Citations sur Des diables et des saints (304)
- Mais c'est quoi ce rythme ?
- C'est réel ?
- Bien sûr que c'est réel. Il n'y a rien de plus réel.
- C'est scientifique ? insista Edison. Ça envoie des fusées dans les étoiles ?
À cette question au moins, et c'était bien la seule, j'avais la réponse.
- Bien sûr que oui, ça envoie des fusées dans les étoiles.
Ma jeunesse se termina à 18h14, le 2 mai 1969, dans une polka de flammes et de vent de travers. « Angle d'incidence trop élevé combiné à une vitesse sous-évaluée ayant conduit, en présence d'un fort vent latéral, au décrochage de l'appareil. » J’appris les conclusions par cœur, il suffisait de les réciter d’un air grave pour faire cesser les questions.
Elle affirmait que ceux qui brandissaient un drapeau et le croyaient unique brandissaient tous le même.
Je sais que vous ne répondrez plus. Je suis trop loin, maintenant. J’enregistre ce message et le confie au hasard, aux vents stellaires, pour que vous sachiez ce qui n’a pas fonctionné. Vous avez eu tort de me faire confiance. J’ai raté la manœuvre finale, la plus importante, le rendez-vous. Je m’enfonce dans le grand indigo, tournoyant sans destination sous le regard patient de naines blanches,de géantes rouges ou bleues. Ma visière constellée, la soie des comètes entre mes mains gantées, je valse seul sur des parquets d’étoiles. Rien ne résonne ici que souffle et battement de cœur. Si quelqu’un trouve mon scaphandre vide, un jour d’avenir, à l’envers d’une nova, il ne soupçonnera pas que ce voyage fou a été pour une fille. Mais vous, Michael Collins, je veux que vous le sachiez.
Si mon regard est un peu lointain, parfois,pardonnez-moi. C’est que mes yeux ont trop longtemps fixé des royaumes oubliés.
Beethoven ne croyait qu'en lui-même. Et Dieu, qui est sage, s'est dit qu'un homme qui ne l'écoutait pas pouvait bien finir sourd, pour ce que ça changeait.
Cette haine fut le premier secret que nous partageâmes, une fondation solide sur laquelle nous bâtirions le reste, murs de mépris, tourelles d'indifférence, mâchicoulis, poterne, contrescarpe de dédain, de mesquinerie, de colère ravalée, une forteresse d'ombrage et de ressentiment qui s'effondrerait six mois plus tard au premier souffle du vent, preuve qu'elle n'était pas si solide après tout.
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Rothenberg referma le couvercle du piano.Y déroula un napperon en macramé, se tourna lentement vers moi. Je crus qu'il allait me gifler, mais il posa doucement sa main de papier sur ma joue.
- Non, tu ne jouera jamais comme moi, mon garçon. Mais si ça continue, il y a plus grave. Tu ne joueras jamais comme toi.
Ma grand-mère, l’anglaise disait de son vivant : vous, les français, je ne vous comprend pas avec vos histoires de genre. Vous inversez le masculin et le féminin. Vous êtes aveugles à la beauté, vous célébrez l’ennui. Tenez, vous dites une voiture. On devrait dire « un » pour un truc cubique, si ennuyeux. Alors que vous dites un baiser, pour un miracle qui peut durer toute une vie. Il faudrait dire une baiser. « Il m’a donné une baiser dans le voiture » ce serait tellement plus beau, non ? (Page 92)
Le vieux Rothenberg m’enseignait le piano. Il était froissé comme du papier, visage, cou, mains, un braille de rides à donner le vertige. J’avais envie de le repasser chaque JP fois que je le voyais. (Page 19)