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3,6

sur 425 notes
Un polar en terre norvégienne par un auteur français qui n'a rien a envier à d'autres polars nordiques.

Tout commence par la découverte du cadavre d'une jeune femme déchiquetée par un ours près de Longyearbyen dans l'archipel du Svalbard.

Lottie Sandvik, inspectrice de la police du gourverneur du Svalbard, se rend sur les lieux pour les premiers constats.
Non loin du cadavre, un cachalot échoué dont le cadavre a aussi servi de festin à un ours.
Tout porte à croire que la jeune femme a pris des risques inconsidérés en venant observer le cétacé et qu'elle a été surprise par un ours affamé.

Cependant, ce comportement étonne Lottie, car la victime se trouve être une étudiante en biologie marine, et il s'avère qu'elle était formée au risque de la région et aux consignes de sécurité à respecter pour toute personne s'aventurant à sortir de la ville.

Plus au sud, dans les Lofoten, une autre femme est retrouvée morte sur une plage, noyée dans les eaux glaciales. le suicide ne fait guère de doute.
Ex reporter de guerre, elle avait tout quitté pour créer une entreprise de "safari marin" visant à faire découvrir la richesse de la faune et sensibiliser aux dégats causés à leur écosystème par l'activité humaine.
Nils Madsen, son ex amant et ex collègue, désabusé et ne pouvant croire au suicide de son amie, cherche à comprendre ce qui l'a poussé à une telle extrémité.

L'auteur alterne les deux enquêtes.
Les suspects sont nombreux et les rebondissements bien pensés.
L'intrigue est très aboutie, le suspens haletant et l'intégration du sujet politico-écologique très réussie.
Morgan Audic connait bien son sujet et embarque son lecteur dans une contrée rude, sauvage qui par sa situation géographique attise beaucoup de convoitises.

Une chose est sûre, je lirai les autres romans de l'auteur.

Un grand merci à Babelio Masse Critique pour cette belle découverte.
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« Personne ne meurt à Longyearbyen » ! Êtes-vous bien certains de cette affirmation ? Parce que dans ce nouveau roman de Morgan Audic, les cadavres s'enfilent comme des perles du côté des Lofoten ou de Longyearbyen. Tout ce sang sur la neige immaculée, cela fait un peu désordre… Pour ce troisième roman, l'auteur a choisi de nous emmener explorer deux endroits pour deux affaires à résoudre. La première concerne la mort de Agneta Sørensen, étudiante en biologie arctique. La seconde, le décès brutal d'Asa Hagen, ancienne reporter de guerre. Dans la première enquête, c'est Lottie Sandvic qui s'en charge à Longyearbyen. Dans la seconde, Nils Madsen prend la main dans les Lofoten.

L'intégralité du roman se déroule dans la nuit polaire, et c'est cette nuit éternelle qui en est le personnage principal. Vous savez bien… Tout est toujours plus angoissant la nuit, tout prend des proportions colossales, chaque souffle et chaque sensation sont amplifiés. La nuit, dans un endroit glacé de surcroît, les choses prennent une autre dimension. C'est l'un des éléments que j'ai beaucoup aimé dans « Personne ne meurt à Longyearbyen » : ce travail approfondi et très fouillé de Morgan Audic pour retranscrire au plus près les sensations, le froid qui vient vous mordre les sens et la nuit qui vient réveiller vos angoisses.

Qui dit archipel de Svalbard (terre la plus septentrionale de la Norvège), dit animaux sauvages. Cet autre aspect du roman m'a envoûtée. C'est précisément en ces lieux qu'ours blancs, bélugas, baleines et orques règnent en maîtres. À cet endroit du monde, l'homme devrait être en pleine contemplation de la nature, de l'immensité et des animaux majestueux qui y vivent. Mais il reste responsable de plusieurs crimes… même là, au bout de monde, il est facile de faire porter le chapeau à un ours au moment d'un meurtre. « C'était exactement ce qu'avait fait l'animal. Il avait labouré l'épiderme de la jeune femme au niveau de la poitrine, des cuisses et du ventre, laissant à la place de l'abdomen une tourbe de tissus rougeâtres et de viscères solidifiés par le givre. La lumière glacée des projecteurs accentuait douloureusement les failles dans la chair, faisant ressortir les muscles mis à nu. » ou encore « de profondes lésions cisaillaient le cuir chevelu. Des griffures, monstrueuses. L'oreille droite était entaillée et difforme. Un des yeux était crevé. L'autre était recouvert d'une pellicule blanchâtre qui donnait l'impression que la jeune femme était atteinte d'une sorte de cataracte. » Vivre ici comporte des risques, il faut les accepter et s'en accommoder. Ici, c'est la terre des ours, pas celle des hommes. Parfois, « Quelqu'un meurt à Longyearbyen »…

