Juste après la Première Guerre Mondiale, quatre Anglaises - deux jeunes femmes d'origine modeste, malheureuses en ménage (l'une parce que son mari, avocat, lui fait constamment sentir à quel point elle est insignifiante ; l'autre, confite en dévotion, honteuse que son mari soit l'auteur de romans plutôt lestes ), une très jeune, très riche, et très belle aristocrate célibataire, et une vieille veuve acariâtre qui a été jeune à l'époque de la reine Victoria - décident de louer ensemble, pour un mois, un petit château médiéval, en Italie, au bord de la Méditerranée.
Voilà le point de départ de
Avril enchanté, d'Elizabeth von
Arnim, publié en 1922. Un siècle plus tard, à une époque où les livres que l'on édite sont souvent lourds et pesants, tant leurs thématiques sont sombres - inceste, autisme, violences conjugales, pédophilie, guerres, maltraitances à enfants, ...-
Avril enchanté est un roman aussi rafraîchissant qu'une citronnade, avec aussi sa petite pointe d'acidité.
Car nos quatre femmes, qui ne se connaissaient absolument pas avant de partir pour l'Italie, vont, lors de ce mois de vacances, aller à la découverte d'elles mêmes, à travers des situations parfois embarrassantes - accompagnées, au début, de quelques remarques acerbes de ci de là - et vont ainsi s'apercevoir qu'elles peuvent être bien autre chose que ce qu'elles ont été jusqu'ici.
Là, à San Salvatore, dans la douceur tiède et parfumée d'un jardin italien, nos quatre Anglaises vont fleurir, comme des graines trop longtemps enfouies dans une terre froide et humide qu'un soleil inespéré fait soudainement éclore.
Ainsi le château, San Salvatore - le Sauveur - porte bien son nom, qui va sau
ver à tout jamais la vie de nos quatre héroïnes : même la revêche vieille victorienne finira par se montrer aimable et attentionnée envers ses semblables , se dépouillant de son égocentrisme et de son égoïsme comme d'un vieux vêtement d'hiver devenu complètement inutile dans le printemps italien.
Je suis sortie de la lecture de ce roman aussi enchantée que le mois de son titre (même si j'ai trouvé la fin un peu simplette il est vrai), une lecture qui est un moment de plaisir semblable à celui que procure un bonbon acidulé.