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4,1

sur 1116 notes
Turquie, à une date indéterminée.
Fazil, étudiant en littérature, bascule brutalement dans la précarité lorsque son père décède.
Il vit chichement dans une chambrette, sous les toits d'une sorte d'auberge espagnole dont les résidents font face, chacun à sa manière, au climat de violence et d'insécurité qui s'installe (l'auteur à rédigé ce roman derrière les barreaux, incarcéré pour collaboration supposée à la tentative de putch contre Erdogan, en 2016).

Spoliation des biens, arrestations arbitraires, destitutions massives et sans appel, agressions répétées... la ville est devenue dangereuse.

Fazil, lui, s'évade dans les livres.
Il entame une relation avec Sila.
Étudiante bien née, révoltée par sa récente condition de pauvre, avec laquelle il partage sa passion des mots

Il rencontre, presque simultanément, Mme Hayat, une quinquagénaire solaire à la chevelure d'or et de feu, dont le corps généreux est une ode à la grâce et à la sensualité.
C'est une femme étonnante, libre, pertinente, enthousiaste et secrète.
Ses leçons de vie sont fines et percutantes de justesse.

J'ai aimé le parcours initiatique de cet esprit en formation, effaré par les événements, écartelé entre deux amours, incapable de se positionner à temps.
Un univers envoûtant, une histoire d'amour mais tellement plus que ça...
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Ma voix, dissonante, paraîtra pour beaucoup sévère car loin des éloges dithyrambiques publiées sur le réseau. Elle voit dans une histoire décrite comme passionnante une histoire insipide; dans une femme décrite comme merveilleuse un personnage banal; dans un roman présenté comme un bijou une pierre mal polie. Elle voit dans un roman couronné de succès une mollesse, une paresse, un raté. Vous l'aurez saisi, je n'ai pas été satisfaite par ma lecture. Elle fut longue pour moi. Elle fut ennuyante, assommante, rasante. Elle fut laborieuse. C'est qu'il n'y avait rien pour attiser mes sens ici, rien pour nourrir ma curiosité, rien pour éblouir mes pensées. Tout était fade, terne, morne. Tout était insipide. Mon mari m'a demandé ce qu'il manquait à ce roman pour me plaire. Une ossature, j'ai répondu. Une solidité. Une puissance. Une force. Une intelligence. Il lui manque la fermeté de la poigne. Il lui manque la puissance du coup de poing asséné. Il lui manque l'intransigeance de la plume assurée. Il lui manque une vigueur. Madame Hayat est un roman, pour moi, trop léger, trop mou. Les personnages m'ont agacé car faussement sulfureux, leurs relations m'ont endormi car faussement passionnées, leurs questions existentielles m'ont assommé car criantes de banalité et leurs débats sur la littérature m'ont ennuyé car pédantes à la fin. Tout a sonné faux à mes yeux. Tout était mal ficelé, mal agencé. C'était surfait. Quand les autres ont vu de l'or, j'ai vu moi du contrefait. Seul le décor m'a plu dans ce roman. Seul sa façon de raconter le régime kafkaïen m'a intéressé. C'est la peur qui s'infiltre dans les pores, qui paralyse et qui noie les individus dans un monde dirigé par l'absurde. C'est un monde qui ne peut se libérer qu'en empruntant la voie littéraire car elle seule abat les frontières, détruit les murs, arrache les barbelés. Elle seule donne du sens à un monde déraisonné. Quand le monde réel souffre de ses impasses, la littérature permet de s'en échapper. Prudence, toutefois. Il faut savoir la quitter pour revenir se confronter à la réalité. En bref, le décor est réussit mais il ne suffit pas à contenter car l'histoire qu'il sert est dépourvu d'intérêt.
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Ahmet Altan a écrit en prison cette tranche de vie (un an) d'un jeune homme, Fazil, qui vient de perdre son père et qui découvre en même temps l'amour, la pauvreté et la disparition des libertés dans son pays, la Turquie contemporaine.

