L'esclavage de type colonial est une véritable abomination. La Révolution Française de 1848 instaurant une Seconde République met fin à l'esclavage par décret, ceci afin de calmer les révoltes dans les colonies et empêcher accessoirement l'Angleterre (qui l'avait aboli dès 1808) de s'emparer de ces territoires que cela soit aux Antilles ou bien à l'île de la Réunion.
C'est sur cette dernière que se situe l'action de ce récit qui va s'intéresser au destin d'Edmond Albius, une jeune esclave qui a découvert le procédé artificiel de la fécondation de la vanille qui va faire la fortune des propriétaires des plantations de l'île. Voilà un esclave en or !
C'est horrible de constater que les colons étaient prêts à se battre contre les émissaires de la République pour ne pas se voir imposer l'abolition de l'esclavage. A chaque fois, on constate que c'est bien eux le problème car ils se croient maîtres de leur univers. Leur devise : « celui qui libère mes esclaves, je le tue ! ». On ne peut pas être plus clair. Les réflexions des colons créoles ou blancs dans cette BD donnent véritablement la nausée mais c'était la véritable pensée de l'époque.
Le véritable problème était que les employeurs ne voulaient pas payer le travail des noirs car ils estimaient qu'ils étaient déjà logés et nourris. C'est purement une logique capitaliste et égoïste. On va également s'apercevoir que d'esclaves, ils vont passer ouvriers mais exploités à fond par les propriétaires avec de misérables salaires. Les conditions de travail ne seront guère meilleures.
A noter quand même que le gouvernement va offrir des compensations financières pour la perte des esclaves à la minorité des propriétaires blancs dont les affaires vont pouvoir prospérer. Bref, l'argent du crime n'était pas allé aux victimes mais aux bourreaux !
Cette BD donne un témoignage de ce que fut l'esclavage et nous indique que son abolition n'a pas vraiment profité à ces nouveaux hommes libres qui continuaient à être exploités en vendant leur force de travail contre des sommes dérisoires.
L'exemple d'Albius est d'ailleurs assez marquant. En effet, il a permis à l'île de la Réunion de devenir le premier exportateur mondial de vanille et il est mis en prison pour un petit larcin de quelques babioles !
Aujourd'hui encore dans le monde, près de 40 millions de personnes seraient toujours victimes d'esclavage. Or cette pratique est interdite et condamnée dans de nombreux pays. Il faudrait en finir une fois pour toute avec cela.
Un mot sur le dessin pour dire qu'il est très agréable pour la lecture avec de belles planches colorées. Correct et efficace seraient les deux qualificatifs que je choisirais pour définir le graphisme.
Au final, une lecture assez instructive sur l'esclavage mais également sur la découverte du procédé de reproduction de la vanille sur l'île de la Réunion. En prime, on aura même droit à une belle histoire d'amour.
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Edmond Albius est le jeune esclave qui a découvert comment féconder la fleur de vanille pour obtenir une gousse. Il n'obtiendra jamais les bénéfices de sa découverte. A travers son histoire, on découvre l'abolition de l'esclave sur l'île Bourbon, qui va devenir la Réunion.
J'ai apprécié ma lecture de ce biopic sur l'homme qui a offert sa richesse à la Réunion. Un drôle de destin pour ce garçon intelligent mais dont la condition d'esclave biaise forcément le devenir. Mais son histoire est aussi le prétexte d'aborder l'abolition de l'esclave. C'est un pan de l'Histoire important.
L'album se termine par un cahier qui reprend les biographies de différents protagonistes du récit, replace le contexte, mais parle aussi de la bande dessinée réunionnaise qui voit ses prémices à la même époque. Bref, un complément qui permet d'approfondir le sujet.
Côté dessins, le trait, assez classique, colle parfaitement à l'histoire et la palette de couleur, assez naturelle, donnent une forme qui veut coller au mieux à la réalité.
Cet album est une excellente entrée en matière pour découvrir l'histoire d'un homme oublié pris dans la grande Histoire.
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Qui sait que la vanille Bourbon est née des mains d'un esclave dans les années 1840 ? Moi, depuis que j'ai lu cette BD !
Il s'agit de la biographie d'Edmond Albius, jeune esclave féru de botanique qui a inventé un procédé manuel pour féconder la fleur du vanillier et faire apparaître la gousse. Cela fera la fortune de son maître et des autres planteurs blancs, mais pas la sienne. En marge de la vie de ce personnage atypique, c'est tout le contexte historique de l'abolition de l'esclavage qui est décrit.
Le livre, basé sur de solides recherches documentaires, est à la fois instructif et récréatif. Peut-être un bon support pour aborder la question de l'esclavage dans les collèges et lycées.
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Edmond, 12 ans en 1841 sur l'île Bourbon, est un jeune esclave très intelligent qui a trouvé comment féconder la vanille manuellement. Cette découverte est une véritable manne pour ses maîtres. Non seulement ils vont tirer beaucoup d'argent du commerce de la vanille mais ils louent Edmond aux autres propriétaires pour qu'ils puissent apprendre aussi. La violence contre les esclaves va marquer Edmond à vie. le 21 avril 1848, l'abolition de l'esclavage est proclamée. le 20 décembre 1968, l'esclavage sera totalement illégal. Edmond rêve de sa liberté mais saura-t-il en profiter quand il l'aura ?