Les deux enquêteurs mis en lumière au coeur de cette nuit polaire sont psychologiquement captivants. Lottie Sandvic est en proie à des crises de panique fréquentes dues à son poste précédent. Pour lutter contre cela, elle est sous « cocon chimique ». Nils Madsen est un ancien reporter de guerre qui a été témoin de toutes les horreurs que l'homme est capable de perpétrer. Autant dire que chacun souffre d'une forme de syndrome post-traumatique important qui se manifeste plus ou moins fortement. Concernant Lottie, Morgan Audic insère un élément très intéressant à analyser dans la totalité de « Personne ne meurt à Longyearbyen » : la notion de prison et de refuge. Il démontre parfaitement bien comment une décision d'isolement synonyme de refuge peut rapidement se transformer en enfermement lorsque l'on décide de partir vivre dans cet endroit du monde, surtout lorsque l'endroit choisi est aussi inhospitalier. le leurre de laisser ses problèmes derrière soi en fuyant droit devant ne résiste pas très longtemps…

Pour Nils Madsen, l'enfermement fait partie intégrante de son être, il est puissamment ancré en lui à cause de son ancien métier. « Les gens qui ne le connaissaient pas lui demandaient souvent pourquoi il avait choisi ce métier. Il y avait les choses qu'il ne pouvait pas dire. L'urgence, l'adrénaline, la sensation de vivre vraiment, de ne pas être un somnambule. de vivre au jour le jour. Que chaque instant paraisse volé à la mort.

De connaître. La joie, la peur, l'amour, tout en plus intense. La joie sombre d'être en vie. Ça, les autres n'étaient pas à même de l'éprouver. Alors il parlait du côté plus brillant de la médaille : rapporter des images, faire comprendre, informer, aller là où personne ne voulait aller pour raconter ce que personne n'entendrait autrement. Les somnambules appréciaient. C'étaient des choses qu'ils pouvaient concevoir. » La confrontation psychologique de ces deux personnages sur la définition de refuge ou de prison est absolument passionnante à relever. Ces deux personnalités apportent une vraie plus-value au roman.

Enfin, « Personne ne meurt à Longyearbyen », c'est surtout l'occasion de soulever des problématiques liées aux animaux comme la chasse faisant partie des pratiques ancestrales (aujourd'hui, la Norvège et le Japon sont les deux pays qui chassent encore la baleine malgré l'interdiction de 1986) ou l'ours polaire « devenu dans l'imaginaire collectif l'animal totem du réchauffement climatique. ». Une partie des réflexions du roman concerne le mal que l'homme fait aux animaux plus ou moins volontairement. Pour ne pas évoquer la thématique centrale, je n'évoquerai que de l'une d'entre elles : la pollution sonore. « Les humains ne s'en rendent pas compte, mais les mers et les océans ne sont pas le “monde du silence”. Les ondes sonores se propagent quatre fois plus vite dans la mer que dans l'air et parcourent de très grandes distances. Les moteurs de bateau, le plantage de pieux pour l'installation de parcs d'éoliennes, les forages sous-marins… » Rassurez-vous, Morgan Audic vous en décortique moult autres, toutes vraies !

