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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Un roman biographique angoissant et poignant.

Charles Aubert nous dresse le portrait de Johan Trollmann, alias Rukeli, jeune boxeur allemand, tsigane, né en 1907, qui va subir intimidations, humiliations, la stérilisation, puis l'internement dans un camp de concentration du IIIe Reich, et qui se battra jusqu'au bout.

Avec flegme et sensibilité, la plume de Charles Aubert nous donne l'impression d'être aux côtés de cet athlète talentueux. Il nous permet de ne pas oublier qu'il y a eu d'autres victimes du régime nazi à part les Juifs : les tsiganes, les homosexuels, les handicapés et les communistes.

Rukeli était un boxeur à la technique particulière, son jeu de jambes était tellement extraordinaire qu'il donnait l'impression de danser, d'où le titre de ce livre. Cette technique, pas assez allemande, virile, aryenne, contrarie les nazis, ce qui entraînera le retrait de ses titres.

Il y a dans ce livre, au delà de la haine, la terreur et l'ostracisme, beaucoup d'amour, d'amitié, de solidarité, et un grand sens de la famille qui réconfortent un peu le lecteur.

J'ai lu ce livre d'une traite, impossible de s'en détacher une fois cette lecture émouvante entamée.

Merci à Charles Aubert et à chouette_maman_bouquine qui m'ont fait cadeau de ce livre dans le cadre d'un concours sur Instagram !
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🥊Chronique🥊

« Vous êtes sûr de vouloir combattre? »

Qu'est-ce qu'on combat? Qu'est-ce qu'un combat? Johann Trollman veut faire de son rêve, une vie. La boxe sera sa vie, son moteur, son rêve. Devenir Champion de L'Allemagne, il l'a rêvé si fort, que le vent nous ramène son histoire du plus loin de la forêt où, elle s'était perdue. Johann est un combattant hors pair, il danse sur le ring, il est beau comme le soleil, il est tzigane. Il était sûr de vouloir combattre, il était sûr de gagner, il était sûr de rester debout, ancré dans ses racines.
Mais l'époque en a décidé autrement.
Le nazisme n'aime ni les danseurs, ni les peaux dorées, ni les exceptions.
Est qu'un homme, à lui tout seul, peut combattre un régime totalitaire, l'absurdité, le racisme? Est-ce qu'un homme peut Danser encore, quand la rectitude tue?

« C'est toujours comme ça, dit Mama Pessy, quand ça va mal, il faut trouver des boucs émissaires. »

En 10 rounds, Charles Aubert nous restitue un champion. La vie de celui qu'on appelle Rukeli, est un combat qui va au-delà du ring. Il va combattre pour les siens, pour son amour, pour rester debout. 10 rounds, c'est autant de façons de montrer son courage, de faire rugir le vent, de danser encore. 10 rounds, c'est entendre monter la pression, le sang, l'inéluctable. 10 rounds, c'est finir KO en train de pleurer un homme formidable qui n'aura jamais céder face au Reich. 10 rounds, pour que la mémoire n'oublie jamais, l'Horreur.

« Ils se sont soulevés contre l'autorité pour qu'on me remette mon titre.(…) Je veux croire qu'il y a encore un espoir. »

Je veux croire que ce champion saura vous toucher comme il a pu, moi, me bouleverser. Je veux croire qu'un jour, le racisme sera éradiqué. Je veux croire que le peuple du vent danse encore avec son ange tombé du ciel. Je veux croire que l'arbre me parlera quand je l'enserrerai…Puisse ces voeux fleurir et danser encore avec notre vainqueur Rukeli! Puissions-nous nous inspirer de sa bravoure si l'époque retourne aux démons, et rester debout quoi qu'il arrive! le connaître c'est déjà l'aimer, le reconnaître, c'est restituer une légende et il le mérite bien, ce boxeur fort comme un chêne!
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J'ai redecouvert Charles Aubert avec Danser encore et j'avoue que ce très court roman m'a réconciliée avec l'écriture de l'auteur.
Je n'avais pas aimé Rouge Tango. Je n'y avais rien trouvé d'exceptionnel ni dans l'histoire ni dans l'écriture à l'inverse des critiques que j'avais pu lire.
Danser encore nous raconte l'histoire d'un champion de boxe allemand tsigane qui est malheureusement né à la mauvaise période de l'Histoire.
Très beau roman pour rendre à Rukeli ce qu'il mérite à savoir d'être connu et reconnu.
Merci M. Aubert.
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Danser encore.
Avec aplomb, dignement.
Danser toujours.

