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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
"La fille dans la tour" reprend sans transition la suite du récit commencé dans "L'ours et le rossignol".
Vassia quitte les siens et se lance à la découverte du "vaste monde", cap au Sud !
On retrouve avec plaisir cette Russie médiévale avec ses us et coutumes, son folklore, ses expressions et son vocabulaire si particulier, le fantastique est omniprésent et l'on a plus que jamais la sensation d'évoluer dans un conte.
Sentiments étranges pour ce tome deux car je confirme mon impression que cette histoire est orientée "littérature jeunesse", notre jeune héroïne est assez naïve et parfois carrément horripilante, ajoutons effrontée et irréfléchie et nous avons là l'essentiel des défauts que l'on prête généralement à la jeunesse avant qu'elle ne passe ;)
En fait, je vais essayer de traduire ce qui m'aura un peu agacé, imaginez un Calimero qui ne se plaindrait jamais, je m'interdis de spolier, mais il y a de ça...
La première moitié du récit manque un peu de rythme voire d'intérêt, c'est tantôt gentillet et sans réel suspense, par contre (et heureusement), il y a un vrai changement de braquet dans la seconde partie où cela devient assez sombre et brutal et ce, sans préavis, les événements prennent une densité assez exceptionnelle, c'est... assez spectaculaire !
A l'arrivée c'est tout de même encore un bon moment de lecture qui me fait envisager le troisième tome avec optimisme et envie.
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Cette lecture ne m'a pas vraiment emballée. le récit commence juste après les événements du premier tome. Dans ce dernier, j'avais vraiment craqué sur Vassia, le personnage principal et les thématiques abordées : liberté de la femme et communion avec la nature.

Dans cet opus, j'ai trouvé que Vassia n'avait plus rien à voir avec le personnage que j'avais quitté dans l'Ours et le Rossignol. Son inconstance et son attitude nonchalante vis-à-vis des risques qu'elle fait courir à sa famille m'ont lassée.
Les thématiques, même si elles se rapprochent du premier opus, ont pris une teinte négative dans la façon dont l'auteure les a développées. J'ai compris le retournement du personnage puisque nous sommes dans un récit initiatique et que l'héroïne doit faire des erreurs pour apprendre de celles-ci mais...

Et là on arrive à ce qui m'a vraiment dérangée. L'Ours et le Rossignol s'inscrit dans une littérature plutôt adulte même si l'histoire est basée sur un conte. Dans la Fille et la Tour, j'ai eu le sentiment désagréable d'être dans une fantasy young-adult. Alors j'aime bien le young-adult quand c'est bien fait. Et ce pourrait être le cas ici. Sauf que je m'attendais à lire une fantasy plus adulte comme dans le 1er tome d'où ma déception.

Je vais quand même tenter le troisième et dernier tome puisque l'on me souffle dans l'oreillette qu'il est excellent...
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C'est avec délectation que j'ai de nouveau foulé les terres froides et enneigées de la Rus', chevauchant aux côtés de la jeune Vassia, devenue le jeune Vassili parce qu'en ce temps-là, les filles (femmes) n'avaient aucun droit.

Juste l'obligation de rester à sa place dans la cuisine (ou dans une tour, pour les nobles), de se marier, de faire des gosses, d'aller au couvent (si les autres options ne plaisaient pas) : bref, interdiction de se soustraire à l'autorité des mâles.

Le premier tome nous faisait découvrir la vie dans un petit village de la Rus' des années 1300, les folklores, les légendes, les contes, l'intrusion de plus en plus grande de la religion, reléguant aux orties les esprits des maisons, alors que celui-ci nous fera voyager jusqu'à Moscou et ses complots politiques pour devenir calife à la place du calife.

Si la première partie de ce récit est plus calme (sans jamais me sembler ennuyeuse), dans la seconde partie, l'autrice change de vitesse et appuiera sur le champignon, nous faisant entrer dans un rythme plus trépidant, aux multiples rebondissements.

Les personnages ne sont pas figés, ils peuvent cacher leur jeu et j'ai eu quelques surprises, comme dans le premier tome. Morozko, le démon de gel évolue, c'est un personnage complexe qui ne se dévoile pas, ou peu. Je l'ai trouvé très touchant. Il sent que la religion nouvelle est en train de le faire disparaître et son déclin fait peine à voir.

