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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Je commenterais Lysistrata plus tard , ce long commentaire a pour but d'essayer d'aider le lecteur a ressentir le décalage culturel et historique avec ce texte ainsi que de lui permettre , je l'espère , de nourrir aussi quelques affinités avec lui .

Il est un grand prodige en vérité , c'est que environ les trois quart des productions d'Aristophane ont traversé les écueils du temps et donc , ils nous sont parvenus .
Ces textes gourmands parlent à un très large public à mon humble avis et si vous aimez les guignols de l'info , par exemple , et bien jetez-vous sur Aristophane !
La comédie antique c'est Aristophane , car rien d'autre n'a filtré de ces temps reculés sur les berges du grand fleuve du temps ....

Aristophane raille tout ce qui bouge , les dieux , les sophistes , le peuple , les femmes et les éphèbes et les philosophes , le clergé les entrepreneurs , les maris et les femmes , sans oublier les magistrats et les orateurs ...
Lisez le et vous découvrirez qu'il se moque aussi de vous , j'en suis certain ... , sourires ...

Voici par exemple des propos qu'il prête à Socrate sur le tonnerre dans : Les nuées , « Considère , donc que, avec ton petit ventre, tu as fait un pet résonnant : n'est-il pas naturel alors que l'air qui est immense produise un bruit détonant ? « . Il va sans dire que notre futur stagiaire , vas vouloir se précipiter dans le « philosophoire « pour connaître ce que les nuées et Socrate et ses disciples ont à lui enseigner , sur le tonnerre et sur tous les vents d'en haut et d'en bas ... : !

Aristophane le misanthrope ? , non pas vraiment !
Ses flèches , sont aussi efficaces que celles d'Apollon . Elles harcellent en toute impunité , les pauvres grecs d'Athènes , en leur parlant d'invraisemblables vérités douteuses qui les font bien rire ici , alors qu'elles les inquiète sérieusement d'habitude , tellement que souvent il vaut d'ailleurs mieux les taire .

Alors , à part le fait qu'il ne valait pas mieux l'avoir comme voisin ? que dire de notre compère ?
Un homme marié qui eut deux fils , qui firent de la comédie comme papa ... Que dire d'autres ?

Pourquoi Socrate fut condamné pour les propos qu'il tenait sur les dieux ? Et pourquoi pas Aristophane , qui fit pire .. ?
Les tragédies et les comédies des grecs ? étaient du théâtre certes . Et , pour les comédies la liberté de ton allait extrêmement loin . Alors pourquoi ? question de droit de l'homme ?
Non , ce n'est pas une question de liberté seulement ? c'est une question de culte principalement ...

Le théâtre grec nait dans le contexte du culte dionysiaque . Pendant les cérémonies le monde est sans dessus dessous et les femmes sortent de chez elles pour s'arracher les cheveux et se livrer en compagnie du dieux aux comportements les plus aberrants . Dans le mythe elles ( les ménades ) déchireront littéralement le corps du dieux et elles le disperseront dans les prés ( Diasparagmos ) . L'orgie et l'ivresse sont un devoir sacré pendant leS Dyonisies ... Pendant ce culte la rue est occupée par les femmes .

Les comiques viennent dans ce cadre , des représentations théâtrales , servir les dieux et l'état aussi , en donnant leurs textes qui sont lus et joués devant le peuple ( Démos ) , en plein théâtre et même dans l'agora , pendant les grandes Dyonisies , qui sert à l'assemblée du peuple en temps normal .

Il n'est pas interdit aux citoyens de découvrir un sens politique dans ces paroles quasiment sacrée , et d'en tirer également des considérations civiques destinées à impacter le réel profane ...
Les textes d'Aristophane sont donc des choses sérieuses à prendre très sérieusement même s'il faut en rire abondement pour pouvoir en profiter en toute bonne conscience .
Notre compère est bien au-delà du registre de l'opinion , il est avant tout dans une sorte de folie aussi profitable que civique et il exerce un art aussi sérieux que la divination par exemple .
Cependant les auteurs ne sont pas à l'abris de poursuites judiciaires de l'état ou de particuliers . Mais pour l'état comme pour les particuliers , il vaut mieux qu'ils soient prudents car gare aux dieux et au démos qui peuvent être en colère contre les auteurs de poursuites .

