Dès l'annonce de l'arrivée de Perfect World, le nouveau josei des éditions Akata, j'ai été enchantée, pas seulement par les qualités du titre qui sont indéniables, mais par le thème qu'il aborde, le handicap. Si les mangas traitant de ce thème commencent à être de plus en plus fréquents sur nos étals, ils sont aussi à la fois très rares… Car, il ne faut pas se le cacher, encore aujourd'hui, le handicap dérange…
Personnellement, ma famille est touchée par le handicap depuis 3 ans et même si nous vivons dans une société où tout est fait pour aider les handicapés au maximum, rien ne nous prépare vraiment à la réelle difficulté de ce qu'est le handicap. Je me suis rendue compte qu'un trottoir, c'est le parcours du combattant quand tu pousses un fauteuil roulant, qu'une petite marche de 1cm peut devenir une falaise, que les rampes d'accès ressemblent à des lacets de montagnes et que même si tu habites une maison de plein pied, celle-ci n'est absolument pas adaptée.
Après cette petite parenthèse que je tenais à faire pour expliquer pourquoi la lecture de ce manga me tenait à coeur, revenons à Tsugumi et Hayukawa, les héros de Perfect Word.
La mangaka prend le parti d'entrer directement dans le vif du sujet, Tsugumi est confrontée dès les premières pages au handicap de Hayukawa qui fut son amour (non déclaré) quand ils étaient au lycée. Dès le premier chapitre, elle est brutalement confrontée à ce qu'est la vie d'un handicapé. du rejet d'une partie de la société, des regards curieux ou autres, des questions que les gens n'osent pas poser en face, de l'acception de son handicap, de la non acception de son handicap, des pathologies qui découlent d'un handicap, du sport chez les handicapés, de l'adaptation de l'habitation… La mangaka aborde l'ensemble de ces thèmes de manière très didactique et surtout très bien intégrés dans son récit. le tout est tellement bien amené que le lecteur ne sait plus vraiment si la romance est là pour parler du handicap avec plus de légèreté ou si le handicap est là pour donner à la romance un côté plus tragique. La lecture de ce premier tome donne le ton et amène le lecteur à se poser pas mal de questions, et si j'étais à la place de l'un des deux héros ? Comment je réagirais ? Est-ce que je serais capable de surmonter tout ça ?
Mais au-delà du handicap, il ne faut pas oublier le début de romance qui pointe le bout de son nez dans ce premier tome… Tsugumi et Hayukawa retrouvent leur complicité qu'ils avaient quand ils étaient au lycée, les affinités qu'ils avaient quand ils étaient adolescents sont toujours présentes et leurs métiers respectifs sont complémentaires, ce qui les amène à passer du temps ensemble. Et plus Tsugumi passe du temps avec Hayakawa plus son amour pour lui refait surface et même si la situation est compliquée et lui fait peur, elle ne veut pas rester spectatrice, elle veut devenir actrice dans la vie de Hayakawa. La rencontre avec les personnes qui gravitent, ou ont gravité, autour de Hayakawa lui fait prendre conscience de toutes les difficultés à venir, que cela soit sur le plan social ou sur le plan médical. Mais Tsugumi est une optimiste, et elle tient à faire partie de la vie de Hayakawa quoiqu'il arrive.
Pour soutenir son récit, le trait d'Aruga Rie est délicat mais parfois un peu brouillon, mais cela ne gêne absolument pas la lecture, bien au contraire. Je trouve que ce côté brouillon donne de la profondeur à l'histoire. Et il est bon de noter que Perfect World est le premier manga d'Aruga Rie à être publié en volume relié… Il ne fait aucun doute qu'Aruga Rie fait partie des mangaka à surveiller.
Avec Perfect World, Akata propose une nouvelle fois un choix éditorial audacieux qui fait mouche. On peut, éventuellement, trouver que tout va un peu trop vite dans ce premier tome, mais la mangaka précise qu'à l'origine Perfect World devait être un one-shot. J'espère qu'elle arrivera à conserver l'équilibre entre la romance et le handicap si bien mené dans ce tome dans la suite de son récit.
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