10 rounds qui retrace l'histoire du boxeur tsigane Johann Trollmann, dit Rukeli.
En pleine Allemagne nazie, cet homme est sacré champion d'Allemagne des poids moyens en 1928. S'inspirant de grands boxeurs américains, très vite il trouve son propre style et enchaîne les victoires. La boxe, plus qu'une passion, il l'a dans le sang. Pourtant il devra remettre son titre en jeu car son style se retrouve discréditer par le régime Hitlérien qu'il qualifie "d'imprévisible".
Né à une époque où on ostracise la moindre différence, Rukeli sera confronté au racisme, à l'exclusion, pour finir déporter au camp de Neuengamme où il sera tué. Une honte pour ce sportif de haut niveau qui se voit peu à peu déchu de ses titres et qui finira sa vie dans l'ombre.

Danser encore pour remettre en lumière ce parcours sportif incroyable. Mais aussi pour se souvenir et surtout ne pas oublier.

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Johann Trollmann est un boxeur connu sous le nom de Rukeli.
Il est né le 27 décembre 1907 en Allemagne, allemand depuis des générations il appartient à la famille tzigane des Sinti.
Mais naître en 1907, ce n'est vraiment pas la bonne époque pour les tziganes, comme pour les juifs, les homosexuels, les communistes ou les malades mentaux. Cela veut dire avoir à vivre la pire expérience qui soit, la montée du nazisme, les chemises noires, la prise du pouvoir par Hitler, et l'envoi dans les camps de concentration de plusieurs centaines de milliers d'hommes, femmes, enfants.
Rukeli va connaître une adolescence presque normale et devenir peu à peu le Boxeur que chacun admire. Un véritable artiste, léger, mobile, il dansait sur le ring face à ses adversaires, son style était unique. de compétition en compétition il acquiert ses lettres de noblesses et l'admiration de ses entraîneurs et du public. Enfin, jusqu'au moment où les lois changent et où les règles de la boxe imposées par les nazis vont le priver de cette façon de faire si caractéristiques, ce pas de danseur que lui seul est capable de proposer sur un ring.
Même les titres qu'il avait acquis lui seront retirés, pas assez aryens, pas assez blanc, pas assez germanique.
Comme de nombreux autres tziganes, il sera même stérilisé de force, considéré comme malade mental incapable d'élever des enfants. Fort heureusement cela a eu lieu après la naissance de sa fille.
Rukeli sera envoyé dans les camps. Il y subit le travail harassant, le manque de nourriture et les maladies, mais surtout l'ignominie de ses geôlier qui décident de le faire combattre sans lui laisser la possibilité de se défendre. Rukeli sera assassiné par les allemands le 9 février 1943 au camp de Neuengamme.

Je découvre l'existence de ce jeune tzigane grâce au roman de Charles Aubert que je vous recommande vivement. Tant de morts, de drames au nom de la folie des hommes. Lire et savoir est indispensable.


https://domiclire.wordpress.com/2023/11/10/danser-encore-charles-aubert/
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Johann Trollmann boxe, et il boxe bien. Tout le monde le connaît sous le nom de Rukeli. Il est Allemand. Il est Tsigane. « Olga dit qu'il est plus que beau. Son regard est magnétique, il a le visage d'un ange qui ne sait même pas qu'il est tombé du ciel. Ce sont ses mots. Rukeli se les enroule autour de l'âme comme des écharpes de laine. » (p. 15) Il boxe et il gagne, mais surtout il se démarque par des mouvements de jambes inédits. Pas de doute, il danse sur le ring. Hélas, la nauséabonde ambiance brune qui monte dans les années 1930 en Allemagne, il ne fait pas bon s'éloigner des standards de la force brute et blonde. Rukeli se voit retirer ses titres et même le droit de boxer. « Il a beau serrer les poings, braver l'objectif d'un regard d'acier, on devine qu'ils vont tout lui prendre. Et peut-être même qu'ils lui ont déjà tout pris. » (p. 6) L'Histoire le sait, ce n'était pas encore assez : l'épuration raciale commence par la stérilisation forcée et finit dans un camp. « Nous sommes les errants du monde, les désaimés et ils voudraient encore piétiner nos âmes. » (p. 63)

Je ne connaissais pas ce boxeur allemand. Charles Aubert lui rend un hommage émouvant avec une prose qui défie la pesanteur. « La boxe n'est peut-être qu'une tentative désespérée de se battre contre l'injustice et la mort. » (p. 17) Rien ne pardonnera jamais les horreurs nazies, mais la littérature a le pouvoir de préserver la mémoire des disparus.
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Johann Trollmann est né en 1907. Il appartient au peuple du vent : les Tsiganes. A huit ans, il découvre la boxe. C'est un monde merveilleux qui s'offre à lui. Il est séduit par l'énergie des noms, issus du champ lexical de la danse : pas glissé, jeu de jambes, etc. Quand il monte sur un ring, il comprend les mots de sa mère : il perçoit l'air, le vent. Mais la boxe, c'est aussi un combat, « une guerre contre soi-même qu'on finit toujours par perdre. Alors, il danse plus vite encore ». (p. 17)

