Le sommeil des justes, tome 9 : Une ombre au tableau

Il y avait quelque chose dans la façon dont il la regardait qui la faisait frémir. Ce n’était pas du désir, de la pitié ou de l’indifférence. C’était… de l’intérêt. Il était intéressé par ce qu’elle était.

La guerre était souvent contraire à l’éthique et illégale. Les opérations secrètes encore plus. Mais Alex avait ses propres idéaux, des idéaux qu’il ne voulait pas compromettre. L’utilisation d’armes biologiques ou chimiques franchissait une ligne qu’il ne cautionnerait jamais et qu’il ferait tout pour arrêter.

Elle n’aimait pas l’excitation que cela lui procurait. Comme une adolescente apercevant l’objet de ses fantasmes.

Ce serait bien de savoir comment se défendre. Il était temps que quelque chose de constructif ressorte de sa peur. Le vrai risque était de passer plus de temps avec Reilly – prendre le risque d’être l’amie de quelqu’un était bien plus effrayant que de prendre un amant.

C’était tellement cliché. C’était pathétique d’être attiré par ce type. Cela témoignait d’un flagrant manque d’affection.

Elle avait besoin de carburant. Elle n’avait pas mangé depuis que tous ces gens étaient arrivés au château et il était devenu clair qu’Alex ne lui avait pas dit la vérité sur ce qui se passait. Elle avait essayé d’être en colère contre lui, mais elle s’était mise à sa place. Il avait dû choisir entre sauver une enfant et contenir une arme biologique.
Le choix était évident, sauf quand cette enfant était la vôtre.
— Vous saviez ce qui se passait avec Ahmed ? Qu’il était suspecté d’être un trafiquant d’armes ? demanda-t-elle à Reilly.
Était-elle la seule qui l’ignorait ?
De légers plis se dessinèrent au coin de ses yeux lorsqu’il fronça les sourcils, mais il y avait une honnêteté dans son regard qui lui coupa le souffle.

Elle savait que le cycle de la violence était lié au pouvoir et au contrôle, et non à l’amour. Mais au fond d’elle-même, elle avait toujours nourri un sentiment de culpabilité : c’était elle qui avait été assez stupide pour tomber amoureuse d’un homme abusif.

C’était la terrible vérité quand quelqu’un que vous aimiez vous avait battue comme une merde. Les souvenirs pouvaient frapper aussi fort que les coups de poing.

Ce que je n’aime pas, c’est être traité comme un morceau de viande.

Elle avait toujours aimé cette robe parce qu’elle flattait ses courbes, faisant paraître sa taille plus petite.