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Énorme pavé avalé cette semaine ! J'ai eu un coup de coeur pour ce roman épique.
Mélangeant le passé, le présent, des extraits de contes, de linguistique, le roman nous entraîne entre Mexique et Canada, entre fanatisme religieux et histoire d'amour passionnel, entre deuil et grans espaces.
Une très belle découverte !
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Roman complet doté d'un souffle que je ne connaissais pas dans la littérature sud américaine. le dédoublement de l'histoire participe au maintien en haleine et ne déséquilibre en rien l'histoire. C'est un pavé et on en sort comme d'une bonne série avec le sentiment d'avoir quitté des potes.
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Années 60, Unidad Modelo, quartier populaire de Mexico.
Juan Guillermo Valdes y est notre guide. Et à l'image du labyrinthe que constituent les ruelles de ce territoire que ses enfants parcourent en passant de toit-terrasses en toits-terrasses, la visite qu'il en propose se prête aux rebroussements, aux errements, aux traversées clandestines.

Le contexte est exposé d'emblée, marqué par la mort et une inextinguible soif de vengeance. Juan Guillermo est hanté des pertes successives qui ont ponctué sa vie. Et cela a commencé très tôt, avec la mort de son frère jumeau dans l'utérus maternel ; il en a hérité un sentiment d'abandon et le besoin de combler un vide émotionnel qui l'a précocement amené à convoiter les filles, désirant ardemment leur proximité, leur regard, leur nudité… puis il y a eu la mort de son grand frère Carlos, assassiné avec le soutien de l'église et de la police par des chrétiens fanatiques, celle de ses parents, dans un accident faisant opportunément suite eu décès de leur fils aîné, de sa grand-mère… entre autres.

Juan Guillermo n'a plus qu'une obsession : venger Carlos. Et pendant qu'il rumine et organise les conditions de cette vengeance, un incessant va-et-vient entre présent et passé explicite les événements à l'origine de cette situation, en même temps qu'il nous replonge dans l'enfance et la jeunesse du héros.

Pour lui, les dés semblaient jetés. Que peut devenir un gamin né dans quartier où l'état de droit n'a pas cours, où règnent la corruption et la cruauté diabolique d'une police entretenant des accointances avec les criminels qu'elle est censée punir ? Dont le frère aîné s'adonne à divers trafics illégaux, auxquels il le fait, à l'occasion, participer ? Mais même dans cet univers écrasé par le poids du déterminisme social et de l'iniquité institutionnalisée, tout n'est pas si simple… Elevés par des parents cultivés, convaincus que l'enseignement est la meilleure façon de changer le monde, Juan Guillermo et Carlos ont grandi dans un foyer peuplé de livres, fréquentant Aristote, Kafka, Faulkner, Juan Rulfo, Stendhal, Zola

Et c'est cette complexité du personnage principal qui fait en grande partie la richesse de ce roman, en lui conférant une tonalité singulière, osmose de rage et poésie, de gouaille, de crudité et de digressions philosophiques.

Le contexte se prête par ailleurs aux rebondissements, épisodes cocasses mais aussi tragiques qui ponctuent le récit de moments marquants, parmi lesquels l'apprivoisement par Juan Guillermo d'un incontrôlable et féroce chien-loup qu'il a sauvé de l'euthanasie ; le scandale provoqué par son initiation sexuelle précoce avec une camarade d'école primaire joyeusement consentante ; les déboires que valent à la famille Valdes la traque de Carlos par l'ignoble policier Zurita ; les atrocités commises par la clandestine milice des Bons Garçons, extrémistes chrétiens dirigés par le fanatique Humberto, qui voue à sa dépravée de mère une haine confinant à la démence… Autant d'occasions pour Juan Guillermo d'exprimer son impulsivité et sa dureté, mais aussi sa détresse et son besoin éperdu d'amour, qu'il trouve en la personne de Chelo, jeune fille elle aussi cabossée, avec laquelle il entretient une relation aussi passionnée que compliquée.