Vassia, elle, sera plus téméraire, n'écoutant pas la voix de la sagesse de son grand frère, foutant le bordel monstre dans sa famille, tant elle voudrait être un garçon afin de s'affranchir des règles qui pourrissent les vies des femmes.

Elle aurait pu faire preuve d'un peu de discernement et ne pas foncer tête baissée… Ses combats sont justes, mais parfois, il faut savoir faire profil bas et laisser pisser le mérinos.

Son caractère vif lui joue souvent des tours, sa soif de liberté aussi. Bah, nous avons été jeunes aussi et nous n'avons pas écouté les voix des anciens qui nous disaient de faire attention… Cela le rend plus réaliste, plus crédible, toutes ces contradictions.

La vie sociale dans cette époque lointaine est très importante dans le récit, elle prend une place non négligeable. Heureusement, l'Histoire, la religion et la vie sociale sont toujours incorporées de manière subtile dans le récit, sans jamais le rendre lourd ou redondant.

Il en sera de même pour l'aspect politique, avec les rivalités, les tributs à payer au Khan, les jeux de trônes… Tout cela est incorporé par petites touches, sans que cela pèse sur le rythme du récit. D'ailleurs, les combats sont toujours les mêmes, que l'on soit en 1300 ou en 2022, même si nous avons plus de droits et plus l'obligation d'aller à la messe. Ouf !

Le petit bémol sera pour la perte du folklore Rus' : les esprits des maisons (Tchiorti) et tous les autres sont moins présent dans ce deuxième tome, sans doute dû au fait que la religion catholique prend plus d'ampleur et que les gens oublient de laisser des offrandes à tous ces diables des contes et légendes qui existent bel et bien.

Le côté fantastique et la magie sont plus présents que dans le premier tome, ce qui n'est pas un souci, que du contraire. L'univers créé par l'autrice est riche d'Histoire, de contes, légendes et cette lecture fut enjouée, ne manquant pas de rythme et de surprises.

Ce sera donc sans hésitation que j'ouvrirai le troisième et dernier tome de cette trilogie qui plaira aux plus jeunes comme aux plus anciens, qu'ils aiment ou pas la fantasy, car les romans lorgnent plus du côté du fantastique.

Lien : https://thecanniballecteur.w..
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C'est avec grand plaisir que j'ai commencé le deuxième tome de la trilogie, pour retrouver Vassia dans une Rus' du XIVe siècle mâtinée d'un merveilleux inspiré du folklore. Devenue adolescente, notre héroïne se cache dans les lointaines contrées glacées, sous les traits d'un garçon. Rencontrant régulièrement le dieu du gel (et de la Mort) Morozko, elle parvint à sauver des fillettes de bandits mongols. Elle revoit par hasard son frère Sacha, ordonné prêtre et conseiller du Grand-Prince Dimitri. Sacha est mal à l'aise de retrouver sa soeur déguisée en garçon, mais Dimitri s'entiche du jeune héros qui lui a indiqué le camp des brigands qui ravageait la région.

J'ai trouvé la première partie un peu longue, je me suis demandé si certains chapitres n'étaient pas là que pour remplir des pages… Heureusement, la seconde partie à Moscou est plus animée, plusieurs fils d'intrigues se nouent et s'entremêlent.

Évidemment, je n'avais plus l'heureuse surprise de la découverte du premier roman, où l'auteure m'offrait un univers qui me dépaysait totalement, avec les entités du folklore si fascinantes : les tchiorti, esprits des foyers, des bains ou des écuries, le dieu du gel si ambigu… Nous les retrouvons dans ce récit, avec une description de la société moscovite pétrie de codes et de complots, et un État asservi à la Horde d'Or des Mongols dont le Grand Prince de Moscou aimerait se débarrasser.

