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Etonné, plusieurs années après cette lecture, par la netteté du souvenir qu'elle me laisse: c'est une France des confins, les Trente glorieuses pleines de déserts insoupçonnés, un Canada soudain découvert en Région Centre. le narrateur y assemble d'abord les cageots; il montera, plus tard, sur une coupe difficile, il s'y donnera corps et âme jusqu'à en devenir effrayant. C'est du lyrisme sec, d'une violence toute rentrée: j'ai pensé à l'Etourdissement, d'Egloff.
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1950 ; François, jeune bourgeois, rate son bac, et se voit contraint d'aller travailler dans une scierie. Il se retrouve projeté dans un monde totalement différent, dans lequel il lui faut vite faire ses preuves. Dur à la tâche, François va réussir à se faire sa place dans cet univers hostile, et il nous raconte ce quotidien si dur qu'il en devient parfois inhumain. Les journées sont longues (10 heures, parfois plus, sans compter les trajets), rythmées par une cadence infernale, soumises aux intempéries de toutes sortes, et la moindre erreur se traduit par des blessures plus ou moins graves. L'épuisement accompagne sans relâche les travailleurs, et le caractère s'endurci avec le corps. Pas de cadeau entre ouvriers, les inimitiés peuvent se régler de manière brutale, voire cruelle. Dans le même temps, l'auteur tout comme le lecteur développent un profond respect pour ces hommes, forces de la nature que peut de choses peuvent faire vaciller.
Le style est direct, sans fioriture, efficace, à l'image de ce qu'il décrit. Une langue aussi un peu marquée par son époque et son milieu, qui nous plonge littéralement dans ce monde cadencé par la découpe du bois. La lecture est fluide, prenante, et on se surprend à regretter que le calvaire de l'auteur n'ai pas duré un peu plus longtemps, pour nous permettre de suivre encore quelques pages cette aventure du quotidien.

Catherine (Conflans-Sainte-Honorine)
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Après avoir raté son bac et avant de rejoindre les rangs de l'armée, notre narrateur, jeune homme dans les années 50 travaille dans des scieries. il nous raconte, brut, la vie d'ouvrier, la saloperie des patrons qui ne tiennent pas compte des consignes de sécurité, la camaraderie ouvrière, la violence ouvrière également, car dans le monde réel pas de vernis, on se prend des échardes dans la peau. La scierie est un livre qui prend au tripes, le narrateur n'est pas un héros, il peut se montrer franchement détestable, et pourtant jusqu'au bout on s'accroche à ce livre, les doigts enfoncés dans la couverture, repliés, recroquevillés de peur du passage du ruban, d'entendre le bruit de la scie sur les os et de voir s'élever un mince et léger fil de poussière de main. Car La scierie fait mal, mais rien n'est plus hypnotisant que le sang qui goutte sur les copeaux de bois...
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J'en frissonne encore alors que j'ai longtemps eu une vision romantique de la scierie attachée à mon enfance, son odeur de sciure enveloppante.

Ce roman anonyme est un véritable récit à la Zola. L'auteur qui a vécu dans cet enfer pendant 2 ans a souhaité rester anonyme. L'histoire a été retranscrite par Pierre Gripari, auteur iconoclaste, touche à tout, entre autre auteur des contes de la rue De Broca.

Déclassé, ayant échoué à ses examens, il est obligé de se jeter dans l'enfer de la scierie avant de rejoindre l'armée. Nous sommes dans les années 1950. Nous avons peu d'indication sur l'époque, Il fait froid, la neige est sale, même la sciure a une odeur lourde, l'ambiance est électrique et le travail mené à un train d'enfer

Gare à ceux qui lèvent le nez, s'ils n'ont pas un doigt en moins ils peuvent être remerciés pour avoir lambiné. On est loin du cadre chaleureux des métiers nobles du bois, on est au départ de la chaine avant la belle table en coeur de tronc. Pourtant il faut bien débiter, cuber, tailler les grumes. le vocabulaire est dense, on arrondit pas angles, on taille dans le dur.

La valeur du travail est centrale, elle occupe tout l'espace, ils dorment dans leur bleu de travail les journées s'enchainent. On sent et on lit la peur de ne pas trouver du travail, pour certains de devoir redevenir paysan.

« c'est au fond la seule période de ma vie dont je sois fier jusqu'ici, car c'est la seule qui signifie quelque chose. Il m'en reste un immense respect pour le travailleur, quel qu'il soit et quoi qu'il fasse. Évidemment quand j'entends certains parler de travail à tort et à travers je me dis que ces gars-là, s'ils savaient ce qu'est le travail, ils n'en parleraient pas à la légère, et ne feraient pas cette profanation ».



