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Isabelle Carron (Traducteur)
EAN : 9782253112129
413 pages
Le Livre de Poche (07/06/2006)
3.75/5   580 notes
Résumé :
Un détective privé enquête à Cambridge sur des affaires criminelles qui n'ont jamais été éclaircies. Il doit remonter à des événements du passé, souvent très lointains, pour suivre les traces de la mystérieuse "Souris Bleue". Les intrigues sont situées dans des milieux sociaux très divers, allant de la classe ouvrière à la gentry. Les drames les plus poignants alternent avec les épisodes désopilants.
On retrouve le regard caustique de Kate Atkinson sur notre ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (74) Voir plus Ajouter une critique
3,75

sur 580 notes
Le detective privé Jackson Brodie est chargé d'énquêter sur trois affaires de meurtres ou de disparitions non élucidés, notre héros va découvrir des liens invisibles entre les trois dossiers et il n'est pas au bout des surprises.
"La souris bleue" est un bonheur de lecture car Atkinson n'a pas son pareil pour nous mener dans des genres différents, ça démarre comme un recueil de nouvelles, puis glisse tranquillement vers le roman policier. Vous ajoutez à celà une sacrée dose d'humour, de légèreté, une pincée de poésie et pour la finition un plaisir jubilatoire à mélanger époques, intrigues et imaginaires.
Le lecteur lui se fait cueillir sans le voir venir, et referme cet excellent roman admiratif par le talent d'Atkinson.
Car force est de constater que la recette est sacrèment succulente.
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Il se passe des choses vraiment étranges dans ma bibliothèque.
Il faut que je confesse d'abord être de ces femmes qui trouvent qu'un nouveau sujet ne peut (ne doit ?) s'appréhender qu'avec l'aide de livres. Comment préparer une marinade ? Mitonner un plat de lasagnes ? des bouquins ! Comment rendre les enfants propres ? Les ados épanouis et accortes ? Des livres ! Les carrés potagers ? La souffrance au travail ? Les robes en jersey, les oiseaux des jardins ? Des livres, des livres, des livres ! Il m'en faut aussi, c'est plus reconnu, pour la critique littéraire, la philosophie. La poésie, les romans, les bandes dessinées… Vous voyez le tableau ? Malgré d'incessants désherbages, de nombreux dons, des dépôts en boîtes à livres, des prêts que je ne reverrai pas, j'en suis au point qu'on pourrait presque étalonner la classification Dewey d'après mon salon...
Pour m'y retrouver, j'ai adopté un rangement par genres, et à l'intérieur de chacun, selon l'ordre alphabétique du nom des auteurs. Comme ça, à défaut de me souvenir toujours (hmm… presque jamais…) de ce que j'ai lu, j'ai au moins la facilité de savoir rapidement si l'ouvrage se trouve dans mes murs.
Ce préambule pour vous expliquer que La souris bleue, de Kate Atkinson, je l'ai rangée à côté de Transcription et L'homme est un dieu en ruine. Pas très loin d'Austen et d'Atwood. Est-ce que ceci explique cela ? J'avais acheté à ma libraire un roman policier. Il était réputé contenir 1°) un détective privé (Jackson Brodie), 2°) une enquête à Cambridge, 3°) une ou deux disparitions inquiétantes 4°) un assassinat non élucidé. Et puis, liste non exhaustive : des suspects, des preuves à charge, des alibis, des témoins, etc.
Est-ce que c'est la contagion qui a joué ? Est-ce qu'il existe un principe de porosité entre des oeuvres placées côte à côte sur une étagère ?
Comme si un sortilège s'était emparé de mon roman, l'intrigue policière qui s'y déroulait s'est ouverte de mille micro bifurcations, lardée de fantaisistes digressions n'apportant absolument rien à l'enquête mais tout au charme de ce livre. Ainsi la petite Olivia, trois ans, disparait une nuit d'été caniculaire tandis qu'elle dort sous la tente avec sa soeur Amélia. Pensez-vous que de connaître le motif du papier peint de sa chambre soit essentiel à l'enquête qui s'en suivra ?
