J'adore !
Quand on pense aux flots de haine viciée qui se déverse sur
Christine Angot à chaque fois qu'elle écrit une ligne...et à ces petits poèmes en prose sans aucune aigreur...Quelle distance !
Ca commence avec une exergue de la Bruyère, on s'attend à des portraits brillants et méchants, à des traits sombres et définitifs sur la nature humaine, type La Rochefoucauld ou Pascal ...Mais non, il n'y a pas de méchanceté chez
Christine Angot, ni de prétention au définitif et au tragique, songez, elle n'arrive même pas à détester son père ...Il n'y a pas de chutes aux textes, ou rarement ; oui, c'est une écriture belle et humble. (Pour ceux qui doutent de son style, commencez par celui-là)
Alors, c'est une série de portraits qui peuvent d'abord sembler sociétaux, moraux, généraux (l'intellectuel, le jeune acteur, le banquier d'affaire), mais il y a toujours une touche qui montre que c'est une expérience vécue, un personnage connu de l'auteure, donc, un cas particulier. Ne pas généraliser. Il y a des failles chez les êtres, et elle juge rarement.
Et puis il y a aussi des portraits, des scènes, que l'on reconnaît si l'on est familier de son oeuvre. On voit sa mère, son père, son frère, son compagnon, son ex mari, elle-même...Parfois c'est elle déguisée en petit garçon ...Un jeu, un autre angle, un poème.
Et d'autres encore, qui portent sur la possibilité de s'émerveiller : le petit garçon des rues-comme elle capte son esprit d'enfant sans passé ni avenir, tellement dans ce pays dont on ne revient jamais-les oiseaux, le chat, le chien qui apprend son vocabulaire tous les jours. C'est délicieux, c'est délicieux. C'est sans haine, je n'arrive pas à formuler, c'est comme ça, il y a bien sûr le mal, c'est étonnant, pourquoi ? Il y a des gens qui ne pensent pas aux autres, qui sont égoïstes, qui pensent qu'ils sont seuls à compter et à avoir raison alors qu'il y a une petite foule.