« Personne ne meurt à Longyearbyen » est un ethno-polar qui divertit autant qu'il instruit. J'ai beaucoup aimé cette ambiance qui oscille entre obscurité et engourdissement dû au froid saisissant. En ces terres reculées et hostiles, vivre et survivre se méritent. « Même les femmes enceintes on les fout dehors le temps qu'elles accouchent. le Svalbard trie naturellement les forts des faibles. Tout ce vernis qu'on passe sur nos moeurs, ça n'existe pas ici. Si tu ne peux pas subvenir à tes besoins, tu meurs. Si tu ne sais pas te défendre face à un ours, tu meurs. Si tu ne peux pas te sortir de l'eau par toi-même… tu meurs(…) » Les thématiques abordées sont riches, intéressantes et bien menées (et je ne vous ai même pas parlé des enquêtes !). Les amateurs du genre vont se régaler !

Paru chez Albin Michel le 20 septembre 2023.
Lien : https://aude-bouquine.com/20..
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C'est le premier roman que je lis de cet auteur, j'ai beaucoup entendu parler de lui avec son précédent roman « de bonnes raisons de mourir » que je n'ai pas encore eu l'occasion de découvrir.
Malheureusement, je suis assez mitigée par rapport à cette lecture, je tenais à le terminer afin d'en faire un retour objectif mais j'avoue avoir eu beaucoup de mal sur la fin.
Je ne suis pas habituée à lire des polars nordiques alors je ne sais pas trop si la lenteur est une caractéristique de ce type de polar mais j'ai trouvé clairement que ça manquait de rythme.
Il y a deux enquêtes qui avancent en parallèle l'une de l'autre jusqu'à se rejoindre un peu tardivement à mon goût. Deux cadavres, deux morts suspectes, des mutilations d'animaux faisant penser à une sorte de rituel ou de Runes viking, des conflits politiques qui viennent compliquer les investigations, deux enquêtes qui pour moi ont eu du mal à avancer et dans lesquelles je me suis un peu embourbée.
Les thématiques abordées dans ce roman sont néanmoins très intéressantes et très bien documentées, la préservation et la richesse de la faune aquatique, le braconnage, le réchauffement climatique, les conflits politiques entre la Norvège, l'Ukraine et la Russie mais je pense que je me suis un peu perdue dans tout ça malheureusement. Il faut ajouter à tout cela la difficulté de m'y retrouver entre les nombreux personnages et les nombreux lieux nommés dans une langue qui pour moi est imprononçable. Malgré la carte géographique présente en début de roman, je n'ai pas toujours bien saisi où je me trouvais tout au long du récit.
Une lecture un peu compliquée pour moi et j'en suis la première navrée mais comme on dit « ça ne peut pas le faire à chaque fois malheureusement ».
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❄️ Captivant. ❄️

Deux endroits.
Deux morts.
Deux enquêteurs.
A priori, pas de point commun.

Longyearbyen, dans l'archipel du Svalbard.
La ville la plus au nord du monde.
Agneta, étudiante en biologie.
Déchiquetée par un ours.
Accident?
Lottie Sandvick mène l'enquête.

Les îles Lofoten.
Archipel Norvégien.
Asa, ancien reporter photographe.
Noyade asphyxique.
Suicide?
Nils Madsen, son ex coéquipier, mène l'enquête.

Voilà un thriller que j'ai lu d'une traite!
Captivant!

L'on se prend d'empathie pour chacun des enquêteurs.
Chacun des fêlures, des blessures de l'âme.
Chacun la volonté de trouver la vérité à tout prix.

Immersion totale à l'autre bout du globe.
Plongée au coeur de l'Arctique.
Au coeur d'une double enquête addictive.

Une enquête qui mène Lottie et Nils bien plus loin que ce qu'ils ne l'avaient imaginé.

La protection des espèce animales.
Les tensions politiques.
Le réchauffement climatique.
Le non-respect des règles par les baleiniers.

Un thriller qui, à la fois, nous captive et nous conte les enjeux économiques, écologiques, politiques qui régissent notre monde.

"On n'imagine pas la cruauté qu'il peut y avoir chez l'homme" pensait Agneta.

Non, on ne l'imagine pas.
Ou du moins, pas à ce point là.

Une intrigue passionnante.
Des rebondissements.
Un twist sidérant.

