Le problème entre nous était de mon côté, c'était la date de mon suicide fixée le jour de mes trente ans. J'imagine que si tu ne m'avais pas quittée, que si tu m'avais aimée jusqu'à la veille de mes trente ans, ma mort t'aurait marqué à vie et ce n'est pas parce que la solitude du jour au lendemain t'aurait fait crever, ce n'est pas non plus parce que dans le futur, tu n'aurais pas pu en aimer d'autres sans avoir peur que ton amour tue encore, mais parce que dans le choc de ma disparition, tu aurais compris que je venais de t'échapper en emportant avec moi toutes les réponses, et aussi parce que dans tous les souvenirs que tu aurais gardés de moi, tu buterais sur mon cadavre. Si on en veut aux gens qui se suicident, c'est parce qu'ils ont toujours le dernier mot.
On s'est disputés pour la première fois et pour la première fois j'ai pleuré. Peu à peu depuis ce soir-là, tu as compris que mes larmes étaient ta punition, ce soir-là je t'ai appris que la souffrance pouvait être une arme. En me voyant pleurer, tu as posé la tête sur mon ventre et j'ai supposé que ce geste faisait de toi un père. Trois mois plus tard, j'étais enceinte de toi.
Chez les putes, ce qui paraît doit toujours être interprété à l'envers