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Citations sur Le tour du doigt (49)

Et me voici devant eux, les mains vides et les poches crevées. Sans matériel, sans principes, sans expérience. Je dois leur donner ma première leçon. Pour en retarder l'instant, je les apprivoise, je leur parle gentiment,votre papa n'est pas à la maison en ce moment, il est parti faire un voyage,quand il reviendra il sera bien content de constater que vous avez appris à lire durant son absence.

"D'accord? Tu veux bien, Claude?"

Leurs yeux s'élargissent davantage encore s'il est possible. Personne ne répond. J'insiste: dis-moi quelque chose, Claude. Il pousse un soupir, secoue la tête, et finit par lâcher, s'adressant plutôt à son frère aîné qu'à moi-même:

"Comprègne re do to."

Il ne comprend rien du tout! Plusieurs ne connaissent pas un mot de la langue officielle et seule autorisée. J'ai prêché pour les merles. Voilà qui va simplifier ma tâche! Je devrai m'exprimer avec les mains, avec la figure, avec la craie. Et si nous ne nous entendons pas complètement, je recourrai de temps en temps, en dépit des prohibitions, au patois auvergnat, à mon véritable parler maternel. Pour l'instant, mes ambitions sont modestes.
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...A la belle saison, ils prenaient leur repas du soir dans la rue même. Une de ces rues aux noms étranges : rue des Groslières, rue Malaurie, rue du Phénail, rue des Barres, rue du Piquet, rue Conchette, place de la Chabre, rue Grenette, rue de Piaure, rue du Jardin-des-Coeurs, rue des Patières. Devant leur porte, dis-je, assis sur la première marche de l'escalier, ou sur une chaise, ou sur un banc de pierre. Ce souper, il est vrai, n'était rien d'autre qu'une soupe bien épaisse. Chaque participant arrivait avec son écuelle à oreilles, remplie de pain coupé. En attendant le liquide, c'étaient de joyeuses parleries tout le long de la rue et d'une rive à l'autre. On interpellait les passants, on se moquait du bon Dieu et de ses saints. Puis venait un énorme fait-tout dans lequel une femme puisait des louchées de bouillon brûlant, sentant le chou et la rave, elle allait d'écuelle en écuelle et trempait toutes les soupes. Chaque ménagère à tour de rôle était de service pour un soir, ainsi toute la rue partageait la même soupe et la même amitié. Beaucoup les parfumaient en y ajoutant une giclée de leur vin, la plupart de ces couteliers possédaient un lopin de vigne qu'ils soignaient avec amour, où ils allaient en villégiature le dimanche et les soirs d'été. (page 49)
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Je regarde ces enfants autour de moi, dont les pères sont en train de mourir dans les sillons du Nord et de l'Est, insatiables de sang versé. Qui a dit qu'on ne meurt qu'une fois et en un instant ? On peut mourir pendant des années par la mort des autres ou en attendant sa propre mort.
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En ce temps-là, obtenir le certificat d'études primaires élémentaires était une grand chose.
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Or, chaque fois, je remarquais dans la tas bleuâtre, noirâtre, merdâtre, un certain nombre de montres. Au poignet des uns, ou pendues par leur chaîne à des boutonnières, elles continuaient leur petite existence mécanique, elles usaient l'ultime résidu de force que le défunt avait mise dans leur ressort, et leur mouvement soulignait son immobilité. Alors, je remontais la mienne jusqu'au dernier tour de molette, et le l'enfermais dans ma main. Je venais de préserver une partie de ma vie.
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Nous émergeons avec stupeur de cette énorme écrabouillade de chair fraîche, par quel miracle survivons-nous ?
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Ma grand-mère Marie-Louise soupirait sous sa coiffe blanche à double tuyautage : il ne faut pas plus de temps de nos jours pour arriver du premier au dernier que de faire le tour du doigt. En même temps, elle faisait le tour de son index avec celui de l'autre main. Et pourtant ma grand-mère n'avait point fréquenté la faculté des lettres, ni même l'école communale, elle ne savait ni a ni b.
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Au cours des journées suivantes, nous faisons de grands efforts pour nous installer dans une existence étroite et mesquine, qui n'a pas été organisée pour nous, comme nous chercherions à endosser des vêtements trop justes.
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Les Thiernois sont des gens de bonne humeur, toujours prêts à rire de tout. Et spécialement les uns des autres. Rien ne les met plus en joie que de voir en décembre un de leurs concitoyens glisser sur une de ces pentes verglacées, partir les quatre fers en l'air, retomber sur le fondement. Quitte à ase précipiter ensuite pour relever les malencontreux, lui tapoter les vêtements, lui rajuster les moustaches, les réconforter d'un bon conseil:"Torna pa fouère !..Ne recommencez pas ! (page 48)
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