Personne ne meurt à Longyearbyen?
Partez donc au bout du monde, vous y serez captivés!
Lien : https://www.facebook.com/La-..
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Archipel du Svalbard, aux confins du pôle nord. le corps atrocement mutilé d'une jeune femme est retrouvé près d'une baleine échouée. Des gardes russes ont vu un ours s'en prendre à elle et l'ont mis en fuite. Peine perdue. Lottie de la police d'Oslo est dépêchée sur place pour enquêter. En Norvège toujours, mais loin de ces terres, Madsen a appris la mort d'Åsa, un suicide. Les deux avaient été collègues, journalistes couvrant des conflits aux quatre coins du globe, et avaient eu une liaison. Madsen ne peut pas croire au suicide de son amie et se rend dans les îles Lofoten pour enquêter. Des milliers de kilomètres de distance, mais des points communs et parmi eux : la lutte pour la protection des cétacés. Quels sombres secrets se cachent derrière ces morts ? Secrets locaux ou enjeux plus globaux ? Les deux enquêtes sont appelées à se croiser.

J'ai pu lire ce thriller écrit par Morgan Audic grâce à une opération spéciale Masse critique. Et j'ai particulièrement apprécié ma lecture. L'auteur a su rendre à merveille un univers lointain et glacial, tant dans sa géographie (en ce sens la carte placée au début est aidante) que dans ses paysages, les moeurs des autochtones, ainsi que les enjeux plus globaux, liés à la présence d'enclaves russes dans ces terres désolées, et donc l'ombre de la Russie en toile de fond.

La couverture met bien en scène l'intrigue : des terres glacées, marquées de l'empreinte d'anciennes cités minières et au premier plan, un ours blanc, gueule ouverte, qui illustre l'omniprésence et le danger des animaux sauvages, eux-mêmes mis en danger par les activités humaines. L'ensemble baigne dans des coloris grisés, entre le noir le plus sombre et le blanc le plus éclatant.

C'est dans cet entre-deux que s'inscrit la dynamique de l'intrigue ; à leur tête, deux protagonistes attachants dans leurs fêlures réciproques — crises d'attaque panique pour l'une, solitude extrême pour l'autre qui connaît la nature humaine dans ses tréfonds les plus sombres. Tous deux sont pourtant pugnaces et s'efforcent de débusquer ce qui cloche derrière les évidences.

Les descriptions sont belles qui dépeignent des paysages glacés, sauvages, belles mais terrifiantes tant on mesure que les cétacés sont l'enjeu d'âpres luttes, sources de gain pour les uns, animaux à défendre pour d'autres au nom du bien commun. le thriller est intense et la tension instillée dès l'amorce ne retombe jamais. Pour autant, l'intrigue s'enlise à un moment donné dans d'inutiles longueurs. La fin qui s'approche semble, a priori, un peu décevante, mais l'auteur n'a pas dit son dernier mot. Il nous révèle la puissance de son talent dans un épilogue inattendu qui donne de l'épaisseur et de la hauteur à l'histoire. Comme il le signale à la fin, si ce livre est une oeuvre de fiction, bien des éléments qui paraîtraient incongrus sont pour autant véridiques.

