AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,98

sur 833 notes
Metin Arditi invente la biographie d'Elie Soriano, né Juif à Constantinople (vers 1519), terre conquise par les Musulmans. Elie est passé maître dans l'art de la calligraphie et ne peut concevoir de vivre sans dessiner, ce qui est interdit par le dogme judaïque. Alors Elie fuit Istanbul pour Venise et devient élève du Titien qui le surnomme le Turquetto (le petit Turc). Ainsi débute le récit d'une passion, un destin mouvementé que Metin Arditi conte avec ferveur, construit avec force, et plante dans une Renaissance en plein conflit religieux (début de la Réforme), à la naissance de grands courants de pensée nouveaux (héliocentrisme, etc.) où l'obscurantisme, autant juif que chrétien ou musulman, étouffe encore la raison et l'humanisme. Il est question de tout et de son contraire : d'entraide, d'empathie, d'art, de vie, mais aussi de trahison, de haine, de laideur, de mort. L'auteur réussit à entrainer inlassablement le lecteur dans le tourbillon de cette vie aux identités multiples, aux rencontres innombrables, heureuses autant que malheureuses. En conteur averti, il fait évoluer ses personnages au coeur des rivalités et des fastes de Venise, entre ombre et lumière, entre religion et pouvoir, en filigrane du destin d'un artiste habité qui pour exercer cache son identité.
Le style est agréable, l'écriture dynamique, le vocabulaire, sans être particulièrement érudit, est plutôt riche ; seul point négatif : quand on est un aussi bon conteur, à l'imagination fertile et à la plume sûre, est-il acceptable de méconnaitre le verbe "dire" et d'utiliser pratiquement systématiquement le verbe "faire" !? Car à force de faire partout, l'odeur va bientôt égaler celle des cloaques de la Sérénissime !!!!
Commenter  J’apprécie          00
Ce roman patientait dans ma PAL depuis quelques années. J'attendais d'être en vacances, l'esprit disponible, pour le lire. C'est chose faite.

J'ai aimé me retrouver à Constantinople en 1531, suivre ce jeune garçon qui ne pense qu'à dessiner. Mais de confession juive, sa religion le lui interdit. Heureusement, un vieux musulman le prend sous son aile.

A la mort de son père, il doit fuir et se retrouve à Venise à l'époque des Doges, et devient un peintre renommé, peignant des toiles religieuses.

Malheureusement, son secret est découvert et il doit fuir l'Italie.

J'ai aimé découvrir Constantinople, son bazar, son marché aux esclaves.

Puis Venise du temps du Doge, les intrigues de cour.

J'ai découvert qu'au 16e siècle, outre le fait qu'ils devaient habiter le ghetto, les juifs devaient porter un bonnet jaune, signe de reconnaissance dans la ville.

J'ai aimé le Turquetto, empli de sa passion, indifférent aux aléas de la vie, bien loin des luttes de pouvoir.

J'ai eu de la peine pour Gandolfi, le nonce, ses céphalés atroces qui l'empêchent de prendre la défense du Turquetto. Un homme simple qui n'a rien à faire à Venise, ville corrompue, et qui reconnait dans le peintre un véritable homme charitable.

Le prélat inquisiteur retors m'a exaspéré de duplicité.

Un roman aux personnages plus vrais que nature : des hommes, dans tous leurs travers et leurs grandeurs.

Une citation :

« Notre lien à Dieu, c'est la Parole ! Pas le dessin ! Pas les images ! (…)

Vous savez quel est le premier mot du Coran, Monsieur le rabbin ? C'est Iqra, ça veut dire lis… » (p.69)

L'image que je retiendrai :

Celle des dessins que le jeune garçon, puis le vieil homme, dessine dans sa tête.
Lien : https://alexmotamots.fr/le-t..
Commenter  J’apprécie          50
J'ai adoré ce roman, et l'ai même lu deux fois.
C'est l'histoire d'une vie, qui s'achève finalement dans l'humilité, l'authenticité et le vrai bonheur.
C'est aussi une réflexion profonde sur l'art et sa finitude : que reste-t-il d'un génie quand ses oeuvres ont été détruites ? le Turquetto avait réussi à communiquer des valeurs et des émotions humanistes par ses peintures. Mais sa vie à lui n'est pas dans ses tableaux, elle est dans son coeur. Et le vrai bonheur vient en étant pleinement soi-même, sans mensonges. En regardant les autres et en les aimant.
C'est un roman profond et humaniste, une réflexion sur l'art, la vie, le bonheur.