Pour les curieux, il est orné de Humpty-Dumpty et de Little Miss Muffet, plutôt mal raccordés de l'aveu même du narrateur. Et il aurait pu être remplacé, toute chose égale par ailleurs, ce qui n'est jamais le cas, évidemment, surtout quand il s'agit d'une disparition sans doute mortelle, par « quelque chose de plus adulte – des fleurs ou peut-être des poneys, encore que n'importe quoi eût été préférable au rose sparadrap de la chambre partagée par Julia et Amélia, une couleur qui leur avait paru si prometteuse sur le nuancier et qui s'était avérée si inquiétante une fois au mur, et que leur mère avait déclaré n'avoir ni le temps, ni l'argent (ni surtout l'énergie) de changer. »
Vous voyez le truc ? Une malicieuse petite bonne femme a truffé mon polar de digressions sans queue ni tête ! Les fantasmes sexuels d'Amélie, les rêves du vieux chien de Victor, les pensées secrètes de Caroline à propos des enfants de son mari, les raisons qui ont poussé la vieille voisine à appeler son chat Niger, les goûts de Jackson pour la country désespérée, sa haine du salopard qui baise son ex-femme, tout ce qui ne se rapporte à aucune intrigue policière, nous le saurons !
Mais les choses ne s'arrêtent pas là. Il y a même, dans la Souris bleue, des personnages imaginaires… qui n'existent pas. Comprenez-moi bien, je sais que les personnages n'ont pas de réalité effective, qu'ils sont de papier. Mais je parle ici d'un protagoniste qui aura été inventé par un personnage de fiction. Et qui, malgré son inexistante patente, aura pourtant des personnalités différentes selon les individus auxquels on parlera de lui… Qu'il n'existe pas n'empêchera ainsi pas Henry de posséder une chatte du nom de Molly, de boire de la bière et de perdre ses cheveux. Allez mener une enquête policière avec ça !
Toutefois, cherchant à élucider ce nouveau mystère, je me suis avisée que La Souris bleue avait été rangée à l'aplomb de l'Affaire Jane Eyre duquel émanait un faible éclat quelques rayons plus bas (F comme Fforde, Jasper Fforde, entre Fielding – son Journal de Bridget Jones - et Flaubert, euh tout).
Là-voilà la clé de mon énigme ! Eureka ! tout s'explique !
Reste désormais à tenter de nouvelles expériences. Peut-être que mettre l'Ethique de Spinoza au contact des recettes d'Ottolenghi pourra donner quelque chose d'intéressant. le dernier jour d'un condamné avec Astérix chez les Bretons ? Ca supposerait de fiche en l'air ma fastidieuse organisation alphabétique mais si les résultats sont aussi enthousiasmants que ceux produits dans La Souris bleue, ça en vaut largement la peine. A suivre, les amis, à suivre !
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Pourquoi lit-on ? Personnellement, je réponds : surtout pour rêver, voyager, partager des sentiments, des impressions, des peurs, des découvertes ou des surprises. Pas vraiment pour retrouver les faits divers dramatiques qui font parfois la une de la presse en confirmant la noirceur du monde.
La Souris Bleue n'est pas une histoire de fées d'hiver, mais le détail, le catalyseur qui va rapprocher trois épouvantables faits divers non résolus ayant saccagé la vie d'une dizaine de personnes, proches des victimes. C'est un excellent roman policier avec un enquêteur privé, comme il se doit bien cabossé par la vie, un suspens garanti jusqu'au bout (on se demande à plusieurs reprises où l'on va) mais c'est aussi beaucoup plus que cela.
Il est question de famille, d'amour paternel, d'enfance, de soeurs qui s'aiment et se chamaillent, (on pense à Dans Les Coulisses du Musée), de mères résignées et épuisées, de couples mal assortis, de non dits, de secrets, de violence, de solitude, de folie, de meurtres.
Kate Atkinson parvient à dépeindre des situations, des personnages et des sentiments dramatiques avec verve, humour, ironie ou tendresse dans un cocktail qui fait sa spécificité et son succès. Tout est juste, on compatit devant ces personnages aux vies brisées, on espère que la vérité les apaisera un peu, on les prend en affection et on sourit beaucoup parce qu'il faut bien le dire, c'est souvent très drôle ! Un exemple ?
« Elle avait sincèrement cru que cette invitation à prendre le thé voudrait dire un salon élégant, clair, aux murs duquel seraient accrochés des tableaux représentant des chevaux et des chiens. de vastes canapés capitonnés de soie damassée jaune pâle, un piano à queue croulant sous des photos de famille dans de lourds cadres en argent (cette image était en grande partie le souvenir d'une demeure historique visitée dans son enfance). Elle se voyait nerveusement penchée sur le bord d'un des canapés de soie damassée jaune pâle tandis que la mère de Jonathan officierait devant le service à thé – en jolie porcelaine ancienne – et l'interrogerait sur sa « fascinante » vie de citadine.