Aristophane qui nous fait beaucoup rire et très souvent réfléchir aussi , vit dans une vallée de larmes . En effet le destin a voulu qu'il naisse en 445 avant l'ère commune et qu'il traverse les heures les plus noires de l'histoire de la Grèce Propre et qu'il connaisse également les épreuves terribles des athéniens coincés dans leur cité et coupés de leur korè .

Il est d'une famille qui fut Clérouque à Egine ( au large d'Athènes ) . Donc la famille d'un colon militaire , d'une force d'occupation athénienne installée à demeure dans un territoire sous l'emprise d'Athènes . Il vécut l'intégralité de la guerre du Péloponnèse . L'auteur est originaire de la Korè , de la campagne d'Athènes . du fait de la guerre il est passé derrière les murs . Il est donc un réfugié en ville et il est comme des milliers de citoyens ruraux , un de ceux qui subissent de plein les affres de la guerre , et qui sont loin des autels de leurs temples familiers .

Il a vu le parti démocratique soutenir l'idée du conflit et l'aventurisme militaire le plus éhonté et le plus destructeur . Il a vu la peste emporter aveuglement la population de sa cité dans des proportions presque vitales . Il a vu des foules de jeunes gens s'embarquer sur le Styx et donc rejoindre les morts pour ne plus revoir jamais leur famille ....
Il a vu la guerre séparer les pères de leurs enfants , les femmes de leur époux . Il a vu pourrir les récoltes ...

Il est grossier et en colère , mais il n'est pas misanthrope , car il aime le plus souvent ceux qu'il tourne en dérision . Il anime d'ailleurs ses personnages d'une salutaire naïveté qui les rend aussi attachants que ridicules .

Il prit donc des risques pour convaincre ses concitoyens de faire la paix , de cesser la guerre . C'est pour cette pour cette raison que les femmes menacent de se retrancher sur l'acropole et de se lancer dans la greve du sexe .

Tout cela pour remettre les hommes à leur place , dans leur foyer et dans leur lit , car Aristophane avait dans l'idée que la patrie et la Grèce était en danger du fait même de la guerre ..