En conclusion, « Personne ne meurt à Longyearbyen » est un thriller intense et glaçant, mené de main de maître, avec une belle pirouette narrative en toute fin.
Je tiens à remercier Babelio et les éditions Albin Michel pour cette très belle découverte aux confins du pôle nord.
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Pour un dépaysement, ce thriller est un vrai dépaysement dans lequel Morgan Audic nous entraîne dans le sillage de deux victimes.
Le corps dans un sale état de la première, vraisemblablement déchiquetée par un ours, a été retrouvé sur l'archipel du Svalbard, près de Longyearbyen, dernière ville avant le pôle Nord, autant dire que le climat n'y est pas vraiment tropical.
Une partie du job de Lottie Sandvik, enquêtrice des services de police du gouverneur du Svarland consiste à faire en sorte que la cohabitation avec les ours se passe le mieux possible en gardant à l'esprit que le pire peut toujours arriver comme cela semble venir de se produire. C'est elle qui est donc chargée de mener l'enquête pour la mort d'Agneta Sorensen, vingt-six ans, originaire de Tromsø, étudiante à l'UNIS, l'université du Svalbard où elle préparait un doctorat en biologie arctique. Son dernier message sur Insta : « On n'imagine pas toute la cruauté qu'il peut y avoir chez l'homme. »
Le deuxième cadavre découvert, celui d'une ex-journaliste, a été trouvé, à des milliers de kilomètres de là, sur une plage isolée des îles Lofoten, en Norvège continentale. Après autopsie, la thèse du suicide a été retenue.
Pour Nils Madsen, cette nouvelle est inconcevable car, après avoir été reporter de guerre aux côtés de Nils, couvert les conflits les plus durs sur tous les continents, Åsa avait décroché et trouvé son salut huit ans plus tôt dans les Lofoten après avoir plongé avec les orques. Elle était depuis, à la tête d'une agence d'excursions en mer, à Svolvaer, la capitale.
À priori, rien ne lie ces victimes, si ce n'est qu'elles s'intéressent de près aux mammifères marins...
Il se trouve que nos deux enquêteurs sont aussi motivés et entêtés l'un que l'autre, la flic n'est pas du tout convaincue par cette attaque d'ours, et le reporter de guerre ne peut envisager que son ex-collègue se soit suicidée.
Il va leur falloir effectivement beaucoup de pugnacité s'ils veulent élucider ces deux fins tragiques les conflits politiques étant prêts à rejaillir. Ils vont se retrouver vite confrontés à cette triste réalité que la nature est une marchandise et ses défenseurs des cibles de choix.
J'ai été happée dès le début, d'une part par la découverte de ces territoires du grand Nord où le soleil ne se lève pas pendant des semaines, que l'on connaît si peu, et par leur mode de vie. Vendu sur le papier comme un petit paradis glacé, mais où la réalité est autre…
On aimerait se prendre à rêver devant ces paysages magnifiques et cette faune de toute beauté, qu'il s'agisse des oiseaux, des ours ou des baleines, orques, cachalots ou bélugas mais une menace plane…
Personne ne meurt à Longyearbyen est un thriller glaçant, non seulement par les températures sous lesquelles il se déroule mais surtout par la cruauté et la cupidité dont se révèlent capables les hommes lorsqu'il s'agit d'assouvir leur désir de s'enrichir ou d'asseoir leur pouvoir.
Sous couvert de préservation de coutumes ancestrales, combien d'animaux en ont et en font toujours les frais ?
Glaçant, et pourtant le réchauffement climatique est là, déjà bien installé. Pour preuve, ces ours qui s'approchent de plus en plus des endroits occupés par les humains pour y trouver de quoi se nourrir, la banquise reculant chaque année et la chasse aux phoques se complexifiant donc pour ces plantigrades.
Morgan Audic, en nous plongeant dans ces confins sauvages de l'Arctique nous ouvre un univers fascinant quasi irréel qu'on aimerait tant voir préservé !
Outre l'intrigue menée de main de maître avec une résolution tout à fait inattendue, l'auteur a su distiller tout au long du récit quantité de faits fort instructifs et intéressants. C'est ainsi que j'ai pris connaissance du fait que depuis les années 1930, la Norvège avait laissé s'installer une enclave russe sur son territoire, sur l'archipel du Svalbard, et que le village russe de Barenstburg organisé autour d'une mine de charbon résistait encore et toujours à l'occident !
Si j'étais au courant de l'existence de cette Réserve mondiale de semences, cette chambre forte souterraine creusée près de la petite ville de Longyearbyen, j'ignorais qu'en mai 2017, celle-ci avait été inondée à cause du réchauffement climatique, le pergélisol, la couche de terre qui ne dégelait jamais ayant fondu…
Bien d'autres éléments encore interfèrent dans le roman, rehaussant toute la crédibilité de cette lutte acharnée que doivent mener les écologistes.
Personne ne meurt à Longyearbyen de Morgan Audic a été pour moi un immense coup de coeur et je remercie pour cette lecture passionnante Babelio et les éditions Albin Michel.

Lien : https://notre-jardin-des-liv..
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Je tiens tout d'abord à remercier la maison d'édition Albin Michel et Babelio pour l'envoi de ce fascinant roman dans le cadre d'une opération masse critique privilégiée.

