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Citations sur Six lunes noires dans une nuit blanche (7)

Il pleut sans discontinuer, depuis plus d'une semaine. Et avec l'arrivée du sirocco, hier dans la nuit, la pluie s'est transformée en boue liquide, jaunâtre et délétère. Elle frappe les quais de granit avec un bruit mat et gluant, éclaboussant Diuan-Luc de salissures acides. Celui-ci n'y fait plus attention. Il a appris à se passer de douche, depuis que la compagnie des eaux n'assure plus son service public et que l'usine de traitement est à l'arrêt. Il s'est habitué à la crasse, qui le protège des brûlures de l'air et du soleil.
(Quand le jour se lève à l'ouest)
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Le death métal, ce n'était pas vraiment son truc. Mais sa place avait été réservée longtemps à l'avance. Et il n'avait aucune bonne raison de renoncer au spectacle, d'autant que c'était devenu flippant, chez lui,depuis que Jeanne s'était barrée. Ils étaient séparés depuis plus de deux mois, et il en était encore tout chamboulé. Il n'était plus vraiment amoureux d'elle, et peut-être ne l'avait-il jamais vraiment été, mais elle était super canon et aimait le sexe. Sur ce plan, elle lui manquait terriblement. Au début de leur séparation, pour ne pas avoir à affronter la solitude quand il rentrait chez lui, il travaillait très tard, le soir, au bureau. Mais son job n'était pas bandant, et au final c'était encore plus déprimant de bosser comme un dingue que de se retrouver seul dans son salon devant la télé. Au moins, il en profitait pour se saouler la gueule à la bière. Et ça l'aidait à remplir le vide de son existence.
13/11/2015
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Sa première idée avait été d'en parler à ses parents. Mais elle s'était abstenue. A cause des questions inévitables qui s'ensuivraient? De sa mère, surtout. Principalement. Qui ne comprendrait pas. Et qui la presserait de s'expliquer, inquiète.
Annabelle n'était pas disposée à s'étendre sur sa décision. A justifier son geste. Elle quittait Gérard, son amant. L'homme avec qui elle vivait au quotidien. Et c'était définitif, sans appel.
Qu'avait-il fait pour qu'elle décide de le quitter? Elle l'ignorait. Parce que la raison - la vraie raison - n'avait pas atteint l'aire du langage. Elle tournait en boucle dans le tréfonds de son être. Une sorte de maelstrom sombre et effrayant d'une perception sans pensées et sans mots. Une sensation vague mais puissante, pénible, angoissante. Insupportable, à la fin. Mais inexplicable, aussi.
(Même les monstres ont une mère)
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Le nom de Glotome était apparu pour la toute première fois sur un message vocal de détresse intercepté par le système de surveillance du Galilée, le vaisseau spatial sur lequel nous avions embarqué quarante-cinq années plus tôt, en temps SI. Nous naviguions en direction de Cr326t, dans la constellation de Gaya, à environ six parsecs de Li581d, notre base scientifique. Sarguns, l'IA de contrôle permanent à bord du Galilée, avait d'abord tiré la commandante Gavine de son sommeil hypothermique, et celle-ci avait décidé de me réveiller ensuite pour m'informer de la situation.
(SOS)
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je ne sais pas comment elle s'en est rendu compte. Ni à quel moment. Je crois que ça l'a surtout effrayée. Elle n'était pas prête, même si elle savait que c'était techniquement possible. Elle pensait sans doute que nul n'oserait imaginer une abomination pareille. Il fallait en effet être fou ou malade ou pervers pour avoir ne serait-ce que l'embryon d'une idée aussi démente. Ou être un monstre.
Au début, elle ne voulait pas y croire. Tout en elle s'y opposait. Je comprends. Bien que ça m'attriste. Parce que, bien sûr, je l'aime. Et elle le sait. Elle s'en doute, du moins. Je le vois à son regard, quand elle fuit le mien, mais y retourne aussitôt. Parce qu'elle est troublée. Non pas parce qu'elle partage mes sentiments - je crois qu'elle ne ressent rien d'autre que du dégoût à mon égard - mais parce que c'est sans doute plus fort qu'elle. Quelque chose qui dépasse l'entendement et qui l'intrigue. Ca aussi, je le vois à son regard. Rempli de peur et d'incompréhension. Et ça me fout en rage, parce que je n'ai pas voulu ça et elle non plus. Je hais ce monde qui m'a vu naître, et surtout l'homme que je suis et que, paradoxalement, je ne serai jamais.
(Du sang, des larmes et un cerveau)
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CH a tout ce qu'un homme ordinaire peut désirer pour être heureux : un bon job, une jolie femme, deux gamins gentils et bons élèves, une belle maison et une bagnole sympa. Oui, mais voilà, il n'est ni ordinaire ni heureux. Non pas qu'il soit déprimé ou, pire, suicidaire, mais il n'a pas le moral. En fait, CH s'ennuie. Il s'ennuie en famille et il s'ennuie au boulot. En vacances, c'est pareil, puisqu'il les passe en famille. Il s'ennuie en ville et à la campagne; en hiver comme en été. Il aimerait bien le printemps, parce qu'il y a des fleurs, mais il est allergique au pollen. Et l'automne, il se sent triste à mourir sans bien comprendre pourquoi. Le seul exutoire qu'il ait trouvé pour tromper ce marasme existentiel est de surfer sur les réseaux sociaux, et plus précisément sur des forums de philosophie, sous le pseudo de Schubert.
(Programme Schrödinger)
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Chloé lui avait dit un jour qu'il était fondamentalement un être famélique, dont il existe un terme sanskrit, preta, qui sert à les désigner (elle était fan de spiritualités orientales et d'expériences mystiques).
Ces êtres - ces pretas, donc - sont représentés avec un très gros ventre et une bouche très petite. Bien qu'ils possèdent assez d'eau et de nourriture, leur bouche minuscule ne leur permet pas de statisfaire leur faim ou d'étancher leur soif. En clair Charles-Hubert - parce qu'il ne peut se satisfaire de ce qu'il possède - est une sorte de preta. Son ennui n'est pas une maladie mais un symptôme. Le symptôme de son éternelle insatisfaction.

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