Si vous en doutez lisez Thucydide et tirez en les conséquences , Aristophane le savait intimement et dans sa vie personnelle d'enfant de clérouque et comme habitant de la Korè d'Athènes , refugié entre les longs murs , il le savait aussi ..
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Décidément, j'aime beaucoup le théâtre comique de l'antiquité, avec sa fraîcheur, son rythme, son inventivité. C'est pourtant un théâtre loin d'être facile à apprivoiser : farcesque, grotesque, presque outrancier ( a priori tout ce que je déteste ! ). Et pourtant, le charme opère. L'humour n'est certes pas fin, mais il y a là tant de qualités dramaturgiques, et l'humour et si bien amené. Et si l'humour est peu fin, la satire de moeurs l'est, elle...
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Pièce de théâtre écrite il y a plus de deux millénaires par Aristophane. Mais qui malgré son âge reste plein de vigueur.
L'histoire est simple. Lysistrata est une femme. Elle ne supporte plus la guerre et décide de s'allier avec les autres femmes pour y mettre fin. Son slogan est simple, « faites l'amour, pas la guerre ». Résultat les femmes refusent aux hommes les joies de l'amour jusqu'au moment ou ils signent le traité de paix.
Comme dans beaucoup de société la femme n'as pas le droit de s'immiscer dans la politique, les hommes se refusent à considérer l'avis des femmes comme pertinent. Dans cette pièce, Lysistrata prends ses responsabilités face une société machiste afin de faire valoir son avis.
Un grand classique de la littérature, amusant à lire, dont certains passages sont d'un érotisme plus qu'explicite.
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La guerre fait rage entre Athènes et Sparte, un conflit dévastateur qui mine le moral des athéniens entre autres depuis dix interminables années. Mais la paix tant réclamée ne vient toujours pas, les hommes préférant s'entre-tuer pour de raisons futiles. C'est alors que Lysistrata une jeune femme fait réunir ses compagnes sur la place publique et leur propose un drôle de plan afin de ramener à la raison ces abrutis de bellicistes : et si elles se refusaient à leurs gars ? " Faisons la grève de l'amour pour forcer la paix aux hommes". La machination est en place et ses effets cocasses se font ressentir... réussir ont-elles à arrêter la guerre via l'abstinence ?
Aristophane est le dramaturge comique le plus célèbre de la Grèce Antique, et ses pièces résonnent toujours dans notre société moderne malgré l'écart de millénaire et de valeurs qui les séparent. Lysistrata est la plus connue de lui, une pièce hilarante et satirique qui fut pourtant pendant longtemps bannie, censuré de tous les répertoires possibles pour son obscénité et son ton immoral. Il faut dire que le prémices de base, une grève du sexe pour calmer les hommes a de quoi refroidir les bonnes moeurs tout comme l'affirmation des femmes et les gags tournant autour du sexe qui y sont légion. Pourtant si la pièce continue d'être représentée sur les scènes modernes, c'est pour sa portée toujours actuelle et son humour bien corrosif.
On pourrait avoir peur de cette pièce située dans la Grèce Antique où abondent les références à la vie quotidienne grecque, avec pléthore de mots et d'expressions tout antiques, et de plein de jeux de mots liés au langage grec que la traduction se débrouille tant qu'elle peut de restituer. Mais le lecteur contemporain malgré ce décalage culturel et historique sera surpris de constater qu'il peut comprendre tout à fait la pièce notamment sur la ruse bien avinée des femmes qui se jouent de leurs benêts de compagnon qui ne sont guère finauds, ne pensant qu'à se battre et et copuler, et qui par fierté préfèrent continuer une guerre qui n'a pas à être. Aristophane est certes homme de son temps et les femmes n'ont pas toujours un beau traitement, vus comme des êtres lubriques, frivoles et n'étant pas souvent d'une grande intelligence, Lysistrata exceptée qui est une vraie commande rouée. C'est qu'Aristophane est impitoyable envers tout le monde, hommes comme femmes, dont il vitupère avec hilarité sur leurs désirs et leurs défauts mais aussi des puissants incapable et des soldats idiots voulant toujours combattre et rentrer à la maison pour se défouler sur leurs conjointes : absolument tout le monde est concerné par son regard acéré et sans pitié. Il ne se prive pas aussi de critiquer l'Etat défaillant qui se laisse dominer par des femmes et poursuivre un conflit : s'y reflète la situation contemporaine de la guerre de Péloponnèse qui a marqué le dramaturge qui aborde le sujet des combats dans la plupart de ses pièces.
Effectivement, la pièce n'est pas à mettre entre de jeunes mains, à lire de préférence vers ses quinze où seize ans, puisque la sexualité y est récurrente en fond d'humour, on y parle souvent crûment sans toutefois verser dans le vulgaire, et les scènes comiques se jouent autour de l'excitation sexuelle des hommes et des femmes comme cette hilarante scène où Myrrinhé frustre exprès son époux qui réclame son devoir conjugal avec des stratagèmes retors. Impuissance masculine, plaisir féminin, taille des engins, attraits des belles formes, épilation intime et surtout les discrètes mais dures brutalités qu'exercent les hommes sur leurs femmes au lit, tout y est abordé avec une époustouflante modernité prouvant qu'on n'a toujours pas changé ni réglé ces questions sur notre intimité. Et le tout dans le style bizarre mais efficace d'Aristophane, qui mélange adroitement poésie et grossièreté et maniant bien les mots, qu'ils soient éthérés où bien bas.
Pièce féministe ? Pièce pacifique ? Pièce comique ? Un peu tout à la fois. Une pièce rigolote aux problématiques bien actuels qui se retrouvent partout dans le monde. La grève du sexe a déjà été utilisé pour résoudre des conflits : on peut aborder le brillant film de Radu Mihaileanu de 2011, La Source des femmes qui raconte la lutte des femmes à améliorer leurs conditions de vie dans leur village rural et reculé du Maghreb. Preuve que la pièce d'Aristophane est plus universelle qu'elle n'y parait. Par la comédie et la satire, tous les thèmes modernes du féminisme et de la paix y sont brillamment abordés, ce qui fait de cette oeuvre antique à lire absolument où à voir représente sur scène. Une pièce drôle et plus sensible qu'il n'y parait !
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Il s'agit d'une pièce nous racontant ce qu'il se passerait si les femmes prenaient le capitole, faisant la grève du sexe et ce jusqu'à ce que les hommes arrêtent de faire la guerre (contre Sparte où la même stratégie est mise en oeuvre). Elles se réunissent au capitole et discutent avec les hommes qui viennent récupérer leurs épouses. ou du moins ils essaient.

