AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,87

sur 443 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
À travers une saga familiale sur quatre générations, l'évolution de la condition féminine , du Japon traditionnel de l'ère Meiji de la fin du XIXéme siècle jusqu'après la seconde guerre mondiale.

Chez les Kimoto, une famille ancienne et aisée, elles sont deux femmes , la grand-mère Toyono, 76 ans et sa petit fille Hana, vingt ans. Tradition oblige on doit marier Hana. "On doit", car c'est la famille qui choisit le gendre selon des critères et des superstitions strictes, ici la décision revenant à la grand-mère paternelle autoritaire, la mère étant décédée, et le père soumis à sa propre mère.
Les deux femmes sont très proches et sont " des femmes cultivées ", étant toutes les deux allées à l'école secondaire tout ayant reçues une éducation ménagère et artistique stricte. Ce qui est assez rare pour l'époque et Hana s'en apercevra une fois chez la famille de son mari. Mais même l'école secondaire se donne pour tâche de dispenser à ses élèves une éducation faisant d'elle des bonnes épouses et des mères avisées.....une éducation qui va osciller pour la troisième génération, avec l'avènement de la modernité, précisément pour la fille d'Hana, Fumio. Mais Hana aussi n'y restera pas indifférente, et son intelligence et sa personnalité feront d'elle plus qu'une épouse et une mère avisée. Suivra la fille de Fumio, qui elle, dû à la guerre, n'aura même pas l'opportunité de se faire des examens de conscience pour choisir entre tradition et modernité.
Des femmes qui appartiennent " à la race des forts ", impressionnantes, qui m'ont laissée admirative, surtout le personnage de Fumio que j'ai adoré ( l'écrivaine parle d'une femme trés grande, alors qu'elle précise à un moment qu'elle mesure 1,63 mt.....les femmes japonaises devaient être vraiment très petites de taille à l'époque).
Quand aux hommes l'ère Édo, Meiji, Taisho,....rien n'y change, des machos.

Un livre intéressant sur les nombreuses traditions qui font, frémir,sourire, attendrir.
Comme l'aîné de la famille qui hérite de tous les biens matériels et qui lui seul peut porter le nom de la famille ( un peu comme dans l'Angleterre de l'époque),
Le cadet de la famille qui ne recevant rien, doit se faire adopter par la famille d'une fille, en préférence riche,
La femme enceinte qui se rend au temple pour y accrocher comme offrande des charmes en forme de sein, pour l'accouchement facile et la bonne croissance du nouveau-né......

Les romans japonais du siècle dernier que j'ai lu sont presque sans exception des lectures magnifiques, pleine de poésie et de charme, avec des descriptions de la nature, des personnes, des coutumes et des relations intéressantes et d'une délicatesse infinie, celui-ci ne dérogeant pas à la règle. "S'habiller pour le mariage en tomessodé..."/ le lierre qui symbolise le sexe féminin, parce qu'il s'enroule autour du tronc qui le nourrit / La beauté insolite des dents noircies ( eh oui ! ) /...... des détails émouvants à découvrir dans ce beau livre. Si vous aimez la Littérature japonaise vous ne pouvez pas y passer à côté.

"......et, à l'horizon , il n'y eut plus que l'océan.....l'immense océan à la couleur changeante dans le soleil qui dansait sur les vagues."

Commenter  J’apprécie          11611
Sawako Ariyoshi est une auteure dont j'ignorais tout avant de tomber par hasard sur ces « Dames de Kimoto » dans ma librairie. le résumé en 4ème de couverture m'a tout de suite donné envie me laissant espérer une chronique de vie sensible et raffinée. Mes espérances ont été comblées. « Les dames de Kimoto » est une oeuvre d'une grande finesse et d'une immense délicatesse.