C'est un roman graphique intéressant sur l'abolition de l'esclavage.
J'ai aimé les dessins qui sont simples et très agréables à lire.
Edmond rêve d'être libre et il compte bien sur ses connaissances particulières sur la fécondation de la vanille pour y parvenir. Seulement il est noir, et pour les noirs rien n'est jamais facile. Il est énervant, toujours à se vanter car il sait qu'il est très intelligent. Lorsque l'esclavage est enfin abolit, cela se passe très mal dans les colonies.
J'ai pas réussi à m'attacher au personnage d'Edmond. Très impulsif et vaniteux.
Mais j'ai aimé l'aspect historique de ce graphique. Il nous rappelle que l'abolition de l'esclavage a été une grande révolution et pourquoi les blancs y ont été tellement réfractaire. Les mentalités n'étaient pas prêtes a un tel changement, que ce soit du côté des maîtres que du côté des esclaves.
Ce graphique est très bien documenté.
Bref, je le recommande.
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Cette bande dessinée retrace la vie d'Edmond Albius, jeune esclave qui a découvert le procédé de fécondation de la vanille et en fait profiter son propriétaire qui s'enrichit sur l'île Bourbon, grâce à lui. En parallèle, en France, la révolution de 1848 permettrait aux esclaves de gagner leur liberté. Et si l'abolition de l'esclavage était sur le point d'arriver sur l'île de la Réunion ? J'ai apprécié ce récit tout comme le dossier que j'ai trouvé documentés et intéressants. Les dessins, la colorisation et le titre recherché sont une réussite. #Vingtdécembrechroniquesdelabolitiondelesclavage #NetGalleyFrance
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Une BD historique assez sympathique.
Nous suivons ici le parcours d'un jeune esclave ayant découvert la manière de produire de la vanille à grande échelle, juste avant l'abolition de l'esclavage en France. Ce jeune homme va tenter de vivre sa vie une fois libre, mais un papier ne suffira sans doute pas à changer réellement les rapports de force entre les colonisateurs et les anciens esclaves...
Si le dessin marche bien, ainsi que l'histoire, la BD reste malgré tout assez classique. Elle manque de ce petit quelque chose qui rend une BD exceptionnelle. Il n'empêche qu'elle reste très correcte, et elle vaut le coup, surtout si le sujet vous intéresse.
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Merci à Babelio et aux éditions Dargaud pour ce livre reçu dans le cadre de la masse critique "graphique" de décembre 2023.
1841 : sur l'île Bourbon, qui ne s'appelle pas encore La Réunion, Edmond, un jeune esclave auquel son propriétaire, Bellier Beaumont, a transmis sa passion de la botanique, découvre un procédé pour féconder les plants de vanille, permettant la production des gousses qui vont faire la richesse de l'île. Huit ans plus tard, nous le retrouvons retourné à son statut d'esclave. Mais en France, la révolution a éclaté et la rumeur de l'abolition de l'esclavage parvient jusqu'à l'île, suscitant l'espoir chez les esclaves mais la colère chez les propriétaires. Quand arrive le commissaire de la République, Joseph Sarda-Garrida, tous l'attendent de pied ferme, sous l'oeil attentif de Martial Potémon, un jeune dessinateur...
Je savais que la pollinisation de la vanille avait été découverte par un jeune esclave, Edmond Albius, mais j'ignorais tout de sa vie et c'est avec beaucoup d'intérêt que j'ai lu cet album, qui traite d'ailleurs tout autant de l'abolition de l'esclavage à La Réunion, bien documentée par les dessins de Roussin et Potémon, que du destin d'Edmond. J'ai déjà lu plusieurs livres qui dénoncent les traitements infligés aux esclaves, mais c'est toujours aussi révoltant et, bien que les dessins plutôt ronds en atténuent le tragique, cet album rappelle la cruauté et l'inhumanité de l'esclavage à travers des scènes de leur vie quotidienne. Mais ce que j'ai trouvé le plus intéressant, c'est ce qu'il advint après l'abolition : comment les anciens esclaves ont été pour certains conservés avec un contrat de travail qui les traitait à peine mieux, tandis que ceux qui refusaient étaient réduits à la misère dans des taudis ou exploités sans vergogne, remplacés par des Indiens sous-payés alors même que les propriétaires des exploitations agricoles avaient été indemnisés pour leur permettre de payer désormais leurs employés. Quant au destin d'Edmond Albius, quelle indignité pour ceux qui ont profité de sa découverte sans rien lui accorder en compensation !
Apollo et Tehen ayant bénéficié d'une résidence d'artistes aux archives départementales de la Réunion, cette bande dessinée est très bien documentée et permet, à travers le personnage d'Edmond, de faire découvrir tout un pan de notre histoire souvent méconnu. Seul petit bémol, j'ai trouvé qu'à suivre plusieurs personnages l'intrigue manque un peu de fluidité.
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