Son histoire laisse par intermittences la place à celle d'Amaruq, métis inuit que nous accompagnons dans sa traque solitaire et interminable d'un loup, qu'il a surnommé Nujuaqtutuq –"le Sauvage"- au coeur des immensités glacées des forêts du Yukon.

Il faudra de la patience pour relier les deux pans a priori complètement décorrélés de l'intrigue. Tout autant qu'en requiert la manière dont le narrateur reconstitue, avec minutie et apparente anarchie, le puzzle de son récit. Mais peu importe. Si le rythme du roman peut sembler par moments inégal, les épisodes d'une tension extrême succédant à des périodes de morne marasme, je ne me suis jamais ennuyée en compagnie de Juan Guillermo, portée par sa spontanéité, sa combativité, et ce curieux mélange d'humour et de désespoir qui le rend aussi drôle que bouleversant.

Et puis Guillermo Arriaga livre, dans ce récit où celle du monde animal et celle de la société des hommes se répondent, un bel hommage à la sauvagerie comme expression d'une liberté et d'une force qui permettent de survivre, d'un élan naturel et sans concession à tout ce qui nous bride et tente de nous anéantir.

Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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Guillermo Arriaga, scénariste réputé (je suis une très grande admiratrice des films d'Inarritu), signe ici un livre dense et rythmé. A l'image des films qu'il écrit, plusieurs histoires s'enchevêtrent pour parler, au fond, de l'animal qu'on a tous au fond de nous. On y lit le désir de vengeance, la jalousie, la corruption, la folie, la violence. On peut se retrouver dans chacun des personnages, et le talent de Guillermo se sent bien là : pas de méchants ni de gentils, simplement des hommes en proie à un monde gangréné qui expriment leur sauvagerie chacun à leur façon. J'ai personnellement lu les 900 pages en 5 jours. Un vrai voyage.
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Il y avait longtemps que je n'avais pas lu un livre aussi prenant, un texte aussi bien écrit, aussi dense sans être barbant. Deux histoires, deux destins, à deux endroits si différents l'un de l'autre (un quartier populaire de Mexico City et les forêts enneigées du Yukon) mais qui vont se rejoindre sur les chemins du deuil, de la résilience, de la sauvagerie des hommes et - à contrario - de l'intelligence animale. Ici, en l'occurrence, il est question de loups. Je pense que c'est la première fois que je lisais le roman d'un auteur mexicain, et même latino-américain, je ressors de cette lecture, ébloui.
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« L'homme est un loup pour l'homme » voilà une citation qui pourrait servir d'épigraphe à ce roman impressionnant . D'abord ,par son envergure (950 p en poche) , puis par l'entreprise elle-même :deux arcs narratifs entrelacés , l‘un à Mexico dans les années 60 et l'autre dans le Yukon . Rouge sang d'un Mexique ultra violent ravagé par la drogue , la corruption et les gangs , blanc immaculé des solitudes enneigés ; guerre de l'homme contre l'homme , lutte de l'homme contre les forces naturelles ; le jeune Juan Guillermo , rongé par les deuils, la haine ,la jalousie ; Amaruq ,le chasseur inuit lancé à la poursuite de sa baleine blanche , Nujuaqtutuq le grand loup . Une quête spirituelle , une descente aux enfers . Comme chez Dante , Juan Guillermo au terme de sa course à la mort , de sa rencontre avec le mal ,trouvera-t-il le chemin de la paix de l'âme ?
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Roman initiatique.

Deux récits, deux destins, un homme et un loup qui vont finir par se croiser.

Juan Guillermo vit à Mexico.
Tous les membres de sa famille vont mourir et il sera orphelin à 17 ans.
Son frère, Carlos, son héros, mais aussi trafiquant sera abattu par des policiers corrompus. Juan ne pensera plus qu'à venger la mort de son frère.
La violence, la drogue, la corruption, la jalousie, la trahison seront son quotidien.

Et puis il y a l'histoire d' Amaruk, un trappeur inuit qui traverse le grand nord avec Nujuaqtutuq un loup sauvage.
Et là, on pénetre et on glisse dans ces forêts glacés et sauvages avec tous ces merveilleux paysages et on comprend très vite que la nature est plus fort que tout !