« Les dames de Kimoto » est une saga familiale qui va suivre les destins de 3 femmes d'une même famille depuis la fin du XIXème siècle jusqu'à la seconde Guerre Mondiale. le roman a donc une tonalité historique marquée mais va surtout s'intéresser à l'aspect quotidien de la vie de ces 3 femmes, dessinant ainsi l'évolution de la condition féminine au Japon durant ces années décisives. L'auteure aborde ce sujet avec une grande subtilité, ne jugeant jamais ces personnages et ne se montrant jamais manichéennes. Sawako Ariyoshi était une auteure engagée, concernée par les droits des femmes. Mais elle s'intéressait également au Japon traditionnel, sa culture, son Histoire, ses arts. du coup, elle parvient dans son roman à ne pas opposer de manière simpliste ces deux aspects. Hana met un point d'honneur à respecter les traditions et consacrera sa vie à se montrer une bonne épouse selon des principes ancestraux. Mais si elle s'enferme volontairement dans ce carcan réducteur elle n'en demeure pas moins une femme de caractère. Sa fille, Fumio, s'opposera en tout à sa mère, lui reprochant son attachement à des valeurs passéistes. Fumio est une femme de son temps, sensible aux revendications féministes et sociales. Mais, alors qu'elle clame qu'une femme doit être indépendante, elle ne cesse de demander de l'argent à ses parents. Hanako, la fille de Fumio, sera la synthèse de ces deux femmes, sachant vivre dans son temps tout en ne rejetant pas son héritage traditionnel. On le voit, le récit s'attache à ne jamais se montrer simpliste, le maître mot est vraiment la finesse. Finesse que l'on retrouve non seulement dans la caractérisation des personnages mais aussi dans l'écriture de l'auteure. « Les dames de Kimoto » se lit très facilement, l'écriture est fluide et belle.

Ce fut vraiment une superbe découverte que ces « Dames de Kimoto ». Comme quoi, ça peut avoir du bon de se laisser porter par le hasard dans une librairie, on tombe parfois sur ce genre de pépites dont on n'avait jamais entendu parler. Je compte bien me procurer d'autres livres de Sawako Ariyoshi.
Commenter  J’apprécie          400
Depuis plus d'un siècle, la littérature a pour fonction, bien souvent, de dévoiler la face cachée de la vie, sans perdre sa fonction esthétique première. « Les dames de Kimoto », roman japonais écrit par une femme et publié en 1959 au pays du soleil levant correspond à cette idée.

Ce roman à l'écriture moins épurée qu'on ne pourrait s'y attendre dans ce type de littérature (fuyons les idées préconçues) est un texte historiquement marquant, car il dépeint  (dénonce ?), et ce dès le début des années 60, la condition féminine dans une société à la tradition écrasante. le Japon.

La pression des lourdes traditions patriarcales exercées sur l'héroïne et sa grand-mère s'écrit avec précision, même si c'est entre deux cérémonies du thé et une petite soupe au miso.

En trois parties, toute la trame du récit s'étend de Toyono, figure traditionnelle inflexible, à Hana, bourgeoise provinciale soumise et dévouée à toute la structure sociale, puis à Fumio, la fille rebelle aux visions passéistes des femmes de sa famille (et surtout de sa mère !), et enfin à Hanako, la petite dernière, douce passeuse des traditions ancestrales. Avec elle,  « l'intergénérationnel » prendra toute sa place.

Certains diront que les maîtresses de maison représentent ici la force du Japon, mais j'en ai fait une autre lecture plus personnelle ; j'y ai surtout vu des portraits de femmes broyées par l'espace domestique, l'ordre social d'alors et la légendaire symbolique nippone des éléments naturels à n'en plus finir (Ah… les longues explications sur l'écoulement des eaux du fleuve Ki et les unions maritales ! Tout un programme...).

Cette lecture fut plaisante pour moi dans sa très grande majorité, car elle lève un voile insoupçonné sur l'époque d'Edo (1603 -1668) et traverse la première partie du 19e siècle japonais en relatant intelligemment les ressentis des femmes, leurs modes de vie, ainsi que les conflits traversés par le Japon. Son aspect historique m'a donc autant touché que l'aspect féminin.

Je regrette juste que la fin de l'histoire ait un goût ambigu quant au  positionnement d'Hanako. L'héritage de tradition ancestrale entre la grand-mère et la petite fille reste flou, et surtout immuable.

Ce roman, doux en apparence, nous permet malgré tout de nous éloigner, tant que faire se peu, de l'image fantasmée du Japon qui n'est pas uniquement fait de cerisiers en fleurs, de geisha dans leur bain moussant contemplant le mont Fuji, de  jardins zen et j'en passe. Pour avoir séjourner au Japon, certains points du récit m'apparaissent plus clairs maintenant, et notamment ces serveuses ou vendeuses qui se baissent une bonne dizaine de fois pour tout et rien à la fois.

Ce roman historique reste un texte culte pour qui s'intéresse à la culture nippone et c'est ce qui fait sa force. Son style est agréable et travaillé.