Pour gagner sa vie et payer la chambre d'étudiant qu'il loue dans une vieille pension, il participe en tant que figurant à des soirées télévisées. C'est là qu'il rencontre Madame Hayat, une femme superbe et très maligne, dont il tombe amoureux ; devenu son amant, il passe beaucoup de temps avec cette femme très différente de lui puisqu'il fait des études de littérature et qu'elle ne connaît rien aux auteurs ni aux écrits. Elle a l'âge d'être sa mère, et considère que la vie lui a déjà appris tout ce que les écrivains racontent ; par contre elle regarde des documentaires animaliers, se passionnant pour les comportements extraordinaires des fourmis ou des oiseaux. Joyeuse et libre, elle apprend à Fazil le plaisir et le bonheur.

Quelques jours plus tard, il rencontre Sila, étudiante en littérature comme lui, avec laquelle il partage non seulement ses nuits mais aussi son amour des livres, des belles phrases, des beaux mots.
Deux amours intenses en même temps, comme deux visages de la Turquie...
La terreur qui se répand dans le pays apparaît sous les traits de costauds barbus, armés de bâtons, prêts à bastonner quiconque va au restaurant, boit de l'alcool ou se divertit...

Pudique et explicite, sensuel et intellectuel, subtil et clairvoyant, ce récit mélange les genres et raconte l'éducation sentimentale d'un jeune homme qui a des choix difficiles à faire, entre les deux femmes de sa vie, entre fuir un pays qu'il aime et rester vivre sous un dictateur, entre la liberté ailleurs et une autre liberté ici, fut-elle derrière des barreaux...car l'imagination du romancier permet à son esprit, au moins, de s'évader...

Premières phrases : " La vie des gens changeait en une nuit. La société se trouvait dans un tel état de décomposition qu'aucune existence ne pouvait plus se rattacher à son passé comme on tient à des racines. Chaque être vivait sous la menace de sombrer dans l'oubli, abattu d'un seul coup comme ces pantins qu'on prend pour cible dans les fêtes foraines.
Ma propre vie avait changé du jour au lendemain. Ou à vrai dire, celle de mon père."

Lien : https://www.les2bouquineuses..
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Un livre écrit à l'occidental avec peu d'empreinte turque. Une écriture légère pour un écrivain oriental et proprette mais un sujet somme toute très formaté : milieu littéraire, milieu universitaire, milieu riche mais déchu et devenu pauvre, mentalité de vie occidentale.
On n'est pas dépaysé dans ce « quartier latin »: le contexte turc, mode de vie et autre, très peu abordé il est vrai que le héros n'a jamais mis les pied dans un marché un comble en Turquie !

Une initiation sentimentale du jeune héros par une quadra ou quinqua (? peu importe) rencontrée dans une sorte de plateau de télévision , équilibrée par la rencontre d'une jeune femme étudiante de son âge.
Entre les deux sa tête balance. le coeur aussi mais l'intellect prend le pas sauf peut-être sur le désir voire l'amour le sentiment n'est pas trop clair pour ce jeunot ni pour le lecteur.

D'un coté le passé et l'orient avec cette femme âgée de condition modeste qui essaye de vivre sa vie sans contraintes et sans ce priver comme un chant du cygne.
le dernier amour pour cette femme aimante qui choisit par faiblesse peut-être un jeune qui pourrait être son fils Un lien filial rassurant mais avec quelque chose en plus qui est tout à son honneur

de l'autre l'avenir et l'occident avec une jeune femme volontaire qui choisit un exil pour éviter une Turquie qui s'enlie irrémédiablement avec ses barbus: une promesse de vie normale débarrassée de la peur quotidienne et de la violence en gestation.
Une femme faire-valoir de l'autre l'ancienne elle ne fait pas le poids et terrifie, dans le fond le jeunot par sa conduite « féministe » là est peut-être le problème

Entre les deux un jeune assez falot à la carrière littéraire qui s'avère mal partie qui n'a pas trop les pieds sur terre et passe trop de temps le nez dans ses bouquins. Il hésite beaucoup, semble incapable de se projeter dans sa vie future et n'a pas envie de grandir. le complexe de « Peter Pan » Un sorte d'Hikikomoris turc ou de Tanguy français.

Assez absent du contexte politique il voit, comprend, s'engage avec sa tête mais est-ce suffisant pour survivre dans le monde de demain de la Turquie ?

le vrai intérêt de ce livre sont les petits apartés philosophiques mis dans la bouche d'une enseignante littéraire, intéressants et assez profonds mais bien trop brefs et les documentaires vus et commentés par Mme Hayat Ils sonnent très justes et en disent plus que le jeunot brouillardeux qui se perd dans les méandres de ses sentiments.