"Fascinant" est bien le terme pour qualifier ce roman dans lequel l'auteur capte l'attention du lecteur encore plus que dans son best-seller "De bonnes raisons de mourir" de 2019, qui a reçu 306 billets favorables sur notre site de lecteurs, dont le mien du 25 avril 2019.

En effet, Morgan Audic a réussi l'exploit de nous raconter, en alternance, une double enquête policière située dans un décor digne d'un setting géographique hollywoodien.

Les descriptions des conditions de vie au sommet de notre continent dans les archipels de Lofoten et de Svalbard en Norvège septentrionale et plus précisément dans cette petite ville au nom difficilement prononçable de Longyearbyen est digne du meilleur guide Baedeker. Pour ce qui est de la prononciation, cela aide si l'on sait qu'il y a eu un homme d'affaires américain qui a créé cette petite ville en 1906 pour l'exploitation de charbon et qui s'appelait John Munro Longyear (1850-1922) et que le suffixe "byen" se réfère à une ville en Norvégien. Cet endroit exotique arctique comptait exactement 2.417 habitants en 2020.

Il se trouve que j'ai une nièce (la fille aînée de ma soeur aînée) qui vit à Harstad à moins de 300 kilomètres de Tromsø, le point de départ des excursions vers les archipels précités, et donc dans le cercle polaire. Une région que j'ai pu explorer un peu à l'occasion de son mariage avec un toubib norvégien pour lequel j'avais l'honneur d'être son témoin.

Mon intérêt pour cette partie du globe ne date ainsi pas d'hier, n'empêche que l'auteur m'a éberlué par sa profonde connaissance de cet univers bien à part.

C'est sur cet arrière-fond spectaculaire que 2 jeunes femmes connaissent une fin de vie bizarre : Agnete Sørensen de la ville de Tromsø, une étudiante en biologie arctique, se serait fait déchiqueter par un ours blanc et Åsa Hagen, ex-reporter et fondatrice de l'agence Nordland Safari se serait jetée à la mer près de Solvær dans les îles de Lofoten.

Ce sera l'inspectrice Lottie Sandvik, de la police de la gouverneure de Svalbard et avant de la brigade criminelle d'Oslo, qui mènera l'enquête sur la mort d'Agnete Sørensen et le reporter de guerre, ancien amant et collègue d'Åsa Hagen, Nils Madsen, qui se chargera de l'enquête sur son soi-disant suicide.

Je ne dirai pas un mot sur ces enquêtes captivantes, que je vous laisse suivre en toute tranquillité, pour vous signaler que l'auteur nous explique également la difficulté pour faire respecter les règles internationales relatives à la protection de certaines espèces animalières comme l'ours polaire, l'histoire mouvementée des baleiniers et la tension politique avec les Russes à Svalbard, qui s'est empirée depuis l'invasion militaire d'Ukraine par Poutine.