Je vais maintenant de ce pas le lire sous forme de BD, Japon quand tu nous tiens ! https://www.babelio.com/livres/Bonin-Les-dames-de-Kimoto-BD/1401755.
Lien : http://justelire.fr/les-dame..
Commenter  J’apprécie          352
En cette fin de dix-neuvième siècle Hana, accompagnée de Toyono sa grand-mère va rejoindre son futur époux Keisaku. Pétrie de traditions ancestrales elle s'accommode de sa nouvelle vie, doit s'intégrer dans cette nouvelle famille et se faire accepter notamment du frère cadet Kosaku, jaloux et toujours sarcastique. Les enfants naissent et Fumio la fille ainée se révèle rebelle, en confrontation constante contre sa mère et surtout contre le poids de la tradition qui cantonne la femme dans un rôle secondaire - uniquement dans la vie domestique. Fumio, elle, veut choisir sa vie et son destin, en faisant des études et s'occidentalisant. Et c'est sa fille Hanako qui, très attachée à sa grand-mère Hana, va renouer les liens entre les femmes de ces trois générations.

J'ai été très séduite par Les dames de Kimoto, ce roman écrit en 1959 qui balaye pratiquement soixante ans de la vie au Japon, en province et à Tokyo, et qui permet de comprendre du point de vue d'une famille, l'évolution d'un pays sanglé dans des us et coutumes stricts, qu'il est difficile de remettre en question. le roman s'attache aux trois personnages féminins , en les resituant toujours dans leur relations avec les membres de la famille, les amis, les évènements qui bouleversent le Japon - guerre contre la Russie, ouverture à l'Occident, affairisme et politique et éducation pour les filles. Avec une écriture simple Sawako Ariyoshi nous permet de comprendre ces évolutions et offre trois beaux portraits de femmes et surtout, elle réussit à tisser les liens qui, malgré les déchirements et les incompréhensions de générations unissent Les dames de Kimoto.
A découvrir.
Commenter  J’apprécie          350
Le long des eaux bleu-vert du fleuve Ki, se succèdent trois destins de femmes, trois générations de japonaises issues de Toyono, la Dame de Kimoto.
C'est sur une rive de ce fleuve que Toyono se sépare de sa petite-fille Hana qui, cachée dans un palanquin laqué richement orné, doit rejoindre sa nouvelle famille, celle de son époux. Sa grand-mère a veillé sur son éducation conventionnelle et Hana est digne de la lignée des Kimoto. De l'autre côté du fleuve l'attend Keisaku, un fils aîné choisi pour elle, afin de répondre aux règles strictes qui régissent le prestige d'une lignée.

Des bords du fleuve, on voit les monts, au loin, brumeux ou neigeux, qui se dressent vers le ciel.

Avec Hana, c'est le raffinement du Japon d'hier qui ressort, dans la tradition d'élégance des différents kimonos, dans la calligraphie, la cérémonie du thé, l'art de la conversation. C'est également les offrandes au temple pour un heureux accouchement. Les superstitions planent et certains deuils y sont parfois rattachés.

Plus tard, avec sa fille, c'est le rejet de cette soumission ancestrale, elle y mettra toute sa fougue. Elle se rebelle contre la modestie et l'obéissance des femmes, contre les arts traditionnels qu'elle exècre et bien sûr refusera le kimono.

Encore plus tard, la petite-fille d'Hana, exilée à l'étranger avec ses parents, réfléchira sur son identité japonaise.


Au fil de ces destins, des images purement japonaises défilent devant nos yeux : le riz égrené par les paysans, les kakis mûrissants, les fleurs de mochi en pâte de riz colorée du nouvel an, les crues du fleuve Ki, la fumée de l'encens lors des funérailles.