On est face à une pièce vraiment drôle (et pourtant je suis assez peu sensible aux comédies) le mélange de blagues potaches et de réflexions politiques m'a plu.

Il est rare d'avoir des pièces et encore plus des pièces comique, complètes de cette époque, autant en profiter ! On est juste après les défaites de l'expédition en Siciles (415-413) et Athene est sous la menace de Sparte. Il était donc délicat de faire rire avec ces sujets… c'est pourquoi Aristophane donne la parole à celles qui se taisent d'ordinaire ! La société ne demandait pas l'avis des femmes sui se devait d'être obéissantes à leurs maris et donc à leurs décisions pour la cité aussi. On retrouve ici un ancrage très fort dans le quotidien, notamment par les taches quotidiennes qui reviennent aux femmes et qui les inquiètent : l'une d'elle est très inquiète d'avoir laissé son fils à son mari, persuadée qu'il ne saura pas quoi faire… Crainte qui est confirmé un peu plus loin. Les hommes même se rendent compte de leurs incapacités quand ils viennent chercher leurs compagne. La grève du sexe est le principal levier de cette « révolte » mais pas le seul. Qu'à cette époque on soulève la question du pouvoir effectif des femmes sur l'administration de la cité m'intéresse. c'est un sujet délicat et je ne pense pas que ce soit par l'attrait de leurs petits culs qu'elles peuvent l'exercer, mais on retrouve de jolies réflexions, comme la comparaison de la gestion du foyer privé et du foyer de la Cité. il en résulte une oeuvre souriante, rapide, et très accessible (pour peu qu'on soit tolérant au blagues en dessous de la ceinture).
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Lysistrata. La qualifier de féministe donne une idée parfaite de cette femme qui va mener une révolte de la manière la plus inattendue qu'il soit : la grève du sexe. Ce genre de chose pourrait-elle exister de nos jours ? On se rend compte en y réfléchissant que oui, ce n'est complètement illusoire. Pourquoi cette grève ? Pour la paix. Pour que leurs hommes soient présent à leurs côtés pour les seconder mais aussi pour les aimer physiquement. L'envie de paix est suffisamment puissant pour elles mêmes cette abstinence. Car il ne faut pas s'y trompe c'est là l'une des plus importante difficultés de ce mouvement ; persuader les femmes de se passer de phallus, de verge – « Nous devons nous passer de bites » Réaction d'effroi « Tout ce que tu veux…..plutôt que de se passer de bites, car rien ne vaut la bite, ma chère Lystrata »
Le théâtre peut-être ainsi : cru. Propos choquants, déplacés ? Non (prenez-en de la graine Mme Angot).Les répliques sont certes salaces mais justes et drôles. Ce qui fait d'ailleurs de cette pièce une comédie pleine d'humour.
Quelqu'un dans une très bonne critique précédente (Natasia) écrit qu'il s'agit avant tout d'un manifeste politique. C'est très bien vu. Je vous renvoie d'ailleurs à sa critique de la pièce qui est excellente.
Facile à lire cette pièce ? Oui. La lecture du théâtre est une gymnastique. le code se déchiffre très rapidement et dès lors cela devient un vrai plaisir.
Aristophane, lui, est un tragédien grec que l'on présentera pas aux bacheliers.
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Quand j'ai choisi cette pièce de théâtre pour le RV du 1er mardi du mois de Stephie, je ne m'attendais pas à pleurer littéralement de rire !
J'ai été surprise par les jeux de mots obscènes et la crudité qui parsèment cette oeuvre écrite en 411 avant notre ère. Aristophane fait preuve d'une telle bonne humeur, d'un tel allant qu'il nous embarque complètement à la suite de ces Grecques qui n'ont pas froid aux yeux (ni ailleurs !^^) et qui osent tenir tête aux hommes avec un aplomb non dénué de bon sens, nous faisant entrer dans leur intimité !