Il enchaîne les victoires et quelques défaites ; il apprend de ces dernières. Hélas, pendant ses combats, les insultes racistes se font de plus en fortes et de plus en plus fréquentes. Rukeli s'accroche. Il est pressenti pour représenter l'Allemagne aux Jeux Olympiques d'Amsterdam de 1928, puis effacé des registres : « Ils ne veulent pas que l'Allemagne soit représentée par un Tsigane, voilà la vraie raison. » (p. 34) Sacré champion d'Allemagne, en 1933, son titre lui est retiré : son style de boxe est « non allemand » (p. 91). Il décide de s'élever contre le Reich.

Lorsque j'ai reçu le livre, j'ai regardé la couverture, dans ses contours, sans observer les détails ; elle comporte une photo de Rukeli, prise en 1928. Dès la première page, Charles Aubert attire notre attention sur le regard du boxeur : « on devine qu'ils vont tout lui prendre. Et peut-être même qu'ils lui ont déjà tout pris. » (p. 13)

Le roman est divisé en dix rounds. Dix rounds pour raconter l'histoire de Johann Trollmann, dit « Rukeli », pour ne pas l'oublier, « ainsi que les centaines de milliers de Tsiganes qui furent, comme lui, comme les juifs, comme les homosexuels, comme les handicapés, comme les témoins de Jéhovah et comme tant d'autres, les victimes innocentes du nazisme. » (p. 173) Rukeli a été assassiné, le 9 février 1943, dans le camp de concentration de Neuengamme. Devant la mort, il est resté debout, il a dansé.

Chaque round revient sur une période de sa vie, décryptée par le contexte. Les faits historiques sont bruts, quelques phrases épurées permettent d'en saisir l'horreur, alors que les sentiments de Rukeli sont dépeints avec douceur, sensibilité et respect. J'ai ressenti la dignité de cet homme, son combat contre la barbarie et contre lui-même. Round après round, mon coeur s'est serré, s'est révolté contre l'insoutenable cruauté. Crochet après crochet, j'ai vacillé, m'accrochant aux cordes du ring ; le dernier uppercut m'a envoyé au tapis. Je ne me suis plus relevée, submergée par l'émotion.

Lien : https://valmyvoyoulit.com/20..
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Le tout nouveau roman de Charles Aubert nous éloigne des intrigues policières dont nous avions plutôt l'habitude, avec sa trilogie « colorée » (« Bleu Calypso », « Rouge Tango » et enfin « Vert Samba ») et nous raconte l'histoire (vraie) du boxeur Johann Rukeli Trollman (dont – pour ma part – je n'avais jamais entendu parler …) Nous révélant quelle tragédie fut sa (courte) vie …

Né le 27 décembre 1907, Rukeli est le sixième rejeton d'une fratrie de onze enfants, dans une famille misérable de Hanovre. Leur plus grand tort, aux yeux de certains allemands, est d'être des tziganes … C'est à l'âge de huit ans que ce garçon – relativement sage et pas du tout bagarreur – va se prendre de passion pour la boxe, un immense coup de foudre qui bouleversera son existence … C'est en 1921 qu'il rencontrera Olga, une « vraie » allemande (c'est à dire une aryenne, terme qui commence à circuler en Allemagne …) À eux deux, ils formeront un drôle de couple, aux yeux des nazis : le boxeur « de race inférieure », qui semblait danser sur le ring et la violoniste « de sang pur » qui n'avait pas peur d'aimer un paria … Un homme prêt à quelques facéties quand il s'agit de ses opinions … Oui, mais voilà : on ne ridiculise pas impunément Adolph Hitler et toute sa clique …

Un court et magnifique roman, profondément touchant, que l'auteur a fort intelligemment construit en dix rounds. Et qui se finira malheureusement – comme on peut s'en douter – par un KO … Une écriture aussi belle qu'incisive. Un style aussi percutant que les coups de poing de ce (courageux) boxeur. Qui n'aura pas eu la chance – ni le temps – de voir briller son étoile au firmament des champions. Gros coup de coeur pour ce roman-témoignage !
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Jamais je n'aurai mis si peu de temps entre l'achat d'un roman, sa lecture et la rédaction de mon avis. J'ai rencontré Charles Aubert, l'auteur de "Danser Encore", à Montpellier, le samedi 4 Novembre, commencé ma lecture dès le lendemain et je l'ai terminée le lundi matin. J'ai rédigé ces quelques lignes dans la foulée.