En réalité, la mère de Jonathan était encore à la foire où elle remettait avec grâce des cocardes au club de poney et ni Jonathan ni Caroline n'étaient jamais parvenus au salon car ils avaient fait le tour par-derrière et Jonathan l'avait entraînée dans une sorte d'arrière-cuisine. Ils n'avaient pas plutôt franchi le seuil que Jonathan lui roulait le slip jusqu'aux chevilles, la forçait à se pencher sur la vieille paillasse en bois et la prenait à la hussarde, et tout en se cramponnant aux (pratiques) robinets du timbre d'office, Caroline s'était dit Bon Dieu, voilà ce qui s'appelle se faire foutre ».
Alors, oui, faits divers ou pas, avec Kate Atkinson, no disappointment !
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1970 : une petite fille de 3 ans, Olivia, benjamine d'une famille nombreuse de filles, disparaît mystérieusement sans laisser de trace. Elle tenait dans ses bras son doudou, Souris bleue. Les parents, un mathématicien lunaire et une mère de famille débordée n'ont aucune explication à donner. Cette nuit-là la petite dormait sous une tente dans le jardin avec une de ses soeurs.
2004 : deux des soeurs, Amelia et Julia, reviennent dans la maison familiale suite à la mort du père. Mettant de l'ordre dans ses affaires elles font une étrange découverte. Qui pourrait bien permettre de relancer l'affaire…
1989 : une jeune mère, Michelle, massacre son compagnon à coups de hache. Avant d'aller en prison elle demande à sa jeune soeur, Shirley, de s'occuper de sa fille, Tanya, mais la petite est confiée à la famille paternelle.
2004 : Shirley, en mal de maternité, s'inquiète de retrouver sa nièce…
1994 : Theo, avocat de profession, veuf et obèse, s'occupe seul de ses deux filles. L'aînée, Jennifer, a déjà quitté la maison, mais sa préférée, Laura, pour laquelle il se fait du souci à chaque instant, a tout juste dix-huit ans. Etudiante, elle a trouvé un job dans un bar, ce qui lui semble dangereux et il lui propose de venir travailler dans son cabinet. Où elle est sauvagement assassinée dès le premier jour par un individu vêtu d'un pull jaune, plongeant son père dans un désespoir absolu. Pendant dix ans il décide de mener sa propre enquête pour venger la mort de sa fille, jusqu'au jour où il décide de passer la main. Nous sommes en 2004.

2004 : Jackson, détective privé vit mal son divorce et la séparation d'avec sa fille Marlee. Sa dernière filature, sans intérêt, suivre les allées et venues de Nicola, une hôtesse de l'air dont le mari jaloux soupçonne l'infidélité, commence à le lasser. Quand soudain ces trois affaires anciennes non résolues…et tout une série de personnages plus ou moins loufoques, Binky Rain, la sorcière aux chats, les deux soeurs déjantées, la religieuse, une mystérieuse adolescente aux cheveux jaunes, Théo le père inconsolable… viennent le sortir de l'insupportable train-train de son existence. La famille peut être le pire mais aussi le meilleur, on s'y perd un peu mais on s'y retrouve. Toutes ces enquêtes vont se croiser pour tenter de démêler les fils embrouillés de ces drames familiaux…le tout avec beaucoup d'humour très british ! Une belle découverte !
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Voilà un récit quelque peu déroutant. Il commence comme une suite de nouvelles policières sans lien les unes avec les autres pour devenir un roman où le personnage central est le détective privé qui mène l'enquête, Jackson Brodie. Je devrais dire les enquêtes car bizarrement, c'est lui que toutes les familles vont contacter pour résoudre leur affaire, de nombreuses années après les faits.
Dans chacune, un point commun : une famille en souffrance, des êtres dénaturés.