Commenter  J’apprécie          20
Roman gagné à un concours, je ne connaissais ni l'histoire, ni l'auteur. C'est une vraie belle découverte. Un roman historiquement très intéressant, bien documenté sur les techniques artistiques, avec une intrigue solide. le roman balaie la vie du Turquetto, de l'apprentissage des sentiments et des techniques artistiques ; à la grandeur de Florence et la reconnaissance ; pour un final en apothéose. L'auteur y aborde la grandeur de l'art et la renommée fragile des artistes, mais également les liens de l'art avec la politique et la religion. Mais l'auteur y aborde également les thèmes fort de la lutte des religions et nous livre un plaidoyer pour la tolérance sous peine de se priver d'oeuvres magnifiques et d'artistes hors du commun. C'est une vraie belle découverte qui nous emmène dans la grande Florence berceau de la Renaissance. A découvrir sans tarder.
Commenter  J’apprécie          20
Le Turquetto est une fiction dont le point de départ est une note du Louvre émettant des doutes sur l'attribution de "L'homme au gant "à Titien. C'est le prétexte à une plongée dans la peinture à la renaissance et aux conflits liés aux confessions juives, chrétiennes et musulmanes. le Turquetto serait l'auteur de ce tableau. D'origine turque et juive, il se serait exilé à Venise où il se serait fait passer pour chrétien, pour pouvoir peindre et exceller. le tableau serait tout ce qu'il reste de son immense talent, seule à avoir échappé à un autodafé proclamé en même temps que sa condamnation pour blasphème. Livre captivant, écriture alerte, belle histoire.

Commenter  J’apprécie          80
Il me narguait depuis un certain temps sur les tables, passant de l'une à l'autre. Je me suis décidé et l'ai avalé. Je n'ai pas retenu tous les noms mais j'ai bien aimé cette plongée dans Constantinople puis Venise. le sort fait aux Juifs est bien traduit et Venise est décrite sous un jour sombre dont je n'avais pas trop l'habitude mais dans une ville de façade, que peut-on espérer comme franchise. C'est l'histoire d'un tableau (réel) et d'une attribution qui passe d'un peintre à un autre. Vrai, faux... à vous de voir.
Commenter  J’apprécie          10
Foisonnant, coloré, chatoyant ... Les adjectifs ne manquent pas au moment d'écrire quelques lignes sur ce qui est pour moi la troisième rencontre avec @Metin Arditi, après @L'enfant qui mesurait le monde et @Mon père sur mes épaules.
Commençons par dire combien j'apprécie l'éclectisme de @Metin Arditi, son talent à faire vivre des histoires si différentes, depuis le récit autobiographique de @Mon père sur mes épaules jusqu'à cette plongée dans la Venise de la Renaissance. Car dans @Le Turquetto, en partant de l'hypothèse qu'un tableau du Titien soit en fait l'oeuvre de l'un de ses élèves, @Metin Arditi nous emmène sur les traces d'Elie, le Turquetto du titre. On le suit depuis son enfance à Constantinople jusqu'aux canaux de l'orgueilleuse Venise, de son ascension à sa chute.
Si je parlais d'éclectisme dans les histoires de @Metin Arditi, on retrouve cependant certains thèmes qui lui sont chers - du peu que je peux en connaître - et en particulier les liens familiaux ou la question de l'identité, de ce qui peut notre humanité, aussi bien dans nos actes que dans nos rapport avec autrui.
Et l'on retrouve aussi la si belle langue de l'auteur, avec ici des chapitres courts, qui donne du rythme à la lecture. Une écriture "odorante", qui nous transporte sur le marché aux esclaves de Constantinople, nous fait naviguer sur les canaux et flâner dans les palais de la Cité des Doges.
Reste une question : le point de départ de l'intrigue - qui est l'auteur de "L'homme au gant" - est-il bien réel, ou n'est-ce que le fruit de l'imagination de @Metin Arditi ? Une seule solution : se plonger dans @Le Turquetto.
Commenter  J’apprécie          181
Une déception en fin de compte que le Turquetto de Metin Arditi ! Surtout après la lecture de L'imprévisible du même auteur, paru en 2006, qui s'avère dans le même registre de la peinture Renaissance un roman beaucoup plus enlevé.et surtout beaucoup plus plaisant à lire.