La vie des femmes de la haute noblesse moscovite à cette époque est particulièrement effrayante pour une lectrice du XXIe siècle, car elles devaient rester hors de la vue des hommes, donc elles demeuraient enfermées dans les palais. Notre Vassia, impétueuse, ne peut accepter un tel destin, mais elle se met continuellement en péril par le simple fait de ne pas se soumettre à ce que la société attend d'elle. de plus, petite-fille de sorcière, elle voit les esprits et les fantômes, et ce don est dangereux. Dans un univers où la religion orthodoxe imprègne la vie quotidienne, où les prêtres sont respectés, une femme comme Vassia doit dissimuler sans cesse sa nature.

L'auteure aborde un thème déjà rencontré dans des sagas de Fantasy : l'Ancien Monde, celui des esprits et des dieux, disparaît peu à peu devant la puissance de la religion chrétienne. Dans la trilogie Winternight, il s'anémie parce que les humains n'y croient plus et ne font plus d'offrandes aux entités surnaturelles.

Comme le précédent livre du cycle, cet opus propose une vraie fin. Je pourrais n'avoir aucune idée de ce que serait l'histoire du troisième et dernier épisode, cependant Vassia rêve de voir du pays, et un lecteur curieux aura fait des recherches sur internet pour découvrir qu'à cette époque le Grand-Prince Dimitri a chassé les Mongols de son territoire… À suivre, donc !
Lien : https://feygirl.home.blog/20..
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Un bon roman mystique aux allures de conte initiatique se passant dans la Russie médiévale. Une héroïne sorcière femme sauvage, un paysage de neige et de glace, beaucoup d'aventures, de combats, de violence. Un roman où l'enchantement, la magie cotoie la violence des hommes et à la rudesse de l'hiver.
Il s'agit de la suite de L'ours et le rossignol que j'avais adoré.

Si vous aimez ce genre de romans, vous aimerez sans doute également Déracinée de Naomi Novik, que j'ai lu récemment.

Je lirai avec plaisir le 3e roman de la trilogie : L'hiver de la sorcière, l'année prochaine en 2023.

