Elle ne précisa pas qu’elle s’était dépêchée de le rejoindre parce qu’elle devinait très bien comment Lili avait l’intention de réveiller Jeremy, et qu’elle avait décidé (très paradoxalement vu qu’elle l’avait repoussé) que Jeremy était à elle. Point.
La jeune fille ne voulait pas s’interroger sur ce que lui inspirait Jeremy. Entre l’inquiétude qu’elle ne pouvait s’empêcher de ressentir lorsque Flint braquait sur elle son regard brûlant et la passion tout aussi brûlante du jeune Ange, elle aurait pourtant dû être flattée. Alors pourquoi se sentait-elle si misérable ?
Il n'y avait plus rien à dire. Elle quitta la chambre sans un mot. Jeremy avait envie de pleurer. Quel gâchis que la vie de ces deux humains, qui, il le comprenait à présent, s'étaient profondément aimés, au point qu'ils ne savaient plus comment se séparer sans se faire du mal.
Il n'y a que toi, toi. Maintenant et à jamais.
Il n'y a que toi, Allison. Maintenant et à jamais. Je t'aime.
Il désigna la foule autour d’eux et tout à coup Jeremy prit conscience qu’il y avait des milliers de gens, de fantômes, d’Anges, ou quel que soit le nom qu’ils se donnaient, dans la rue. Ils marchaient, riaient, pleuraient, couraient, sautaient… volaient en un vrai capharnaüm. Le plus étrange était leur couleur. Certains arboraient un beau violet profond, semblable à un ciel d’été juste avant le crépuscule. D’autres, un rouge si violent qu’il faisait mal aux yeux. Entre les deux, toutes les gammes de bleu, allant du plus clair au plus foncé, et de rouge, du blanc rosé des vivants aux en passant par l’orange feu. Son interlocuteur était bleu. Pris d’un doute, il regarda sa propre peau. Ah, elle était légèrement teintée de bleu clair, avec quelques traces de rose et un peu d’orange.
Il n'y a que toi, Allison. Maintenant et à jamais. Je t'aime.
« Le jeune homme ne comprenait toujours pas les règles de ce nouvel univers. Il " mangeait" des sentiments mais n'avait pas besoin d'éliminer, ce qui lui semblait illogique. Il était essoufflé s'il courait, pourtant, il ne transpirait pas. Il pouvait pleurer, les larmes mouillaient sa main et ses joues, mais il ne sentait pas son coeur battre. Comme si son corps était une projection de son moi originel. Comme si son âme avait pris la forme qui lui semblait la plus familière, par habitude, plutôt que pour une autre raison. »