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Citations sur Angle mort (36)

Rien à dire sur la cité du Pont-Blanc, elle a un bon pedigree. Elle nargue le commissariat. Pour être précis, elle est postée presque en face, à côté de la cité Jules-Vallès. Je ne sais ce qu’en pense le milieu de la chaussée de la rue Rechossière et sa ligne de coke et de sang. Faire du business avec un type qui a des lieutenants au nez poudré ne m’a jamais rassuré. La coke rend sûr de soi et c’est là que commencent les problèmes. Je suis déjà assez taré pour ne pas en rajouter.
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Voilà pourquoi le jour où Sess Sylla, le géant malien de la cité du Pont-Blanc d’Aubervilliers, est venu me voir pour affaires avec son ombre Moussa, j’ai réfléchi plutôt trois fois qu’une.

Mon premier réflexe : refuser. On ne va pas au bal avec n’importe qui, même pour un beau buffet.

Sess fait une tête de plus que moi, avec une cicatrice sur la joue, souvenir laissé par la caresse d’une machette. Il a des bras comme des vérins. Sess dit que sa mère l’a fabriqué haut comme un baobab pour voir venir de loin les bacmen1.
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i je conçois qu’on apprécie une arme pour ses courbes affinées ou, au contraire, pour son côté austère, les bruits de quincaillerie me rendent dingue. Que ça gratte durant la course de détente et mon plaisir se barre. Le Beretta 92 est, lui, du pur son.
Pourtant, le jour où j’ai eu 5 000 euros à claquer, c’est un Colt 1900 que j’ai choisi.
Juste pour le plaisir.
Pas question d’aller taper avec. Je le garde comme une maîtresse : je ne le sors jamais. Pour les affaires courantes, j’ai mon fidèle et les avant-bras qui vont avec : un israélien — le Desert Eagle, un pistolet semi-automatique de chez IMI, calibre .357, surpuissant. Droit passé de Call of Duty 6 à mes mains. Si tu as des doigts de pianiste, persévère dans le récital.
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Tester avant d’adopter. Personne ne me dissuadera d’essayer une nouvelle arme avant de m’en servir. La cave du bar de Mehdi est là pour, ou notre planque dans la forêt. Ni de vérifier les chargeurs, de toujours mettre une cartouche en moins pour ne pas les comprimer, ni de fourrer une arme de secours dans le vide-poches en cas d’embrouille sur le terrain. Le chargeur made in China d’un Norinco qui tombe en plein braquo, ce n’est pas du mythe.
Je ne veux pas faire le beau parleur mais l’habitude endort les réflexes. Le jour où on saisit ça, on devient professionnel. Le matin où vous vous croyez bon, vous serez mauvais. La porte ouverte au placard ou au cimetière.

Après ça, on peut vraiment parler de choix ?
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Jamais deux cartouches de la même marque à la suite : je panache, simplement.

C’est ma parade, au cas où un lot serait foireux. Pour être cash, je veille même à l’orientation des marquages des cartouches dans le chargeur. Comme un minot peut se rendre taré à tourner les crayons de couleur d’une boîte jusqu’au parfait alignement des inscriptions.
Attention, plutôt me reconvertir que d’utiliser des cartouches asiatiques. Chacun son métier, moi, on ne me fera jamais prendre des PMC sous couvert que c’est bon marché. De la daube, même bon marché, reste de la daube.
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La plupart des gens pensent que les braqueurs sont des tireurs d’élite qui achètent tranquille leur arme en descendant dans la cave d’une cité aussi pourrie que leur vie. Je leur propose de changer de destination, de passer d’Ibiza à Aubervilliers ou du côté de la porte de Bagnolet. Là, ils comprendront pourquoi je flippe quand je ne suis pas sûr de mes équipiers. Car parole, la passion des armes devient aussi rare que le sakkos de l’évêque sur le cul d’un cheval.
Avant de monter au braquo, j’ai des manies : il faut que je prépare tout moi-même — une arme doit être sûre à 100 %. Et puis je ne peux m’empêcher d’alterner les cartouches quand je garnis le chargeur. Ce geste frôle la superstition, mais je suis rongé par l’idée qu’avant de devenir allumée, la superstition est une bonne fille.
Chez nous, la superstition sauve de la tombe.
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Je disais que j’aimais les armes. Certains trouvent qu’elles sentent la poudre. Vous trouvez peut-être qu’elles sentent le crime. Pour moi, elles sentent la liberté. Ce sont elles qui donnent la place la plus solide dans cette société. Sans ça, tu restes un esclave. Et moi je dis : plutôt crever que d’asservir ma volonté.

Calibrer, c’est décider de l’autorité.
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Depuis la mort de nos parents, je me suis promis que rien ne nous ferait descendre. Rien, ni personne. Mais l’histoire, notre histoire, elle ne regarde que notre mémoire, et j’ai juré qu’elle resterait dans nos cerveaux. De vrais coffres blindés.
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On a aussi une sœur, Adriana. Mais elle, on n’a pas raccourci son prénom. Elle ne l’aurait pas permis. Adriana n’a jamais dessoudé personne, elle ne vit que pour le trapèze. Nous trois, on est les voleurs et la volante. La plupart du temps, on croirait pourtant qu’il y a quarante mille kilomètres entre notre quartier général et sa roulotte aux faux ors du cirque Moreno de la porte d’Aubervilliers. Peut-être qu’elle comprendra, Adriana, que le monde dans lequel elle vit existe aussi peu que notre enfer. Avec Archi, on a fait notre choix, rien ne résiste au blé. On a misé sur le chemin le plus rapide. Celui où rien ne peut nous décevoir. Quand on dort sur l’idée du pire, on ne fait plus de cauchemars. Adriana, avec l’idéal, a choisi les montagnes russes.
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Ce que je préfère, c’est le voir tirer ses cheveux noirs en arrière le matin et les lisser. S’il n’avait pas son air froid et buté, il passerait pour un danseur de tango. Archi est fier, avec un sale caractère, mais c’est mon frère et l’équipier le plus fiable du monde. On a grandi sans argent, et, sans argent, personne ne s’intéresse à ce que tu penses. Personne ne voit que tu es posé dans un coin à juste réclamer non qu’on te considère, mais qu’on te remarque. Pendant des années, on a été les fantômes d’une société qui se passait de nous. Jusqu’à ce que Pedro, notre père, se décide à lui apprendre le respect.
C’est par les armes et les femmes que l’on devient homme.
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