Mon destin ô Marie est de vivre à vos pieds
En redisant sans cesse Ô combien je vous aime
Ô faible voix ô faible voix qui me trompiez
Je ne sais plus comment on bâtit un poème
J'ai trouvé quelquefois des rythmes langoureux
Qui faisaient palpiter tout l'amour sous les feuilles
Et je ne trouve rien que ces vers malheureux
Qui méditent ma mort pourvu que tu la veuilles
Or nous regardions les cygnes
Nager ce soir plein de tiédeur
Sur le grand lac où se résignent
Les branches des saules pleureurs
Et c'était l'heure où le jour meurt
Vous dont je ne sais pas le nom ô ma voisine
Mince comme une abeille ô fée apparaissant
Parfois à la fenêtre et quelquefois glissant
Serpentine onduleuse à damner ô voisine
Et pourtant soeur des fleurs ô grappe de glycine
En robe verte vous rappelez Mélusine
Et vous marchez à petits pas comme dansant
Et quand vous êtes en robe bleu- pâlissant
Vous semblez Notre-Dame des fleurs ô voisine
Madone dont la bouche est une capucine
Sinueuse comme une chaîne de monts bleus
Et lointaine délicate et longue comme un ange
Fille d'enchantements mirage fabuleux
Une fée autrefois s'appelait Mélusine
O songe de mensonge avril miraculeux
Tremblante et sautillante ô vous l'oiselle étrange
Vos cheveux feuilles mortes après la vendange
Madone d'automne et des printemps fabuleux
Une fée autrefois s'appelait Mélusine
Êtes-vous Mélusine ô fée ô ma voisine
Mon automne éternel ô ma saison mentale
Les mains des amantes d'antan jonchent ton sol
Les fleurs ne laissent plus tomber aucun pétale
Les colombes le soir tentent un dernier vol
O mon coeur j'ai connu la triste et belle joie D'être
trahi d'amour et de l'aimer encore
O mon coeur mon orgueil je sais je suis le roi
Le roi que n'aime point la belle aux cheveux d'or
Rien n'a dit ma douleur à la belle qui dort
Pour moi je me sens fort mais j'ai pitié de toi
0 mon coeur étonné triste jusqu'à la mort
J'ai promené ma rage en les soirs blancs et froids
Je suis un roi qui n'est pas sûr d'avoir du pain
Sans pleurer j'ai vu fuir mes rêves en déroute
Mes rêves aux yeux doux au visage poupin
Pour consoler ma gloire un vent a dit
Écoute Élève-toi toujours. Ils te montrent la route
Les squelettes de doigts terminant les sapins.
Et toi mon coeur pourquoi bats-tu
Comme un guetteur mélancolique
J'observe la nuit et la mort
Ma chérie oh j'aime ta voix
Ta voix si douce et si câline
Ta voix de cloche cristalline
Ta voix de mandoline
J'aime tes yeux où je me vois
Tes yeux qui sont de l'eau qui rêve
S'en est allée l'amante
Au village voisin malgré la pluie
Sans son amant s'en est allée l'amante
Pour danser avec un autre que lui
Les femmes mentent mentent
Etant marchand de vers je pays en poésie
Elégie
Le ciel et les oiseaux venaient se reposer
Sur deux cyprès que le vent tiède enlaçait presque
Comme un couple d'amants à leur dernier baiser
La maison près du Rhin était si romanesque