Jolie fresque de personnages simples et naturels, aux caractères passifs, révoltés, aigris ou conciliants et qui nous accompagnent tout au long de ces années d'évolution de la vie dans l'Empire du Soleil Levant.
Une lecture douce, empreinte de toute la finesse japonaise de l'époque où le temps souffle sur les préceptes d'appartenance à telle ou telle famille. Les liens familiaux s'en trouvent profondément perturbés mais restent bel et bien présents dans leur différence.
Commenter  J’apprécie          333
Saga familiale japonaise, ce roman est un véritable coup de coeur !
Le récit s'ouvre au début du XXe siècle lorsque Hana, élevée par sa grand-mère Toyono, est sur le point de se marier. Toutes les traditions sont respectées : depuis le choix du mari (qui doit vivre en aval du fleuve pour ne pas que la future mariée remonte le courant, ce qui serait très mauvais pour son avenir), les prières au temple Jison, les différents kimonos à porter tout au long de la cérémonie, … jusqu'aux paroles à prononcer envers la belle-famille et les poses à adopter pendant le repas.
Une existence réglée par la tradition, sans peu d'espace laissé à la personnalité de l'épouse ? Oui et non, car certes Hana est très respectueuse des coutumes mais on sentait poindre une touche de rébellion de la part de la grand-mère, qui a fait preuve d'une grande détermination dans le choix du mari, s'opposant même à son fils.
Révolte héritée par Hana également ? Non, pas du tout. La deuxième génération est très conventionnelle et il faudra attendre les descendants, notamment Fumio, la fille de Hana et Keisaku, pour réellement observer une rupture avec l'ordre établi.
De manière très surprenante, la maternité de Fumio et la seconde guerre mondiale ont poussé la jeune femme à faire machine arrière, ou peut-être plus probablement, à aller de l'avant tout en acceptant son passé et ses traditions, sans tout renier brutalement comme elle avait pu le faire auparavant.
Hanako, la quatrième génération de femmes de la famille, est donc l'incarnation de ce renouveau.
Une fresque superbe, qui m'a fait découvrir une famille fascinante et qui m'a appris beaucoup de choses sur les traditions japonaises, étant très novice en la matière.
Commenter  J’apprécie          320
Un roman passionnant sur l'évolution du Japon, au travers de trois générations de femmes qui traversent tout le XXème siècle.
Une fresque d'une grande richesse tant sur le plan des personnages qui va bien au-delà de la condition féminine car il est aussi question de la société, de la politique, des guerres, de l'ouverture vers l'occident.
Un roman qui interpelle sur les conflits entre les générations, l'émancipation, l'évolution…
Un roman très agréable à lire, plein de poésie et de charme, une plongée dans la culture japonaise très enrichissante.
Commenter  J’apprécie          230
Japon, fin du 19ème siècle. le roman s'ouvre sur les discussions animés entre la doyenne Toyono et son fils, afin de trouver le meilleur parti pour Hana, sa petite fille en age de se marier. Comme le veut la coutume le mariage est arrangé et Hana, qui sera adoptée par sa belle famille, devra quitter son foyer définitivement. Pour la jeune femme, très respectueuse de l'étiquette, c'est un grand jour autant qu'un déchirement.
Plus tard, le récit se tournera vers la fille d'Hana, Fumio, la rebelle de la lignée, puis sa propre fille Hanako, enfant du progrès et de la guerre.
Des différentes qualités de laque aux nombreuses sorte de kimono, en passant par les fêtes saisonnières, les visites au temple lors des naissances et des mariages, et jusqu'aux pratiques domestiques les plus banales, tout est très détaillé dans ce récit familial aux accents historiques marqués.
Les relations familiales y sont décortiquées avec une grande finesse, notamment les conflits générationnels que j'ai trouvé très bien montrés, avec ce rapport à la tradition très fort chez la mère et complètement rejeté par la fille. La petite fille y reviendra avec un regard extérieur plus apaisé car libéré de l'obligation de s'y conformer, et admiratif aussi, car dans les traditions c'est l'essence même de l'élégance japonaise que cette héritière d'une famille ancestrale entre-aperçoit.
J'ai été conquise par cette plume ciselée et intelligente, et vraiment dépaysé par les paysages de campagne de cette province japonaise traditionnelle, emporté dans le courant du fleuve Ki, ses paysages de rizières, le temple au pied du mont Kudo, Wakayama et son château à la haute tour, les us, les coutumes et la politique locales…
Un vrai voyage en pays nippon que j'ai beaucoup apprécié.
Commenter  J’apprécie          220
"Dame" est un titre honorifique utilisé pour parler de femme de famille aisée qui respectent scrupuleusement les traditions centenaires du Japon médiéval. C'est le cas de la famille d'Hana : les Kimoto. A l'ouverture , ce titre est "détenu" par Toyono, sa grand-mère, la femme la plus âgée du clan. Très proche de sa petite-fille, elle s'occupe de son mariage à venir avec Keisaku, l'aîné de la famille Matani, une famille aisée mais moins prestigieuse et surtout, bien moins raffinée que les Kimoto.

Point de départ d'une fresque familiale et historique qui s'étend de la fin du XIXème siècle à l'après Seconde Guerre mondiale, la romancière fait apprécier aux lecteurs la société ultra codée et hiérarchisée qu'était le Japon à la veille du XXème et nous montre comment toute sa structure a été bouleversée et a volé en éclat avec la guerre de 1939-45 - qui a finit d'épuiser le pays après la guerre contre la Chine puis la Russie.