Mais de quoi s'agit-il ?
Au moment où cette pièce a été jouée, la guerre du Péloponnèse dure depuis 20 ans, envoyant au front maris et amants et laissant les femmes seules au foyer. Ce qui n'est pas sans inconvénient. "... ça fait même douze mois que je n'ai pas vu un godemiché de huit pouces dont le cuir aurait pu me soulager" se plaint Myrrhine.
L'heure est donc grave.
Jusqu'à ce que Lysistrata, une féministe avant l'heure et dont le nom signifie "celle qui dissout les armées" (tout un programme !) convoque les femmes de toutes les cités grecques impliquées dans ce conflit sans fin et leur soumette son idée pour ramener la paix et leurs hommes dans leur foyer :
"Eh bien : nous devons... nous passer... de bites."
Réaction horrifiée des autres femmes :
"Tout ce que tu veux, tout ce que tu veux ! Je suis même prête à marcher sur le feu : tout plutôt que se passer de bite. Car rien ne vaut la bite, ma chère Lysistrata."
Mais le concept de Lysistrata va plus loin qu'une simple grève du sexe, oui, celle-ci ne peut être efficace qu'à condition que les femmes chauffent leurs hommes sans jamais leur céder :
"Si on restait là, chez nous, bien maquillées, à se balader toutes nues sous nos petites chemises transparentes, le triangle bien épilé, nos maris banderaient comme des fous et voudraient aussitôt nous baiser. Eh bien si on se refusait à eux, si on ne cédait pas, croyez-moi, ils feraient aussitôt la paix !"
A force de patience et d'arguments qui nous donnent de précieuses (et hilarantes) informations sur leurs pratiques sexuelles, Lysistrata vient à bout de la résistance des femmes qui acceptent finalement de prêter serment...
Et ce qui devait arriver arriva : les hommes ne se déplacent plus qu'en cachant une énorme et douloureuse érection et se retrouvent obligés de demander la paix pour faire cesser leur tourment. Il était temps ! Certaines femmes, "atteintes de baisophilie", étaient prêtes à déjouer la surveillance des autres pour retrouver leurs maris en cachette.
C'est peu de dire que j'ai été stupéfaite par la modernité de cette pièce intemporelle, car sous la crudité et la salacité des propos se cache une réflexion beaucoup plus profonde, touchant à la stupidité des guerres et à leurs conséquences désastreuses. Moi qui prenais Aristophane pour un affreux misogyne, j'ai découvert des portraits de femmes très proches de nos propres préoccupations; les maris sont dépeints d'une manière assez ridicules mais ils restent touchants dans leurs tentatives peu subtiles de rapprochement...
De plus, Aristophane joue avec brio des clichés sur la guerre des sexes et ose des allusions et des jeux de mots complètement délirants !
Une découverte vraiment sensationnelle et je lirai sans nul doute d'autres de ses pièces...
Pour finir, quelques informations sur la traduction : d'ordinaire, les traductions donnent une version édulcorée du texte original d'Aristophane car jugé trop vulgaire, avec un tas de renvois en bas de page. J'ai choisi la traduction de Laetitia Bianchi et Raphaël Meltz car elle essaie d'être fidèle au texte original.
Lien : http://parthenia01.eklablog...
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L'histoire, c'est celle de Lysistrata, appelée Lison dans cette version, pour « démobilisons »

Lysistrata fait le constat amer que la guerre prend les hommes, détruit des familles, enrôle la jeunesse et laisse les femmes grecques en arrière garde, flétrissant dans leur solitude.

Lysistrata ne veut plus que ces guerres déchirent la Grèce, alors elle appelle ses soeurs athéniennes, spartes, ioniennes, toutes les femmes De Grèce, à se servir de ce qui est alors leur seule arme : le sexe comme monnaie d'échange contre la paix.