Il faut d'emblée s'accrocher, car les premières pages du Turquetto sont assez incompréhensibles. On a du mal à saisir les personnages (d'ailleurs trop nombreux dans tout le roman) et savoir qui s'exprime. le ton est pourtant donné : le père a du mal à pisser… et cela dure aussi pour le lecteur. Cette image, assez peu intéressante à vrai dire, va finir par faire écho à la fin du roman, où le peintre en question nettoie sans rechigner les couches de son vieil ami… Finalement, ces évocations répétitives (et d'autres sans plus d'intérêt) finissent par affadir le récit de l'implacable Inquisition en vigueur (dont l'argumentaire tortueux mais efficace est bien décrit par l'auteur) et la beauté d'une Venise de l'époque (passée sous silence sinon par des noms de lieux et itinéraires assez touristiques.).

Enfin, la psychologie du personnage même du Turquetto reste totalement mystérieuse. Dommage pour le lecteur de ne pas avoir travaillé le sujet D'autant plus qu'il accepte sa condamnation à mort avec une légèreté et une indifférence qui frisent le ridicule… Sans dévoiler la fin du roman qui reste assez peu crédible.

Demeure une belle idée de roman, imparfaitement exploitée à mon sens : un des plus grands peintres de la Renaissance demeure inconnu parce qu'il a été exécuté par l'Eglise pour blasphème et que pour effacer à jamais son souvenir tous ses tableaux ont été brûlés. (Sauf un ?) Là, on veut bien croire une telle histoire possible !
Bien manoeuvré monsieur Metin Arditi: nombreux doivent être les lecteurs à avoir recherché le nom du Turquetto sur la nouvelle toile !


Commenter  J’apprécie          00
Elie ne pense, ne rêve, ne vit que pour le dessin. Mais comment assouvir ce feu intérieur lorsqu'on est un pauvre enfant juif dans la Corne d'Or du XVI siècle ? On n'est guère plus qu'un esclave, une sorte d'homme de seconde zone comme son père commis d'un marchand d'esclaves. Mais ce n'est rien face aux traditions, aux coutumes et à la religion qui imposent aussi bien dans l'Islam que le Judaïsme toute représentation humaine. Pour lui, le seul art graphique possible reste la calligraphie, dans le choix des encres, du calame et du geste le plus pur pour dessiner le caractère ….
Ce roman s'articule en 3 parties principales. La première, déjà introduite, relate l'enfance d'Elie à Istanbul. Elie est en attente, rêve de fuir et a honte de son père. La deuxième traite de son apprentissage à l'art de peindre à Venise puis sa consécration comme maitre révéré et reconnu à l'âge mûr : on le connaît alors comme le Turquetto. On le voit peu à peu dompter son génie pour atteindre au sublime. Mais le vernis semble se craqueler par l'amour, le besoin de vérité face à sa judaïté. Enfin la troisième et dernière partie où Elie retourne à Istanbul se cacher, perdre tout et finalement arriver à une rédemption, ou du moins à une certaine paix envers lui
Ce roman est foisonnant, donne de la vie à la Venise et Istanbul de l'époque, donne une vision de la société multiple de ces cités, des rapports complexes et lourds entre leurs différentes composantes. Il touche aussi à des thèmes comme l'identité, la filiation, le rapport à l'art, la trahison…
D'une plume alerte, ce récit enlevé vous tient de bout en bout et il est bien difficile de s'en détacher. Pour ma part, je l'ai lu d'une traite et cela faisait bien longtemps que cela ne s'était pas produit.
Commenter  J’apprécie          50
Quand l'art du roman historique se mêle àl'amour de l'art: l'auteur nous invite à un voyage au début du XVI° siècle entre Constantinople, ottomane depuis peu, et Venise splendide mais déjà décadente autour d'un peintre dont on souhaiterait qu'il ait vraiment existé. Metin Arditi nous montre que les mots peuvent caresser la peinture comme le vent peut faire resplendir ke feuillage d'un livre. Superbe!
Commenter  J’apprécie          90




Lecteurs (1761) Voir plus



Quiz Voir plus

Quelle guerre ?

Autant en emporte le vent, de Margaret Mitchell

la guerre hispano américaine
la guerre d'indépendance américaine
la guerre de sécession
la guerre des pâtissiers

12 questions
3247 lecteurs ont répondu
Thèmes : guerre , histoire militaire , histoireCréer un quiz sur ce livre

{* *}