique, tranches de poésie, fulgurances littéraires… Les angles ne manquent pas pour apprécier ce livre, procurant pour ses futurs lecteurs autant d'occasions de s'y plonger sans tarder.
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C'est sur Facebook que j'ai vu passer ce livre, (comme quoi il s'y passe parfois des choses intéressantes !). Pour une fois je vais être impérative et claire : lisez ce livre et faites le lire autour de vous. D'abord parce qu'il faut savoir ce qui se passe sous Erdogan en Turquie, mais aussi parce que c'est l'oeuvre d'un grand écrivain qui sait nous toucher au plus profond de nous. Ahmet Altan est, avant tout, écrivain et il sait qu'aucun mur aussi épais soit-il ne peut tarir sa source d'inspiration et que si ses geôliers, suppôts du régime d'Erdogan, emprisonnent et cherchent à l'humilier l'homme, ils ne pourront jamais éteindre l'écrivain qui est en lui. Il sait, aussi, l'importance pour lui d'être lu par un large public, c'est pour cela que j'ai commencé de cette façon ce billet. Les hasards faisaient que je lisais en même temps un numéro de la revue « Histoire » sur le goulag. Et je me suis fait la réflexion suivante : certes la Turquie va mal, certes cet homme est privé de sa liberté mais ils n'est pas torturé, il peut faire de multiples recours judiciaires, il a pu écrire et peut-être, finalement sortira-t-il de prison, mais c'est loin d'être fait. En attendant, lisez les extraits que j'ai notés pour vous et j'espère que cela vous donnera envie de lire son essai en entier
Lien : http://luocine.fr/?p=10907
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Un livre magnifique ! la voix d'une conscience éclairée, fragile, généreuse, puissante. Merveilleusement intelligent, drôle, inattendu. Quand l'arbitraire se heurte à plus fort que lui, le message est d'une force étonnante !
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Peut-être les avocats sont-ils quelques fois attachants quand eux-mêmes détournent les règles.

Feuillet après feuillet, mêlé entre les écrits de procédure, les conclusions et les documents de défense de ses avocats, Ahmet Altan a fait sortir son livre de prison. Par pièces détachées, avant qu'elles ne soient rassemblées au dehors.

Ce livre est d'abord un livre traduit. Il n'a pas été publié en Turquie. Et la traduction française par Julien Lapeyre de Cabanes est excellente.

Ahmet Altan s'est fait arrêter dans la vague de répression arbitraire qui a suivi le coup d'état manqué en Turquie en juillet 2016.

Ce n'est pas un livre sur la politique (c'est un texte politique, un texte engagé et entier mais il ne traite pas des rouages politiques en tant que tels). C'est un livre sur la prison. Sur l'enfermement, sur la force de l'esprit et l'importance de la littérature. C'est un livre qui parle de Toltsoï et de la "poignée de ciel" aperçue entre les barreaux. La mélancolie d'un baiser qu'on ne peut plus donner.

C'est avant tout très beau.

Sur la création, sur la capacité à inventer, à utiliser les profondeurs de son cerveau, il dit cette phrase magnifique :

"Me jeter en prison était dans vos cordes ; mais aucune de vos cordes ne sera jamais assez puissante pour m'y retenir.
Je suis écrivain.
Je ne suis ni là où je suis, ni là où je ne suis pas."

C'est d'une grande force, celle qui amène à la sérénité parfois. Poétique souvent, drôle puisqu'il s'agit de survivre.

La poésie d'abord dans les discussions avec les autres détenus au dessus des murs, sans voir les visages :
"Selman : 'Les oiseaux sont de retour'.
La voix : 'Oui, en ce moment je nourris une perruche... Elle est née dans la prison, puis sa mère est morte. Depuis, c'est moi qui l'élève..."
Selman : "Je ne l'ai encore jamais vue voler, votre perruche... J'ai pas eu cette chance, faut croire...'
La voix : 'Elle ne vole pas'. Puis, avec la tendresse d'un père qui s'inquiète pour son fils : 'Elle a peur du ciel...' ".

L'humour ensuite, quand une femme médecin liée à la prison lui demande "de baisser son pantalon" et qu'il pense d'instinct "vous d'abord", c'est une réplique pour continuer d'exister.

Ce livre découpé en courts chapitres est l'une des publications les plus belles de cette année.

Texte lu et débattu à l'Intime Festival de Namur.



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Dix-neuf textes écrits en prison, depuis 2016, par le journaliste turc condamné à perpétuité, en 2018, pour tentative de renverser l'ordre prévu par la Constitution de la République de Turquie. Il y exprime, entre réflexions et sensations, son quotidien morne, écartelé entre le bilan de sa vie et de ses actions et le vide de son avenir.
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