Attention, auteur érudit ! Ce roman couvre deux périodes à cinq siècles d'intervalles et
Metin Arditi sait de quoi il parle. Il connaît parfaitement les Saintes Ecritures, l'histoire de la Chrétienté et celle de la république de Venise. de fait, il a construit une sorte de polar – le terme peut paraître inélégant – pour un texte très élaboré, très cultivé – qui développe un scenario qui vous transporte d'une époque à une autre sans réelle difficulté. Seul bémol, le nombe important de personnages qui obligera, peut-être, le lecteur perdu à se faire un petit lexique personnel.
La trame, parlons-en. Une série d'assassinats se déroule dans divers endroits, Venise, la Suisse… Un professeur émérite de latin à l'université de Genève, spécialisé dans les textes sacrés découvre dans la couverture d'un livre ancien du XVIe siècle une lettre qui accrédite des faits identiques dans la Cité des Doges en 1575 pendant le
Carnaval noir. Une prophétie du Christ à 12 doigts, une peinture d'un artiste réputé du siècle Paolo il Nano, lui-même assassiné. Curieux comme tout chercheur, ce courrier provoque chez lui de profondes réflexions. Cinq siècles plus tôt existait une congrégation des pélerins ibériques, formés de fondamentalistes catholiques. Cinq siècles plus tard, une fondation des pélerins ibériques apparaît.
Les fanatismes religieux, les obscurantistes sont de toutes religions et de toutes époques. Dans son roman,
Metin Arditi va associer des terroristes suicidaires de Daech et leurs opposants. Les uns songent à toucher le pouvoir papal directement en son coeur le Vatican. Les autres pensent restaurer la suprématie vacillante du catholicisme modérée des institutions en place par cette action d'éclat. Deux attentats devraient donc avoir lieu au sein même du Vatican, pendant une cérémonie religieuse et dans les appartements du Pape. Nous vous laissons le soin de deviner quelle sera l'issue d'une telle mission.
S'il paraît difficile d'imaginer une telle association (les extrèmes se rejoignent pourtant), ce roman, à la fois historique et bien actuel est envoutant, par les recherches et les citations de textes sacrés parfois (souvent) en latin, par l'histoire même de Venise. On vous l'a dit au tout début,
Metin Arditi qui tient la chronique du lundi sur la dernière page
De La Croix est un érudit. Cela fait parfois du bien de lire ce style de livre car on ne sait jamais ou commence la réalité et ou s'arrête la fiction ou inversement.