Un petit homme de cinquante centimètres en bottes d’équitation, des chacals-garous et des dragons de mer, c’est normal, mais un animal à tête d’homme, c’est ridicule. O.K. Contente qu’on ait levé ce malentendu.
Et tandis que vous le réduisez en pièces, vous ressentez ce court instant de bonheur lorsqu'il confronte sa vie à la vôtre. Si vous êtes chanceuse, le combat dure quelques secondes. Mais même dans le cas contraire, ce petit éclair de triomphe vous a ranimée.
Il me rendait heureuse. Tellement, que je passais mon temps à regarder par-dessus mon epaule, persuadée qu'on allait bientôt me demander de le rendre.
Au plus profond de ma nuit intérieure, lorsque tout s'écroulait autour de moi, il m'avait dit que tout irait bien. Son odeur, le goût de ses lèvres sur les miennes, la façon qu'il avait de faire disparaître le monde avec ses baisers, comme si j'étais la chose la plus importante de son existence.
Quand un homme souhaite partager sa vie avec une femme, il lui offre le monde.
Il y a toujours un prix pour tout et ce n'est jamais quelque chose que tu peux te permettre d'abandonner.
Aller sur la Mer noire, rencontrer de nouvelles personnes, voir de beaux lieux, être tuée par un kangourou-chèvre mutant carnivore. Une chose en moins sur ma liste de choses à faire avant de mourir.
− Merci de votre inquiétude. Je peux me débrouiller.
− Cela ne pose aucun problème. Vous pouvez vous blessez. Je sais que même quelque chose de mineur comme une cheville tordue pourrait être un gros problème pour un humain…
Ne pas cogner la princesse de la meute ; ne pas frapper la princesse de la meute…
− Nous ne voudrions pas que vous ayez du mal à suivre.
D'accord, elle allait trop loin. Je lui fis un beau et grand sourire.
Le visage de Curran prit une expression neutre.
− On vient juste d'arriver, bébé. C'est trop tôt pour toi pour commencer à tuer des gens.
Les yeux de Lorelei s'écarquillèrent.
− Je ne cherchais pas à vous offusquer.
Si, tu le voulais.
‒ Quelqu'un tue des personnes au château, dis-je. Mais j'ai vu des images de statues de lamassu. Ils ont de la fourrure et des visages humains.
Atsany agita sa pipe.
‒ Il dit que c'est une, quel est le mot... allégorie. Il n'existe aucun animal avec un visage humain, c'est ridicule.
Regardez qui parle. Un magicien de quarante-cinq centimètres dans des bottes d'équitation, des chacals-garous, et des dragons de mer ne posent pas de problème, mais des animaux avec des visages humains, ça, c'est ridicule. Eh bien, contente qu'on éclaircisse ça.
— Comment les français l'ont-ils tué ? demanda Derek.
— Ils ont envoyé une vierge chrétienne, et elle l'a ligotée avec ses cheveux et l'a reconduite dans la ville, où les citoyens l'ont massacrée. Nous n'avons pas de vierge sous la main.
— Sans déconner, rétorqua Desandra.
Le monstre au centre montra ses dents. Elles étaient épaisses, pointues et de travers.
— Allez, Derek, c'est l'occasion de briller, souffla Ascanio.
Derek lui jeta un regard plein de mépris.
— Desendra est mère. Robert est marié, Kate est fiancée, et je suis une vieille âme. Tu es ce qui se rapproche le plus à une vierge. Continue de faire pousser tes cheveux.
— Je vais vraiment te faire mal, promit Derek.
Ascanio arbora un large sourire.
— Hé, j'ai simplement supposé que tu te gardais pour le mariage. Ma faute.