Dans cet immense puzzle déstructuré où les repères temporels se mêlent, on s'attache assez vite aux personnages à la psychologie délicatement estompée et terriblement juste. En quelques traits bien sentis, l'auteure nous dresse des portraits au vitriol et une satire sociale sans concession. Passages émouvants et drôles alternent permettant au lecteur de souffler malgré la noirceur de certains faits. le réalisme des situations, quel que soit le milieu social, donne envie de découvrir le fin mot de l'histoire et ce qui peut bien se cacher derrière les apparences. Car derrière l'enquête policière palpitante, il y a un regard incisif et lucide sur les relations familiales. Tout cela est décrit dans un langage d'aujourd'hui, direct et parfois cru sans jamais être vulgaire.
Enfin, le tout est parsemé de nombreuses références littéraires ou musicales qui m'ont donné envie de mieux connaître la culture britannique.
Un très bon roman qui me fera revenir vers cette auteure que je découvre.
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Citations et extraits (71) Voir plus Ajouter une citation
Amélia aurait aimé ne pas être trop prude, elle avait l'impression de s'être trompée de génération. Elle aurait dû vivre à une époque codifiée par le rang et des règles [...] Elle avait lu trop de Henry James et d'Edith Wharton. Personne dans l'univers de Wharton n'avait envie d'être là, mais Amélia se serait débrouillée comme un chef dans un roman d'Edith Wharton. En fait, elle aurait vécu heureuse dans n'importe quel roman écrit avant la Seconde Guerre mondiale.
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Caroline, inutile de le dire, n'était encore jamais allée à une foire agricole et tout l'enchanta. Oui, c'était bien ça : elle avait été enchantée, ensorcelée, bluffée en quelque sorte par les moutons bien peignés, les vaches ébouriffées et les porcs proprets, par les tentes avec leur étalages de confitures et de gâteaux de Savoie primés, les châles en crochet, et les brassières tricotées, les déploiements de courges, de pommes de terre, de poireaux et de roses, par le Women's Institute servant des thés complets sous un chapiteau chauffé par le soleil et qui sentait bon l'herbe, par le pasteur (un homme corpulent à la trogne enluminée) qui ouvrit la foire en racontant des blagues. Il y avait un marchand de glaces, un gymkhana pour enfants et un merveilleux petit manège à l'ancienne. C'était irréel. C'était ridicule. Caroline s'attendait à tout moment à voir arriver un train à vapeur et les acteurs de ce satané Heartbeat descendre sur le quai. Mais au lieu de ça, ce fut Jonathan, qui entra à grandes enjambées.
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Envahie par un mélange de touristes et d'adolescents étrangers, qui tous n'avaient été mis sur terre que pour traînailler*, Cambridge, l'été, était l'idée que Jackson se faisait de l'enfer. Les ados semblaient tous porter des treillis kakis, des tenues de camouflage, comme si on était en guerre. Comme s'ils étaient les troupes (Que Dieu nous vienne en aide si c'était le cas !) Et les vélos, pourquoi les gens trouvaient-ils que les vélos étaient une bonne chose ? Pourquoi les cyclistes étaient-ils si suffisants ? Pourquoi roulaient-ils sur les trottoirs alors qu'il y avait d'excellentes pistes cyclables ? Qui avait trouvé que c'était une bonne idée de louer des bicyclettes à des ados italiens venus apprendre l'anglais ? Si l'enfer existait, ce dont Jackson ne doutait pas, il devait être gouverné par un Comité d'Italiens de quinze ans à bicyclette.
*en français dans le texte.
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Les romans vous donnent une idée tout à fait fausse de la vie, ils racontent des bobards et laissent entendre qu'il y a un dénouement, alors qu'en réalité il n'y en a pas : ça n'en finit jamais...
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"Gentry, dit Gillian, vieille famille exploitant la terre depuis Guillaume le Conquérant, tu vois le genre, sauf que ce sont des dilettantes et pas de vrais exploitants agricoles, ajouta-t-elle avec amertume.
_ Pourquoi ça ?
_ Ils ont toujours eu d'autres sources de revenus, en pagaille - des baux à Londres, des terres, la traite des esclaves, en veux-tu, en voilà - alors ils font joujou - leur troupeau de rousses du Devon est digne d'un concours agricole, leurs moutons n'auraient pas déparé le Hameau de Marie-Antoinette...et voilà qu'ils restaurent le potager dans son état d'origine avec l'argent du National Trust, excusez du peu."
Caroline ne comprenait pas vraiment cette diatribe de fille d'agriculteur et se contenta de dire "D'accord", puis Gillian rit et conclut : "Mais, nom d'une pipe, je suis prête à me le faire, où il veut, quand il veut."
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