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« La fille dans la tour » est le deuxième tome de la trilogie « Une nuit d'hiver ». Nous suivons la suite des aventures de Vassia.
*
Comme pour « le rossignol et l'ours », le charme incontestable de cette trilogie vient de son atmosphère médiévale dans une Russie ravagée par des tueries et des pillages orchestrés par des brigands Tatars.
C'est dans ce contexte que débute ce second tome.
Après une première partie qui tire un peu en longueur, l'intrigue se met en place doucement et le récit devient plus intéressant, voire prenant dans le dernier tiers.
Le récit se déplace de Lesnaïa Zemlia, le village natal de Vassia vers les immenses forêts ancestrales, puis vers Moscou et la cour du prince Dimitri Ivanovitch, centre d'intrigues et de dangers.
*
A travers le parcours de notre jeune héroïne, l'auteure aborde la condition de la femme dans une société patriarcale très conservatrice et religieuse. Les personnages féminins sont très bien dessinés, chacun revêtant un « costume » permettant à l'auteure de dessiner une image de cette Russie.
Qu'elles soient femmes de la cour ou paysannes, leurs choix se limitent au couvent ou au mariage forcé.
A l'image des femmes de hauts rangs, Olga, la soeur ainée de Vassia, marié à un conseiller du grand prince Dimitri Ivanovitch, vit recluse, loin de l'agitation de la cour, dans une tour avec quelques dames de compagnie et sa fille Maria. Malgré sa vie de captive, elle porte en elle beaucoup de dignité, de courage et de force.
La petite Maria, vive, intelligente et curieuse, rêve de liberté, mais sa vie paraît toute tracée.
Quant aux femmes de plus basse condition, leur sort est peu enviable. Elles aussi sont soumises au carcan d'une société qui soumet les femmes aux décisions de leur père, puis de leur mari. Et que dire de ces bandits mongols qui tuent, violent, ou kidnappent les femmes et les enfants.
Dans sa quête de liberté, Vassia va choisir une autre voix. On retrouve le caractère affirmé de cette jeune femme, forte, indépendante, mais aussi un peu naïve, qui veut se libérer de ses entraves.
Sensible au monde de l'invisible et à la magie qui l'entourent, elle trouve un appui dans le magique cheval bai Soloveï, tout aussi impétueux que sa maîtresse. J'ai beaucoup aimé la relation que tisse la jeune fille avec lui !
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Les hommes sont aussi bien représentés, même s'ils passent au second plan.
Moins présent dans ce second tome, le prêtre Konstantin, toujours aussi fanatique et manipulateur, lutte pour que les anciennes croyances religieuses peuplées d'esprits et de créatures fantastiques soient abandonnées au profit du christianisme.
Sacha, le frère de Vassia, ordonné prêtre et conseiller du Grand-Prince Dimitri, désapprouve l'attitude de sa jeune soeur, en totale contradiction avec la morale de l'époque.
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Dans une langue fluide et ensorcelante, l'auteure fait revivre cette merveilleuse ambiance de contes russes et d'anciennes croyances païennes avec une quantité de personnages surnaturels fascinants.
En particulier Morozko, le roi de l'hiver, pour lequel l'auteure entretient une ambiguïté jusqu'au dernier quart du roman en jouant sur son attirance pour la jeune fille et son statut de Dieu de la mort.
L'auteur épice son récit d'autres démons et créatures légendaires extraits de la mythologie slave, comme la terrible sorcière Baba Yaga, Polounotchnitsa la « Dame de Minuit » un démon féminin qui effraie les enfants la nuit, le domovoï l'esprit protecteur du foyer, le Bannik l'esprit des bains, le Dvorovoï l'esprit de la cour, et bien d'autres.
*
Une bonne suite, les talents de conteuse de Katherine Arden sont indéniables, l'écriture est belle et fluide, mais ce deuxième tome m'a un peu moins charmée que le précédent : l'univers fantastique proposé n'offre plus l'attrait de la nouveauté et se met en place trop tardivement à mon goût.
Cette histoire offre tout de même un très agréable moment de détente : l'atmosphère si particulière, entre folklore, légendes russes, violence et magie, continue à me fasciner toujours autant.
Je lirai bien entendu le dernier tome de cette trilogie.
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Deuxième tome de la Trilogie d'une nuit d'hiver, La Fille dans la Tour nous emmène à Moscou, avec Vassia et Solovei, son fabuleux cheval.
Fin des forêts du grand Nord, après une première partie un peu convenue, on découvre le kremlin médiéval, ses intrigues et ses guerres d'influence, le décalage entre la liberté des jeunes boyards qui montent à cheval, s'enivrent et voyagent, et la condition des femmes nobles qui ne quittent jamais le terem, le quartier des femmes, qu'elles soient enfant, jeune fille ou femme mariée.
L'action est soutenue et Vassia, qui n'en fait qu'à sa tête, se mettra dans des situations impossibles.
Et bien sur, même si un peu moins présents, on retrouvera les tchiorti, domoviye et bannik qui font partie du charme de ce roman.
En route pour le troisième tome...
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La fille dans la tour prend la suite directe de L'ours et le rossignol.
On retrouve Vassia sur son fidèle destrier Soloveï arpentant la forêt enneigée du Nord de la Russie.
Notre héroïne part à la découverte de Moscou et d'autres régions qui lui sont inconnues, parfois déguisée en garçon pour les commodités du voyage.
On mesure alors la différence entre la vie quotidienne des hommes et des femmes. Ces dernières sont le plus souvent cantonnées dans la tour de leur palais, le terem des femmes qui donne son nom au roman. On partage d'autant mieux sa soif de liberté et de découverte.

