Marianne et Sylvain Plissonnier ont tout pour être heureux.
Enfin presque tout: seul un enfant manque à leur belle histoire.
Malheureusement, Dame Nature s'avère être un obstacle et nos amoureux s'en retournent vers l'adoption pour combler ce vide affectif. Ils décident de se rendre dans un orphelinat ukrainien et tombe sur la petite bouille de Vadim qui deviendra dès lors leur enfant.
Mais à peine quelques semaines plus tard, Dame Nature change d'avis et Marianne tombe finalement enceinte : le petit Nathan va rejoindre ce magnifique petite tribu.
Malgré le métier difficile de sage-femme de Marianne et la carrière déclinante d'écrivain de Sylvain, pourtant vainqueur du Goncourt, la vie semble être paisible pour ces 4 membres de la famille.
Jusqu'au jour où Vadim va parler de son ami imaginaire Voldoya.
Ce personnage va prendre de plus en plus de place dans l'univers familial, changeant les comportements de Vadim d'enfant sage et ouvert d'esprit à un fils plus nerveux et aux bêtises répétées.
Pourquoi ce Voldoya est entré dans la vie de Vadim?
Pourquoi Marianne le craint et craint pour sa famille?
Comment un ami imaginaire peut provoquer autant de malaises et de doutes dans l'esprit de personnes sensées et aux pieds sur terre?
Qu'est-il arrivé la soir du samedi 4 mai dans la maison Plissonnier pour que la baby-sitter s'affole et téléphone en panique à Sylvain?
Toutes ces questions nous torturent l'esprit jusqu'à la dernière page de cet excellent roman d'
AMÉLIE ANTOINE.
Premier ouvrage de cette autrice que je lis et ce ne sera certainement pas le dernier.
Avec une imagination et un style que je qualifierai de “Stephen King-esque” (merci pour la citation en fin de roman, mais chuuuuutttt), Amélie nous embarque dans un thriller psychologique de haut vol.
Elle arrive, avec des personnages qu'on qualifierait de classique (car rien de spécifique leur concernant, des gens lambda), à bâtir un scénario quasi fantastique.
Ces scènes décrites par l'auteure sont d'un réalisme saisissant qu'on peut vraiment se projeter dans l'intrigue et se dire qu'on pourrait la vivre.
Et ce avec des mots simples, sans effets de surprises excessifs, parfois de sous-entendus, mais qui sont tout aussi angoissants.
L'angle choisi par Amélie en faisant le contre-pied entre la vision de la mère protectrice, pragmatique et celle du père plus artiste et rêveur est un atout pour cerner les difficultés des parents vivant ce type de situation.
Elle en profite pour égratigner le monde de l'édition avec les déboires de Sylvain pour réussir à sortir son nouveau roman et à vivre le post “Goncourt” qui lui pèse énormément au moral.
La trame est basée sur un mélange entre passé et présent, ce qui permet de mieux comprendre la psychologie des personnages qui est remarquablement ciselée.
L'écriture est fluide, rythmée par des chapitres, qui passent d'un protagoniste (principal ou secondaire, comme un voisin ou un institutrice).
Avec un scénario pesant, angoissant presque terrifiant et des personnages évoluant de cette sphère familiale si paisible au début, mais qui devient sombre et emplie de malaises,
AMÉLIE ANTOINE nous embarque dans un running littéraire avec cet ami imaginaire comme poisson pilote.
Dès les premiers mots du livre, on veut savoir ce qu'il va arriver.
Un roman addictif qui vous laisse en émoi jusqu'au point final.
En conclusion,
UN ENFANT SANS HISTOIRE(S) est un excellent Pageturner psycho-”fantastico”-dramatique et je peux que trop vous conseiller.
Alors seul à vous de juger si ce Voldoya est une entité fantomatique aux desseins les plus obscurs ou si ce qui arrive à Vadim n'est que la conséquence traumatique d'une enfance troublée par l'abandon.
Mais lui le sait, c'est Vadim qui me l'a dit...