C'est un livre très riche, qui traite aussi d'énormement de sujets et moi j'en retiendrai un qui est commun au deux " La liberté" !

Entre ces deux récits, il y a de petites légendes ou récits mythologiques ou réflexions, je les ai beaucoup apprécié, car cela m'a permis de souffler entre les chapitres.

Magnifique lecture.

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En ouvrant le sauvage, honnêtement on peut prendre peur ! La couleur est annoncée : noire. On sait tout de suite que le jeune héros va perdre tous les siens en l'espace de quelques années et on se dit « Ouh la ! Est-ce que j'ai envie de m'infliger ça ? ». Enfin moi c'est ce que j'ai pensé …mais pas longtemps. Ce roman m'a littéralement happée jusqu'à la fin ! Il est d'une densité et d'une intensité incroyables : ces deux histoires si bien tricotées, ces deux héros (Juan Guillermo et Amaruk) dans leur quête folle, toute une myriade de personnages marginaux, dépravés ou corrompus, d'autres en revanche plein de douceur, de sagesse ou de mystère ! Sans doute influencée par ce que je connais de l'auteur, j'ai souvent eu l'impression d'être dans un film : poursuites infernales dans les ruelles et sur les toits terrasses de Mexico, traque interminable dans les paysages du Grand Nord canadien, huis clos tendus et scènes de violence dans des espaces confinés. Arriaga écrit à un rythme effréné, découpant son récit en séquences qui s'enchaînent au gré des flash-back, travelling, plans larges et plans serrés, accordant une grande importance aux lumières et aux décors naturels et soignant même la bande son (comme on les entend ces hurlements de loup ! ces coups contre la citerne !). On ne lit pas une mais des histoires. Histoires de vengeance, de colère, de jalousie, de trahison, de résilience, de pardon, d'amour, d'aventure… On en ressort pantelant. On souffle un peu tout de même pendant la longue traversée du continent Nord-Américain et à la lecture de quelques pages de digressions philosophico-scientifiques ou musicales, de listes, de fantaisies typographiques. Autant de respirations qui ponctuent le récit pour s'en extraire un moment et prendre un peu de recul.
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Deux histoires dans ce roman, deux destins, parfaitement étrangers l'un à l'autre et qui pourtant vont se croiser.
Juan-Guillermo vit à Mexico avec sa famille. Son frère aîné Juan-Carlos est son héros, mais il est aussi trafiquant de drogue et sa volonté de liberté lui sera fatale.
La violence partout présente fera de Juan-Guillermo un adolescent seul face à la vie. Il va alors découvrir la vengeance comme seul remède à la série de drames qui ont anéanti tous ses proches.
Loin du Mexique, très loin, dans le Yukon canadien, Amaruq, demi inuit, poursuit lui aussi une course, une quête. Il est à la poursuite de Nujuaqtutuq, énorme loup gris qu'il convoite d'abord pour sa peau puis pour des raisons dictées par les traditions que lui transmet son aïeul.
Amaruk est têtu, obstiné vers son but. Nujuaqtutuq est sauvage, violent, dangereux et peu disposé à se laisser capturer.
Ces deux histoires si différentes, tellement éloignées l'une de l'autre vont, un moment se rejoindre, se mêler et se fondre.
Les constantes du roman sont la violence, souvent, la liberté, toujours.
Il y a des assertions, intéressantes, qui créent une respiration dans le récit.
Je ne connaissais pas l'auteur et j'ai pris beaucoup de plaisir à lire ce livre. J'ai hâte
de découvrir ses autres romans.
Lecture achevée le 23 Septembre 2019
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Un roman noir qui débute par un schéma assez classique ; un drame, un projet de vengeance. Mais, l'histoire de Juan Guillermo, elle, n'a rien de classique, dans le fond, mais aussi dans la forme. Un roman-fleuve autour d'un personnage attachant, mais désespéré, qui ne tient plus que pour se venger. Un roman d'aventure, aussi, qui doit mener non pas seulement à la résilience, mais à la renaissance.
Lien : https://appuyezsurlatouchele..
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