Mis à part Mme Hayat et la prof universitaire les personnages sont plutôt insignifiants mais le tout, la bluette sentimentale, est traité convenablement.
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Fazil, rejeton d'une famille déchue dans la Turquie contemporaine, étudiant en lettres un brin désoeuvré, passe la majeure partie de son temps entre les bras de la plantureuse Madame Hayat et de la plus longiligne Sila. La première a la quarantaine, elle est belle et mystérieuse, partage avec lui des moments incandescents puis disparaît sans crier gare. La seconde est jeune, tout aussi belle, et partage avec lui le goût de la littérature. le jeune homme est écartelé entre ses deux amours, son envie de quitter son pays et son régime policier avec la jeune femme, et celui d'assumer son amour pour Madame Hayat.
J'ai eu du mal à m'enthousiasmer pour les personnages de ce roman à la prose élégante mais au propos un peu convenu et rebattu.
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Le coeur, la tête, la chair… et la littérature.

Fazil est un jeune turc. Il nous raconte son histoire faite de désarroi et d'apprentissage. Issu d'une famille heureuse et nantie, le pouvoir politique leur a tout pris. le voici, étudiant pauvre, socialement déclassé, déraciné et réfugié dans la littérature qui sait si bien dire la vie, ses émotions, ses questionnements… le voici aussi, fasciné par Madame Hayat, une femme mûre, charnelle, voluptueuse, auréolée d'un mystère qui la rend insaisissable mais à la joie savoureuse et communicative… le voici encore, amoureux de la belle et cérébrale Sila, son quasi double féminin, son alter ego… Deux rencontres simultanées qui le plongent dans un grand désordre émotionnel alors qu'autour de lui, dans ce pays jamais nommé, la liberté se rétrécit quand la répression se vit au quotidien.

Dans ce contexte incertain Fazil découvre toutes les variations du sentiment amoureux. La trame est un classique de la littérature : un jeune homme aux prises avec deux femmes, l'une de son âge, l'autre plus âgée… le regard de Fazil posé sur deux figures, deux tempéraments aux antipodes…

Doit-il choisir ? La vie choisira-t-elle pour lui ?

La belle langue de Ahmet ALTAN, ses phrases à l'architecture complexe, nous dressent avec finesse des portraits de personnages malmenés par le joug instauré progressivement par le régime, nous invitent chaleureusement à aimer la flamboyante Madame Hayat, un esprit libre qui « ridiculise autant la vie que la mort », nous font élégamment partager l'initiation de Fazil qui dérive à la recherche de lui-même, perdu dans ses incertitudes, la fragilité de ses choix, son ambivalence, les battements et ballottements de son coeur, l'embrasement de son sexe, sa découverte de la vie si chahuteuse et imprévisible.

Mais aussi, ce livre initiatique nous parle de littérature, quelques profs de lettres traversent le roman, symboles de culture, de réflexion, de liberté, d'engagement et de résistance. Ils évoquent la fonction de l'écriture, les grands auteurs, leurs questionnements, leurs textes en quête de pourquoi… L'écriture, la lecture autant salvatrice l'une que l'autre… Des guides pour penser, chercher, comprendre, résister, vivre.

Emotion décuplée si l'on considère que ce roman a été écrit en prison.

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🇹 Ahmet Altan, écrivain et journaliste, a écrit ce roman en prison.
Accusé d'avoir participé à la tentative du coup d'état contre le président turc Erdogan en 2016, il a tout d'abord été condamné à perpétuité puis libéré 4 ans et demi plus tard.
Vous comprendrez qu'il s'agit d'un roman politique engagé sous couvert d'une histoire d'amour mais c'est aussi un hymne à la liberté !

🇹 Fazil, le narrateur, est un jeune étudiant en lettres issu d'une famille aisée mais sa vie bascule après la faillite et le décès de son père...
Devenu boursier, il loge dans une modeste pension et travaille comme figurant dans une émission de télévision.
C'est alors qu'il rencontre une femme voluptueuse, fantasque et solaire mais qui pourrait être sa mère, Madame Hayat ... Hayat en turc signifie la vie ... Elle ne lit pas mais adore s'instruire via des documentaires, elle dépense sans compter et ne vit que dans l'instant présent !
Alors que tout les oppose Fazil en tombe follement amoureux ...
Elle est sa Cleopâtre, il est son Marc-Antoine ...
Puis parallèlement, il tombe aussi sous le charme de la jeune Sila, une étudiante passionnée comme lui de littérature, du même milieu et tout aussi pauvre car dépouillée elle aussi de ses biens par le régime totalitaire du pays ...
Mais Fazil va devoir faire un choix ...