Il faut dire que ce roman, inspiré d'une histoire vraie, m'a totalement emportée. Je n'avais jamais entendu parler de Johann Trollmann dit "Rukeli", boxeur tsigane qui vivait en Allemagne sous les nazis et fut assassiné d'une balle dans la nuque lors de son dernier combat au camp de Neuengamme le 9 février 1943. C'est en tous les cas la version choisie par l'auteur. Il semblerait, en effet, qu'il y en ait d'autres.

Ainsi dans cet ouvrage, à l'aide d'une très intéressante construction en dix rounds, Charles Aubert mêle avec brio l'Histoire de l'Allemagne nazie et de ses horreurs et celle d'un homme hors du commun. Car sa vie est faite de l'amour inconditionnel et réciproque qu'il vouera jusqu'à la fin à Olga. "Elle est allemande, une vraie, une aryenne, comme ils disent." Mais "Le fait qu'il soit tsigane ne la dérange pas." Et "La famille d'Olga l'accueille." Elle est faite aussi de l'amour des combats, de plus en plus nombreux, de plus en plus victorieux puis... de batailles, de petits bonheurs et de grands malheurs que je vous laisse découvrir.

L'écriture de l'auteur est très belle, parfaitement limpide, claire, vive. Pareille aux coups de poing échangés sur le ring, elle percute, assène. Mais elle sait aussi se faire légère et danser aussi élégamment que le boxeur qu'elle décrit. Les mots sont toujours superbement choisis, ils s'emboîtent à merveille et donnent au final un texte non seulement passionnant, mais extrêmement émouvant.

"Danser encore", un texte magnifique tiré d'une histoire vraie saisissante, un roman d'une extrême importance. Soyez certain, Monsieur Aubert, que "[Je n'oublierai] pas Rukeli, ainsi que la centaine de milliers de Tsiganes qui furent….les victimes innocentes du nazisme."
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Charles Aubert est un auteur que je n'avais pas encore lu, et pourtant j'ai toujours vu passé de bons avis sur ses trois précédents romans au nom de couleurs. J'ai donc profité de la sortie de son nouveau roman pour le découvrir et le lire. En plus, le sujet de celui-ci me tentait beaucoup et titillait ma curiosité. J'aime beaucoup lire des livres issus de vies réelles. Ce qui va être le cas ici avec ce boxeur inconnu pour moi. 

J'ai donc fait la connaissance de Johann Trollmann, surnommé "Rukeli", il naît en décembre 1907 et vit en Allemagne à Hanovre. Il est issu d'un milieu ouvrier, et est le sixième sur une fratrie de onze enfants. Ses origines sont tsiganes, il est noir de cheveux et mat de peau. Il va souvent, avec ses parents, rendre visite à leurs cousins qui vivent en caravane dans la forêt. Johann est un enfant calme, pas bagarreur, et pourtant il se passionne très vite pour la boxe. Il va devenir un boxeur professionnel et gagner de nombreux titres, dont le championnat d'Allemagne, et ce grâce à son style particulier et méconnu du métier. En effet, il a un jeu de jambes incroyable, il bouge beaucoup autour de son adversaire, il est léger, comme une danse. Cela va beaucoup désarçonner ses adversaires et fera son succès. Côté vie personnelle, il rencontre Olga avec qui il se mariera. Il ne veut pas d'enfant pour l'instant, car il sent un danger croître de plus en plus, et ne veut pas donner la vie dans ces conditions. Il se laissera tout de même convaincre par Olga, qui ressentira, à raison, comme une urgence d'avoir un enfant. Naîtra alors Rita, qui sera leur seul fille. 

l'Allemagne connaît ses heures les plus sombres de son histoire. La montée du nazisme va bouleverser la vie de Rukeli et de sa famille. Il n'y avait pas que les Juifs qui étaient persécutés à ce moment là, et on a tendance à l'oublier trop souvent. Les Tsiganes, les homosexuels, les handicapés, étaient eux aussi considérés comme des être inférieurs et étaient la cible du gouvernement allemand. Avant l'extermination par la mort, le gouvernement allemand décide de stériliser toute cette population, il ne faudrait surtout pas qu'ils aient de la descendance....Rukeli n'y échappera pas. Je trouve cela juste barbare, je n'ai pas les mots pour exprimer mon dégoût de telles pratiques. Les lois pour sa vie professionnelle vont changer également. Il sera demandé à Rukeli de ne plus "danser" sur le ring, il sera dechu de ses titres.. bref, la vie va devenir de plus en plus difficile pour lui, pour son couple, pour sa famille. Comme on peut se douter avec la guerre qui sera déclarée et tout ce qu'on connait des camps et des exactions faites à tout un peuple. 

