Vous voulez monter une comédie chez vous. Comment allez-vous vous y prendre ?
Impossible de s'improviser metteur en scène, directeur ou acteur de théâtre !
Au début du vingtième siècle, le cinéma n'avait encore pas volé la vedette au théâtre et autour de ce dernier se cristallisaient toujours toutes les discussions et les passions.
Chaque soir, qu'il pleuve, qu'il vente, une longue file de spectateurs s'étirait devant les guichets des théâtres parisiens.
Et non seulement on voulait voir jouer, mais on voulait aussi jouer soi-même.
En 1908, On avait déjà beaucoup écrit sur le théâtre sous toutes ses formes, mais jamais, ou si peu, sur ce théâtre de société, alors très à la mode, qui est l'ancêtre de notre théâtre amateur.
Un homme, bibliothécaire à l'arsenal, a donc décidé de rédiger une sorte de mémento :
- "Pour jouer la comédie de salon, guide pratique du comédien mondain".
Cet homme, André de Lorde, est un auteur dramatique talentueux mais un peu particulier.
Surnommé le prince de la terreur, il est le dramaturge du célèbre "théâtre du Grand-Guignol", le théâtre des peurs de la belle époque.
Mais il est aussi un romancier et un critique avisé à qui l'on doit de nombreux ouvrages tels que "la parodie au théâtre", "petite physiologie théâtrale" et surtout "les mois dramatiques" qui sont de précieux recueils de commentaires sur la scène de son époque.
Que nécessite la représentation, chez soi, du moindre petit acte ?
- Le choix de la pièce,
- la distribution des rôles,
- la méthode pour les apprendre,
- les répétitions,
- la mise en scène,
- la construction, même sommaire, d'une scène
- le maquillage, l'habillement et cent autres réponses à des questions importantes ...
"Pour jouer la comédie de salon" est un guide un peu désuet mais efficace.
Il regorge d'indispensables méthodes et de judicieux conseils pour l'amateur.
La diction, le geste, l'intonation, les accessoires, le maquillage, les costumes ... les sujets abordés sont nombreux et détaillés.
Le XVIIIème chapitre, consacré à l'argot de théâtre, est à lui-seul, un irremplaçable objet d'intérêt.
"Pour jouer la comédie de salon" est un précieux document sur le Théâtre.
Son auteur, à aucun moment, n'y fait de la toile* ! ...
* "Faire de la toile" c'est oublier le texte de la pièce et raconter tout ce qui vous passe par la tête pour gagner du temps et attendre que le souffleur envoie le mot exact.
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Ronfler, en terme de théâtre, c'est trop vibrer, et trop vibrer, c'est rouler les "r", c'est dire "mysterre" pour "mystère", c'est encore marteler avec excès les syllabes, surtout les finales ; ainsi par exemple "solldat" pour "soldat".
C'est un défaut aussi insupportable, aussi irritant, si ce n'est plus, que le grasseyement.
Il se rencontre surtout chez les comédiens de province, les acteurs de mélodrame qui vibrent à outrance, croyant arriver à un effet plus grand.
Aussi dit-on, en argot de théâtre, qu'ils ronflent ou qu'ils font la roue ...
Sous ce titre, il faut entendre une sorte de petit cours théâtral, ou, pour remplacer par un terme plus modeste cette étiquette prétentieuse de cours théâtral, une causerie sur la comédie de salon ...
De la midinette à la femme du monde, du commis de nouveautés au club-man, du simple troupier au généralissime, il n'est personne que le Théâtre ne fascine ...
"Mon curé chez les riches" d'André de Lorde et Pierre Chaine.