Jessica, ma chère, je serais curieuse de savoir si tu t'es traînée à mon enterrement. Et si oui, as-tu remarqué ta propre cicatrice ? Et vous tous qui m'écoutez... Avez-vous remarqué les cicatrices que vous laissiez derrière vous ?
Salut tout le monde. Ici, Hannah Baker. En live et en stéréo.
Je n'en crois pas mes oreilles.
Il n'y aura pas d'autres dates. Pas de rappels. Et cette fois, aucune intervention du public.
Non, c'est impossible. Hannah Baker s'est suicidée.
J'espère que vous êtes prêts, parce que je vais vous raconter l'histoire de ma vie. Ou plus exactement, la raison pour laquelle elle s'est arrêtée. Et si vous êtes en train d'écouter ces cassettes, c'est que vous êtes l'une de ces raisons.
Hein ? Non !
Je ne vous dirai pas laquelle de ces cassettes vous concerne personnellement. Mais n'ayez crainte : si vous avez reçu cette charmante petite boîte, votre nom surgira à un moment ou à un autre... C'est promis.
Et la parole d'une morte, c'est sacré.
Les règles sont simples. Et au nombre de deux seulement. Petit un: écouter. Petit deux: faire passer les cassettes à la personne suivante. L'un comme l'autre, je l'espère, devraient vous être pénibles.
Personne ne connaît vraiment la vie des autres, seulement la sienne. Et quand on bousille une partie de la vie de quelqu'un, ça ne se limite pas à cette partie-là. Hélas, nul n'est jamais aussi précis, sélectif. Quand on bousille une partie de la vie de quelqu'un, on bousille sa vie tout entière.
Tout... a une influence sur le reste.
" Le suicide, j'y pense parfois, pas très sérieusement, mais j'y pense. "
Certaines personne sont peut-être prédisposée à y penser plus souvent que d'autre. Parce qu'à chaque nouveau coup dur, j'y repensais.
À quoi ? Ok, je vais le dire cette fois. Je pensais au suicide.
- Dévoilez-vous, disaient-elles. Laissez-nous entrevoir vos replis les plus sombres et les plus intimes.
Mes replis sombres et intimes ? Vous êtes qui, ma gynécologue ?
Il existe toutes sortes de tordus autour de nous, Alex. Peut-être en fais-je partie, d'ailleurs. Mais le problème, c'est que lorsqu'on ridiculise quelqu'un publiquement, il faut assumer la responsabilité de ce qui arrive à cette personne quand les autres en profitent.
Parce que la plupart de ces cicatrices ne se voient pas à l'œil nu. p.74
C’est comme lorsqu’on conduit sur une route pleine de bosses et qu’on perd le contrôle de sa direction en déviant – quelques instants à peine – vers le bas-côté. Les pneus ramassent un peu de terre, mais vous parvenez à rectifier le tir. Pourtant, vous avez beau agripper le volant, le maintenir le plus droit possible, quelque chose ne cesse de vous projeter sur le côté. Vous ne contrôlez presque plus rien. Et à un moment donné, vous n’en pouvez plus de vous battre – de vous acharner – et vous envisagez de tout lâcher. De laisser l’accident… ou je ne sais quoi… se produire.