Un monde que l'on imagine pas au chaud derrière nos écrans.
Lien : https://lechameaubleu.fr/
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Un récit puissant, très sensoriel, et qui rend compte sans doute mieux que nul autre la brutalité du travail dans une scierie des années 50.
Néanmoins, la misogynie complètement exacerbée du narrateur en plus de son virilisme insupportable a rendu la lecture difficile, et l'attachement à cet anonyme absolument impossible. Que la brutalité du travail brutalise le travailleur, certes, et le récit appartient à son époque. Il n'en demeure pas moins que certains passages sont vraiment difficiles à lire (par exemple quand le narrateur parle d'une « chose » pour parler d'une femme).
Un récit qui reste intéressant, mais qui n'est supportable que s'il est considéré comme une archive, pure, tout à la fois de l'intime et du monde ouvrier de ces années-là.
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Je sors bouleversée et frappée au coeur et au plexus par ce livre étonnamment moderne. Livre conseillé par une libraire éclairée. C'est bien un témoignage, comme nous le dit Gripari, ET une leçon d'écriture. Comment trouver les mots pour dire ce que ça fait de trimer lorsqu'on est un jeune homme tout frais ? Peut-on conserver son humanité et ses valeurs dans un monde cruel et innommable ? Par moments j'ai pensé à Primo Levi. Ca n'a pourtant rien à voir, se dit-on, mais si, ça a tout à voir. Un monde fermé, un enfer dont on ne peut échapper, un travail qui entrave toute vie, un sommeil malaisé, une relation aux autres qui peine à ne pas être totalement égoïste.
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Un jeune homme issu d'une famille bourgeoise désargentée est contraint de prendre une place dans une scierie. Pourtant les conditions de travail, dans cette France des années 50, y sont éprouvantes et les relations avec ses collègues souvent conflictuelles.
Dans un style aussi abrupt que son caractère, l'auteur, demeuré anonyme, nous immerge dans un monde du travail insoutenable, aux risques innombrables, soumettant les ouvriers à des cadences infernales et cela par tous les temps. Seule sa forte constitution physique lui permet d'y survivre et de se faire respecter.
Voilà un récit percutant, même 50 ans plus tard, qui démythifie quelque peu la légende de la solidarité des classes laborieuses et du bonheur dans le travail.
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Une rencontre avec la violence, la vraie !
La violence qui jette l'auteur dans un monde où l'on n'existe qu'au travers de son travail jusqu'à l'oubli, la mutilation…
Certains voient en ce livre comme un témoignage de la lutte des classes, la lutte d'un ancien bourgeois dans le monde ouvrier; j'y vois plutôt la lutte menée par une grande partie de l'humanité pour la vie.
La vie malgré tout.
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C'est l'histoire d'un jeune bourgeois de 18 ans qui attend d'être enrôlé dans la marine. Il cherche du travail pendant ce temps et en trouve dans plusieurs scieries. C'est à travers ce livre qu'il raconte ces deux années de dur labeur. Avec une plume précise et une économie de mots on retrouve une très belle description du monde ouvrier avec tout ce que cela charrie de rudesse et d'images. J'ai pensé à certains moments à la justesse de Joseph Ponthus dans les descriptions, dans la restitution des sensations. On suit la métamorphose d'un homme durant ces deux années éprouvantes. Un court roman en forme d'uppercut pour le lecteur. Étonnant.
Lien : https://lesmafieuses.wordpre..
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"J'écris parce que je crois que j'ai quelque chose à dire. C'est la vie que j'ai mené entre dix-huit et vingt ans, entre mon échec au bac et mon départ au régiment."

Un jeune homme bourru raconte son quotidien sur une période de deux ans, au début des années 50, durant lesquels il travaille comme manoeuvre dans des scieries des bords de Loire. C'est un travail de force qui se déroule dans de rudes conditions. Il fait froid, humide, les cadences sont infernales et les accidents fréquents. On est immergé dans les manoeuvres techniques de la scierie et la compétition virile entre les ouvriers. le narrateur veut prouver, d'abord à lui même, ainsi qu'aux autres qu'il est capable de tenir le rythme. Il s'accroche autant par orgueil que par nécessité financière. Les conditions deviennent de plus en plus éprouvantes si bien qu'il attend sa convocation au service militaire comme une délivrance.

L'auteur semble écrire pour lui même, pour garder une trace de cette expérience, et l'écriture est brute, précise et sans fioritures. Cette narration convaincante plonge dans la tête de ce jeune campagnard, déterminé et pragmatique, et inconsciemment imprégné d'une idéologie machiste dont le principal enjeux est la domination par la force (du bois, des machines, et de ses collègues). Sur le fond, ce récit authentique présente un intérêt sociologique, mais il reste au premier degré et n'expose aucun questionnement ou remise en question. Bien au contraire, le narrateur est fier de se sentir devenir un homme, "un vrai", c'est à dire dont la valeur se mesure uniquement à sa dureté.

"Bien sur, le contact brutal avec des réalités que je ne soupçonnais même pas m'ont durçi le caractère, et bien plus que je ne l'aurais voulu. Tant pis il est trop tard."

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À propos de la préface

Le livre est préfacé par Pierre Gripari en 1975 qui interprète le récit comme une lutte des classes inversée : la conflictualité du rapport entre ce jeune homme et les autres ouvriers serait due à leur différences de classes. Effectivement le narrateur n'est pas affable avec ses collègues. Cependant, est ce que la cause vient de ses origines bourgeoises ou simplement de son attitude de novice orgueilleux ? M. Gripari semble projetter ici ses fantasmes politiques : "Si la lutte des classes est une réalité, on ne peut pas se contenter de l'accepter en paroles : il faut se battre réellement contre le philistin ouvrier. Celui-ci se gêne-t-il quand il est au pouvoir ? Non seulement il génocide les grands bourgeois, les artisans, les paysans propriétaires, mais il il n'a même pas l'excuse de fonder une société qui tienne debout! En fait il organise la régression, dans tous les domaines : politique, social, culturel et économique."

Quel condensé de banalités réactionnaires ! Comme s'il était nécessaire de rappeler à la bourgeoisie la nécessité de lutter contre les classes populaires. Elle en est déjà pleinement consciente et a largement gagné ce combat "contre le philistin ouvrier". Ensuite, légitimer cette domination avec l'argument que, dans l'hypothèse d'une inversion du rapport de force, le gouvernement populaire serait génocidaire et incompétent, est aussi honnête que d'assimiler tous les pouvoirs bourgeois au régime de Pinochet.

La lecture de la page wikipédia de M. Gripari permet de situer cet homme tout en nuances : "Communiste de tendance stalinienne de 1950 à 1956, il se rapproche ensuite des milieux d'extrême droite."
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