Charles Aubert raconte toute la vie de Johann Trollmann, jusqu'à sa mort, qui est elle aussi d'un grand courage, je ne vous dirais rien pour que vous le découvriez vous-même, mais il a été pour moi d'une bravoure inouïe. L'auteur met surtout l'accent sur sa vie avant la guerre, ce que j'ai trouvé très intéressant. Car, malheureusement, on connaît tous ce qui s'est déroulé pendant la guerre, moins avant et pourtant cette période est également très importante pour bien comprendre ce qui a amené à cette horreur. C'est bon de rappeler tous ces changements politiques, les promesses faites à un peuple qui croyait en Hitler comme un sauveur, et en fait, s'est révélé être un diable. Il ne faudrait pas que l'histoire se répète, on vit une période où il ne faudrait pas grand chose pour basculer à nouveau vers la noirceur. Des livres comme celui-ci sont indispensables pour que les jeunes comprennent ce qu'était le nazisme, et surtout que l'on n'est pas à l'abri. 

Ceci dit, revenons au livre. Je me suis très vite attachée à ce boxeur. Sa vie est très intense et dense. Je pense qu'on ne peut pas faire autrement que ressentir une profonde émotion en lisant la vie de cet homme, qui je le rappelle, a existé. Et c'est, je pense, ce qui rend le recit en ore plus émouvant, on sait que tout ce qui est raconté est vrai, c'est bouleversant. Je me suis sentie désarmée face à tout ce qu'endure le jeune boxeur. J'avais presque envie de m'excuser de tout ce qu'il avait subi. Il n'a jamais dit un mot plus haut que l'autre, il n'a jamais fait d'esbrouffe ou d'esclandre, comme s'il dérangeait. Il avait un don pour la boxe, il avait tout pour être heureux. Quand on pense à toutes les personnes comme lui, qui ont vécu la même chose, je suis submergée par l'émotion. 

Charles Aubert raconte très bien. Il m'a embarquée dès les premières lignes dans la vie de Rukeli, et je l'ai presque suivi d'une traite. Je me suis arrêtée parce que j'étais obligée. J'avais tellement envie de savoir comment il allait s'en sortir, même si je savais la fin, que je n'avais pas envie de lâcher mon livre. le style est très bon, très fluide. J'ai aimé également la construction du livre, puisque l'auteur l'a découpé en dix rounds, comme un match de boxe, avec toute l'intensité d'un combat. La narration à la troisième personne du singulier est judicieuse car elle permet de garder une certaine distance avec le personnage qui n'est pas négligeable, j'ai très bien réussi à ressentir toutes les émotions. 

J'ai passé un moment très intense et j'ai surtout beaucoup aimé découvrir ce boxeur. Sa photo sur la couverture montre son regard franc, sa détermination. C'était un homme fier de ses origines, qui ne les a jamais trahies, droit dans ses principes. Pas étonnant quand on sait que son nom veut dire "arbre". Il avait surtout soif de liberté, comme son peuple du vent. Il était très gentil, mais craint par ses adversaires. C'est vraiment très bien que Charles Aubert ait écrit sur lui, cela permet de le connaître, de ne pas l'oublier, de lui restituer sa gloire et une place qu'il avait le droit d'avoir, comme tout autre boxeur. Il reste maintenant de ce champion une statue, un nom donné à une rue ou à un gymnase. Ses titres ont été restitués à sa fille bien des années plus tard. Elle n'a d'ailleurs appris l'identité de son père qu'à l'âge de quinze ans. Charles Aubert lui rend un émouvant hommage et à travers Rukeli, il rend également hommage à toutes ces personnes mortes à cause de la folie d'un homme. 

Pour faire vivre cet homme et pour surtout ne pas oublier, je ne peux que vous recommander la lecture de ce livre. Je vous invite à rencontrer ce boxeur de talent, pour que son nom brille encore un peu plus parmi les étoiles. 

De mon côté, j'ai beaucoup aimé le style et la plume de Charles Aubert. Je le lirai à nouveau avec plaisir. J'ai très envie de lire ses trois précédents romans, leurs résumés me tentent beaucoup. C'est un tout autre genre, puisque c'est du suspense, mais justement, j'aimerais bien savoir comment l'auteur le mène.
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