- Il est temps pour moi de redevenir un garçon, annonça la guide.
- Pourquoi ? questionna Tobble
- Nous rencontrerons bientôt d'autres voyageurs. Et tout est plus facile quand on est un garçon, expliqua-t-elle en s'attachant les cheveux.
- C'est injuste, estima Tobble
- Tu as raison. Mais la vie est souvent injuste.
Les amis sont un luxe qu'on ne peut pas toujours se permettre.
Nous, les humains, on est très doués pour donner un nom à nos erreurs.
Qui veut connaître l'avenir doit relire le passé.
J'étais responsable d'avoir été capturée. Coupable de ne pas être morte, courageusement, avec les miens.
Etre la seule survivante, cela n'avait aucune valeur. Ce n'était qu'une humiliation et un étouffant sentiment de responsabilité.
- J'aurais tellement voulu les sauver, poursuivis-je en serrant la carte contre ma poitrine. Mais je ne suis même pas capable de me sauver moi-même !
- Ne t'inquiète pas, Byx. On se sauvera l'un l'autre.
- Ce n'est pas un mal d'espérer ?
- On n'a jamais tort d'espérer [...] à moins que les faits ne contredisent l'espoir.
Plus nous approchions de l'île, plus il survint des choses étranges, dérangeantes... mais aussi palpitantes. Jusqu'alors, ma vie s'était résumée à la meute et à l'environnement naturel que nous habitions. Ce monde-ci était différent : rempli d'humains, de chevaux, de carrioles chargées d'objets étranges et de drôles d'aliments, de cris et de bruits.
Je compris aussitôt : elle me montrait qu'elle me faisait confiance en me dévoilant son dangereux secret.
Sauf que moi, je n'avais pas confiance en elle. Je n'aurais jamais confiance en elle.
Mais je ne la craignais plus.
Qui veut connaître l'avenir doit relire le passé. Et le passé nous apprend une chose certaine : les humains veulent toujours plus. Plus de territoires, plus de pouvoir, plus de gloire. Cela a toujours été le cas. Et cela ne changera jamais.