🇹 C'est un très beau roman joliement écrit avec de nombreuses références littéraires mais ne vous y méprenez pas car sur fond d'éducation sentimentale, c'est loin de Flaubert ... L'auteur nous décrit un régime soumis à la répression et la violence sans jamais citer ni le pays ni l'endroit mais on devine un certain Istanbul...

🇹 Ces 2 femmes montrent 2 visages de la Turquie, l'une a son avenir derrière elle et l'autre devant ...
Accepter, fermer les yeux sur la terreur et vivre chaque jour comme si c'était le dernier ...
où vivre constamment dans la peur et préférer s'enfuir ...
Rester, agir ou partir, quel sera le choix de Fazil ? 🇹
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mpossible de parler de ce texte sans commencer par son auteur. Ahmet Altan, journaliste turc est incarcéré et condamné à perpétuité pour avoir participé, en 2016, au putsch manqué contre le gouvernement turc. Finalement libéré en 2021 suite à la condamnation de l'État turc par la Cour européenne des droits de l'homme pour sa détention, c'est donc en prison que ce texte a été écrit.

Le contexte du récit tombe alors sous le sens. Sans qu'il ne soit précisément daté, il y est question d'arrestations et d'emprisonnements abusifs, de privations de liberté, d'atteinte à la liberté d'expression.
Fazil, un jeune étudiant en littérature, évolue dans cette Turquie qui s'écroule et se raccroche alors au seul sentiment capable de le sauver, l'amour. Il noue une relation avec Madame Hayat, la sulfureuse et envoûtante Madame Hayat qui a fait fi de toute peur au bénéfice d'une vie au jour le jour dont elle retient uniquement les bienfaits. Allégorie de la liberté, sa vision des choses est telle que Fazil verra toutes ses convictions bouleversées. En parallèle, c'est avec une étudiante de son âge, Sila, femme aux antipodes de Madame Hayat, que Fazil se rassure. Bien plus sage et raisonnée, Sila partage son amour de la littérature et ensemble, aidés de leurs professeurs (des personnages exceptionnels !), ils analysent à cette lumière les comportements humains.

A la fois roman d'amour et roman d'apprentissage, ce texte frôle bien souvent l'essai. Les concepts de la peur, du désir, du rapport à l'argent, des clichés et du hasard (il y a à ce propos une page que je ne veux jamais oublier !) sont développés avec une approche philosophique, simplement et avec une pertinence et une précision qui ne perdent jamais le lecteur. L'équilibre entre la réflexion et le comportement pulsionnel est parfait, chaque axe donnant du coffre à l'autre.

La solitude, qui fut certainement celle de l'auteur au moment de son écriture, transparaît dans ce récit et l'on devine combien la création de ces personnages féminins fantasmés ont pu être un moyen d'évasion. Presque irréelle et idéalisée, objet d'un désir charnel appuyé, Madame Hayat est diffuse et très peu ancrée dans une existence matérielle. Cela ne la rend que plus captivante.

« Je croyais encore en la possibilité de traverser l'existence comme un personnage de roman, envoûté peut-être, mais certain de pouvoir sortir du cercle de mes émotions dès que l'envie m'en prendrait. »