J'ai préféré ce tome au premier car tout en y retrouvant ce qui en fait le charme (une répartition entre réel et fantastique bien équilibrée, le folklore et les légendes russes), le récit est plus rythmé et riche en péripéties, ce qui n'a pas été pour me déplaire.
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Deuxième tome de la « trilogie d'une nuit d'hiver », « La fille dans la tour » fait directement suite aux événements mis en scène dans « L'ours et le rossignol », premier roman de Katherine Arden sorti l'an dernier et qui avait remporté un grand succès auprès du public. A noter que si ce second volume est présenté comme pouvant se lire totalement indépendamment, ce n'est à mon sens pas vraiment le cas. En effet, autant le premier tome pouvait se suffire à lui-même, autant le second nécessite d'avoir lu le précédent pour bien saisir toutes les subtilités et les enjeux de l'histoire. [Je conseille d'ailleurs à ceux qui n'auraient pas lu le premier tome de la trilogie de passer directement au paragraphe suivant au risque de se voir révéler certains pans de l'intrigue précédente.] On retrouve ici les mêmes personnages que dans « L'ours et le rossignol », l'action se situant juste après les événements qui ont bouleversé le quotidien de la famille Pétrovitch et du village de Lesnaïa Zemlia. Cette fois encore, c'est Vassia qui se trouve au coeur du récit. Après son départ précipité de son village natale, la jeune fille se retrouve à errer sur les routes sans aucune destination en tête : puisqu'il lui était impossible de demeurer chez elle après qu'un prêtre l'accusant de sorcellerie ait attisé l'hostilité des villageois à son égard, notre héroïne décide de profiter de cette opportunité pour parcourir le monde et se libérer du carcan imposé ordinairement à son sexe. Très vite, la jeune fille va toutefois faire plusieurs rencontres qui vont bouleverser ses plans. le roi de l'hiver, d'abord, ainsi que toute une cohorte de créatures féeriques qui voient leur force décliner à mesure que le christianisme gagne des fidèles. le prince de Moscou en personne, ensuite, parti battre la campagne en quête des brigands Tatars qui ravagent les villages autour de la capitale et en enlèvent les jeunes filles. Déguisée en garçon, Vassia va, sans vraiment le vouloir, s'attirer la sympathie du prince qui l'invite à le suivre à Moscou. Là-bas, la jeune fille retrouve avec joie son frère et sa soeur, l'un moine, l'autre princesse. Tous deux ont toutefois bien du mal à digérer de voir leur petite soeur se départir aussi effrontément de la discrétion et des codes imposées aux femmes, mettant ainsi en péril sa propre réputation et la leur. Outre les mentalités de l'époque, notre héroïne va aussi se retrouver confrontée à un vaste complot à la cour de Moscou impliquant aussi bien des hommes ordinaires que des créatures surnaturelles.

Comme dans « L'ours et le rossignol », le principal charme du roman vient du dépaysement procuré par le contexte historique choisi. Si la période médiévale est fréquemment mise en scène en fantasy, ce n'est pas le cas de l'histoire et de la culture russe avec lesquelles le lectorat occidental est sans doute peu familier. La reconstitution de la Russie de l'époque est d'ailleurs d'une grande qualité. Si l'action du premier tome se limitait au domaine reculé de Lesnaïa Zemlia et permettait ainsi de mettre en lumière la disparité du territoire russe (qui n'a alors rien d'une entité unifiée), ce second tome se déroule pour sa part essentiellement à Moscou et aborde le sujet de la domination mongole. En effet, les seigneurs mongols règnent alors sur une grande partie de l'Europe de l'Est : les différents princes leur sont donc soumis, bien que l'éloignement et les dissensions internes à la Horde d'or leur permettent de desserrer parfois quelque peu l'étau de la soumission. Sans jamais s'appesantir trop en détail, au risque de rendre le récit indigeste, l'auteur nous immerge dans la culture russe par petites touches. Cela passe d'abord par l'emploi d'un vocabulaire spécifique qui participe au dépaysement et qui permet à l'auteur d'ancrer son récit dans l'histoire. Outre le contexte géopolitique, le lecteur apprend à se familiariser avec la religion qui occupe une place centrale dans le récit. En effet, quand bien même le lecteur a sans doute connaissance des particularités propres au christianisme de l'époque, il y a des chances pour que la religion orthodoxe lui soit beaucoup moins familière. Là encore, l'auteur ne s'embarrasse pas de longues descriptions mais parsème son récit de références à des titres, des lieux ou des fêtes qui permettent au lecteur de bien cerner les spécificités du culte orthodoxe. le folklore russe convoqué ici change lui aussi de ce dont on a l'habitude. Après les roussalka, les domovoï ou les banniks (esprits des bains), notre héroïne va se retrouver confrontée à la Polounotchnitsa (la « dame de Minuit »), à un gamaïoun (oiseau avec une tête de femme capable de prédire l'avenir), et bien sur au fameux roi de l'hiver déjà évoqué dans « L'ours et le rossignol », Morozko.