Bref, un livre exceptionnellement informatif tout en étant aussi extraordinairement riche en intrigues et actions.
Ce qui m'étonne, c'est que "Personne ne meurt à Longyearbyen" n'a pas encore reçu un beau prix littéraire, mais ce moment viendra sûrement bientôt.
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Deux jeunes femmes ont été retrouvées mortes ,Asa dans l'archipel des Lofoten en Norvège et Agneta,dans l'archipel du Svalbard ,beaucoup plus au nord,dans l'océan Arctique ,à mi chemin entre la Norvège et le pôle Nord.
Agneta a été trouvée à moitié dévorée par un ours près de Pyramiden , une ancienne colonie minière devenue une ville fantôme du temps de la Russie soviétique, des milliers de personnes résidaient là : scientifiques,mineurs et leurs familles. La vie était rude mais les salaires généreux. En 1998 à la chute de l'URSS ne pouvant plus entretenir et maintenir en activité la mine , la ville avait été évacuée. Les oiseaux marins et les renards arctiques avaient repris leurs droits.
Agneta faisait une thèse de biologie marine arctique et s'intéressait aux mammifères échoués sur lesquels elle faisait des prélèvements. Elle s'était rendue au bord d'un fjord auprès d'un cachalot échoué quand elle aurait été attaquée par un ours où son cadavre a été retrouvé.
Asa , ex reporter de guerre , s'est reconvertie dans une activité de safari maritime, elle emmene des touristes auprès de mammiferes marins afin de leur faire découvrir leurs modes de vie .Elle était très impliquée dans la sauvegarde des baleines et a eu de multiples altercations avec des baleiniers .Elle faisait des necropsies de mammifères échoués pour le compte d'associations et d'universités .
Elle a été retrouvée noyée. Les deux femmes ont été en contact peu avant leurs décès pour traiter des problèmes de mammifères.. Lottie ,policière travaille sur la mort d 'Agneta. Et Madsen ex petit ami d'Asa et jounaliste essaye de découvrir ce qui li est arrivé.
Ce roman traite de problèmes actuels,de l'influence des scientifiques russes en Norvège .de la vie dans ces terres perdues du grand Nord où il fait nuit plusieurs mois par an.,où la pêche à la baleine est toujours d'actualité. O n découvre des trafics de cétacés piégés en Norvège et revendus dans des delphinariums chinois .Des dauphins utilisés par des militaires russes pour leur sonar exceptionnel
Pour ces gens rudes ,baleines,dauphins, renards phoques ne sont que des marchandises à exploiter.et les deux femmes ont eu le malheur de se trouver en travers de leur chemin .
J'ai adoré ce roman passionnant et engagé L'histoire est haletante et captivante, il n'y a pas de temps mort,pas de baisse de régime. le style est alerte , vif .le roman est bien documenté tout en étant intéressant et prenant.
Je ne connaissais pas cet auteur mais je me suis empressée d'acheter son roman précédent "de bonnes raisons de mourir "que j'emmène pour les vacances.
Merci à Babelio pour cette belle découverte lors d'une masse critique privilégiée et merci aux éditions Albin Michel.



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°°° Rentrée littéraire 2023 #16 °°°

Direction la Norvège arctique. Archipel du Svalbard, sa capitale Longyeabyen, la « ville » ( seulement 2400 habitants ) la plus septentrionale de la planète, sa nuit polaire hivernale, ses anciennes cités minières, son université en études de biologie arctique, sa réserve mondiale de semences. Une étudiante y est retrouvée morte. Des milliers de kilomètres plus au Sud ( mais toujours au-delà du cercle polaire ), les îles Lofoten qui vivent au rythme de la pêche au skrei. le corps d'une autre femme est retrouvée.

Deux enquêtes, deux enquêteurs aux fortes convictions qui ne croient pas aux versions initiales, trop faciles. Lottie Sandvick, flic pugnace qui semble avoir « fui » un passé douloureux en mutant au Svalbard, territoire réputé à l'abri des assassinats et morts crapuleuses, a l'intuition qu'il y a quelque chose qui cloche dans la mort de l'étudiante attribuée à un ours. de son côté, le journaliste reporter de guerre Nils Madsen n'admet pas que son ancienne amoureuse ait pu se suicider. Evidemment, les deux morts suspectes le sont réellement, évidemment elles sont liées, évidemment les deux enquêtes vont se croiser.

Incontestablement, Morgan Audic maitrise son sujet. Les reconstitutions de ses terres arctiques reculées sont très immersives, on a l'impression de voir les lieux décrits, de saisir les ambiances très particulières de la nuit hivernale polaire, de comprendre les dynamiques territoriales. L'intrigue enquêtes en elle-même est solidement construite avec de nombreuses fausses pistes crédibles qui nourrissement l'avancée du récit et permettent d'appréhender la vérité.

Mais voilà. J'avais sans doute trop d'attente tant j'avais adoré le précédent polar de l'auteur, de bonnes raisons de mourir, qui se déroulait dans la zone d'exclusion irradiée de Tchernobyl. Cette fois, j'ai trouvé que ça ronronnait un peu trop, que la trame polar était très classique. Je ne me suis jamais ennuyée, mais ne me suis pas sentie impliquée à 100%.

