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Citations sur Angle mort (36)

Il jeta un dernier œil à la Seine avant de rejoindre la brigade. Rémi ne voulait pas s’avouer l’évidence : il attendait. Il attendait que Lily le rejoigne. Malgré lui. Elle était bien trop maligne pour ne pas l’avoir vu se diriger seul vers l’atelier. Encore une minute. Juste pour la gloire. Le fleuve capta à nouveau son attention. Comme tout flic, il passait sa vie à observer. Sur l’autre rive, à l’entrée du port de plaisance de l’Arsenal, son regard s’arrêta sur un remorqueur qui avait été modifié en pousseur. À l’avant, des fers de poussage noirs. Ses couleurs, bleu, blanc et rouge, rappelaient l’Île-de-France, le remorqueur. Puis ses yeux se perdirent dans les reflets des vagues.

Lily.

Il fallait reconquérir Lily.

Et retourner au Quai des Orfèvres. L’air du bureau 324 lui manquait.
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Au bout de quarante-cinq minutes, le substitut du procureur arriva sur les lieux du crime. Duchesne lui résuma les circonstances avec des phrases ponctuées de qui plus est. Le chef de service du 2e DPJ fit une brève apparition avant de repartir, tandis que la silhouette charpentée de Jo Desprez s’imposait. Aux pieds, il portait de très élégants souliers bicolores : il venait de la Crime. Leur élégance disparut sous les surchaussures. Il avait l’air d’humeur bougonne et c’était son naturel.
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Tout le groupe de répression du banditisme du 2e District de police judiciaire participait au dispositif pour sécuriser les hypothèses de fuite. La BRI2 du quai des Orfèvres avait rappliqué en renfort. Le périphérique n’était pas loin et c’était une rampe de lancement pour les braqueurs. L’A1 avait aussi leurs faveurs, de même que l’A 86 — pour disparaître dans le 94. Marc Valparisis et Nicolas Imbert cuisaient dans leur fourgon, tandis que Julien Roux, un jeune gardien de la paix à moto, domptait l’impatience de sa Yamaha Fazer 600. Le commandant Duchesne, chef de section de la Criminelle, ne manquait pas à l’appel. Toujours soigné, la frange trop courte, contrairement à sa cravate, un regard d’enfant en contraste avec de profondes rides soucieuses. L’intervention extérieure de la BRI imposait que la hiérarchie garde un œil. Avec Stella Auger à ses côtés, ils auraient formé le couple parfait dans leur Ford Mondeo, si la policière n’avait pas renversé le thermos de thé du commandant. Redoutant de donner un mauvais tour à la surveillance, il avait ravalé ses envies de réplique. Ils s’étaient positionnés pour conserver une vue générale.
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Pris en tenaille entre les avenues de Flandre et Jean-Jaurès qui se ruaient vers le nord-est de Paris, les quais du bassin de la Villette attiraient les contemplatifs. La diversité du quartier n’était pas qu’un alibi politique. Ici, elle résistait aux assauts et flâner valait un tour du monde bon marché.
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« Et puis, Daoud a le bras tellement profond dans la came qu’il n’a aucune raison de nous retirer notre carte de fidélité. »

Après un temps, le lieutenant Valparisis ajouta :

« Nico, laisse un léger filet d’air pour qu’il n’y ait pas de buée. »

La buée était l’ennemie des flics, elle attirait l’attention sur les véhicules de planque. Nicolas Imbert obéit. Il obéissait à tout ce que lui disait le lieutenant Valparisis qui n’était pas né pour être contrarié, avec son mètre quatre-vingt-dix nerveux.

Lâchant son objectif, il fixa un instant son jeune collègue :

« Dis-moi, Nico, tu braques des bij’1 ? T’as un vrai caleçon de fraqueur… Pardi, c’est de la soie, ton truc ?

— C’était mon anniversaire. Un cadeau…
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« Tu crois qu’ils vont venir, Marc ?

— Daoud est le tonton le plus fiable de la place de Paris et Sess le fils de pute le plus accompli d’Aubervilliers… Deux valeurs sûres… Ce sont des horloges, ces mecs. Trop déréglées pour être à l’heure, mais des horloges, t’inquiète, Nico. »
Marc Valparisis avait répondu sans quitter des yeux l’entrée du bar d’angle. À croire que son interlocuteur n’existait plus. Assis depuis deux heures dans un Trafic blanc aux glaces sans tain, leur cuve, il faisait de son paquet de cigarettes une compression à la César.
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Rien à dire sur la cité du Pont-Blanc, elle a un bon pedigree. Elle nargue le commissariat. Pour être précis, elle est postée presque en face, à côté de la cité Jules-Vallès. Je ne sais ce qu’en pense le milieu de la chaussée de la rue Rechossière et sa ligne de coke et de sang. Faire du business avec un type qui a des lieutenants au nez poudré ne m’a jamais rassuré. La coke rend sûr de soi et c’est là que commencent les problèmes. Je suis déjà assez taré pour ne pas en rajouter.
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Voilà pourquoi le jour où Sess Sylla, le géant malien de la cité du Pont-Blanc d’Aubervilliers, est venu me voir pour affaires avec son ombre Moussa, j’ai réfléchi plutôt trois fois qu’une.

Mon premier réflexe : refuser. On ne va pas au bal avec n’importe qui, même pour un beau buffet.

Sess fait une tête de plus que moi, avec une cicatrice sur la joue, souvenir laissé par la caresse d’une machette. Il a des bras comme des vérins. Sess dit que sa mère l’a fabriqué haut comme un baobab pour voir venir de loin les bacmen1.
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i je conçois qu’on apprécie une arme pour ses courbes affinées ou, au contraire, pour son côté austère, les bruits de quincaillerie me rendent dingue. Que ça gratte durant la course de détente et mon plaisir se barre. Le Beretta 92 est, lui, du pur son.
Pourtant, le jour où j’ai eu 5 000 euros à claquer, c’est un Colt 1900 que j’ai choisi.
Juste pour le plaisir.
Pas question d’aller taper avec. Je le garde comme une maîtresse : je ne le sors jamais. Pour les affaires courantes, j’ai mon fidèle et les avant-bras qui vont avec : un israélien — le Desert Eagle, un pistolet semi-automatique de chez IMI, calibre .357, surpuissant. Droit passé de Call of Duty 6 à mes mains. Si tu as des doigts de pianiste, persévère dans le récital.
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Tester avant d’adopter. Personne ne me dissuadera d’essayer une nouvelle arme avant de m’en servir. La cave du bar de Mehdi est là pour, ou notre planque dans la forêt. Ni de vérifier les chargeurs, de toujours mettre une cartouche en moins pour ne pas les comprimer, ni de fourrer une arme de secours dans le vide-poches en cas d’embrouille sur le terrain. Le chargeur made in China d’un Norinco qui tombe en plein braquo, ce n’est pas du mythe.
Je ne veux pas faire le beau parleur mais l’habitude endort les réflexes. Le jour où on saisit ça, on devient professionnel. Le matin où vous vous croyez bon, vous serez mauvais. La porte ouverte au placard ou au cimetière.

Après ça, on peut vraiment parler de choix ?
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