Outre la qualité de la reconstitution historique, l'intérêt de l'ouvrage réside aussi dans celle des personnages. Vassia reste toujours aussi attachante que lorsqu'elle était enfant et il est difficile de ne pas être touché par sa quête de liberté. La condition des femmes de l'époque se trouve d'ailleurs au coeur du roman qui nous dépeint une société patriarcale particulièrement rigide dans laquelle les femmes de l'aristocratie n'ont d'autre choix que la séquestration à perpétuité, qu'elles optent pour le mariage ou le couvent. Les scènes se déroulant dans le « terem » sont ainsi particulièrement oppressantes et permettent de mettre en lumière une pratique attestée de l'époque qui consiste à faire vivre les femmes de la cour dans des appartements ou des bâtiments séparés, et ce afin de les couper totalement des hommes et de toute vie sociale. C'est le sort qui échoit à Olga, la soeur de Vassia, ainsi qu'à sa fille, condamnée à passer sa vie dans le terem sans rien connaître du monde ni même de Moscou. L'auteur signe avec ces trois personnages de très beaux portraits de femmes, toutes très différentes les unes des autres mais fortes chacune à leur manière. Ainsi, si on ne peut s'empêcher d'admirer l'audace et l'entêtement de Vassia qui entend bien bénéficier de la même liberté que ses frères, le personnage d'Olga, princesse soucieuse des conventions et des traditions, possède une forme différente de courage qui lui permet de susciter, pour d'autres raisons, l'admiration et la sympathie du lecteur. Il en va de même de la petite Maria dont le sort ne peut qu'émouvoir dans la mesure où il témoigne parfaitement de l'absurdité et de l'horreur du carcan imposé alors aux femmes de haut-rang. Les personnages masculins sont pour leur part plus en retrait, même s'ils bénéficient eux aussi d'une personnalité soignée, qu'il s'agisse de Sacha, du prêtre Konstantin ou du prince Dimitri. le personnage le plus énigmatique de la série reste toutefois le roi de l'hiver, Morozko, qui entretient avec la jeune fille une relation troublante et très émouvante dépeinte avec beaucoup de sensibilité par l'auteur.

On retrouve dans « La fille dans la tour » les mêmes qualités qui faisaient déjà le charme de « L'ours et le rossignol ». Outre l'originalité du décor et du bestiaire mis en scène, le roman séduit surtout par l'empathie que l'auteur parvient à faire naître pour ses personnages, et notamment son héroïne au côté de laquelle on prend énormément de plaisir à découvrir l'histoire et la culture russe du Moyen-Age. Sans doute l'une des plus belles découvertes de l'année.
Lien : https://lebibliocosme.fr/201..
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Que je l'ai trouvé long, ce démarrage !!

Par contre, à la fin, le rythme s'accélère follement et les rebondissements sont bien amenés.

A la fin du tome 1, on assistait au sacrifice de Piotr, qui donnait sa vie pour que Morozko puisse réenchaîner l'Ours. Sa seconde épouse y laissait aussi sa vie, sacrifiée par Konstantin, qui lui, s'en tire vivant le bougre ! Et c'est loin d'être un détail, car Vassia ne va pas tarder à le retrouver sur son chemin, toujours aussi plein de désir refoulé transmuté en haine à son égard...

En attendant, Vassia, qui n'a pas envie de porter le chapeau pour les décès de son père et de sa belle-mère, disparaît, et tous, même Konstantin, pour un temps, la croient morte...

Réfugiée auprès de Morozko, elle décide de partir parcourir le monde et son destin va croiser celui de son frère, le moine, aux trousses en compagnie du prince Dimitri d'une bande de pillards.

Mais ces fameux pillards ne sont pas ceux qu'on croit, et il se pourrait bien que l'un des hôtes de Dimitri ne soit pas celui qu'il prétende être.

Au programme de ce tome, des pillards, donc, un.e travesti.e, un enchanteur et un oiseau de feu, une petite fille qui voit aussi les tchiorti, et aussi et surtout un éclairage inattendu et bienvenu sur la vie de Tamara, la grand-mère de Vassia... Et aussi un incendie. Un terrible incendie. Et des larmes à l amort de... Non, je ne dirai pas qui ^^

Un second volet qui termine donc bien mieux qu'il n'a commencé, mais que va donc devenir Vassia ???
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