La faute sans doute à mon passé de lectrice qui a déjà lu pas mal de polars arctiques écrits par des romanciers français : Mo Malø et sa quadrilogie au Groenland inaugurée par Qaanaaq, ou encore Caryl Férey et son Lëd qui explore la Sibérie. Bien que les pattes d'auteurs cités soient très différentes de celle de Morgan Audic, plus sobre et géopolitique, ces lectures antérieures ont quelque peu façonné mon imaginaire arctique ... et une sensation de déjà-lu s'est imposée tout au long de ma lecture de ce troisième roman de Morgan Audic.

Au final, ce qui m'a le plus intéressé, c'est le talent de l'auteur à intégrer et manier des thématiques passionnantes : celles liées à des préoccupations environnementales ( réchauffement climatique, pêche à la baleine décriée, échouage de cétacés pour causes anthropiques ) et géopolitiques post guerre froide avec la présence russe symbolisée par Pyramiden, enclave soviétique devenu ville fantôme dans le Svalbard mais dont la présence de quelques gardes russes brandit encore l'étendard russe. le dénouement est malin, brassant toutes les possibilités offertes par la vision panoramique très réaliste que propose l'auteur.

Ma notation est un peu « fraîche » car il m'a manqué l'étincelle qui fait décoller une lecture et vibrer au diapason des personnages, mais je suis persuadée que ce polar enthousiasmera le plus grand nombre.

Lu dans le cadre d'une Masse critique Babelio
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Nous sommes ici sur un thriller sur fond de réflexions sur le réchauffement climatique et la protection animale. Ça peut paraître lourd comme thème au premier abord, mais tout est très bien amené et le sujet de fond n'apporte aucune lourdeur au texte.
Ce livre joue également avec l'actualité avec quelques critiques et dénonciations à peine voilées de la guerre en Ukraine.
Ce qui “choque” au premier abord, ce sont tous les mots et noms à consonances nordique, vous me direz, c'est assez logique vu que l'histoire se passe en Norvège ! Il faut juste un temps d'adaptation, car les noms des personnages et des villes sont assez perturbants et difficiles à retenir, ça complique un peu la lecture au début, mais on s'y fait vite.
Le tutoiement généralisé est également déroutant. Ce n'est pas quelque chose à laquelle on est habitué, mais c'est commun dans les pays nordiques. j'avoue que ça m'a un peu désorienté, mais tout comme le point abordé précédemment, on s'y fait vite. Et puis ça ne fait que nous immerger un peu plus dans ce thriller nordique.

Dans ce thriller, ne vous attendez pas à des scènes d'actions infernales à chaque ligne. Non, on est ici sur une histoire qui se construit petit à petit avec deux trames qui vont finir par se recroiser.
Bien que ce ne soit “que” le troisième roman de l'auteur, la construction est très solide. C'est très bien écrit. On a vraiment l'impression de lire un livre sorti d'un auteur avec 30 livres à son actif. Tout est millimétré, chaque détail à son importance, on est plongé dans ce décor norvégien sans que les passages descriptifs ne soient interminables. L'intrigue est extrêmement solide, j'avais parfois l'impression d'être sur du Thilliez, c'est pour dire si j'ai trouvé ça bien écrit !

Concernant les personnages, mention spéciale au personnage de Lotti, un des deux personnages principaux avec Nils. On retrouve un peu de Lucie Hennebelle (encore une comparaison à Thilliez, décidément !) dans ce personnage qui est très bien construit, très charismatique, mais tout aussi fragile, sur une corde raide tout au long du récit.

J'ai trouvé la conclusion loin d'être en reste et originale dans sa conception. le rythme du livre change totalement dans la dernière partie du livre. On enchaîne les chapitres très courts, parfois une demi-page. Ça donne un dynamisme exceptionnel à cette fin de livre qui est très bien trouvée et n'est pas catapulté en deux ou trois pages comme dans certains thrillers.

On a frôlé le coup de coeur sur ce livre, mais quelques petits détails font qu'il passe à côté de justesse. C'est un excellent thriller que je recommande et à mon avis cet auteur n'a pas fini de faire parler de lui !
Lien : https://thrilleraddict.com/2..
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