Voilà que les femmes s'emparent du trésor de guerre, pour ne plus nourrir la guerre, s'enferment à l'Acropole et sous le siège des hommes, jeunes ou vieux, elles affirment le droit à exiger la paix pour elles, leurs enfants, leurs maris.

Il y a du burlesque et du tragique dans l'exploration par Aristophane de toutes les métaphores possible du sexe de l'homme raidi par le désir, qu'il porte comme une revendication à s'emparer de la femme. Celle-ci devient le terrain de jeu, son sexe est le champ de bataille qui oppose l'homme-guerrier éternel, et l'homme-amant, tiraillé entre ces deux désirs.

On observe aussi dans cette pièce la mise en scène du mépris dont souffrent les femmes : elles ne servent qu'au plaisir et à enfanter, et quand elles se mêlent de politique c'est qu'elles sont folles ou qu'elles ont bu !!

Mais Lysistrata et les femmes avec elle, tient bon, et le mot d'ordre, Démobilisons, entraine même les plus lubriques, les plus amoureuses de la chair, à se refuser aux hommes tant que la paix n'est pas déclarée.

J'ai bien apprécié le coup de jeune que confère cette adaptation aussi crû qu'enjouée. le traducteur nous tiens par la main, et ouvre pour nous un bal échevelé et formidable ! Se mêlent la philosophie, l'espoir, les blagues les plus scabreuses et les métaphores en tout genre.

J'ai vraiment aimé, à part une petite nuance. On veut, dans cette pièce, comme dans d'autres oeuvres, présenter la femme comme la solution pour la paix, les femmes au pouvoir étant la garantie de cette paix etc.. Personnellement, je n'attache pas à un sexe plus qu'à l'autre cette caractéristique de prosélyte de la paix. Les exemples désastreux de Golda Meir, de Thatcher, Imelda Marcos (qui avait certes un putain de placard à chaussures de rêve, reconnaissons-lui cela…), ne me rappellent ni paix, ni douceur, ni sensibilité, ni compassion.

Ceci mis à part, je vous engage à plonger dans cette pièce et à découvrir Lysistrata !
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Les Athéniennes en ont assez : les hommes sont toujours partis, depuis le début de cette maudite guerre du Péloponnèse, si bien que, si l'on n'est pas veuve, on ne jouit guère de cette chance pour autant, et on tremble aussi pour ses fils. Mais dans une cité qui n'envisage la démocratie que pour les hommes, il est impossible de faire entendre son point de vue.

Aussi les femmes ont-elles une idée : elles vont commencer une grève du sexe puis s'emparer du trésor de guerre dans le sanctuaire d'Athéna, l'argent étant le nerf de la guerre... La grève s'étend aux Péloponnésiennes...

Voilà une comédie très riche en moment d'humour grivois (pas plus choquant que dans bien des comédies de boulevard parisiennes)

Cf. suite de la note de lecture sur mon blog :
Lien : http://aufildesimages.canalb..
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Cette Pièce a été écrite par Aristophane en 411 avant J-C. Lysistrata est une athénienne qui pour que les hommes arrêtent la guerre, décide de convaincre toutes les femmes des citées grecques de participer à une grève bien particulière.
Pour arriver à leurs fins, elles priveront les hommes de sexe jusqu'à l'arrêt complet des combats.
J'ai choisi cette pièce car bien qu'écrite en 411 avant J-C elle paraît totalement contemporaine de par les idées qui y sont exprimées. de plus, j'ai as­sisté à une représentation jouée par la Compagnie Jolie Môme. J'ai été séduite par la mise en scène qui alternait les époques dans les scènes pour mettre en valeur l'intemporalité de cette histoire.
Un autre aspect de l'intrigue est de dénoncer les travers de la société grecque de cette époque, qui excluait totalement les femmes de la vie de la citée.
C'est donc à la fois une revendication féministe écrite par un homme, un appel à la paix et surtout au respect ! Cette pièce devrait systématiquement être étudiée au moins une fois dans la scolarité de chacun!
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