Ce roman est fascinant et m'a envoûtée comme Madame Hayat l'a fait avec Fazil. Je l'ai trouvé vrai bien qu'idéaliste. Il est de nature à changer ma propre perception des choses et en ça, il m'a rappelé d'autres lectures qui m'avaient transportée ainsi et dans lesquelles on retrouve ces personnages féminins diaphanes, femmes mirages à mi-chemin entre le rêve et la réalité fantasmée : le Loup des steppes de Hesse, Silens Moon de Cendors et La Plus Secrète Mémoire des hommes de Sarr.
Oui, ce roman de Ahmet Altan est de cette envergure.
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Quelle magnifique découverte ! J'ai ouvert le livre sans savoir ce qui m'attendait, et j'ai été happée, emportée, envoutée.
Tout d'abord, c'est le style, l'écriture qui m'a séduite : fluide sans verser dans la facilité, proche du réel et en même temps capable de s'en distancier, profonde et précise.
Mais, très vite, Madame Hayat apparaît, et ce personnage est un de ceux que je n'oublierai jamais. Elle incarne la sagesse, la sensualité, l'amour, et le dire peut paraître bateau, mais c'est vraiment cela. Ses imperfections la rendent encore plus parfaite, elle sait tout en étant totalement ignorante, elle est à la fois populaire, voire vulgaire, élégante, et belle comme une déesse.
Fazil, pour sa part, va vivre les épreuves qui transformeront le jeune garçon en homme. C'est un vrai roman d'apprentissage qui nous est offert, apprentissage de l'amour, certes, mais aussi et surtout apprentissage de la vie avec ses hésitations, ses dangers, ses douleurs. A la fin du roman, il se regarde dans le miroir, et, malgré son jeune âge, c'est le visage d'un vieil homme qu'il croit voir.
Et ce n'est pas que l'amour qui l'a transformé, c'est aussi la découverte de la réalité glaçante de son pays, la Turquie, qui est en train de basculer vers la dictature. Les arrestations arbitraires ont pour but de museler la moindre rébellion, les médias sont contrôlés, puis interdits, et dans la rue ce sont des hommes armés de bâtons qui s'en prennent à tous ceux qui sortent du rang. Tout peut être retiré à certains, et les nouveaux riches sont les débiteurs du pouvoir, donc ses serviteurs. La seule perspective des jeunes est de fuir à l'étranger.
C'est un roman terrible et magnifique, glaçant et pourtant optimiste. Il est le reflet de la vie, de notre vie.
Je l'ai à peine achevé, j'ai déjà envie de le relire, de le savourer encore, d'en retenir certaines phrases.
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Madame Hayat, ou la chronique des mots qui palpitent.
De sensualité, de volupté, d'une désinvolture souveraine, d'une indifférence joyeuse, d'une ode à la liberté. Qui se soustrait à la gravité du monde extérieur, qui s'affranchit des bornes du temps, qui s'extrait de l'arbitraire. de celle qui embrasse le hasard comme on s'émancipe du destin ; envoûtante âme solitaire qui embrasse toutes les autres, qui en devine toutes les nuances. de celle qui dévore le monde d'une insatiable curiosité.
De passion, de pouvoir, de foi. de l'universel désir de possession dans ce qu'il est le fondement de l'âme humaine et d'une littérature qui s'en nourrit. Celle qui révèle les hommes sous ses feux scintillants, celle qui éclaire nos existences, qui guide nos vies ; un monde hors du monde, le refuge des âmes persécutées, le sanctuaire des esprits opprimés.
Par les mots qui étouffent.
Qui d'une phrase changent le monde et font basculer une vie sous le poids du despotisme. Les mots d'une peur muette et collective matérialisée en listes d'interdits, courriers de dénonciation anonyme ou actes d'accusation. Les mots de l'arbitraire d'un destin qui s'affranchit du hasard, révélant l'impuissance intellectuelle des êtres prisonniers de leurs propres vies ; d'un monde qui se referme sur eux. Les précipitant dans le vide de leurs rêves, dans les abîmes d'une liberté perdue, dans une réalité vulgaire qu'il leur faudra affronter.

Madame Hayat, ou la chronique des mots qui manquent.
Pour évoquer ce roman dans toutes ses dimensions tant il est riche, brillant et multiple, embrassant tour à tour le roman d'apprentissage, l'écrit politique, le plaidoyer pour la liberté, le traité de littérature. Quand les mots ne suffisent pas pour rendre compte de toutes les métaphores, subtilités et nuances qui habitent cette éducation sentimentale dans une Turquie soumise aux dérives autocratiques.
Quand ils font défaut pour décrire les personnages dans toute leur richesse : Madame Hayat, flamboyante figure de la liberté ; Sila, représentante d'une classe érudite soumise à l'oppression et Fazil, symbole des vies déclassées, impuissantes. Figées dans un monde qui tourne sans eux.
Lui qui devra choisir entre ces deux femmes, ces deux représentations d'un combat pour la liberté. Ces deux regards sur l'existence qui peut-être se complètent, comme s'unissent littérature et existence dans la métaphorique poésie d'une quête absolue de liberté.
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