L'histoire s'ouvre en 1978 sur l'enlèvement de Francesco Barro, glacier réputé, patron sympathique qui prend le café avec ses ouvriers, dont certains même le tutoient. Il ne se croit pas menacé par les Brigades Rouges qui s'en prennent aux patrons qui exploitent leurs ouvriers et s'enrichissent sur leurs dos. Après d'âpres négociations (quand il s'agit de payer une rançon c'est compliqué, on voudrait négocier). C'est un homme brisé qui va être libéré, il est resté attaché sur un matelas nourri de sardines en boîtes… Sardines qui vont avoir du bon, car achetées en quantité, on pourra remonter jusqu'aux ravisseurs !
Le « cerveau », l'éminence grise des Brigades, est Paolo Rivolta qui a établi une liste des patrons à enlever, mais on ne remontera pas jusqu'à lui pour cet enlèvement ; il purge une peine de prison pour une autre affaire, et à sa sortie, nouvelle identité : Paolo Mantegazza qui s'exile en Suisse pour enseigner.
Paolo Rivolta, devenu Mantegazza enseigne à l'internat et monte chaque année une pièce de théâtre. Renato est passionné par le théâtre, mais il va y avoir une rivalité avec un autre élève, fils d'un magnat grec, à qui revient chaque année le premier rôle. Mais Paolo se sent coupable et, ayant compris qu'il était responsable de la mort du père de Renato, va ruser pour lui attribuer le meilleur rôle.
Il est tombé sous le charme du garçon, et inconsciemment voudrait se racheter. Une relation de type père-fils s'installe entre eux : Renato cherche en lui l'image du père, alors que Paolo se sent une âme de père.
Nadelmann qui, lui, a dû quitter Vienne à cause de l'antisémitisme régnant à l'université, donne aussi des cours au pensionnat. Il a deviné qui se cachait derrière Mantegazza… chacun se réfugie dans une oeuvre qui le conduit à se dépasser : traduire
Nietzsche pour Paolo, se plonger dans Höderlin pour Nadelmann.
Peu à peu, Paolo entre dans la vie de Renato, dans le coeur duquel une place et à prendre, et dont la mère vient de se remarier. Il lui propose des cours de danses avec sa compagne Josy ; mais peut-on construire une relation authentique sur le mensonge, même par omission ? Peut-on rattraper le mal qu'on a fait autrefois, sous l'effet d'une idéologie à laquelle on a cru ?
Chacun des personnages a sa dose de souffrance et de contradictions et fait comme il peut pour vivre avec. Josy est née dans le Bronx, elle donne des cours de hip-hop en Suisse, où elle se sent exister, par rapport à son pays d'origine où règne la ségrégation : être Noir c'est déjà compliqué, mais femme de surcroît et qui danse sur une musique où règnent les garçons…
Renato doit aussi affronter une vérité, qu'il voudrait ne pas voir, perdre des illusions sur la nature humaine et faire un pas vers la tolérance et le pardon, mais est-ce si facile à son âge ?
C'est la force de MetinArditi de nous faire réfléchir sur les relations interhumaines, la faute, la réparation, la rédemption en nous racontant une belle histoire. J'ai intégré le « club des groupies » de l'auteur en lisant « le Turquetto » que j'ai adoré et depuis je lis chacun de ses livres au fur et à mesure de leur parution.
J'ai un peu moins aimé celui-ci qui les précédents, on devient exigeant quand un auteur nous envoûte ! mais c'est une belle histoire et il ne faut pas être tenté de comparer. On n'est pas dans le même registre que « le peintre d'icônes » par exemple ! Mais je chipote ! Il suffit de regarder la note que j'ai donné à cette lecture.
Comment résister quand
Metin Arditi propose une de mes citations préférées de
Nietzsche : « Je ne crois qu'en un dieu qui sache danser » ? impossible…
Un grand merci à NetGalley et aux éditions Grasset qui m'ont permis de découvrir ce roman et de retrouver la plume d'un auteur que j'aime vraiment beaucoup et dont je guette avec impatience chaque nouveau roman.
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Tuserasmonpère #NetGalleyFrance !
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