Un matin,au moment où je quittais la maison,elle me dit: " La vie te donnera exactement ce que tu y apporteras. Mets tout ton coeur dans tout ce que tu fais, prie et puis attends. "
[...] tu n'as pas à te soucier de faire ce qu'il faut. Si tu en as envie, alors tu le fais sans y penser.
Son secret dans la vie, se plaisait-elle à répéter, c'était qu' "elle espérait pour le mieux, se préparait au pire, et n 'était donc jamais surprise pour quoi que ce fût entre les deux" .
"Tous les gens que je connaissais avaient une sainte horreur d'être appelés "Hors de leurs Noms ".
C'était une pratique dangereuse que d'appeler un Noir d'un nom qui pût être vaguement pris pour une insulte, vu les appellations de "Nègres", "Bamboulas," "Corbeaux", "Moricauds," "Mal Blanchis" et autres, Subies durant des Siècles "...........
Elle m’attirait parce qu’elle ressemblait à des gens que je n’avais jamais rencontrés personnellement. Par exemple, ces héroïnes de romans anglais qui se promenaient dans les moors (quoi que ça puisse être) avec leurs chiens fidèles courant derrière à distance respectueuse. Ou les femmes qui, assises devant des cheminées ronflantes, ne cessaient pas de prendre du thé servi sur des plateaux d’argent remplis de scones et de rumpets. Des dames qui arpentaient le heath, lisaient des livres reliés en maroquin et avaient des noms de famille à tiroirs. On peut dire à coup sûr que Mme Flowers me rendait fière d’être noire, rien qu’en étant elle-même.
Elle se comportait avec autant de raffinement que les Blancs dans les films et les livres, et elle était plus belle car personne n’aurait pu approcher ce teint chaud sans avoir l’air terne en comparaison.
Alors je me mis à souhaiter que Gabriel Prossner et Nat Turner aient tué tous les Blancs dans leurs lits, qu'Abraham Lincoln ait été assassiné avant la signature de l'Acte d'émancipation, que Harriet Tubman ne se soit pas remise de ce fameux coup sur la tête et que Christophe Colomb ait coulé avec la Santa Maria.
Le don d'endurance des enfants naît de leur ignorance de l'alternative.
Une histoire courait à propos d'une matrone sanfranciscaine refusant de s'asseoir dans le tramway à côté d'un Noir, même après que celui-ci eut fait place sur la banquette. Donnant pour explication qu'elle refusait de côtoyer un planqué, et un nègre de surcroît. En ajoutant que le moins que ledit nègre pouvait faire était d'aller se battre pour son pays, comme son fils à elle se battait à Iwo Jima. On racontait que l'homme , s'écartant de la fenêtre pour exhiber une manche vide , avait répliqué calmement, avec beaucoup de dignité: " Alors, demandez donc à votre fils de chercher le bras que j'ai perdu là-bas."
« Chemins de traverse et temps jadis
Et seule des nuits entières
Rayons de soleil et vagues marines
Étoile et pierre
Sans homme et sans ami
Sans caverne où loger
C’est cela ma torture
Mes longues nuits , isolée » …..
J'avais deux dents cariées, pourries jusqu'aux gencives. La douleur dépassait le pouvoir de l'aspirine écrasée ou de l'essence de girofle. Une seule chose pouvait m'aider, et je priais donc avec ferveur qu'on me permît de m'asseoir sous la maison et que celle-ci s'écroulât sur ma joue gauche.