Durant le Festival d'Édimbourg, un conducteur irascible version sociopathe s'en prend à un autre avec une batte de base-ball. Sans l'intervention efficace de l'écrivain (d'habitude assez transparent) Martin Canning, l'homme assailli, un certain Paul Bradley, aurait passé l'arme à gauche.
Jackson Brodie, ex-militaire-flic-détective privé et maintenant rentier, a été témoin de la scène. Peu après, alors qu'il se promène dans les environs, sur l'île de Cramond, il découvre le corps d'une jeune femme. Pendant ce temps, Graham Hatter, constructeur aussi riche que véreux des maisons Hatter Homes, gît inconscient sur son lit d'hôpital : son épouse Gloria apprend qu'il a atterri là après s'être un peu trop diverti avec une call-girl.
Et tout ça n'est que le début d'une série d'événements souvent violents auxquels
Jackson Brodie, venu passer quelques jours tranquilles avec son amie Julia, comédienne dans un des spectacles du festival, se trouve bien malgré lui mêlé …
Cela faisait longtemps que je ne m'étais pas frottée à l'écriture acérée de dame
Kate Atkinson et il a fallu le rappel du Mois anglais en juin pour que je sorte enfin ce roman de ma PAL.
Je connaissais déjà
Jackson Brodie avec « A quand les bonnes nouvelles ? », postérieur à « Les choses s'arrangent … », mais je ne m'en souvenais pas assez (lecture remontant à 2008) pour savoir ce qu'il advenait de la situation personnelle de Jackson entre les deux, donc ce n'était pas gênant.
« Les choses s'arrangent … » est, sur le fond, un roman noir, d'ailleurs les « aventures » de
Jackson Brodie ont fait l'objet d'adaptations télévisuelles en mode série polar. Mais ce qui caractérise le roman est, avant tout, la verve de l'auteur et sa propension aux apartés ou digressions en tous genres, rarement indispensables à l'intrigue en elle-même mais toujours plaisants à lire (si Martin Canning est las de ses romans policiers avec leur héroïne très classique, Nina Riley, nous on ne se lasse pas de leur évocation critique !) : elle donne ainsi libre cours à sa plume alerte et piquante au fil de retours en arrière ou d'incises tous azimuts et autres considérations périphériques relatifs aux personnages en cause, le tout assaisonné de remarques plus ou moins ironico-sarcastiques. On n'éclate pas de rire mais on se régale de l'humour (gris-noir) sous-jacent du propos.
On fait ainsi connaissance de manière plus approfondie d'une partie des différents protagonistes : Martin, l'écrivain falot inadapté à son temps, Gloria, l'épouse de soixante ans bafouée mais très réactive et Louise, l'inspectrice en chef qui se retrouve chargée des investigations concernant le sac de noeuds dans lequel
Jackson Brodie s'empêtre.
Il ne faut pas être pressé ou en quête d'action trépidante, on n'est pas ici dans le page-turner ou le thriller et
Kate Atkinson pose à son rythme les éléments de son histoire. Tout cela ne m'aurait pas dérangée plus que cela car j'étais dans la disposition ad hoc (= partie pour lire un roman, pas un polar) si je ne m'étais pas rendu compte, à mi-parcours, que j'aurais pu interrompre ma lecture à tout moment : l'histoire m'intéressait assez peu, même si l'auteur s'amuse visiblement à rendre suspects aux yeux de la police ses « gentils » (Martin comme Jackson ont l'art de se retrouver dans des situations embarrassantes) et le sort des personnages ne me souciait pas plus que ça.
J'ai malgré tout poursuivi jusqu'au bout (au point où j'en étais) pour achever en bonne et due forme cette lecture plaisante dans son genre (noir) mais pas palpitante. L'intrigue, bien que s'inscrivant dans un récit construit avec soin, s'avère assez filandreuse et peu convaincante : une série de coïncidences permettant des rapprochements autour d'activités troubles mais qui ne seront jamais vraiment décortiquées.
« A quand les bonnes nouvelles ? » avait été un coup de coeur : tout m'avait emballée, le style, l'histoire et, en premier lieu, ses deux magnifiques personnages féminins principaux. «
Les choses s'arrangent mais ça ne va pas mieux » est un bon roman, le talent de
Kate Atkinson n'est pas en cause, mais pour moi ce fut sans plus.
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