J'ai apprécié autant la dimension historique que l'analyse de l'évolution de la place des femmes dans la société nippone à travers les portraits variés et contrastés imaginés par Sawako Ariyoshi.
C'est à la fois un roman riche et plein de pudeur, écrit avec une plume très dépouillée, ce qui personnellement ne m'a absolument pas gênée tant j'ai été embarquée par ce récit, le quotiden et les mésaventures de ces personnages sur trois générations.
Avec cette pudeur élégante, l'auteure parvient tout de même a créer des portraits de personnages consistants et finement analysés, la littérature a sans doute permis à la romancière d'exprimer des pensées et sentiments profonds ainsi que des incompréhensions et décalages , mais aussi des contradictions qui existaient entre différentes générations et types de personnes - choses inconcevable dans la vie réelle !

C'est un livre que j'ai lu d'une traite, avec la troisième et dernière partie que j'ai dévorée en un temps record ! C'est un classique qui aurait mérité davantage de presse car cette écriture et la vérité qui se dégage de ce roman en fond un livre plus qu'abordable et loin des romans japonais classiques qu'on a l'habitude de lire.

Une très bonne lecture (même s'il m'a manqué un petit quelque chose pour lui donner sa 5ème étoile) que je ne manquerai pas de conseiller autour de moi, et je pense que les personnages féminins au centre du récit (alors qu'elles occupent dans "la vraie vie" une place secondaire) m'accompagneront encore un bon moment tant elles m'ont touchée chacune à leur manière.
Commenter  J’apprécie          170
Ce roman classique, immense succès au Japon, nous fait partager, au travers de plusieurs générations de femmes, l'intimité d'une famille japonaise aisée et respectée, depuis l'ère Meiji démarrant à la fin du XIXème siècle jusqu'au lendemain de la seconde guerre mondiale : période d'importants bouleversements, où le pays bascule de la tradition vers la modernité.


C'est Hana, le personnage central, qui vit le plus complètement cette période charnière : élevée par sa grand-mère dans le plus pur respect des traditions, elle s'appliquera toute sa vie à remplir le rôle modeste et discret réservé aux femmes par son éducation. Elle n'en aura pas moins, de par son fort tempérament, une influence essentielle sur la carrière de son mari, et mènera sa maison en grande dame.


Imprégnée des coutumes et superstitions héritées du passé, elle sera douloureusement confrontée aux changements de son siècle : alors que son pays s'écroule après la défaite de la seconde guerre mondiale pour renaître totalement bouleversé, l'influence occidentale change radicalement les moeurs au Japon. Hana ne parviendra jamais à comprendre sa fille Fumio, qui, en révolte contre la soumission féminine, embrassera avec ardeur un mode de vie en profonde rupture avec le sien. Il faudra encore une génération pour parvenir à réconcilier tradition et modernité, au travers d'Hanako, la petite-fille d'Hana.


Grande admiratrice de Simone de Beauvoir, Sawako Ariyoshi nous livre ici une vaste fresque sociale centrée sur l'évolution de la condition féminine au Japon et couvrant près d'un siècle de l'histoire du pays.


Pour le lecteur occidental, c'est aussi une plongée dépaysante dans la culture et l'art de vivre japonais, dont l'écriture sobre de ce roman restitue un tableau précis, particulièrement esthétique, empreint de délicatesse et de nostalgie. le titre français occulte la métaphore originale en Japonais, conservée dans la traduction anglaise : Kinokawa signifie La rivière Ki. Présent tout au long du récit, ce cours aux eaux tantôt assagies, tantôt vives ou débordantes, que les épousées devaient se garder de remonter sous peine de grands malheurs, symbolise l'inéluctable évolution du monde, la recherche d'un équilibre entre tradition et modernité, à l'image du Japon actuel.


Kinokawa a fait l'objet d'une adaptation cinématographique, semble-t-il en Japonais seulement, que je vais essayer de me procurer afin de confronter mon imagination à des images. Coup de coeur.
Lien : https://leslecturesdecanneti..
Commenter  J’apprécie          160




Lecteurs (1115) Voir plus



Quiz Voir plus

Les mangas adaptés en anime

"Attrapez-les tous", il s'agit du slogan de :

Bleach
Pokemon
One piece

10 questions
889 lecteurs ont répondu
Thèmes : manga , littérature japonaiseCréer un quiz sur ce livre

{* *}